Thrombose veineuse La vigilance s’impose Évaluation Traitements des maladies coronariennes Le National Institute of Clinical Excellence (NICE), organisme d’évaluation des techniques médicales mis en place par le gouvernement britannique vient de publier son évaluation des stents destinés à traiter les artères coronaires. Les résultats conduisent à recommander l’usage en routine des stents pour traiter les personnes souffrant d’angine de poitrine et sujettes aux crises cardiaques. On peut rappeler qu’un stent est un tube en métal grillagé qui maintient ouvertes les artères étroites ou bouchées alimentant le muscle cardiaque. De la taille d’un petit trombone, le stent est placé, sous anesthésie locale, par l’intermédiaire d’un cathéter que l’on introduit dans l’artère fémorale par une petite incision à l’aine. Le stent plié est conduit jusqu’à l’endroit de l’artère coronaire à traiter où il est déployé. Après la pose d’un stent par angioplastie à ballonnet, le patient ne passe qu’une seule nuit à l’hôpital et, dans 42 % des cas, est autorisé à quitter l’hôpital le jour même. Au Royaume-Uni, plus de 1,4 million de personnes souffrent d’angine de poitrine. Chaque année, 300 000 personnes sont victimes d’une crise cardiaque et les maladies cardiaques sont responsables de 140 000 décès par an. L’intérêt de l’angioplastie à stent par ballonnet est d’être une alternative très peu invasive aux interventions chirurgicales classiques plus traumatisantes, telles que les pontages, nécessitant par ailleurs des séjours plus longs à l’hôpital. 12 Le diagnostic des thromboses veineuses à domicile n’est pas toujours facile. Devant toute suspicion, il convient de réunir les éléments qui peuvent permettre de définir le niveau de probabilité. Les facteurs de risque sont en effet connus. L es thromboses veineuses ont pour origine des anomalies de la paroi veineuse (traumatisme, blessure...), un ralentissement de la circulation (compression veineuse, alitement), des anomalies de la circulation (intervention chirurgicale, insuffisance cardiaque, cancer) ou encore des antécédents veineux. Bien souvent, le mot phlébite, qui signifie en réalité inflammation veineuse, est employé pour désigner la thrombose veineuse profonde. Par contre, la périphlébite ou paraphlébite ou phlébite superficielle, fréquente, est une inflammation du trajet veineux qui se propage de proche en proche, induit une stase et une thrombose plus ou moins complète suivant cet axe. Le diagnostic est souvent facile, car il existe une douleur spontanée, et l’inflammation est visible à l’œil nu sous la forme d’un cordon rouge qui fonce pour devenir bistre. La prudence impose toutefois de ne pas se focaliser sur la seule localisation de ce cordon visible mais de savoir distinguer les limites, notamment supérieures, qui pourraient indiquer un risque d’extension de la thrombose aux troncs veineux profonds. L’échographie permet d’évaluer cette extension. Les antécédents de varices prédisposent à la survenue d’une thrombose veineuse superficielle mais, chez un sujet indemne de toute maladie veineuse, une néoplasie sous-jacente est alors possible. Thrombose veineuse profonde La thrombose veineuse profonde correspond à un caillot ou “thrombus” bouchant totalement ou partiellement une veine profonde. Chez des sujets considérés à risque, les signes se manifestent au travers d’une douleur, d’un œdème, d’un état fébrile. L’examen de diagnostic est l’échographie doppler réalisé par un opérateur compétent et bien formé à cette technique. Cet examen, plus sûr que le simple doppler, ne peut être réalisé au lit du patient. Il permet de dispenser de la phlébographie si le diagnostic est indiscutable et si la thrombose ne remonte pas au dessus de l’aine. Le recours à la phlébographie est justifié si on ne peut disposer d’une échographie correcte. La phlébographie consiste à injecter un produit de contraste iodé qui permet de visualiser tout l’arbre veineux sur des clichés radiographiques. Cet examen nécessite souvent une hospitalisation. Mal diagnostiquée, une thrombose veineuse profonde peut entraîner un risque vital immédiat et des handicaps majeurs. S’il existe un faisceau de présomptions suffisant, la mise en route d’un traitement anticoagulant s’impose. Sans pour cela traiter abusivement car, malgré les nouveaux traitements, le risque hémorragique reste présent. Contrairement à des idées reçues, les thromboses veineuses profondes ne sont pas seulement