(9 %) ou de cancer lobulaire in situ (CLIS) (6 %) a été présen-
tée par Wickerham, à l’ASCO (12). Une réduction des taux de
cancers invasifs a été obtenue, mais sans différence pour les
non invasifs. Au total, le risque de développer un cancer avec
le recul actuel de l’étude est réduit de 66 % chez les femmes
avec des antécédents de CLIS et de 86 % pour celles avec des
antécédents d’HA.
Le traitement hormonal substitutif est de plus en plus discuté
après cancer du sein. L’équipe du MD Anderson a suivi une
cohorte de 319 patientes dont 39 ont reçu un traitement estro-
génique deux ans après le diagnostic (13). Le traitement hor-
monal substitutif ne semble pas augmenter le risque d’événe-
ments. Les auteurs concluent à la nécessité d’attendre les
résultats d’essais randomisés avant de recommander cette
approche. Ces essais randomisés sont difficiles à instituer en
France et un essai prospectif au sein de la Fédération Nationale
des Centres de Lutte contre le Cancer va débuter prochaine-
ment.
FACTEURS PRONOSTIQUES ET PRÉDICTIFS
Plusieurs publications soulignent l’intérêt d’un diagnostic pré-
coce du cancer du sein (14, 15). Dans une publication du
St Thomas Hospital, concernant 2 964 patientes, celles présen-
tant un symptôme depuis plus de trois mois avant la première
visite ont un cancer du sein à un stade plus avancé (32 % ver-
sus 10 %) et une moins bonne survie (survie à 10 ans : 52 %
versus 47 %, p = 0,003). Cependant, à stade égal, la survie
semble identique (16). Une autre publication apporte des résul-
tats contradictoires : un délai de trois mois n’est pas associé à
une diminution de la survie, mais il faut souligner que, dans
cette étude anglaise, ce délai était estimé entre la première
consultation de médecine générale et la consultation dans un
centre spécialisé (17).
La valeur pronostique des taux de protéases varie selon les
études. Ainsi, sur 1 245 cancers non métastatiques, un taux
élevé d’urokinase plasminogen activator (uPA), déterminé par
une technique biochimique quantitative, a une valeur péjora-
tive sur la survie en analyse multivariée (18). Un taux élevé
d’uPA ou de son inhibiteur de type 1 (PAI-1) dans le cytosol
de 892 tumeurs a également une valeur pronostique sur la sur-
vie selon un modèle de Cox (19). La cathepsine D a également
une valeur péjorative dans une étude sur 2 810 patientes (20).
En revanche, uPA, PAI-1 et cathepsine D n’interviennent pas
dans la prédiction de la survie après récidive locale chez
1 630 patientes ayant eu un traitement conservateur (21).
Dans une étude randomisée de chimiothérapie de cancers du
sein métastatiques (173 patientes), en analyse univariée, la
phase S, le grade et la protéine BAX sont les seuls facteurs
corrélés à la réponse. En analyse multivariée, la phase S pré-
sente la corrélation la plus forte, suivie par le grade et BAX.
Le temps jusqu’à progression et la survie peuvent être en par-
tie prédits par ces facteurs, mais la corrélation est plus faible
(22). La variation des marqueurs moléculaires a été étudiée
lors d’une chimiothérapie néoadjuvante chez 31 patientes (23).
Les patientes présentant une réponse à la chimiothérapie pré-
sentent une réduction de la prolifération plus importante que
celles ne répondant pas. Les tumeurs présentant une augmenta-
tion des récepteurs à la progestérone ont toutes répondu. Les
facteurs prédictifs de la réponse décrits par Colleoni sont une
p53 positive, un c-erb B-2 positif, un marqueur de la proliféra-
tion (Mib 1) élevé et des récepteurs à la progestérone négatifs
(24). Ceux décrits par Chang sont l’expression des récepteurs
aux estrogènes, l’absence de c-erb B-2 et une diminution du
Ki67 (Mib 1) à J10 ou J21 du premier cycle (25).
La détection de l’activité télomérase dans les ponctions cytolo-
giques de lésions mammaires serait un marqueur extrêmement
sensible et spécifique de malignité (26).
Une étude a montré la présence du génome EBV dans un cer-
tain nombre de cancers du sein. Le virus était présent unique-
ment dans les cellules tumorales et plus fréquemment associé
aux tumeurs les plus agressives. L’EBV peut être un cofacteur
dans le développement de certains cancers du sein (27).
L’association entre les altérations du gène p53 et le pronostic
des cancers du sein a été souvent étudiée, la plupart des inves-
tigateurs rapportant un pronostic plus sévère en cas de muta-
tions somatiques, avec, cependant, des résultats différents sui-
vant les études. Une méta-analyse fait le point des publications
(28) et la conclusion n’est pas définitive : l’étude de p53 doit
être poursuivie dans les grands essais.
De nombreuses interrogations persistent sur l’intérêt clinique
de la détermination du statut c-erb B-2 d’une tumeur mam-
maire. Plusieurs publications soulignent l’importance d’une
méthode fiable pour la détection de l’amplification et de la sur-
expression de c-erb B-2 (29, 30). Au niveau génique, la
méthode FISH et la RT-PCR semblent fiables et reproductibles
(29, 31, 32). Au niveau protéique, l’immunohistochimie est la
méthode la plus utilisée, et probablement la moins chère.
Cependant, il existe une variabilité dans les résultats entre les
différents anticorps utilisés et avec un même anticorps, et une
variabilité dans l’interprétation des résultats. Notamment, le
manque de spécificité du DAKO test, approuvé par la FDA,
entraîne une augmentation du taux des faux positifs (33).
Pour certains, la surexpression de c-erb B-2 serait un marqueur
indépendant de résistance à l’hormonothérapie dans les can-
cers du sein. Dans une publication de l’ICRF, 241 patientes
porteuses de tumeurs avancées ont été traitées lors de la pre-
mière rechute par TAM ; le taux de réponse objective et le
temps jusqu’à progression sont significativement moins bons
chez les patientes dont les tumeurs surexpriment c-erb B-2 par
rapport à celles dont les tumeurs ne surexpriment pas c-erb B-2
(38 % versus 56 %, p = 0,02 ; 4,1 mois versus 8,7 mois,
p < 0,001) (34). Une autre étude présentée à l’ASCO suggère
que le tamoxifène adjuvant bénéficie aux patientes dont les
tumeurs ne le surexpriment pas (risque relatif de récidive de
0,65) et non aux patientes c-erb B-2 positives (RR : 1,9) (35).
En revanche, l’étude de Muss, portant sur 741 patientes de
l’essai 8 541 du CALGB ne montre pas d’interaction entre
l’expression de c-erb B-2 et l’action du tamoxifène (36).
Un effet favorable des anthracyclines chez les patientes c-erb
B-2+ a été décrit. En revanche, l’étude de Ménard (37) montre
un bénéfice du CMF adjuvant, même chez les patientes c-erb
B-2+, sur 481 patientes dans une analyse rétrospective. C-erb
B-2 semble un bon facteur de prédiction de la réponse aux
anthracyclines si une dose d’au moins 50 mg/m2est donnée, ce
CANCER DU SEIN
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La Lettre du Cancérologue - volume VIII - n° 6 - décembre 1999