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La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998
REVUE DE PRESSE
MONOGRAPHIE
Une mise au point de très bonne qualité sur l’épidémiologie,
l’anatomie pathologique, les moyens diagnostiques, les facteurs
pronostiques et les aspects thérapeutiques. Cancer du sein (mono-
graphie). Rev Prat (Paris) 1998 ; 48 (19) : 77.
Lu pour vous l’excellent livre de Martine Boisserie-Lacroix et
coll. : Sénologie de l’enfant et de l’adolescente, premier ouvrage de
référence concernant les particularités du sein avant l’âge adulte.
Après un exposé clair et détaillé sur le développement, l’histolo-
gie, l’anatomie et les différentes techniques d’examen, le livre fait
une large part à la pathologie, bénigne ou maligne.
Les derniers chapitres traitent des rapports entre sein et hormones
et de l’impact des changements du corps sur l’imaginaire de
l’enfant et de l’adolescente.
L’intérêt de cet ouvrage tient à une approche pluridisciplinaire de
la sénologie grâce à la collaboration de nombreux spécialistes, à
une iconographie importante et de qualité, et surtout à l’expérience
clinique de chacun des auteurs, que l’on perçoit à travers chaque
détail. Un livre à mettre absolument dans sa bibliothèque, tout par-
ticulièrement si l’on a une clientèle jeune.
DÉPISTAGE
Dépistage de masse et dépistage individuel
Schaffer P. Faut-il généraliser le dépistage du cancer du sein ?
J Gynecol Obstet Biol Reprod 1997 ; 26 : 750.
Les avantages et les inconvénients du dépistage de masse organisé
sont rappelés par l’auteur. Malgré le coût et les effets délétères, il
paraît difficile actuellement de ne pas s’engager sur cette voie, le
seul guide en la matière étant l’intérêt pour les femmes elles-
mêmes. L’impératif essentiel reste la qualité et la rigueur de
l’organisation.
Wait S. et coll. Le dépistage spontané du cancer du sein en France.
Bull Cancer 1997 ; 84 : 619.
Le dépistage spontané a été étudié dans deux départements ayant
des programmes de dépistage de masse organisé ; il représente un
pourcentage important des actes réalisés et, pour les auteurs, la
coexistence de ces deux systèmes de dépistage ne peut pas conti-
nuer.
Chaplain G. et coll. Les cancers génitaux et mammaires féminins
en France : répartition géographique et estimation de l’incidence.
Bull Cancer 1997 ; 84 : 935.
Plusieurs points intéressants peuvent être dégagés de cet article
épidémiologique. Les chiffres ont été estimés à partir des données
obtenues dans huit départements français. Le risque de cancer
estimé par le taux cumulé de 0 à 74 ans est de 7,1 % pour le sein,
de 1,2 % pour le col de l’utérus, de 1,4 % pour le corps de l’utérus
et de 1,1 % pour l’ovaire. En ce qui concerne le cancer du sein, la
répartition de l’incidence par tranche d’âge montre un taux impor-
tant dès la quarantaine. Pour 100 000 femmes et par an :
40-44 ans = 119,7 ; 45-49 ans = 187,3 ; 50-54 ans = 177,3 ;
55-59 ans = 182,8, etc. Cette étude montre aussi qu’il existe une
augmentation réelle de l’incidence du cancer du sein, de 17,6 %,
entre les périodes 1978-1982 et 1983-1987.
Dershaw D.D. et coll. A comparison of screening mammography
results from programs for women of different socioeconomic sta-
tus. Cancer 1998 ; 82 : 1692.
Les auteurs ont voulu évaluer, dans l’État de New York, l’impact
du statut socio-économique sur les résultats des programmes de
dépistage (50 653 femmes ayant un statut bas ont été comparées à
45 923 femmes plus favorisées). Ces résultats ont été comparés à
ceux de la population générale du même État. Dans les deux
groupes, des examens complémentaires ont été nécessaires dans
12 % des cas. La VPP de la biopsie est identique (27 à 25 %), bien
qu’il y ait eu davantage de biopsies dans le premier groupe. Le
taux de cancer in situ est différent : 15 % dans le premier groupe,
27 % chez les femmes plus aisées, contre 10 % dans la population
générale. Les auteurs ont conclu que le dépistage est réalisable et
efficace quel que soit le statut économique, tout au moins aux
États-Unis.
