261133F/n°2 20/04/04 R E 17:16 V Page 45 U E D E P R E S S E Revue de presse ● A. Travade*, C. Barlier, P. Boulet, B. Cutuli, V. Servent MONOGRAPHIE Une mise au point de très bonne qualité sur l’épidémiologie, l’anatomie pathologique, les moyens diagnostiques, les facteurs pronostiques et les aspects thérapeutiques. Cancer du sein (monographie). Rev Prat (Paris) 1998 ; 48 (19) : 77. Lu pour vous l’excellent livre de Martine Boisserie-Lacroix et coll. : Sénologie de l’enfant et de l’adolescente, premier ouvrage de référence concernant les particularités du sein avant l’âge adulte. Après un exposé clair et détaillé sur le développement, l’histologie, l’anatomie et les différentes techniques d’examen, le livre fait une large part à la pathologie, bénigne ou maligne. Les derniers chapitres traitent des rapports entre sein et hormones et de l’impact des changements du corps sur l’imaginaire de l’enfant et de l’adolescente. L’intérêt de cet ouvrage tient à une approche pluridisciplinaire de la sénologie grâce à la collaboration de nombreux spécialistes, à une iconographie importante et de qualité, et surtout à l’expérience clinique de chacun des auteurs, que l’on perçoit à travers chaque détail. Un livre à mettre absolument dans sa bibliothèque, tout particulièrement si l’on a une clientèle jeune. DÉPISTAGE ❒ Dépistage de masse et dépistage individuel Schaffer P. Faut-il généraliser le dépistage du cancer du sein ? J Gynecol Obstet Biol Reprod 1997 ; 26 : 750. Les avantages et les inconvénients du dépistage de masse organisé sont rappelés par l’auteur. Malgré le coût et les effets délétères, il paraît difficile actuellement de ne pas s’engager sur cette voie, le seul guide en la matière étant l’intérêt pour les femmes ellesmêmes. L’impératif essentiel reste la qualité et la rigueur de l’organisation. Wait S. et coll. Le dépistage spontané du cancer du sein en France. Bull Cancer 1997 ; 84 : 619. Le dépistage spontané a été étudié dans deux départements ayant des programmes de dépistage de masse organisé ; il représente un pourcentage important des actes réalisés et, pour les auteurs, la coexistence de ces deux systèmes de dépistage ne peut pas continuer. * Centre d'imagerie médicale République, 99, avenue de la République, 63000 Clermont- Ferrand. La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998 Chaplain G. et coll. Les cancers génitaux et mammaires féminins en France : répartition géographique et estimation de l’incidence. Bull Cancer 1997 ; 84 : 935. Plusieurs points intéressants peuvent être dégagés de cet article épidémiologique. Les chiffres ont été estimés à partir des données obtenues dans huit départements français. Le risque de cancer estimé par le taux cumulé de 0 à 74 ans est de 7,1 % pour le sein, de 1,2 % pour le col de l’utérus, de 1,4 % pour le corps de l’utérus et de 1,1 % pour l’ovaire. En ce qui concerne le cancer du sein, la répartition de l’incidence par tranche d’âge montre un taux important dès la quarantaine. Pour 100 000 femmes et par an : 40-44 ans = 119,7 ; 45-49 ans = 187,3 ; 50-54 ans = 177,3 ; 55-59 ans = 182,8, etc. Cette étude montre aussi qu’il existe une augmentation réelle de l’incidence du cancer du sein, de 17,6 %, entre les périodes 1978-1982 et 1983-1987. Dershaw D.D. et coll. A comparison of screening mammography results from programs for women of different socioeconomic status. Cancer 1998 ; 82 : 1692. Les auteurs ont voulu évaluer, dans l’État de New York, l’impact du statut socio-économique sur les résultats des programmes de dépistage (50 653 femmes ayant un statut bas ont été comparées à 45 923 femmes plus favorisées). Ces résultats ont été comparés à ceux de la population générale du même État. Dans les deux groupes, des examens complémentaires ont été nécessaires dans 12 % des cas. La VPP de la biopsie est identique (27 à 25 %), bien qu’il y ait eu davantage de biopsies dans le premier groupe. Le taux de cancer in situ est différent : 15 % dans le premier groupe, 27 % chez les femmes plus aisées, contre 10 % dans la population générale. Les auteurs ont conclu que le dépistage est réalisable et efficace quel que soit le statut économique, tout au moins aux États-Unis. ❒ Dépistage avant 50 ans Lemaire V. Faut-il dépister le cancer du sein par la mammographie avant 50 ans ? Le Concours Médical 1998 ; 120, 15 : 1075. Avec les commentaires de P. Schaffer. L’auteur développe des arguments opposant dépistage avant et après 50 ans, à partir de deux études publiées en 1997 par Salzmann et Eddy. L’intervalle de 18 mois permettrait d’obtenir une diminution de la mortalité de 16 % après dix ans. L’impression générale à la lecture de l’article est plutôt négative. Pourtant, la conférence de consensus de Bethesda, aux États-Unis, en juillet 1997, qui a succédé au meeting de Falun (Suède), en mars 1996, a eu des retombées non négligeables, non seulement en termes de polémique, mais aussi en permettant la diffusion de 45 261133F/n°2 20/04/04 R E 17:16 V U Page 46 E D E P travaux d’un intérêt incontestable, ayant souvent douze ans de recul, et montrant une diminution sans équivoque de la mortalité dans la tranche d’âge 40-49 ans. Les publications concernant cette conférence sont regroupées dans une monographie du JNCI, n° 22, 1997. Tous les articles de cette revue ne peuvent être rapportés ici malgré leur intérêt. Nous en avons sélectionné trois, répertoriés ci-après. Bjurstam N. et coll. The Gothenburg breast cancer screening trial : preliminary results on breast cancer mortality for women aged 39-49. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 53. Bjurstam N. et coll. The Gothenburg breast screening trial. Cancer 1997 ; 80 : 2091. Essai randomisé de Gothenburg avec mammographies tous les 18 mois, deux incidences par sein, chez des patientes âgées de 39 à 49 ans. Réduction de la mortalité de 44 % (intervalle de confiance à 95 % statistiquement significatif). Andersson I., Janzon L. Reduced breast cancer mortality in women under age 50 : updated results from the Malmö mammographic screening program. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 63. Essai de Malmö chez les femmes à partir de 45 ans avec des intervalles de 18 à 24 mois. Réduction de mortalité de 36 % (intervalle de confiance à 95 % statistiquement significatif). Hendrick R.E. et coll. Benefit of screening mammography in women aged 40-49 : a new meta-analysis of randomized controlled trials. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 87. Méta-analyse sur les essais randomisés de 40 à 49 ans. Si l’on inclut les cinq essais suédois (Kopparberg, Ostergotland, Malmö, Stockholm et Gothenburg), on obtient une réduction de la mortalité de 29 % ; si l’on ajoute les essais du HIP et Edinburgh, 26 % ; si l’on inclut le cas particulier de l’essai canadien (CNBSS), 18 % (intervalle de confiance à 95 % statistiquement significatif). Feig S.A. Increased benefit from shorter screening mammography intervals for women aged 40-49 years. Cancer 1997 ; 80 : 2035. L’éditorial de Feig rappelle les données sus-citées et y ajoute une simulation. Il reprend l’essai de Bjurstam et simule soit une participation de 100 % (au lieu de la participation effective de 75 à 80 %), soit un rythme annuel et non de 18 mois. Il en conclut que la diminution de mortalité chez ces jeunes femmes pourrait atteindre 65 à 75 % si l’on obtenait des conditions optimales de qualité, de rythme et de participation. (Voir l’Éditorial de Sox paragraphe suivant.) ❒ Cancers de l’intervalle et faux positifs Collins S. et coll. Survival rates from interval cancer in NHS breast screening programme. Br Med J 1998 ; 316 : 832. Les cancers de l’intervalle sont étudiés dans ce programme de dépistage utilisant des vagues de trois ans (Nord-Ouest de l’Angleterre). Deux groupes successifs ont été étudiés : de 1988 à 1991, 73 cancers de l’intervalle et 565 cancers apparus dans la population contrôle non dépistée, puis 441 cancers de l’intervalle apparus après 1991. Il n’y a pas de différence significative de survie entre les cancers survenus dans l’intervalle ou les cancers survenus chez les femmes non dépistées. Autrement dit, le dépistage n’a pas d’effet délétère au moins sur ce point puisqu’il n’aggrave pas le pronostic des cancers de l’intervalle. 