Maladies cardiovasculaires La diététique facteur de prévention La diététique est devenue un facteur important de prévention des maladies cardiovasculaires et accompagne les traitements prescrits lors de l’installation de la pathologie. Elle permet d’aborder la question des régimes d’antan de façon plus conviviale. I l est acquis que mieux se nourrir est un facteur déterminant pour la qualité de vie et une meilleure santé. A fortiori pour les malades à risque comme ceux atteints de pathologies cardiovasculaires. Lors de la Journée annuelle de nutrition et de diététique, certaines recommandations simples ont été édictées. Des interactions complexes La limitation en sel reste de mise, même si son bénéfice est plus important pour certains que pour d’autres. Cependant, sa consommation ne se limite pas à la seule salière de table, elle se fait aussi dans les aliments à forte teneur en sel, la charcuterie par exemple. Les graisses sont à surveiller particulièrement. S’il est reconnu que certaines viandes sont plus grasses que d’autres, le morceau et la façon de le cuisiner ont une influence certaine. Ainsi, un morceau de porc peut être plus maigre qu’un morceau de bœuf, et la peau du poulet, viande réputée maigre, est à proscrire. La viande et les charcuteries ainsi que les laitages non écrémés contiennent environ 70 à 110 mg de cholestérol pour 100 g de produit. En France, la plus grande partie des graisses saturées vient du beurre (et des aliments riches en beurre) et des fromages. Il faut favoriser la consommation de fromages blancs, de yaourts et de lait demi-écrémé. Le jaune d’un œuf apporte environ la moitié du cholestérol alimentaire que l’on retrouve également dans le beurre et les abats. Le cholestérol provenant des aliments passe par la barrière diges- 12 tive puis il est transporté vers le foie où il est rapidement utilisé. Il existe une relation entre le taux sanguin de cholestérol et la consommation en cholestérol. S’il faut diminuer l’apport de celui-ci, cette diminution ne représente pas la part principale du régime car son influence reste modeste par rapport à celle des graisses saturées comme le chocolat, par exemple, qui ne contient pas de cholestérol. D’une manière générale, l’alimentation actuelle est trop riche en graisses, notamment celle à base de friture. Il faut donc favoriser la consommation d’huiles végétales poly- et mono-insaturées. « Mais il n’existe pas de données scientifiques pour recommander de façon prioritaire telle huile végétale par rapport à telle autre », souligne le Pr Éric Brucker. Certaines margarines sont enrichies en phytostérols que sont les stérols végétaux. Ces composés naturels remplissent la même fonction chez les plantes que le cholestérol chez les hommes, c’est-à-dire qu’ils empêchent l’absorption du cholestérol dans le tube digestif. Cette diminution d’absorption entraîne une baisse du LDL-cholestérol d’environ 10 % avec un effet maintenu ou augmenté sous hypolipidémiants. Mais, pour obtenir ce résultat, la quantité de stérols végétaux consommée doit être de 1,6 g/jour, soit cinq fois supérieure à la quantité moyenne consommée. La consommation de soja est aussi une mesure efficace pour diminuer le cholestérol. De leur côté, les légumes doivent être consommés sans restriction, notamment quand il existe un problème de surpoids. Ils ne constituent pas Professions Santé Infirmier Infirmière - No 44 - mars 2003 une source énergétique importante tout en apportant fibres, potassium et de nombreux antioxydants. Des données épidémiologiques montrent que leur consommation amoindrit le risque cardiovasculaire. Préserver les équilibres Les produits céréaliers sont intéressants du fait de leur utilité dans l’équilibre nutritionnel, de la source en fibres qu’ils représentent, et du fait d’autres bénéfices comme l’apport en vitamines du groupe B associé à une baisse du taux d’homocystéine. Cependant, l’ensemble des évidences scientifiques est fragile en ce qui les concerne compte tenu de l’absence d’études d’intervention et de la difficulté d’analyser séparément l’effet de l’ensemble de ces produits. Ils sont riches en protéines, pauvres en lipides et donc très adaptés pour les sujets dont le cholestérol ou les tryglicérides sont élevés. L’étude de certaines populations a montré que les huiles de poisson ont des effets bénéfiques chez le coronarien. Ces graisses contenues dans le poisson atténuent les risques de thrombose et la consommation accrue du poisson diminue indirectement la consommation de viandes. Quant à l’alcool, il reste un danger à fortes doses mais les données actuelles indiquent que, consommé très modérément, il exerce un effet protecteur dans les maladies cardiovasculaires, sauf dans les cas où les triglycérides sont élevés et ceux où il existe une obésité, autre source d’ennuis pour le patient atteint de maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, la diététique s’ingénie à se traduire dans un langage simple, accessible pour le patient. Et chacun doit bénéficier d’un régime adapté autour d’un équilibre qui lui convient. A.-L.P.