Dépistage avant 50 ans
Lemaire V. Faut-il dépister le cancer du sein par la mammogra-
phie avant 50 ans ? Le Concours Médical 1998 ; 120, 15 : 1075.
Avec les commentaires de P. Schaffer.
L’auteur développe des arguments opposant dépistage avant et
après 50 ans, à partir de deux études publiées en 1997 par Salz-
mann et Eddy. L’intervalle de 18 mois permettrait d’obtenir une
diminution de la mortalité de 16 % après dix ans. L’impression
générale à la lecture de l’article est plutôt négative.
Pourtant, la conférence de consensus de Bethesda, aux États-Unis,
en juillet 1997, qui a succédé au meeting de Falun (Suède), en
mars 1996, a eu des retombées non négligeables, non seulement
en termes de polémique, mais aussi en permettant la diffusion de
Revue de presse
A. Travade*, C. Barlier, P. Boulet, B. Cutuli, V. Servent
* Centre d'imagerie médicale République, 99, avenue de la République, 63000
Clermont- Ferrand.
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travaux d’un intérêt incontestable, ayant souvent douze ans de
recul, et montrant une diminution sans équivoque de la mortalité
dans la tranche d’âge 40-49 ans. Les publications concernant cette
conférence sont regroupées dans une monographie du JNCI,
n° 22, 1997. Tous les articles de cette revue ne peuvent être rap-
portés ici malgré leur intérêt. Nous en avons sélectionné trois,
répertoriés ci-après.
Bjurstam N. et coll. The Gothenburg breast cancer screening trial :
preliminary results on breast cancer mortality for women aged
39-49. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 53.
Bjurstam N. et coll. The Gothenburg breast screening trial. Can-
cer 1997 ; 80 : 2091.
Essai randomisé de Gothenburg avec mammographies tous les
18 mois, deux incidences par sein, chez des patientes âgées de 39 à
49 ans. Réduction de la mortalité de 44 % (intervalle de confiance
à 95 % statistiquement significatif).
Andersson I., Janzon L. Reduced breast cancer mortality in women
under age 50 : updated results from the Malmö mammographic
screening program. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 63.
Essai de Malmö chez les femmes à partir de 45 ans avec des inter-
valles de 18 à 24 mois. Réduction de mortalité de 36 % (intervalle
de confiance à 95 % statistiquement significatif).
Hendrick R.E. et coll. Benefit of screening mammography in
women aged 40-49 : a new meta-analysis of randomized control-
led trials. Monogr Natl Cancer Inst 1997 ; 22 : 87.
Méta-analyse sur les essais randomisés de 40 à 49 ans. Si l’on
inclut les cinq essais suédois (Kopparberg, Ostergotland, Malmö,
Stockholm et Gothenburg), on obtient une réduction de la mortali-
té de 29 % ; si l’on ajoute les essais du HIP et Edinburgh, 26%;
si l’on inclut le cas particulier de l’essai canadien (CNBSS), 18 %
(intervalle de confiance à 95 % statistiquement significatif).
Feig S.A. Increased benefit from shorter screening mammography
intervals for women aged 40-49 years. Cancer 1997 ; 80 : 2035.
L’éditorial de Feig rappelle les données sus-citées et y ajoute une
simulation. Il reprend l’essai de Bjurstam et simule soit une partici-
pation de 100 % (au lieu de la participation effective de 75 à 80 %),
soit un rythme annuel et non de 18 mois. Il en conclut que la dimi-
nution de mortalité chez ces jeunes femmes pourrait atteindre 65 à
75 % si l’on obtenait des conditions optimales de qualité, de rythme
et de participation.
(Voir l’Éditorial de Sox paragraphe suivant.)
Cancers de l’intervalle et faux positifs
Collins S. et coll. Survival rates from interval cancer in NHS
breast screening programme. Br Med J 1998 ; 316 : 832.
Les cancers de l’intervalle sont étudiés dans ce programme de
dépistage utilisant des vagues de trois ans (Nord-Ouest de
l’Angleterre). Deux groupes successifs ont été étudiés : de 1988 à
1991, 73 cancers de l’intervalle et 565 cancers apparus dans la
population contrôle non dépistée, puis 441 cancers de l’intervalle
apparus après 1991. Il n’y a pas de différence significative de sur-
vie entre les cancers survenus dans l’intervalle ou les cancers sur-
venus chez les femmes non dépistées. Autrement dit, le dépistage
n’a pas d’effet délétère au moins sur ce point puisqu’il n’aggrave
pas le pronostic des cancers de l’intervalle.