46 R E S S E Elmore J.G. et coll. Ten years risk of false positive screening mammograms and clinical breast examinations. N Engl J Med 1998 ; 338 : 1089. Il s’agit d’une étude rétrospective chez des femmes de 40 à 69 ans, dépistage “à l’américaine” avec un taux élevé de reconvocations ou tests positifs obtenus après mammographies de dépistage ou examens cliniques. Le taux habituellement admis de tests positifs aux États-Unis est de 1/10 ; dans cette étude cumulant mammographie et examen clinique, un tiers des femmes ont au moins un faux positif sur une période de dix ans. Les auteurs évaluent les inconvénients des faux positifs soit au niveau du nombre d’examens complémentaires ou des interventions inutiles, soit au niveau du coût économique et, bien entendu, du retentissement psychologique, avec une anxiété persistante chez ces femmes. En conclusion, tout doit être fait pour diminuer les faux positifs sans altérer la sensibilité de la mammographie de dépistage, de façon à diminuer les coûts et les séquelles psychologiques. Sox H.C. Editorial. Benefit and harm associated with screening for breast cancer. N Engl J Med 1998 ; 338 : 1145. Le dépistage comporte ses avantages et ses inconvénients, notamment une souffrance inutile pour les patientes ayant des tests faussement positifs. L’auteur se sert de l’argument du nombre des faux positifs décrit dans l’article précédent pour discuter la question de l’intérêt du dépistage entre 40 et 49 ans. SURVEILLANCE La surveillance après traitement pour cancer du sein entraîne actuellement de nombreuses discussions. Les règles de “bonnes pratiques médicales” proposées par les SOR conseillent d’alléger la surveillance après cancer du sein, seule la surveillance locale restant indispensable pour dépister soit des récidives locales, soit un cancer du sein controlatéral. En effet, la survie n’est pas modifiée par la détection de métastases à un stade infraclinique. Lansac J., Diouf A. La surveillance d’une femme traitée pour cancer du sein. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1998 ; 27 : 21. L’article de Lansac fait le point sur les données actuelles concernant cette surveillance après cancer du sein. L’article suivant est contradictoire et montrerait en revanche qu’il y a un intérêt à doser régulièrement le CA 15-3. Nicolini A. et coll. Prolonged survival by “early” salvage treatment of breast cancer patients : a retrospective 6-year study. Br J Cancer 1997 ; 76 : 1106. Cette étude italienne montre un bénéfice en termes de survie si l’on applique une thérapeutique dès l’augmentation du CA 15-3 en l’absence de métastase, que celle-ci soit déjà clinique ou encore seulement radiologique. Si ces données sont confirmées par d’autres études, la surveillance allégée des patientes devrait toutefois conserver le dosage sérique du CA 15-3. MICROBIOPSIES SOUS REPÉRAGE STÉRÉOTAXIQUE ❒ Mammotome Les microbiopsies sous repérage stéréotaxique ont largement été développées en France et aux États-Unis dans le but d’améliorer le diagnostic préopératoire des lésions ambiguës. L’intérêt est La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998 261133F/n°2 20/04/04 17:16 Page 47 alors d’espacer la surveillance des lésions bénignes, d’éviter des interventions pour lésions bénignes ou de faire le diagnostic préopératoire des lésions malignes. On utilise habituellement des aiguilles de biopsies actionnées au moyen d’un pistolet automatique, et plusieurs ponctions ou “passages” sont nécessaires pour obtenir suffisamment de matériel. La société Biopsys (Ethicon®) a mis au point, avec F. Burbank, radiologue aux États-Unis, un appareil spécial, le mammotome, qui représente un progrès technique indéniable. Celui-ci ne peut pour l’instant être utilisé qu’avec une table de repérage stéréotaxique dédiée, l’examen étant réalisé en décubitus