Soins Libéraux 37 Hypercholestérolémie Insuffisamment contrôlée en France Pour tendre vers l’optimisation de la prise en charge des hypercholestérolémies, on préconise désormais d’agir sur deux sources principales de cholestérol dans l’organisme : le foie et l’intestin. U ne nouvelle classe de médicaments représentée par l’ézétimibe permet de réduire l’absorption du cholestérol par l’intestin et, en association aux statines qui ciblent la biosynthèse du cholestérol dans le foie, elle ouvre de nouvelles perspectives pour augmenter l’efficacité des traitements hypolipidémiants. Les maladies cardiovasculaires Les maladies cardiovasculaires représentent la principale cause de mortalité en France, avec plus de 170 000 décès annuels, dont plus de 50 % sont dus aux infarctus du myocarde ou aux AVC. Bien que la corrélation entre le taux de cholestérol total ou cholestérol LDL et la survenue d’événements cardiovasculaires soit démontrée et que des médicaments hypolipidémiants soient disponibles, force est de constater que les objectifs thérapeutiques concernant le LDL-cholestérol ne sont pas atteints. Les statistiques actuelles, en Europe comme aux États-Unis, suggèrent qu’environ la moitié des patients hypercholestérolémiques traités n’atteignent pas les valeurs cibles de LDL-cholestérol recommandées. Selon les recommandations françaises établies par l’AFSSAPS, les valeurs seuils de LDLcholestérol au-dessous desquelles il faut traiter lorsqu’une intervention diététique ne suffit pas sont 1,30 g/l en prévention secondaire et en présence de deux facteurs de risque, 1,60 g/l en présence de deux facteurs de risque, 1,90 g/l en présence d’un facteur de risque et 2,20 g/l en l’absence de facteur de risque. Chez les patients ayant déjà une maladie cardiovasculaire avérée cliniquement et chez les patients diabétiques, le LDL-cholestérol devrait être inférieur à 1 g/l, d’après les nou- velles recommandations des sociétés européennes de prévention des maladies cardiovasculaires. Lorsqu’un traitement hypolipidémiant est instauré chez le patient à haut risque, son efficacité doit être suffisante pour obtenir une baisse de LDL-cholestérol d’au moins 30 à 40 %. Or, les médicaments hypocholestérolémiants tels que les statines ne permettent pas toujours aux patients d’atteindre de nouveaux objectifs : plus le risque coronaire est élevé, moins l’objectif thérapeutique est atteint. On incrimine, entre autres, la réticence à augmenter les doses des statines par crainte des effets secondaires (toxicité hépatique et musculaire) et le manque de contrôles lipidiques. Une nouvelle stratégie thérapeutique vise à inhiber à la fois la synthèse hépatique du cholestérol et son absorption intestinale afin de diminuer sa concentration dans la circulation sanguine. Avec comme but de contrôler plus de patients à risque et, par là, de réduire la mortalité cardiovasculaire. mentaire ; il est absorbé par les cellules intestinales pour moitié ; l’autre moitié est éliminé dans les selles. L’ézétimibe agit au niveau des entérocytes par blocage de l’absorption du cholestérol d’origine majoritairement biliaire, tout en respectant la physiologie de l’absorption intestinale d’autres composés comme les vitamines liposolubles. Il a été démontré que l’association d’ézétimibe aux statines entraîne une réduction supplémentaire significative du LDL-cholestérol par rapport à la réduction observée avec une monothérapie par statine, c’est-à-dire une réduction comparable à celle obtenue avec les plus fortes doses de statines administrées seules. Cette nouvelle association thérapeutique bien tolérée permet donc une meilleure efficacité à dose stable de statine. En France, l’ézétimibe a obtenu une AMM dans l’hypercholestérolémie primaire en association avec une statine en traitement adjuvant au régime chez les patients non contrôlés de façon appropriée par une statine seule, et en monothérapie en traitement adjuvant au régime chez les patients pour lesquels un traitement par statine est inapproprié ou mal toléré. LC Entretiens de Bichat 2004 Le cholestérol Il convient de rappeler que le cholestérol est un composant fondamental des membranes cellulaires, des hormones stéroïdes et de la bile. Il provient majoritairement de la synthèse endogène (fabriqué quotidiennement surtout par le foie) et, pour une faible part, de l’alimentation. Les LDL assurent la distribution du cholestérol aux cellules périphériques mais l’excès de LDL-cholestérol est athérogène, alors que les HDL récupèrent le cholestérol dans les organes pour le ramener au foie, où il est dégradé et éliminé. Le cholestérol contenu dans l’intestin est constitué de 70 % de cholestérol biliaire et de 30 % de cholestérol ali- Quand et pourquoi prescrire une statine ? Selon l’Afssaps, les indications thérapeutiques des statines sont les hypercholestérolémies isolées ou associées à une hypertriglycéridémie, en complément d’un régime adapté et assidu. Cette indication repose sur la propriété d’abaisser le LDL-cholestérol, facteur de risque majeur de l’insuffisance coronaire. Comparé au risque de rhabdomyolyse, qui est exceptionnel, le bénéfice attendu avec les statines reste indiscutable. Actuellement, environ 3 millions de patients en France sont traités par statines. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004