Elmore J.G. et coll. Ten years risk of false positive screening
mammograms and clinical breast examinations. N Engl J Med
1998 ; 338 : 1089.
Il s’agit d’une étude rétrospective chez des femmes de 40 à
69 ans, dépistage “à l’américaine” avec un taux élevé de reconvo-
cations ou tests positifs obtenus après mammographies de dépista-
ge ou examens cliniques. Le taux habituellement admis de tests
positifs aux États-Unis est de 1/10 ; dans cette étude cumulant
mammographie et examen clinique, un tiers des femmes ont au
moins un faux positif sur une période de dix ans. Les auteurs éva-
luent les inconvénients des faux positifs soit au niveau du nombre
d’examens complémentaires ou des interventions inutiles, soit au
niveau du coût économique et, bien entendu, du retentissement
psychologique, avec une anxiété persistante chez ces femmes. En
conclusion, tout doit être fait pour diminuer les faux positifs sans
altérer la sensibilité de la mammographie de dépistage, de façon à
diminuer les coûts et les séquelles psychologiques.
Sox H.C. Editorial. Benefit and harm associated with screening
for breast cancer. N Engl J Med 1998 ; 338 : 1145.
Le dépistage comporte ses avantages et ses inconvénients, notam-
ment une souffrance inutile pour les patientes ayant des tests faus-
sement positifs. L’auteur se sert de l’argument du nombre des
faux positifs décrit dans l’article précédent pour discuter la ques-
tion de l’intérêt du dépistage entre 40 et 49 ans.
SURVEILLANCE
La surveillance après traitement pour cancer du sein entraîne
actuellement de nombreuses discussions. Les règles de “bonnes
pratiques médicales” proposées par les SOR conseillent d’alléger
la surveillance après cancer du sein, seule la surveillance locale
restant indispensable pour dépister soit des récidives locales, soit
un cancer du sein controlatéral. En effet, la survie n’est pas modi-
fiée par la détection de métastases à un stade infraclinique.
Lansac J., Diouf A. La surveillance d’une femme traitée pour can-
cer du sein. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1998 ; 27 : 21.
L’article de Lansac fait le point sur les données actuelles concer-
nant cette surveillance après cancer du sein.
L’article suivant est contradictoire et montrerait en revanche qu’il
y a un intérêt à doser régulièrement le CA 15-3.
Nicolini A. et coll. Prolonged survival by “early” salvage treat-
ment of breast cancer patients : a retrospective 6-year study. Br
J Cancer 1997 ; 76 : 1106.
Cette étude italienne montre un bénéfice en termes de survie si
l’on applique une thérapeutique dès l’augmentation du CA 15-3
en l’absence de métastase, que celle-ci soit déjà clinique ou encore
seulement radiologique. Si ces données sont confirmées par
d’autres études, la surveillance allégée des patientes devrait toute-
fois conserver le dosage sérique du CA 15-3.
MICROBIOPSIES SOUS REPÉRAGE STÉRÉOTAXIQUE
Mammotome
Les microbiopsies sous repérage stéréotaxique ont largement été
développées en France et aux États-Unis dans le but d’améliorer
le diagnostic préopératoire des lésions ambiguës. L’intérêt est
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alors d’espacer la surveillance des lésions bénignes, d’éviter des
interventions pour lésions bénignes ou de faire le diagnostic pré-
opératoire des lésions malignes.
On utilise habituellement des aiguilles de biopsies actionnées au
moyen d’un pistolet automatique, et plusieurs ponctions ou “pas-
sages” sont nécessaires pour obtenir suffisamment de matériel. La
société Biopsys (Ethicon®) a mis au point, avec F. Burbank, radio-
logue aux États-Unis, un appareil spécial, le mammotome, qui
représente un progrès technique indéniable. Celui-ci ne peut pour
l’instant être utilisé qu’avec une table de repérage stéréotaxique
dédiée, l’examen étant réalisé en décubitus ventral. Des modifica-
tions techniques en cours d’évaluation permettront très prochai-
nement de l’adapter à un système accessoire. Ces derniers sont en
effet plus répandus en France ; ils s’adaptent à un mammographe
usuel, l’examen étant réalisé chez une patiente en position le plus
souvent assise. Pour les lésions à ponctionner sous échographie,
un bras articulé vient d’être mis au point, permettant de relier le
pistolet au système d’aspiration, ce qui autorise une ponction avec
mammotome sous échographie.