ventral. Des modifications techniques en cours d’évaluation permettront très prochainement de l’adapter à un système accessoire. Ces derniers sont en effet plus répandus en France ; ils s’adaptent à un mammographe usuel, l’examen étant réalisé chez une patiente en position le plus souvent assise. Pour les lésions à ponctionner sous échographie, un bras articulé vient d’être mis au point, permettant de relier le pistolet au système d’aspiration, ce qui autorise une ponction avec mammotome sous échographie. Le mammotome associe à l’aiguille de biopsie un système d’aspiration par le vide attirant les tissus mammaires dans une encoche cylindrique. De plus, la patiente n’est ponctionnée qu’une fois, un système coaxial permettant de passer plusieurs fois l’aiguille à encoche dans le guide à biseau acéré, en place. On fait tourner l’encoche autour de l’axe de l’aiguille, ce qui permet un prélèvement sur 360°. L’inconfort est diminué d’autant plus que ce passage unique s’accompagne d’une anesthésie locale soigneuse. Pour les auteurs suivants, le matériel retiré est plus important qu’avec les microbiopsies à l’aiguille 14 G classique. Il s’ensuit une nette amélioration de la fiabilité du résultat histologique, avec diminution ou disparition des faux négatifs. Certaines lésions bénignes de petite taille peuvent ainsi être totalement ôtées, sans recours à une chirurgie complémentaire. Burbank F. Stereotactic breast biopsy of atypical ductal hyperplasia and ductal carcinoma in situ lesions : improved accuracy with directional, vacuum-assisted biopsy. Radiology 1997 ; 202 : 843-7. Berg W.A., Krebs T.L., Campassi C., Magder L.S., Sun C.C.J. Evaluation of 14- and 11-gauge directional, vacuum-assisted biopsy probes and 14-gauge biopsy guns in a breast parenchymal model. Radiology 1997 ; 205 : 203-8. Hagay C. et coll. Les microbiopsies guidées par mammographie numérisée. J. Le Sein ; 1998 ; 8 : 39. Les mammographies réalisées immédiatement après la ponction montrent la présence d’air dans 72 % des cas et d’un hématome dans 60 % des cas. Celles qui sont réalisées quelques jours après (14 en moyenne) ne montrent pas de séquelles mammographiques. On peut même parfois assister à la disparition complète de l’image ayant justifié la ponction. Liberman L., Hann L.E., Dershaw D.D., Morris E.A., Abramson A.F., Rosen P.P. Mammographic findings after stereotactic 14gauge vacuum biopsy. Radiology 1997 ; 203 : 343-7. Les mammographies réalisées six mois après ne montrent pas de séquelles. Burbank F. Mammographic findings after 14-gauge automated needle and 14-gauge directional, vacuum-assisted stereotactic breast biopsies. Radiology 1997 ; 204 : 153-6. La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998 Des clips métalliques peuvent être laissés en place, permettant soit la surveillance mammographique de la lésion ponctionnée, soit un repérage préopératoire. Burbank F., Forcier N. Tissue marking clip for stereotactic breast biopsy : initial placement accuracy, long-term stability, and usefulness as a guide for wire localization. Radiology 1997 ; 205 : 407-15. Liberman L., Dershaw D.D., Morris E.A., Abramson A.F., Thornton C.M., Rosen P.P. Clip placement after stereotactic vacuumassisted breast biopsy. Radiology 1997 ; 205 : 417-22. L’utilisation d’un système coaxial est possible non seulement sous repérage stéréotaxique, mais aussi sous échographie. Helbich T.H., Mayr W., Schick S., Youssefzadeh S., Rudas M., Taucher S., Wagner T., Kelkar P., Wolf G., Thurnher M., Mostebeck G.H. Coaxial technique : approach to breast core biopsies. Radiology 1997 ; 203 : 684-90 ❒ Microprélèvements Goodman K.A., Birdwell R.L., Ikeda D.M. Compliance with recommended follow-up after percutaneous breast core biopsy. AJR 1998 ; 170 : 89-92. Le problème persistant avec les prélèvements microbiopsiques est le nombre de patientes perdues de vue, ce qui pose un réel problème en cas de faux négatif. Logan-Young W. et coll. The cost-effectiveness of fine-needle aspiration cytology and 14-gauge core needle