Échos des congrès
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007
riée, le risque de décès était lié à une consommation excessive
d’alcool et à un indice de masse corporelle (IMC) élevé. Il est
à noter cependant que la majorité des décès n’était pas liée à
une maladie du foie.
Pour étudier le risque extrahépatique, et notamment cardiovas-
culaire, une autre cohorte italienne a comparé dans la popula-
tion générale (taux de participation de 93 %) les personnes avec
anomalies des tests hépatiques (exclus alcool, hépatites B et C,
autres) en fonction de la présence (382/1055 = 36 %) ou non à
l’échographie d’une stéatose (Colecchia A et al. S265). Le risque
cardiovasculaire a été estimé par l’équation de Framingham,
incluant l’âge, le sexe, le cholestérol, le cholestérol HDL, la pres-
sion artérielle, la présence d’un diabète ou d’un tabagisme. Le
risque calculé était plus élevé dans le groupe avec stéatose (11,1
versus 5,5 [p < 0,001]), nécessitant sans doute une évaluation et
une prise en charge cardiovasculaire renforcée.
Enfi n, il est également pertinent de se demander quelle est la
part d’une prédisposition familiale par rapport aux facteurs envi-
ronnementaux et diététiques dans la survenue d’une NAFLD ?
Une approche astucieuse a été faite par une étude turque, qui
a comparé des patients avec NAFLD (groupe 1 ; augmentation
chronique des transaminases, autres causes exclues et NAFLD
confi rmée à la PBH), leurs parents au premier degré (groupe 2), ou
à leurs conjoints supposés avoir le même mode de vie (groupe 3)
[Somani A et al. S285]. La présence d’une NAFLD était moins
fréquente dans le groupe 3 (17 %) que dans le groupe 2 (37 %),
elle-même moins fréquente que dans le groupe 1 (100 %). Une
insulinorésistance (IR) mesurée par le test du HOMA et une
intolérance aux hydrates de carbone étaient moins fréquentes
dans le groupe 3 que dans les groupes 1 et 2. Cette étude apporte
donc des arguments pour une prédisposition familiale, privilé-
giant ainsi la piste génétique, qui reste encore à défricher.
Traitements de la NAFLD et de la stéato-hépatite
non alcoolique (NASH)
L’insulinorésistance (IR) apparaît comme une étape indispensable
pour la constitution de la NAFLD, puis éventuellement de la
NASH d’origine métabolique. L’analyse des antidiabétiques oraux
luttant contre l’IR est donc logique dans cette indication. Deux
études ont comparé l’utilisation de la metformine (biguanide)
et de la rosiglitazone (agoniste PPAR). Une première étude
prospective randomisée a comparé l’évolution des paramè-
tres physiques et de NASH chez 62 patients traités pendant
48 semaines soit par l’association prise en charge diététique +
exercice physique (groupe 1 : n = 23), soit en y ajoutant de la
metformine (1 700 mg/j ; groupe 2 : n = 20), soit en y ajoutant
de la rosiglitazone (8 mg/j ; groupe 3 : n = 19)
[Mizrak D et al.
S277]. Une décroissance signifi cative des transaminases était
observée dans les trois groupes. Une diminution du poids et de
l’IMC n’était observée que dans le groupe 2. Une diminution de
l’IR (HOMA) et du score de NAFLD n’était observée que dans
les groupes 2 et 3. Une deuxième étude randomisée a comparé,
chez des patients avec NAFLD et un diabète de type II ou une
intolérance aux hydrates de carbone, les eff ets de la metformine
(1 700 mg/j ; groupe M : n = 22), de la rosiglitazone (4 mg/j ;
groupe R : n = 20) ou de l’association M + R (n = 22) pendant
52 semaines (Omer Z et al. S9). Tous les patients avaient une
prise en charge diététique et une activité physique contrôlée
avant la mise en route du traitement. Dans les deux groupes R
ou M + R, il existait une meilleure correction du métabolisme
du glucose et de l’IR ainsi que des critères histologiques de
NASH comparativement au groupe M. Dans le groupe M +
R, s’ajoutait une diminution du poids, de l’IMC et du tour de
taille qui n’était pas observée dans le groupe R. Ces deux études
randomisées mettent en évidence le bénéfi ce des antidiabétiques
oraux de type biguanide ou agoniste PPAR chez les patients
atteints de NAFLD, avec ou sans diabète associé. L’association
des deux classes médicamenteuses pourrait avoir un bénéfi ce
supplémentaire, notamment en cas de surpoids. Cependant,
des études avec des durées de prise en charge prolongées et des
eff ectifs augmentés sont nécessaires pour atteindre les objectifs
pertinents que sont la régression de la fi brose et de l’infl amma-
tion à l’histologie ainsi que, à distance, la diminution du risque
cardiovasculaire.
La chirurgie bariatrique est un traitement effi cace de l’obé-
sité sévère. L’équipe de Lille a récemment montré qu’il existait
dans cette population, d’une part, une association forte entre
le degré d’IR et celui de stéatose hépatique et, d’autre part, une
association entre l’amélioration de l’IR à 1 an postopératoire et
la régression de la stéatose (Mathurin P et al. Gastroenterology
2006;130:1617-24). L’étude a été poursuivie à 5 ans et montrait
que, globalement, le bénéfi ce sur le poids ou l’IMC persistait,
sans aggravation de la fi brose, qui était initialement faible dans
cette population (Hollebecque A et al. S23). Elle a montré égale-
ment que l’association entre IR et stéatose persistait à 5 ans.
Enfi n, une sous-population non répondeuse à 1 an en termes
d’amélioration de l’IR a pu être identifi ée. Ce groupe restait
non répondeur à 5 ans, avec une absence d’amélioration de la
stéatose et de l’IMC.
Alcool et hépatite alcoolique (ASH)
Une étude suisse a réévalué, dans une large cohorte de patients
atteints d’hépatite alcoolique aiguë, prouvée histologiquement,
les critères prédictifs de mortalité en y incluant notamment
le MELD (Spahr L et al. S18). L’étude a inclus, en 3,5 ans,
225 patients dont plus de 95 % étaient cirrhotiques (infection
exclue) et parmi lesquels 72 % avaient un Maddrey supérieur
à 32 ou une encéphalopathie (donc traités par corticoïdes). En
analyse multivariée, la mortalité à 3 mois (74 %) était liée à l’âge
(> 50 ans ; OR : 4,0), la créatininémie (> 100 μmol/l ; OR : 4,6), la
présence d’une encéphalopathie (OR : 2,3) et au score de MELD
(> 19 ; OR : 4,0). Le MELD apparaissait comme supérieur au
score de Maddrey pour prédire la mortalité à 3 mois (le MELD
> 19 prédisait la mortalité à 3 mois avec une sensibilité de 88 %
et une spécifi cité de 58 %). Cependant, les conclusions doivent
rester prudentes, car le traitement effi cace (les corticoïdes) était
administré en fonction du score de Maddrey et non en fonction
de celui du MELD.
La transferrine désialylée (CDT) est un marqueur utile pour
apprécier une consommation chronique d’alcool > 60 g mais