Le mammotome associe à l’aiguille de biopsie un système d’aspi-
ration par le vide attirant les tissus mammaires dans une encoche
cylindrique. De plus, la patiente n’est ponctionnée qu’une fois, un
système coaxial permettant de passer plusieurs fois l’aiguille à
encoche dans le guide à biseau acéré, en place. On fait tourner
l’encoche autour de l’axe de l’aiguille, ce qui permet un prélève-
ment sur 360°. L’inconfort est diminué d’autant plus que ce passa-
ge unique s’accompagne d’une anesthésie locale soigneuse.
Pour les auteurs suivants, le matériel retiré est plus important
qu’avec les microbiopsies à l’aiguille 14 G classique. Il s’ensuit
une nette amélioration de la fiabilité du résultat histologique, avec
diminution ou disparition des faux négatifs. Certaines lésions
bénignes de petite taille peuvent ainsi être totalement ôtées, sans
recours à une chirurgie complémentaire.
Burbank F. Stereotactic breast biopsy of atypical ductal hyperpla-
sia and ductal carcinoma in situ lesions : improved accuracy with
directional, vacuum-assisted biopsy. Radiology 1997 ; 202 : 843-7.
Berg W.A., Krebs T.L., Campassi C., Magder L.S., Sun C.C.J.
Evaluation of 14- and 11-gauge directional, vacuum-assisted
biopsy probes and 14-gauge biopsy guns in a breast parenchymal
model. Radiology 1997 ; 205 : 203-8.
Hagay C. et coll. Les microbiopsies guidées par mammographie
numérisée. J. Le Sein ; 1998 ; 8 : 39.
Les mammographies réalisées immédiatement après la ponction
montrent la présence d’air dans 72 % des cas et d’un hématome
dans 60 % des cas. Celles qui sont réalisées quelques jours après
(14 en moyenne) ne montrent pas de séquelles mammogra-
phiques. On peut même parfois assister à la disparition complète
de l’image ayant justifié la ponction.
Liberman L., Hann L.E., Dershaw D.D., Morris E.A., Abramson
A.F., Rosen P.P. Mammographic findings after stereotactic 14-
gauge vacuum biopsy. Radiology 1997 ; 203 : 343-7.
Les mammographies réalisées six mois après ne montrent pas de
séquelles.
Burbank F. Mammographic findings after 14-gauge automated
needle and 14-gauge directional, vacuum-assisted stereotactic
breast biopsies. Radiology 1997 ; 204 : 153-6.
Des clips métalliques peuvent être laissés en place, permettant soit
la surveillance mammographique de la lésion ponctionnée, soit un
repérage préopératoire.
Burbank F., Forcier N. Tissue marking clip for stereotactic breast
biopsy : initial placement accuracy, long-term stability, and useful-
ness as a guide for wire localization. Radiology 1997 ; 205 : 407-15.
Liberman L., Dershaw D.D., Morris E.A., Abramson A.F., Thorn-
ton C.M., Rosen P.P. Clip placement after stereotactic vacuum-
assisted breast biopsy. Radiology 1997 ; 205 : 417-22.
L’utilisation d’un système coaxial est possible non seulement sous
repérage stéréotaxique, mais aussi sous échographie.
Helbich T.H., Mayr W., Schick S., Youssefzadeh S., Rudas M.,
Taucher S., Wagner T., Kelkar P., Wolf G., Thurnher M., Moste-
beck G.H. Coaxial technique : approach to breast core biopsies.
Radiology 1997 ; 203 : 684-90
Microprélèvements
Goodman K.A., Birdwell R.L., Ikeda D.M. Compliance with
recommended follow-up after percutaneous breast core biopsy.
AJR 1998 ; 170 : 89-92.
Le problème persistant avec les prélèvements microbiopsiques est
le nombre de patientes perdues de vue, ce qui pose un réel pro-
blème en cas de faux négatif.
Logan-Young W. et coll. The cost-effectiveness of fine-needle
aspiration cytology and 14-gauge core needle biopsy compared
with open surgical biopsy in the diagnosis of breast carcinoma.
Cancer 1998 ; 82 : 1867.
