COMPTE RENDU DE CONGRÈS
12th Congress of the International Headache Society, IHC 2005
La Lettre du Neurologue - Supplément Céphalées au vol. IX - n° 10 - décembre 2005 5
liées à des degrés divers de dysfonctions synaptiques selon les
différentes mutations de CACNA1A en cause. Ces deux souris
knock-in représentent des outils irremplaçables pour étudier
les mécanismes de la MHF, mais aussi ceux de la migraine en
général.
■ Van den Maagdenberg. Transgenic knock-in mouse model expressing the CACNA1A
mutation S218L causing familial hemiplegic migraine and fatal excessive cerebral
oedema after minor head trauma. SS1-1.
MUTATIONS DU CANAL SODIQUE SCNA1
DANS LA MIGRAINE HÉMIPLÉGIQUE FAMILIALE
DE TYPE 3 (MHF3)
Le gène SCNA1 localisé sur le chromosome 2 et codant pour
un canal sodique neuronal voltage-dépendant vient récemment
d’être identifié comme étant le troisième gène de la MHF. Les
auteurs ont analysé ce nouveau gène par séquençage direct chez
10 familles atteintes de MHF et non porteuses de mutation dans
les deux premiers gènes de la migraine (CACNA1A et ATP1A2).
La mutation L1638Q a été identifiée dans une famille américaine
atteinte de MHF et de migraine avec aura non hémiplégique. Cette
mutation est très certainement pathogène, car elle est absente
chez 200 sujets contrôles ; dans cette famille, elle coségrège avec
la maladie, et elle affecte un acide aminé très conservé. Une autre
mutation a été trouvée dans une famille hollandaise, mais son
caractère pathogène est moins certain. Aucune mutation n’a été
trouvée dans les huit autres familles.
Cette étude apporte deux informations importantes. Pour l’ins-
tant, seule une mutation de SCNA1 avait été identifiée dans trois
familles par une équipe allemande. Cette étude est donc la pre-
mière confirmation indépendante du rôle de SCNA1 dans la
MHF. D’autre part, il existe des familles atteintes de MHF sans
mutation dans les trois gènes connus (CACNA1A pour le canal
calcique, ATP1A2 pour la pompe Na/K et SCNA1 pour le canal
sodique). Il existe donc au moins un quatrième gène de la MHF.
■ Van den Maagdenberg A. Mutations in the neuronal voltage-gated sodium
channel SCN1A in familial hemiplegic migraine type 3. SS1-L1.
MIGRAINE AVEC AURA BASILAIRE
Une équipe danoise a étudié la prévalence et les caractéristiques
cliniques de la migraine de type basilaire (MB) dans une série de
105 familles comprenant 362 sujets affectés de migraine avec
aura (MA) non hémiplégique. Au total, une MB a été diagnos-
tiquée chez 38 des 362 patients atteints de MA (10 %). Ces
38 patients atteints de MB étaient répartis de manière homogène
au sein de 29 familles distinctes. L’âge moyen de début de la
MB était de 17 ans. Les symptômes de l’aura de type basilaire
incluaient : des vertiges (61 %), une dysarthrie (53 %), des acou-
phènes (45 %), une diplopie (45 %), des troubles visuels bilaté-
raux (40 %), des paresthésies bilatérales (24 %), une baisse du
niveau de conscience (21 %), une hypoacousie (21 %) et une
ataxie (5 %). Le vertige était donc le symptôme le plus fréquent ;
il était positionnel dans 22 % des cas, caractérisé par une intolé-
rance aux mouvements de la tête chez 65 % des patients et durait
60 minutes en moyenne. Des crises de vertige sans céphalée sur-
venaient chez 24 % des patients atteints de MB. Les auteurs ont
ensuite séquencé tous les exons des gènes CACNA1A et ATP1A2
(impliqués dans la MHF) dans les 12 familles comprenant plusieurs
cas de MB et compatibles avec une transmission autosomique
dominante. Aucune mutation de ces gènes n’a été identifiée.
Cette étude confirme que le vertige, y compris dans sa variété
positionnelle, peut être un symptôme d’aura migraineuse. Dans
cette série de patients atteints de formes familiales de MA et
recrutés en milieu hospitalier, la fréquence de la MB atteint 10 %.
Les auras basilaires avec céphalées peuvent alterner avec des
crises de vertige isolé sans céphalée. Les deux premiers gènes
connus de la migraine hémiplégique familiale, CACNA1A et
ATP1A2, ne semblent pas impliqués dans la MB (mais l’échan-
tillon est restreint).
■ Kirchmann Eriksen M et al. Basilar-type migraine: clinical, epidemiological
and genetic features. SS3-3.
CONTROVERSES SUR L’ASSOCIATION ENTRE
LE POLYMORPHISME C677T DE LA MTHFR
ET LA MIGRAINE
Plusieurs équipes ont déjà rapporté l’existence d’une association
entre le polymorphisme C677T du gène de la méthylène-tétra-
hydrofolate-réductase (MTHFR) et la migraine avec aura. Ce
polymorphisme C677T entraîne une élévation de l’homocys-
téinémie. Or, l’hyperhomocystéinémie est un facteur de risque
d’infarctus cérébral, de même que la migraine avec aura. Trois
nouvelles études portant sur ce thème ont été présentées. Dans
l’étude hollandaise, les patients (migraine avec aura [MA] = 187,
et migraine sans aura [MSA] = 226) et les sujets contrôles
(C = 1 212) ont été sélectionnés en population générale. Le phé-
notype T/T a été trouvé plus fréquemment dans la MA (16 %)
que dans la population générale (10 %) [p < 0,02]. Cette étude
suggère donc une association entre le polymorphisme de la
MTHFR et la MA, mais pas la MSA. Dans l’étude belge,
56 patients atteints de MA ont été comparés à 75 patients atteints
de MSA. Aucune différence n’a été observée. Dans l’étude fin-
landaise portant sur 898 MA et 900 C, aucune association n’a été
trouvée entre le polymorphisme C677T et la MA.
Ces résultats contradictoires reposent le problème des études
d’association, qui sont souvent entachées de très nombreux biais
méthodologiques, le premier étant la faible taille des échantillons.
En polygénique, 1 000 à 1 500 malades semblent actuellement
nécessaires pour obtenir des résultats probants. Donc, pas de
conclusions hâtives : aucune association significative et repro-
ductible n’est pour l’instant démontrée entre le polymorphisme