REVUE DE PRESSE
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Le cancer du poumon
en progression
chez les femmes
Depuis 1988, on assiste globalement à
une légère baisse de la mortalité par
cancers dans les États membres de
l’Union européenne. Toutefois, le
cancer du poumon fait exception à la
règle, du moins chez les femmes.
Alors que chez l’homme, la mortalité
par cancer du poumon a légèrement
diminué, passant de 52,4 pour
100 000 en 1985-1989 à 49,8 pour
100 000 en 1990-1994 (contre 74,3
pour 100 000 entre 1980 et 1984 !), la
mortalité continue de progresser chez
les femmes : elle est actuellement de
9,6 pour 100 000 alors qu’elle n’était
que de 8,9 pour 100 000 durant la
période 1985-1989.
Pour les autres principaux cancers, les
enseignements tirés d’une base de
données de l’Organisation mondiale
de la santé, sont les suivants :
•cancers dont le taux de mortalité est
stable chez l’homme : estomac, pou-
mon ;
•cancers dont le taux de mortalité est
stable chez la femme : ovaire ;
•cancers dont le taux de mortalité est
en baisse chez la femme: colo-rectal,
col utérin, estomac, sein, leucémies ;
•cancers dont le taux de mortalité est
en progression chez la femme : pou-
mon, pancréas.
Si l’on ne considère plus que la
tranche d’âge des femmes de 35 à
64 ans, la progression de la mortalité
par cancer du poumon est encore plus
marquée, passant de 7,7 pour 100 000
femmes en 1955-1959 à 14,3 en 1990-
1994. Désormais, ce cancer est la troi-
sième cause de mortalité par cancer
chez la femme après celui du sein, du
côlon et du rectum. En résumé, en
1995, le classement s’établissait ainsi :
sein, côlon et rectum, poumon, ovaire,
estomac, utérus, pancréas, leucémies.
En 1955, l’ordre était le suivant : esto-
mac, sein, côlon et rectum, poumon,
ovaire, utérus, leucémies, pancréas.
Levi F. et coll. Lancet 1999 ; 354 :
742-3. F.A.R
Les gènes de la dépendance
à la nicotine
Nous ne sommes pas tous égaux face
au risque de devenir fumeur après
une première cigarette et plusieurs
études confirment l’influence majeure
d’une prédisposition génétique.
Cette hypothèse avait été soulevée
grâce à des travaux comparant des
séries de jumeaux, fumeurs ou non-
fumeurs : ils montraient une simili-
tude des comportements dans les
fratries face au tabac. Deux articles
ont fait le point sur les gènes qui
seraient impliqués dans l’intoxica-
tion tabagique.
Dans le premier, Caryn Lerman
démontre, dans une grande série (289
fumeurs et 233 non-fumeurs) que
fumeurs et non-fumeurs se distin-
guent par une variation du gène
SLC6A3-9 responsable du transport
de la dopamine. En particulier, le
groupe des porteurs de ce gène com-
prend non seulement moins de
fumeurs mais aussi moins d’individus
ayant commencé à fumer avant 16 ans
et plus d’individus ayant eu des
phases d’arrêt plus longues. Ces diffé-
rences entre les deux groupes sont
d’autant plus grandes que la variation
du gène SLC6A3 est associée à une
variation du gène codant pour les
récepteurs D2dopaminergiques, por-
tant sur les allèles A2. Ce dernier élé-
ment illustre l’importance du rôle de
la dopamine, neuromédiateur impli-
qué dans les processus de dépendance
aux drogues.
Dans la deuxième étude, Sue Sabol
confirme l’implication des variations
du gène SLC6A3 dans la dépendance
tabagique et décrit son association
avec des comportements stéréotypés,
mesurables par des échelles. En parti-
culier, les porteurs du gène SLC6A3-9
sont moins à la recherche de nouveau-
tés, ce qui a été corrélé avec une
moindre exposition au risque de
dépendance.
D’autres gènes sont vraisemblable-
ment impliqués dans ce processus de
dépendance aux drogues qui reste
complexe. Il en est ainsi des gènes
codant pour les récepteurs dopaminer-
giques ou encore de ceux codant pour
les récepteurs nicotiniques.
Lerman C. et coll. Health Psychology
1999 ; 18 : 14-20.
Sabol S. et coll. Health Psychology
1999 ; 18 : 7-13. F.A.R.
L’ecstasy serait-elle
tératogène ?
Le registre national britannique de
tératologie vient de faire la synthèse
des dossiers de 136 femmes qui ont
pris de l’ecstasy entre juin 1989 et
juin 1998, dont 62 avaient consommé
plusieurs produits potentiellement
dangereux pour le fœtus, la majorité
d’entre elles ayant consommé cette
drogue au cours du premier trimestre
de leur grossesse. Sur les 78 enfants
nés vivants (48 avaient décidé d’inter-
rompre leur grossesse, 8 ont fait une
fausse couche), 12 présentaient des
anomalies congénitales (pied-bot,
malformations cardiaques), soit 15 %
des enfants, alors que le taux des mal-
formations congénitales moyen est de
2 à 3 %. Affaire à suivre et ecstasy à
déconseiller pendant la grossesse...
Mac Elhaton et coll. Lancet 1999 :
1441-2. F.A.R.
La greffe du foie a autant
de chances de succès chez
un cirrhotique, même en cas de
récidive de l’alcoolisme
G.P. Pageaux et coll. (hôpital St-Éloi,
Montpellier) ont analysé le suivi pen-
dant quatre ans de greffes hépatiques
réalisées chez 53 patients transplantés
pour cirrhose alcoolique et chez
48 patients greffés pour d’autres
affections hépatiques. Les résultats de
cette étude, publiée dans Gut, ne mon-
trent pas de différence significative
entre les deux groupes : la survie, le
taux de rejet d’organe et le taux d’in-
fection ou de cancer ne sont pas diffé-
rents.