Plus de trois adénomes, dont un du côlon droit : plus de risque de récidive à 3 ans... Q uels sont les facteurs de risque de récidive des adénomes du côlon ? Pour tenter de répondre à cette question, une étude européenne, coordonnée par J. Faivre, a suivi 552 patients ayant eu un adénome du côlon de plus de 1 cm retiré lors d’une coloscopie. La coloscopie de contrôle, faite à 3 ans, a montré une récidive d’adénome chez 122 patients (22,1 %). De nombreuses variables cliniques (âge, sexe, antécédent ancien de polype, etc.), endoscopiques (localisation, taille et nombre de polypes, etc.) et histologiques (dysplasie, type tubuleux ou villeux, etc.) on été étudiées. En analyse multivariée, les patients ayant plus de trois adénomes, dont un localisé au côlon droit, avaient 5 à 8 fois plus de risque de récidive d’adénome que les patients ayant un à deux adénomes du rectum et du côlon gauche. Pour les auteurs, le délai de surveillance pourrait donc être augmenté à 5 ans chez les patients ayant un ou deux adénomes distaux. G.B. ✎ Dis Colon Rectum 2004 ;47:323-33. Mots Côlon - Adénome clés. Endoscopie. Cancer du pancréas : les loupés de l’échoendoscopie L’ échoendoscopie est devenue la méthode d’imagerie de référence dans le diagnostic du cancer du pancréas. Cependant, malgré sa très haute sensibilité, l’examen peut être mis en défaut même dans des mains expertes. Neuf échoendoscopistes expérimentés rapportent dans une étude rétrospective internationale leur expérience chez 20 malades (11 hommes, 9 femmes, âge moyen : 55 ans) ayant un adénocarcinome du pancréas non diagnostiqué par l’échoendoscopie. Tous les malades avaient une échographie normale (n = 14), un scanner normal (n = 5) ou une IRM normale (n = 1). Quelles sont les raisons pouvant expliquer la mise en défaut de la technique ? Pour les auteurs, plusieurs facteurs sont susceptibles d’expliquer les faux négatifs de l’échoendoscopie : il s’agit en particulier de la présence d’une pancréatite chronique associée (n = 12), d’un aspect diffus de l’infiltration carcinomateuse (n = 3), de la localisation dans le petit pancréas (n = 2) ou d’un épisode récent de pancréatite aiguë (n = 1). Cependant, chez 5 malades, l’échoendoscopie refaite 2 à 3 mois après un premier examen négatif a permis de redresser le diagnostic dans tous les cas. Ainsi, même si l’échoendoscopie pancréatique reste l’examen de référence dans le diagnostic de l’adénocarcinome pancréatique, elle peut être mise en défaut et doit donc être répétée en cas de doute diagnostique persistant. G.B. ✎ Endoscopy 2004;36:385-9. Mots Pancréas - Échoendoscopie clés. Adénocarcinome. Exulceratio simplex de Dieulafoy : quelle est la meilleure prise en charge thérapeutique ? A fin de répondre à cette question, des auteurs portugais ont revu les dossiers de 70 patients (45 hommes, 25 femmes, âge moyen : 64 ans) hospitalisés de mars 1992 à février 2000, en réanimation pour hématémèse en rapport avec une exulceratio simplex de Dieulafoy gastrique (n = 62) ou duodénale (n = 8). L’étude confirme ce que l’on savait déjà : l’exulceratio simplex de Dieulafoy est rare, ne représentant que 4 % des causes d’hémorragie digestive haute et son diagnostic reste très difficile à faire nécessitant 1 à 5 endoscopies. Quelle que soit la méthode endoscopique, l’hémostase était obtenue dans 91 % des cas ; cependant, un deuxième acte endos- Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4-5 - vol. VII - juillet-octobre 2004 copique était nécessaire dans 18 % des cas pour obtenir une hémostase définitive : un nouveau traitement était surtout nécessaire en cas de sclérothérapie au sérum salé adrénaliné et à l’éthanol (n = 10/52 soit 14,5 %) et en cas d’hémoclip (n = 2/2 soit 100 %). La ligature élastique, très rarement utilisée (n = 3), a été constamment efficace sans récidive. Aucun des 52 malades retrouvés par téléphone n’avait de récidive hémorragique après un suivi moyen de 69 mois. G.B. ✎ Endoscopy 2004;36:416-20. Mots Estomac - Dieulafoy clés. Endoscopie. Prothèse métallique gastro-duodénale pour cancer : enfin une première méta-analyse ! D orman et al. ont réalisé une métaanalyse sur 32 études (10 études prospectives),publiées entre 1996 et 2003, incluant 606 patients (56 % d’hommes, âge moyen : 66 ans) ayant eu une prothèse gastro-duodénale pour tumeur. Les indications étaient palliatives dans tous les cas pour lever l’obstruction tumorale (gastrique dans 32 % des cas, pancréatique dans 34 % des cas, et 34 % pour des cancers d’autre origine dont des cancers duodénaux, métastatiques, biliaires...). Une prothèse biliaire était également utile chez 149 patients, posée au préalable ou dans le même temps opératoire. La pose de prothèse était possible pour 97 % des cas ; on notait 17 échecs pour la moitié des cas secondaires à une obstruction tumorale