biopsy compared with open surgical biopsy in the diagnosis of breast carcinoma. Cancer 1998 ; 82 : 1867. Les auteurs ont comparé les taux de chirurgie par cancer trouvés dans deux groupes : dans le groupe utilisant régulièrement cytoponction et microbiopsie, le taux est de 1,5 (462 chirurgies pour 310 cancers). Dans l’autre groupe, il est de 4 (2 036 chirurgies pour 513 cancers). Dans le premier groupe, le taux d’envahissement ganglionnaire est de 19 %, ce qui est semblable à l’autre groupe. Ces auteurs ont évalué la diminution des coûts liés à la pratique des microprélèvements permettant de réduire les taux de chirurgie sans altérer la détection précoce des cancers ; ils concluent à un intérêt économique certain. Pisano E.D et coll. Rate of insufficient samples for fine needle aspiration for nonpalpable breast lesions in a multicenter clinical trial. Cancer 1998 ; 82 : 679. Essai multicentrique qui, en fait, a été prématurément arrêté car il a montré que les cytoponctions à l’aiguille fine des lésions impalpables comportaient un taux trop élevé de prélèvements insuffisants par comparaison avec les microbiopsies. CANCER DU SEIN ET MALADIE DE HODGKIN Cutuli B. et coll. Breast cancer in patients treated for Hodgkin’s disease : clinical and pathological analysis of 76 cases in 63 patients. Eur J Cancer 1997 ; 33 : 2315. Cette étude rétrospective incluant 12 centres anticancéreux français a permis de colliger 76 cas de cancer du sein chez 63 patientes. Le cancer du sein est survenu en moyenne 16 ans après la maladie de Hodgkin, à un âge moyen de 42 ans. Un taux inhabituel de formes bilatérales est constaté. Ces auteurs insistent sur la nécessité de dépister régulièrement les patientes traitées antérieurement pour une maladie de Hodgkin. 47 261133F/n°2 20/04/04 R E 17:16 V U Page 48 E D E P Goss P.E., Sierra S. Current perspectives on radiation-induced breast cancer. J Clin Oncol 1998 ; 16 : 338. Les patientes guéries d’une maladie de Hodgkin ont plus de risques de développer un cancer du sein radio-induit. D’autres facteurs entrent en jeu : âge, facteurs hormonaux, facteurs génétiques. Les auteurs proposent une surveillance régulière chez les femmes irradiées pour une maladie de Hodgkin avant 30 ans, avec auto-examen, examen clinique périodique et mammographie à débuter huit ans après l’irradiation. CURAGE AXILLAIRE Aymerich D. Cancer du sein et de l’ovaire : actualités et controverses. Gyn Obs 1998 ; 386 : 8. Les incertitudes actuelles concernant le curage axillaire sont bien résumées dans cet article d’information. Toutes les patientes atteintes d’un cancer du sein invasif ont-elles besoin d’un curage ? En cas d’atteinte ganglionnaire, le type de chimiothérapie est-il influencé par le nombre des ganglions envahis ? Faut-il faire un curage dans les formes in situ ? Comment faut-il faire ce curage ? Certaines techniques récentes vont-elles supplanter les méthodes traditionnelles ? Lejeune V. et coll. Indications du curage axillaire dans le cancer du sein. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1998 ; 27 : 14. L’intérêt du curage est rappelé de façon traditionnelle, la vertu thérapeutique est discutée. Les complications ne sont jamais négligeables. La valeur pronostique reste l’indication majeure, surtout chez les femmes jeunes. Port E.R. et coll. Incidence of axillary lymph node metastases in T1a and T1b breast carcinoma. Ann Surg Oncol 1998 ; 5 : 23. Les auteurs (New York) ont évalué le risque d’atteinte ganglionnaire dans deux groupes de petites tumeurs : tumeurs de moins de 5 mm (81 patientes T1a) et tumeurs entre 5 et 10 mm (166 patientes T1b). Dix pour cent des T1a et 15 % des T1b ont des ganglions atteints. Les auteurs ont conclu qu’on ne peut se passer de curage dans aucun groupe. À noter de plus que la présence d’emboles lymphovasculaires dans la tumeur augmente le risque d’envahissement ganglionnaire. Kitchen P.R. et coll. Characteristics and treatment of breast cancers 10 mm or less detected by a mammographic screening programme. Aust N Z J Surg 1998 ; 68 : 45. À rapprocher de l’article précédent. Étude histopathologique des cancers de moins de 10 mm retrouvés à l’occasion de mammographies de dépistage. Neuf pour cent de ces patientes ont un envahissement ganglionnaire. Ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’il n’y a pas de différence d’envahissement entre les patientes ayant des tumeurs de plus ou de moins de 5 mm. Autrement dit, le curage est justifié quelle que soit la taille. Singh Y et coll. Factors related to axillary lymph node metastasis in T1 breast carcinoma. Oncol Rep 1998 ; 5 : 459. Les auteurs (Japon) ont recherché les facteurs biologiques prédictifs d’envahissement ganglionnaire dans 38 tumeurs de moins de 2 cm T1 ; 10 patientes (26,3 %) étaient N+. L’index Ki 67, le comptage des micro-vaisseaux et l’expression de Bcl-2 sont significativement élevés dans les N+. Fujii K. et coll. Microinvasive breast carcinoma with extensive involvement of level III axillary lymph nodes : a case report. Jpn J Clin Oncol 1998 ; 28 : 47. 48 R E S S E Les auteurs (Japon) rapportent le cas d’une patiente présentant une tumeur révelée par un ganglion axillaire. La tumeur, de 2,8 cm, est un carcinome in situ avec une micro-invasion ne dépassant pas 1 mm ; pourtant, 16 des 17 ganglions prélevés sont envahis, dont 6 à l’étage III. La particularité de la tumeur ici décrite est de surexprimer p53, mais non c-erbB-2. Barwell J. et coll. How long should suction drains stay in after breast surgery with axillary dissection ? Ann R Coll Surg Engl 1997 ; 79 : 435. Les auteurs (Angleterre) ont cherché a évaluer, pour 63 patientes, la durée optimale de drainage après dissection axillaire. Le drain a été laissé en moyenne 4 jours ; 51 % des patientes ont développé, dans les suites, un épanchement séreux ayant nécessité une ponction évacuatrice à l’aiguille fine. C’est une complication désagréable qui n’est malheureusement pas influencée par la durée du drainage, un drainage prolongé ne diminuant en rien sa formation. ❒ Ganglion sentinelle Pour éviter les séquelles dues à un curage étendu, certains auteurs ont proposé de prélever un seul ganglion dit “ganglion sentinelle”, déterminé par l’injection d’un produit radioactif ou d’un colorant au niveau de la tumeur mammaire. Si ce premier ganglion atteint par le produit est négatif, il est peu probable que d’autres ganglions soient envahis ; s’il est positif, il donne la certitude d’un envahissement ganglionnaire ; est-il alors nécessaire de faire un curage complet ? Salmon R.J., Fried D. Mise en évidence du ganglion sentinelle dans le curage axillaire pour cancer du sein. Presse Med 1998 ; 27 : 509. Les auteurs (Institut Curie) rapportent leur expérience sur 86 patientes chez lesquelles ils ont systématiquement réalisé, après injection de bleu, le prélèvement du ganglion sentinelle puis un curage classique afin de faire une étude comparative. Le ganglion sentinelle a été mis en évidence 79 fois (91 %). Pecking A. et coll. Le ganglion sentinelle : perspectives. La Lettre du Cancérologue 1998 ; 7 : 47 (Éditorial). Les auteurs (Centre René-Huguenin, Saint-Cloud) rappellent l’historique des moyens de détection des ganglions axillaires envahis, avec analyse de la littérature concernant le ganglion sentinelle. Il s’agit toutefois d’une méthode en cours d’évaluation et réservée à des cas bien sélectionnés. Dale P.S., Williams J.T. Axillary staging utilizing selective sentinel lymphadenectomy for patients with invasive breast carcinoma. Am Surg 1998 ; 64 : 28 (discussion 32). Les auteurs (Georgie, États-Unis) font part de leur expérience sur le ganglion sentinelle : ils ont prélevé 21 ganglions sentinelles chez 20 patientes avant de réaliser un curage complet. Ils ont conclu qu’il y a une bonne concordance. Le ganglion sentinelle a été identifié chez 14 patientes, soit 66 % des cas. Il est négatif neuf fois, ce qui est confirmé par le curage ; il est positif cinq fois, ce qui a aussi été confirmé. ■ La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998