observées sur les membres inférieurs. On observe même une autre cause évidente, la chute des plaquettes au-dessous de 100 000 mm3 ou à moins de 60 % de leur nombre initial doit faire suspecter le diagnostic de thrombopénie à l’héparine. Il est d’ailleurs absolument nécessaire, avant tout traitement, de connaître le chiffre des plaquettes. Ces dernières sont le moteur principal de la thrombogenèse artérielle (flux rapide). Dans la thrombogenèse veineuse (flux lent), elles ont un rôle minime car c’est la coagulation plasmatique qui intervient. La thrombose est évitée grâce aux anticoagulants. Les anti-agrégants plaquettaires sont les thérapeutiques de choix dans la prévention des thromboses artérielles et les anticoagulants sont en priorité indiqués dans la prévention des La thrombose veineuse profonde est-elle une maladie de la femme ? Les études épidémiologiques démontrent que les troubles fonctionnels circulatoires (insuffisance veineuse superficielle et varices) affectent avant tout la femme. Ce risque thrombotique accru n’est pas dû au sexe, mais aux hormones, dont l’action se fait sentir à la fois sur le contenu sanguin et sur la paroi vasculaire. Trois périodes sont à prendre en considération : la période d’activité génitale avec la contraception orale, la grossesse et la ménopause. Risques et traitements L’embolie pulmonaire est un risque fréquent de la thrombose veineuse profonde. Le plus souvent, la migration du thrombus vers la vascularisation pulmonaire reste asymptomatique. Plus d’un décès du sujet âgé sur deux est lié à une embolie pulmonaire. L’ulcère variqueux est une complication grave de la maladie post-phlébitique. La thrombose veineuse entraîne aussi des lésions de la paroi veineuse et une altération importante du retour veineux. S’il est vraisemblable que les thromboses veineuses superficielles très localisées et très distales ne provoquent pas d’embolie pulmonaire, il faut être méfiant et s’assurer de ses limites par un examen. Pour un malade recevant de l’héparine depuis au moins cinq jours, et en l’absence d’une © Batco-Joubert--Phanie augmentation de fréquence des thromboses veineuses des membres supérieurs dus essentiellement à la iatrogénicité et à des auto-injections. Les unes et les autres ne diffèrent ni par leur diagnostic ni par leurs complications, ou leur traitement qui comprend la prise en charge de la thrombose et celui de la cause quand elle a pu être reconnue. thromboses veineuses profondes. D’après des études anglosaxonnes, les antiplaquettaires (essentiellement l’aspirine) diminuent de 37 % l’incidence des thromboses veineuses profondes et préviennent 67 % des embolies pulmonaires. Dans tous les cas, le traitement débute par l’injection d’une héparine standard ou une HBPM (héparine de bas poids moléculaire) et par la prise d’un médicament antivitamine K. Sa prise est poursuivie longtemps après la fin des injections d’héparine. La technique de l’injection doit être parfaitement respectée. Et le port d’une contention élastique est toujours indiqué. Embolie pulmonaire L’embolie pulmonaire (EP) est la migration d’un ou de plusieurs thrombus veineux profonds vers le cœur puis vers les artères pulmonaires. La migration d’embols dans les artères pulmonaires entraîne un certain degré d’obstruction artérielle. Cela induit une surcharge en pression pour le ventricule droit pouvant provoquer une défaillance cardiaque aiguë. Le sang étant retenu en amont des artères pulmonaires, le remplissage des cavités gauches est diminué, avec au maximum un désamorçage du ventricule gauche. Devant tout malaise d’apparition brutale, l’embolie pulmonaire peut être suspectée s’il existe des facteurs favorisants qui sont les mêmes que ceux de la thrombose veineuse profonde. La phlébite des membres inférieurs précède l’embolie pulmonaire dans la grande majorité des cas. Le patient ressent de façon brutale une douleur, de type point de côté basi-thoracique, une dyspnée avec polypnée, une angoisse devant la brutalité de ces événements d’autant qu’ils n’étaient précédés d’aucune alerte. L’embolie pulmonaire est une maladie grave potentiellement mortelle. Les complications sont la récidive qui peut aggraver la situation hémodynamique du patient, l’état de choc en cas d’obstruction massive, l’arrêt circulatoire par un désamorçage ventriculaire gauche souvent mortel, les séquelles sous la forme d’un cœur pulmonaire chronique avec persistance d’hypertension. Dr Pierre Desoutter 13