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Écho des congrès
Écho des congrès
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4-5 - vol. VII - juillet-octobre 2004
spécifiquement aux cancers du rectum.
Deux essais de phase III ont comparé
radiothérapie préopératoire versus radio-
chimiothérapie préopératoire (45 grays
+ 5-FU + acide folinique bolus). Les
résultats préliminaires sont en faveur
de cette dernière. Dans un essai fran-
çais (1 011 patients), les taux de réponse
histologique complète (14 % versus
5,3 %) et de conservation sphinctérienne
(55, 6 % versus 52,4 %) étaient signi-
ficativement augmentés dans le bras
radiochimiothérapie. En revanche, les
toxicités de grade 2-4 étaient aussi aug-
mentées dans ce groupe (54,3 % ver-
sus 37,7 %) (Abstract 3504, Bosset).
Plusieurs essais de phase II ont montré
des résultats prometteurs de la radio-
thérapie en association avec la capéci-
tabine, ou avec la combinaison de
capécitabine et d’oxaliplatine. Un essai
japonais a évalué l’efficacité d’un trai-
tement oral par UFT pendant un an sans
irradiation versus chirurgie seule. Deux
cent soixante-quatorze malades atteints
d’un cancer du rectum de stade III ont
été randomisés. Ce type d’essai est dif-
ficilement envisageable en Europe sans
irradiation. Il montre néanmoins un inté-
rêt de la chimiothérapie, car la survie
globale à 3 ans était de 91 % dans le
bras UFT versus 81 % dans le bras chi-
rurgie seule (p = 0,005) (Abstract 3524,
Akasu). Il est difficile de transposer ces
résultats chez des patients qui auraient
bénéficié d’une radiothérapie pré-
opératoire.
Traitement palliatif
L’activité des agents de thérapie ciblée,
anti-EGFr et anti-VEGF, vedettes de
l’ASCO 2003, a fait l’objet de nom-
breuses présentations.
Trois cent cinquante patients ayant un
cancer colorectal métastastique et pro-
gressif sous traitement à base d’irinoté-
can, puis d’oxaliplatine ont été traités par
cétuximab (Erbitux®) seul. La toxicité
la plus fréquente était cutanée (5 % de
toxicité grade 3). Une réponse partielle
a été observée dans 12 % des cas, et
une stabilisation dans 34 % des cas (Abs-
tract 3510, Lenz). Un autre anticorps
anti-EGF en développement, l’ABX-
EGF, a donné des résultats similaires,
avec 10,1 % de réponses chez 148 patients
résistants à l’irinotécan et/ou à l’oxali-
platine (Abstract 3511, Hecht).
Après les premières études ayant mon-
tré une synergie entre l’irinotécan et le
cétuximab, le schéma Folfox a été éva-
lué en combinaison avec le cétuximab.
Une étude de phase II sur 42 patients
traités en première ligne (Folfox 4 +
cétuximab) a montré un taux de réponse
de 81 % (Abstract 3512, Tabernero).
Le gefitinib (Iressa®) associé au Folfox
a donné des résultats comparables avec
77 % de réponse objective parmi 49 pa-
tients évaluables sur 75 (dont 45 avaient
déjà reçu au moins une ligne de chimio-
thérapie) (Abstract 3514, Fisher). Les
principales complications de ces asso-
ciations sont la neutropénie, la diarrhée
et le syndrome acnéiforme.
Une nouvelle étude randomisée a con-
firmé l’intérêt d’associer un anti-VEGF,
le bévacizumab (Avastin®), à une chi-
miothérapie de type 5-FU-acide foli-
nique (administrée selon le schéma
Roswell Park). Elle a inclus les patients
trop fragiles pour recevoir un traitement
comportant de l’irinotécan (schéma
IFL). Deux cent neuf patients traités en
première ligne ont été inclus. Le taux
de réponse (26 % versus 15 %) et la
survie sans progression (9,2 mois ver-
sus 5,5 mois) étaient significativement
augmentés dans le groupe ayant reçu du
bévacizumab. La survie globale était
supérieure (16,6 mois versus 12,9 mois),
mais non significativement (p = 0,16),
peut-être en raison de l’effectif limité
(Abstract 3516, Kabbinavar).
L’intérêt de la chrono-chimiothérapie
a fait l’objet de nombreuses controverses.
Il semble en fait bien limité au vu des
résultats d’une étude randomisée de
l’EORTC. Celle-ci a inclus 554 patients
et comparé le schéma Folfox 2 à un
schéma chronomodulé en première ligne
métastatique. Il n’y avait aucune diffé-
rence d’efficacité entre les deux bras,
avec une survie sans progression iden-
tique, une médiane de survie globale
similaire respectivement de 18,7 et
19,6 mois, et un taux de réponse de
45 % et 42 %. Le profil de toxicité
grade 3-4 était différent avec plus de
neutropénies avec le Folfox 2 (25 % ver-
sus 7 %), mais moins de diarrhée
(11 % versus 28 %) et de mucite
(7 % versus 14 %). En revanche, le risque
de neuropathie sévère était identique
dans les deux bras (26 %) (Abstract
3526, Giacchetti).
Cancer du pancréas
Les résultats définitifs de l’étude
européenne gemcitabine-oxaliplatine
(gemox) versus gemcitabine ont été pré-
sentés. Malheureusement, les avantages
significatifs de l’association gemox en
termes de taux de réponse et survie sans
progression ne se traduisent pas par
une augmentation significative de la
survie globale (9 mois versus 7,1 mois ;
p = 0,13). Ce résultat négatif pourrait
être lié à l’impact des chimiothérapies
de deuxième ligne ou à un manque de
puissance de l’étude (313 patients) (Abs-
tract 4008, Louvet). D’autres essais ran-
domisés versus gemcitabine seule n’ont
pas permis de parvenir à une augmen-
tation significative de la survie globale,
qu’il s’agisse d’une association à l’exa-
técan (Abstract 4006, Reilly) ou au per-
metrexed (Abstract 4007, Richards).
De nouvelles combinaisons actives sont
donc nécessaires. L’association bévaci-
zumab-gemcitabine a été testée chez
42 patients. Le taux de réponse était de
19 %, de stabilisation de 48 %, et la
survie médiane de 8,7 mois (Abstract
4009, Kindler). Une étude intergroupe
américaine de phase III est prévue.
Tumeurs stromales digestives
(GIST)
Depuis l’avènement du Glivec®, de nou-
velles données sur les GIST sont com-
muniquées tous les ans à l’ASCO. Parmi
celles-ci, deux communications ont
porté sur le devenir des patients inclus
dans les essais européens et américains