Les auteurs ont comparé les taux de chirurgie par cancer trouvés
dans deux groupes : dans le groupe utilisant régulièrement cyto-
ponction et microbiopsie, le taux est de 1,5 (462 chirurgies pour
310 cancers). Dans l’autre groupe, il est de 4 (2 036 chirurgies
pour 513 cancers). Dans le premier groupe, le taux d’envahisse-
ment ganglionnaire est de 19 %, ce qui est semblable à l’autre
groupe. Ces auteurs ont évalué la diminution des coûts liés à la
pratique des microprélèvements permettant de réduire les taux de
chirurgie sans altérer la détection précoce des cancers ; ils
concluent à un intérêt économique certain.
Pisano E.D et coll. Rate of insufficient samples for fine needle
aspiration for nonpalpable breast lesions in a multicenter clinical
trial. Cancer 1998 ; 82 : 679.
Essai multicentrique qui, en fait, a été prématurément arrêté car il
a montré que les cytoponctions à l’aiguille fine des lésions impal-
pables comportaient un taux trop élevé de prélèvements insuffi-
sants par comparaison avec les microbiopsies.
CANCER DU SEIN ET MALADIE DE HODGKIN
Cutuli B. et coll. Breast cancer in patients treated for Hodgkin’s
disease : clinical and pathological analysis of 76 cases in
63 patients. Eur J Cancer 1997 ; 33 : 2315.
Cette étude rétrospective incluant 12 centres anticancéreux fran-
çais a permis de colliger 76 cas de cancer du sein chez
63 patientes. Le cancer du sein est survenu en moyenne 16 ans
après la maladie de Hodgkin, à un âge moyen de 42 ans. Un taux
inhabituel de formes bilatérales est constaté. Ces auteurs insistent
sur la nécessité de dépister régulièrement les patientes traitées
antérieurement pour une maladie de Hodgkin.
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La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998
Goss P.E., Sierra S. Current perspectives on radiation-induced
breast cancer. J Clin Oncol 1998 ; 16 : 338.
Les patientes guéries d’une maladie de Hodgkin ont plus de
risques de développer un cancer du sein radio-induit. D’autres
facteurs entrent en jeu : âge, facteurs hormonaux, facteurs géné-
tiques. Les auteurs proposent une surveillance régulière chez les
femmes irradiées pour une maladie de Hodgkin avant 30 ans, avec
auto-examen, examen clinique périodique et mammographie à
débuter huit ans après l’irradiation.
CURAGE AXILLAIRE
Aymerich D. Cancer du sein et de l’ovaire : actualités et contro-
verses. Gyn Obs 1998 ; 386 : 8.
Les incertitudes actuelles concernant le curage axillaire sont bien
résumées dans cet article d’information. Toutes les patientes
atteintes d’un cancer du sein invasif ont-elles besoin d’un curage ?
En cas d’atteinte ganglionnaire, le type de chimiothérapie est-il
influencé par le nombre des ganglions envahis ? Faut-il faire un
curage dans les formes in situ ? Comment faut-il faire ce curage ?
Certaines techniques récentes vont-elles supplanter les méthodes
traditionnelles ?
Lejeune V. et coll. Indications du curage axillaire dans le cancer
du sein. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1998 ; 27 : 14.
L’intérêt du curage est rappelé de façon traditionnelle, la vertu
thérapeutique est discutée. Les complications ne sont jamais
négligeables. La valeur pronostique reste l’indication majeure,
surtout chez les femmes jeunes.
Port E.R. et coll. Incidence of axillary lymph node metastases in
T1a and T1b breast carcinoma. Ann Surg Oncol 1998 ; 5 : 23.
Les auteurs (New York) ont évalué le risque d’atteinte ganglion-
naire dans deux groupes de petites tumeurs : tumeurs de moins
de 5 mm (81 patientes T1a) et tumeurs entre 5 et 10 mm
(166 patientes T1b). Dix pour cent des T1a et 15 % des T1b ont
des ganglions atteints. Les auteurs ont conclu qu’on ne peut se
passer de curage dans aucun groupe. À noter de plus que la pré-
sence d’emboles lymphovasculaires dans la tumeur augmente le
risque d’envahissement ganglionnaire.
Kitchen P.R. et coll. Characteristics and treatment of breast can-
cers 10 mm or less detected by a mammographic screening pro-
gramme. Aust N Z J Surg 1998 ; 68 : 45.