infranchissable. En intention de traiter, 526 patients sur 606 (87 %) reprenaient une alimentation orale : normale chez 193 patients, mixée chez 158 patients et uniquement liquide chez 50 patients ; chez 125 patients, on ne connaissait pas le régime suivi. La mortalité directement liée à la pose de la prothèse était nulle et on notait seulement 7 complications sévères : 4 perforations 88 Revue de presse Revue de presse et 3 hémorragies digestives. Les principales complications étaient la migration de prothèse notée chez 31 patients et l’obstruction tumorale de la prothèse chez 104 patients. Dans une seule étude, le coût estimé de la pose de prothèse était divisé par trois par rapport à celui d’une chirurgie palliative de dérivation. Cette méta-analyse confirme les bons résultats de cette méthode endoscopique dans le traitement palliatif des obstructions tumorales gastro-duodénales. G.B. ✎ Endoscopy 2004;36:543-50. Mots Estomac - Cancer - Prothèse clés. Duodénum - Endoscopie. Cancer du rectum pT3 : existe-t-il des sous-groupes histopronostiques individualisables ? L es facteurs histopronostiques défavorables actuellement reconnus, tant au niveau de la récidive loco-régionale que de la survie à 5 ans, sont la présence de ganglions envahis au sein du mésorectum et l’envahissement du péritoine (tumeur pT4). Il existe après résection du mésorectum une limite histologique facilement individualisable entre le rectum et le péritoine dénommée “lamina élastique sous-séreuse” ; les tumeurs pT3 (50 % des cas de tous les cancers du rectum) n’ayant pas, par définition, dépassé cette limite. Cette ligne de démarcation histologique existe aussi au niveau de la plèvre, et son dépassement est actuellement reconnu comme facteur histopronostique du cancer pulmonaire opéré. Des auteurs japonais ont analysé de façon rétrospective l’invasion de cette limite histologique chez 325 patients ayant un cancer du rectum pT3, classant donc les malades en deux sous-groupes : 171 patients dans le groupe invasif et 154 dans le groupe non invasif. Le taux de récidive postopératoire et la survie à 5 ans était comparés entre les deux sousgroupes et à un groupe de malades appa- riés pT2 (n = 39) et pT4 (n = 64). Le taux de récidive (essentiellement péritonéal et hépatique) était significativement supérieur dans le groupe invasif, comparativement au groupe non invasif (35 % versus 21 %). Alors que la survie actuarielle à 5 ans du sous-groupe invasif (57 %) se rapprochait des tumeurs pT4, celle du sous-groupe non invasif (87 %) se superposait à celle des tumeurs pT2. En analyse multivariée, le facteur histopronostique représenté par l’invasion de la “lamina élastique sous-séreuse” était indépendant de la présence ou non de métastases et/ou de ganglions au sein du mésorectum. Cette limite histologique bien individualisable devrait donc permettre de classer avec plus de précision les tumeurs pT3, en particulier pour envisager ou non une chimiothérapie adjuvante postopératoire. G.B. ✎ Dis Colon Rectum 2004;47:467-73. Mots Rectum - Mésorectum clés. Cancer. Prothèse métallique colique : ce n’est que pour le cancer ! D es auteurs danois ont étudié de façon prospective (1997-2003) 96 patients ayant subi une prothèse métallique colique pour obstruction. Si, comme dans d’autres études, les 88 patients ayant un cancer colique obstructif ont tiré bénéfice de la mise de la prothèse, permettant de lever l’obstruction colique définitivement (geste palliatif exclusif, n = 51) ou avant chirurgie élective (n = 37), avec un taux de succès de 93 %, une faible morbidité de 16 % (migration de prothèse) et une mortalité acceptable de 10 %, la majorité des patients, soit 5 patients sur 8, ayant une sténose bénigne (sténose diverticulaire ou radique) n’a pas tiré bénéfice de la mise de la prothèse colique avec une morbidité non acceptable : une perforation colique et 3 migrations de la prothèse nécessitant dans tous les cas une intervention chirurgicale délicate. Ainsi, si l’on peut recommander la pose de prothèse colique Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4-5 - vol. VII - juillet-octobre 2004 en cas d’obstruction colique néoplasique, elle doit être évitée en cas de sténose colique bénigne. G.B. ✎ Dis Colon Rectum 2004;47:444-50. Mots Prothèse - Côlon - Endoscopie clés. Cancer - Sténose bénigne. La tomographie par émissions de positons (PET scan) modifie-t-elle la prise en charge thérapeutique des cancers du rectum non encore opérés ? C’ est la question posée par cette belle étude prospective australienne étudiant l’intérêt du PET scan en préopératoire chez 46 patients (33 hommes, 13 femmes, âge moyen : 63 ans) ayant un adénocarcinome du rectum. Le classement TNM préopératoire (diagnostic par TDM spiralée, IRM et/ou échoendoscopie rectale) était modifié chez 8 patients sur 46 (17 %) après