Transplantation hépatique Des progrès constants Depuis plus de 15 ans, la transplantation hépatique connaît un essor considérable et fait partie intégrante de l’arsenal thérapeutique des hépatopathies chroniques évoluées. Ses résultats sont sans cesse améliorés. L’ évolution des techniques chirurgicales et l’utilisation de nouveaux protocoles immunosuppresseurs, mais aussi la prise en charge précoce des complications tardives jusqu’à présent méconnues, ont amélioré notablement les taux de réussite de la transplantation hépatique (TH). Une survie à long terme La TH représente un formidable espoir de corriger de façon durable la défaillance hépatique en offrant aux patients une survie à long terme. Dans les pays industrialisés, elle est réalisé chez environ 5 % des patients dont la vie est menacée. A l’heure actuelle, les trois indications majeures sont la cirrhose alcoolique, la cirrhose virale C et le carcinome hépatocellulaire, la cirrhose biliaire primitive et la cholangite sclérosante étant en retrait. Les progrès récents dans la prise en charge de la réinfection du greffon devraient permettre, dans un avenir proche, d’élargir les indications de transplantation dans l’hépatite B. On estime actuellement que l’espérance de vie des transplantés hépatiques est de 80 à 90 % à 5 et 10 ans. La majorité des décès post-TH surviennent dans les premiers mois qui suivent la transplantation ; ils sont dus principalement aux infections ou aux conséquences de la surimmunosuppression. Au-delà d’un an, les décès sont définis comme décès tardifs, en rapport avec la récidive de la maladie initiale sur le greffon, les complications du traitement immunosuppresseur et la survenue d’affections cardiovasculaires. En ce qui concerne la prévention de la réinfection du greffon par le VHC (10 % à 5 ans) et de l’accélération de la progression de la fibrose, la bithérapie interféron standard-ribavirine permet d’obtenir une réponse virologique soutenue dans 20 % des cas environ. Une étude est en cours sur l’efficacité du schéma thérapeutique fondé sur l’association interféron pégylé-ribavirine. Quant à la cirrhose virale B, la prévention de la récidive repose sur l’association immunoglobulines antiHBs et la lamivudine, et sur l’adéfovir en cas de mutation des virus sous lamivudine. Encore des complications Les complications médicales tardives observées à long terme du fait du recul post-TH sont essentiellement extrahépatiques et devraient constituer désormais une priorité dans la stratégie du suivi du transplanté hépatique. En effet, il est apparu que 10 % des transplantés hépatiques ont une insuffisance rénale évoluée ou terminale dix ans après la transplantation et que l’HTA est présente chez 50 % d’entre eux. En outre, le risque de tumeurs de novo pourrait avoisiner 20 % quinze ans après la transplantation. Aussi les spécialistes de la TH espèrent-ils disposer de nouveaux traitements immunosuppresseurs mieux tolérés : à côté des schémas conventionnels (ciclosporine A ou tacrolimus et une corticothérapie généralement transitoire), trois types de molécule sont en cours de développement, le mycophénolate mofétil, le sirolimus et les anticorps antirécepteurs de l’interleukine 2. Avec, pour objectif, de maintenir le plus faible niveau d’immunosuppression possible, compatible avec l’absence d’agression immune du greffon. Dans l’avenir, l’interruption totale du traitement immunosuppresseur chez un certain nombre de transplantés devenus tolérants spontanément pourrait être envisagée, lorsqu’il sera possible d’identifier ces patients grâce à des progrès en génétique. L.C. Dans la situation actuelle de pénurie des greffons disponibles, de nombreuse équipes s’attachent à mettre au point des thérapeutiques alternatives à la transplantation hépatique avec donneur vivant ou à partir d’organes cadavériques. La thérapie cellulaire appliquée au foie est une approche prometteuse : en effet, la transplantation d’hépatocytes isolés est susceptible de rétablir une fonction hépatique transitoire en attente d’un greffon ou même de corriger certaines maladies métaboliques. Récemment, une découverte – le pouvoir des cellules souches hématopoïétiques de se différencier en hépatocytes ou en cellules de type biliaire – a ouvert une nouvelle piste. Il a été démontré, tant chez l’homme que chez l’animal, que l’injection de cellules souches hématopoïétiques restaurait la fonction biochimique du foie. De plus, ces cellules prolifèrent facilement in vitro et l’utilisation des propres cellules du patient permet de résoudre les problèmes de tolérance et de disponibilité des greffons. Cette stratégie pourrait permettre aussi de disposer d’un nombre élevé de cellules afin de réaliser le foie bio-artificiel. D’après les propos tenus lors des Journées d’hépatologie de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 35 - mars 2002 13