Pneumologie TABAC ET GROSSESSE Quoi de neuf * ? Le mécanisme par lequel chaque bouffée de cigarette sépare un peu plus la mère de son fœtus est aujourd’hui démontré : le tabagisme réduit la surface des capillaires villositaires (passant de 23 m2 chez la femme non fumeuse à 16 m2 chez la patiente fumant plus de quatre cigarettes par jour) et augmente le volume trophoblastique ; modifications conduisant tout naturellement à une diminution des échanges materno-fœtaux ! Quels risques ** ? À la longue liste des complications associées au tabagisme pendant la grossesse (avortement, grossesse extra-utérine, rupture prématurée des membranes, hémorragie, retard de croissance fœtal et néonatal, pathologie respiratoire et ORL de la petite enfance...), il convient aujourd’hui d’ajouter le risque de “grande prématurité”. On estime en effet, à l’heure actuelle, que le tabagisme maternel serait responsable d’environ 10 à 15 % des naissances avant 33 semaines d’aménorrhée, soit de la naissance chaque année en France d’au moins 800 “grands prématurés” ; enfants présentant, dans 5 à 13 % des cas, une infirmité motrice d’origine cérébrale à l’âge de deux ans et, dans plus d’un tiers des cas, un déficit modéré ou sévère des fonctions intellectuelles à l’âge de cinq ans. (*) O. Dupuis. Examen anatomopathologique des placentas des femmes enceintes fumeuses. La lettre du gynécologue, 273 : 5-6. (**) A. Burguet et M. Kaminski. L’association du tabagisme maternel à un risque de grande prématurité. La lettre du pneumologue, V, 3 : 99-101. Correspondances en médecine - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2002 19 Symbicort QUADRI P. 20 Quelques brèves... ❏ Réduire c’est bien, mais arrêter... c’est mieux ! niques et sevrage tabagique. La lettre du pneumologue, V, 3 : 93-6. Il n’est pas formellement démontré que la réduction de la consommation de tabac entraîne ipso facto une réduction parallèle des risques. La preuve en est que, chez les sujets ayant réduit de moitié leur consommation de cigarettes, la diminution du taux de CO expiré n’est que d’environ 20 %. Ce phénomène s’expliquerait par une modification de la façon d’inhaler la fumée : le fumeur “en manque” tire volontiers “à fond sur son clope” afin d’en extraire le maximum de nicotine... et de produits de combustion ! ❏ Sevrage tabagique : quelles sont les chances de succès ? F. Lebargy et al. Bronchopneumopathies chro- Les substituts nicotiniques et le bupropion constituent des progrès indiscutables dans l’aide à l’arrêt du tabac. Quels résultats peuton en attendre ? Plusieurs études ont tenté de répondre à cette question. L’une d’entre elles a comparé quatre “stratégies thérapeutiques” : timbre nicotinique (21 mg/j), bupropion (300 mg/j), association timbre et bupropion (aux mêmes posologies) et placebo. Le taux d’abstinence, continue à 12 mois dans chacun de ces groupes, est respectivement de : 9,8 %, 18,4 %, 22,5 % et 5,6 %. Correspondances en médecine - n° 4, vol. III - octobre/novembre/décembre 2002 F. Lebargy et coll. Bronchopneumopathies chroniques et sevrage tabagique. La lettre du pneumologue, V, 3 : 93-6. ❏ Épidémiologie du cancer du poumon Une vaste enquête épidémiologique française baptisée KBP 2000 vient confirmer la corrélation indiscutable qui existe entre le cancer du poumon et le tabagisme... présent ou ancien : 52 % des malades sont des fumeurs “actifs” et 40 % sont d’anciens fumeurs. À noter que parmi ces derniers, 4 sur 10 ont cessé de fumer depuis plus de dix ans ! F. Arnold Richez. Neuf malades de cancer du poumon sur dix sont des fumeurs. Le Courrier des addictions, 4, 2 : 85. 21