le PET scan : 2 patients avaient des ganglions iliaques et ont une radiothérapie préopératoire élargie sur ces aires ganglionnaires permettant la régression des ganglions à l’imagerie et la rémission du cancer à 3 et 41 mois ; 6 patients avaient des métastases hépatiques, pulmonaires et/ou ganglionnaires para-aortiques non visualisées par les techniques d’imagerie habituelles et ont donc eu une modification du traitement initialement prévu (chirurgie après radiothérapie), soit une radiochimiothérapie palliative exclusive. Chez 36 patients sur 46 (78 % des cas), même si la classification TNM était modifiée chez 8 patients, le traitement n’était pas modifié par le PET scan. Malgré la difficulté à obtenir un PET scan en France, cet examen devrait rapidement devenir un examen de référence dans le bilan préopératoire du cancer du rectum. G.B. ✎ Dis Colon Rectum 2004;47:451-8. Mots clés. Rectum - Cancer - PET scan. 89 Revue de presse Revue de presse La thalidomide : le nouveau traitement de l’hémorragie digestive basse récidivante ! L a thalidomide est un puissant antiinflammatoire, un anti-TNFα, mais aussi un inhibiteur de l’angiogenèse, anti-VEGF, déjà utilisé avec succès dans le traitement de la maladie de Crohn réfractaire et hémorragique. Bauditz et al. ont eu l’idée de le prescrire à la dose de 300 mg par jour chez 6 malades ayant une hémorragie digestive basse sévère et récidivante. Il s’agissait de trois patients ayant une maladie de Crohn réfractaire et hémorragique ayant déjà été transfusés de plus de deux culots globulaires par mois pendant un an, mais aussi de trois autres malades ayant une hémorragie digestive sévère d’origine intestinale, soit par angiodysplasies multiples et certaines de l’intestin grêle (diagnostic par caméra-capsule), soit par probables angiodysplasies de l’iléon (hémorragie localisée à l’iléon sans lésion visible à la caméra-capsule), également transfusés. Les résultats sur un suivi de 24 mois, au prix d’une neuropathie périphérique chez un patient obligeant à la diminution des doses à 100 mg par jour ont été spectaculaires avec normalisation de l’hémoglobine et régression complète des besoins transfusionnels plus de trois culots globulaires par mois pendant un an. Par son effet anti-VEGF, la thalidomide pourrait devenir le traitement de choix des hémorragies digestives de l’intestin grêle non curables endoscopiquement ou chirurgicalement. Cependant, une étude contrôlée reste nécessaire afin de confirmer ces résultats très encourageants et surprenants. G.B. ✎ Gut 2004;53:609-12. Mots Intestin grêle - Hémorragie clés. digestive - Thalidomide. Faut-il se faire opérer dans une grosse structure hospitalière expérimentée quand on a un cancer du côlon ? A fin de répondre à cette question, Meyerhardt et al. ont analysé, de 1988 à 1992, 3 161 patients opérés d’un cancer du côlon. Les 255 hôpitaux concernés ont été classés en trois groupes : hôpital dit à faible “volume” (expérience insuffisante ?), si le nombre de cancers du côlon opérés était inférieur à 46 cas par an ; à volume moyen, si le nombre de cancers était compris entre 47 et 84 ; et à volume élevé, si ce nombre était supérieur à 85 cas par an. Plusieurs critères étaient analysés, en particulier l’âge et le sexe du patient, le stade TNM de la tumeur, le nombre de ganglions envahis, la localisation tumorale, le traitement Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4-5 - vol. VII - juillet-octobre 2004 complémentaire par chimiothérapie, l’appartenance du chirurgien à une société savante. On notait, suivant le “volume” de l’hôpital, une différence significative uniquement sur le stade TNM avec plus de tumeurs T4 et de ganglions envahis dans les hôpitaux dits à faible volume ; de plus, les chirurgiens dans les hôpitaux à faible volume appartenaient plus souvent à une société savante et ce de façon significative. Même si la survie à 5 ans était significativement plus faible dans les hôpitaux dits à faible volume, la survie à 5 ans sans maladie et la mortalité spécifique secondaire au cancer étaient identiques dans les trois groupes. De plus, après ajustement suivant les critères cliniques et histologiques (malades plus sévères dans les hôpitaux à faible volume), la survie à 5 ans était identique dans les trois groupes. Cette étude confirme que l’expérience chirurgicale individuelle n’est pas dépendante de la structure hospitalière et du nombre total de cancers du côlon opérés par l’ensemble de l’équipe chirurgicale. Au grand dam des journalistes, ce critère ne doit donc pas être employé afin de classer les hôpitaux. De plus, la mortalité par cancer du côlon ne pourrait dépendre uniquement de l’expérience ou de l’inexpérience chirurgicale. G.B. ✎ Ann intern Med 2003;139:649-57. Mots Côlon - Cancer - Chirurgie. clés. 90 Revue de presse Revue de presse