À rapprocher de l’article précédent. Étude histopathologique des
cancers de moins de 10 mm retrouvés à l’occasion de mammogra-
phies de dépistage. Neuf pour cent de ces patientes ont un enva-
hissement ganglionnaire. Ce qui est intéressant dans cette étude,
c’est qu’il n’y a pas de différence d’envahissement entre les
patientes ayant des tumeurs de plus ou de moins de 5 mm. Autre-
ment dit, le curage est justifié quelle que soit la taille.
Singh Y et coll. Factors related to axillary lymph node metastasis
in T1 breast carcinoma. Oncol Rep 1998 ; 5 : 459.
Les auteurs (Japon) ont recherché les facteurs biologiques prédic-
tifs d’envahissement ganglionnaire dans 38 tumeurs de moins de
2 cm T1 ; 10 patientes (26,3 %) étaient N+. L’index Ki 67, le
comptage des micro-vaisseaux et l’expression de Bcl-2 sont signi-
ficativement élevés dans les N+.
Fujii K. et coll. Microinvasive breast carcinoma with extensive
involvement of level III axillary lymph nodes : a case report. Jpn J
Clin Oncol 1998 ; 28 : 47.
Les auteurs (Japon) rapportent le cas d’une patiente présentant une
tumeur révelée par un ganglion axillaire. La tumeur, de 2,8 cm,
est un carcinome in situ avec une micro-invasion ne dépassant pas
1 mm ; pourtant, 16 des 17 ganglions prélevés sont envahis, dont
6 à l’étage III. La particularité de la tumeur ici décrite est de sur-
exprimer p53, mais non c-erbB-2.
Barwell J. et coll. How long should suction drains stay in after
breast surgery with axillary dissection ? Ann R Coll Surg Engl
1997 ; 79 : 435.
Les auteurs (Angleterre) ont cherché a évaluer, pour
63 patientes, la durée optimale de drainage après dissection axil-
laire. Le drain a été laissé en moyenne 4 jours ; 51 % des patientes
ont développé, dans les suites, un épanchement séreux ayant
nécessité une ponction évacuatrice à l’aiguille fine. C’est une
complication désagréable qui n’est malheureusement pas influen-
cée par la durée du drainage, un drainage prolongé ne diminuant
en rien sa formation.
Ganglion sentinelle
Pour éviter les séquelles dues à un curage étendu, certains auteurs
ont proposé de prélever un seul ganglion dit “ganglion sentinelle”,
déterminé par l’injection d’un produit radioactif ou d’un colorant
au niveau de la tumeur mammaire. Si ce premier ganglion atteint
par le produit est négatif, il est peu probable que d’autres gan-
glions soient envahis ; s’il est positif, il donne la certitude d’un
envahissement ganglionnaire ; est-il alors nécessaire de faire un
curage complet ?
Salmon R.J., Fried D. Mise en évidence du ganglion sentinelle
dans le curage axillaire pour cancer du sein. Presse Med 1998 ;
27 : 509.
Les auteurs (Institut Curie) rapportent leur expérience sur
86 patientes chez lesquelles ils ont systématiquement réalisé,
après injection de bleu, le prélèvement du ganglion sentinelle puis
un curage classique afin de faire une étude comparative. Le gan-
glion sentinelle a été mis en évidence 79 fois (91 %).
Pecking A. et coll. Le ganglion sentinelle : perspectives. La Lettre
du Cancérologue 1998 ; 7 : 47 (Éditorial).
Les auteurs (Centre René-Huguenin, Saint-Cloud) rappellent
l’historique des moyens de détection des ganglions axillaires
envahis, avec analyse de la littérature concernant le ganglion sen-
tinelle. Il s’agit toutefois d’une méthode en cours d’évaluation et
réservée à des cas bien sélectionnés.
Dale P.S., Williams J.T. Axillary staging utilizing selective senti-
nel lymphadenectomy for patients with invasive breast carcinoma.
Am Surg 1998 ; 64 : 28 (discussion 32).
Les auteurs (Georgie, États-Unis) font part de leur expérience sur
le ganglion sentinelle : ils ont prélevé 21 ganglions sentinelles
chez 20 patientes avant de réaliser un curage complet. Ils ont
conclu qu’il y a une bonne concordance. Le ganglion sentinelle a
été identifié chez 14 patientes, soit 66 % des cas. Il est négatif
neuf fois, ce qui est confirmé par le curage ; il est positif cinq fois,
ce qui a aussi été confirmé.
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