
La Lettre du Neurologue • Vol. XII - n° 7 - septembre 2008 | 199
Points forts
et la survenue d’un état de mal épileptique sont des
facteurs déterminants importants en faveur du risque
d’aggravation de l’épilepsie. La présence d’un défi cit
neurologique ou d’un retard psychomoteur diminue
nettement les chances de rémission et aggrave le risque
de récidive. L’intérêt de l’électroencéphalogramme
pour prédire l’évolution est controversé. La persistance
de pointes-ondes chez les patients souffrant d’une
épilepsie généralisée idiopathique est certainement
la caractéristique électroencéphalographique la plus
utile, témoignant d’un haut risque de récidive, et remet
en cause l’arrêt du traitement (risque de rechute de
57 à 59 %) [4]. L’association d’au moins deux de ces
différents facteurs augmente le risque de récidive
(supérieur à 70 %). Avec un seul facteur positif, le
risque de récidive reste inférieur à 40 %.
Rémission en fonction
des syndromes épileptiques
Épilepsies généralisées idiopathiques
Lorsque l’épilepsie-absence répond aux critères de
défi nition de ce syndrome, le pronostic est excellent
et permet souvent un arrêt du traitement 2 ans après
la dernière crise. Cependant, les absences peuvent
persister de façon isolée (7 % des cas) ou être asso-
ciées à des crises tonico-cloniques (36 %). Elles
peuvent disparaître et laisser place à des crises convul-
sives généralisées. Les facteurs de risque de rechute à
l’âge adulte sont le début tardif des absences (après
8 ans), la présence d’une composante sémiologique
clonique, atonique ou myoclonique, de myoclonies
des paupières ou périorales, l’association avec des
crises tonico-cloniques, l’existence d’atypies EEG,
la présence d’une photosensibilité et la mauvaise
réponse au traitement. Le traitement est alors pour-
suivi plus longtemps et sa réduction sera prudente.
L’épilepsie myoclonique bénigne de l’adolescent est
sensible au traitement, mais le risque de rechute après
arrêt du traitement est élevé et impose un traitement de
longue durée, souvent supérieur à 10 ans sans crise.
Les crises tonico-cloniques généralisées peuvent être
isolées ou s’associer à d’autres types de crises. Elles
sont en général peu fréquentes et de bon pronostic,
avec un taux de rechute faible de l’ordre de 8 à 20 %. La
durée du traitement est fonction de l’âge de début de
l’épilepsie, de la fréquence des crises et de la présence
d’anomalies sur l’EEG, et d’une photosensibilité. Les
crises survenant au réveil sont de meilleur pronostic
que celles qui surviennent pendant le sommeil. Sauf
en cas d’anomalies EEG, l’arrêt du traitement peut
se discuter après 3 à 4 ans sans crise.
En cas d’association de multiples crises dans le cadre
d’une épilepsie généralisée et surtout en présence
d’une photosensibilité, le risque de rechute apparaît
plus élevé : 22 % en cas de crises tonico-cloniques
associées à des absences ou à des myoclonies contre
19,2 % en cas de crises tonico-cloniques seules et
7,7 % en cas d’absences isolées. Un traitement plus
long, de l’ordre de 10 ans au lieu des 2 à 4 ans habi-
tuels, est alors recommandé.
Épilepsies partielles idiopathiques
et cryptogéniques
Dans l’épilepsie à paroxysmes centrotemporaux, la
faible fréquence des crises permet parfois de ne pas
proposer de traitement pendant la phase évolutive.
Ce syndrome épileptique guérit à la puberté avec
normalisation de l’EEG. Si un traitement antiépilep-
tique a été instauré, il sera indispensable de prévoir
son arrêt à l’adolescence.
L’évolution de l’épilepsie à paroxysmes occipitaux est
plus délicate. Sa guérison à l’âge adulte est habituelle
et l’arrêt du traitement est proposé de façon plus
prudente dès la fi n de l’adolescence.
Les épilepsies partielles cryptogéniques ont un
moins bon pronostic, avec un taux de rémission de
l’ordre de 35 % à 20 ans (2). Les crises partielles
complexes conduisent à davantage de rechutes que
les crises partielles simples. En cas de crises partielles
complexes, il est déconseillé d’essayer d’arrêter le
traitement. L’association avec des crises généralisées
aggrave le risque de rechute.
Épilepsies symptomatiques
Le risque de récidive épileptique est plus élevé dans les
épilepsies symptomatiques que dans les épilepsies idio-
Mots-clés
Antiépileptiques
Arrêt du traitement
Épilepsie
Rémission
Highlights
The decision to withdraw
antiepileptic treatment is
particularly diffi cult in adults
for whom considerations
such as driving and employ-
ment may be affected by a
recurrence of seizures. The
patient should be counselled
about the risk of relapse and
its consequences. Usually
patients should have been
seizure free for at least two
years before drug withdrawal
is attempted. Drugs should be
withdrawn slowly over a period
of several months. Factors infl u-
encing the likelihood of relapse
include the duration of epilepsy
prior to seizure control, the
duration of remission, seizure
type (idiopathic versus symp-
tomatic epilepsy, epileptic
syndrom) and the presence
of additional handicaps. The
majority of relapses following
drug withdrawal occurs within
one year.
Keywords
Antiepileptic drugs
Withdrawal
Epilepsy
Remission
L’arrêt du traitement antiépileptique est proposé après 2 à 4 ans sans crise. »
L’arrêt du traitement antiépileptique est conditionné par la rémission des crises. »
L’identification du syndrome épileptique est essentielle pour évaluer le pronostic d’épilepsie. »
L’arrêt du traitement antiépileptique est souvent possible chez les enfants ayant souffert d’épilepsie idiopathique. »
L’arrêt du traitement antiépileptique est risqué en cas d’épilepsie symptomatique lésionnelle. »
Le risque de récidive épileptique après arrêt du traitement antiépileptique doit être évalué individuellement. »
Des facteurs sociaux, professionnels et individuels interviennent dans la décision d’arrêt du traitement antiépileptique. »
La décision du patient est primordiale dans le choix d’arrêter le traitement antiépileptique. »
L’arrêt du traitement antiépileptique doit se faire progressivement en fonction de la molécule utilisée et de
»l’ancienneté du traitement.
En cas de rechute, les crises réapparaissent souvent dans la première année qui suit l’arrêt du traitement antiépileptique. »