d o s s i e r Vie sexuelle après traitement chirurgical des prolapsus ! B. Fatton*, B. Jacquetin* À * Unité d’urogynécologie, maternité Hôtel-Dieu, université de Clermont-Ferrand. e-mail : [email protected] 28 l’heure où la chirurgie du prolapsus s’adresse de plus en plus souvent à des femmes jeunes, la question de la sexualité postopératoire est capitale mais reste pourtant assez peu documentée dans la littérature . Les idées, qui ont toujours cours, selon lesquelles les interventions par voie vaginale sont plus dyspareuniantes (et doivent de ce fait être réservées à la femme non sexuellement active) sont-elles toujours fondées ? Est-il loyal de comparer des techniques pratiquées il y a 30 à 50 ans, chez des patientes âgées et aboutissant souvent à la quasi-fermeture vaginale, aux interventions de ces 10 dernières années, adaptées à des patientes plus jeunes et respectueuses des idées modernes en termes de qualité de vie ? Par ailleurs, la promontofixation garantit-elle le pronostic sexuel postopératoire ? La myorraphie des releveurs génère-telle, comme il est fréquent de le lire, des dyspareunies définitives ? Si l’on dispose depuis peu de quelques travaux prospectifs et rigoureux sur la sexualité dans les suites du traitement chirurgical du prolapsus, la plupart des études sur le sujet sont entachées de biais importants qui compromettent la légitimité des conclusions rapportées : – absence fréquente d’évaluation de la sexualité préopératoire : si les désordres se manifestent après l’intervention, leurs origines se trouvent le plus souvent dans le vécu préopératoire des patientes qui doit donc impérativement faire l’objet d’une évaluation spécifique (59) ; – faiblesse des effectifs concernés dans la plupart des études : si la population de départ semble tout à fait correcte à l’énoncé du travail, le faible taux des patientes sexuellement actives est souvent un facteur “limitant” donnant peu de crédit aux résultats publiés ; – absence habituelle de la prise en compte du partenaire dont le rôle est pourtant essentiel (7, 26) ; – utilisation de questionnaires non validés et disparates rendant difficile les comparaisons entre les différents travaux ; – impact de l’hystérectomie, très souvent associée : ses conséquences sur le devenir de la sexualité du couple sont au moins aussi importantes (si ce n’est plus) que la voie d’abord retenue et l’intérêt d’une préparation psychologique à l’hystérectomie est actuellement reconnu par la plupart des auteurs. Par ailleurs, même les travaux les plus sérieux se heurtent à des écueils inévitables : – complexité de la sexualité humaine : l’organe central du plaisir n’est ni le clitoris ni le vagin ni l’utérus, mais le cerveau (1) : cette “intellectualisation” de l’acte sexuel, en opposition avec la génitalité simple des autres mammifères, caractérise l’espèce humaine ; – difficulté d’individualiser les conséquences respectives des différents gestes chirurgicaux dans la prise en charge globale des troubles de la statique pelvienne ; – évolution inéluctable de la qualité de la relation sexuelle avec l’âge qui influe sur les résultats à distance au cours des études longitudinales ; – effet “parasite” d’autres facteurs tels que la qualité de la relation avec le conjoint, l’équilibre familial, le passé gynéco-obstétrical, la situation socioprofessionnelle, le statut hormonal, le motif de l’hystérectomie (62)... Ce travail va néanmoins s’efforcer de réaliser la synthèse de la littérature sur un sujet qui, sous l’impact récent des nombreuses enquêtes “qualité de vie”, a connu dernièrement un regain d’intérêt auprès de la communauté médicale. LE RÉFLEXE ORGASMIQUE ; UN CIRCUIT SOUS CONTRÔLE D’UN ORGANE CENTRAL : LE CERVEAU (1, 17, 66) Se répétant selon un cycle immuable maintenant bien connu (phase d’excitation, plateau, orgasme et phase de résolution), l’acte sexuel chez la femme fait intervenir de nombreuses Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne zones érogènes dont le clitoris, qui représente la source d’excitation principale. Le fameux point G (zone suburétrale de Grafenberg), les grandes et petites lèvres, les mamelons, le pavillon de l’oreille et la face interne des cuisses sont aussi des points de départ possibles du réflexe orgasmique. Mais la seule imagination peut, chez certaines, conduire à l’extase ! Il ressort des nombreux travaux sur la neurophysiologie du plaisir féminin que l’ensemble formé par la vulve, le tiers inférieur du vagin et le clitoris (auquel Masters et Johnson ont donné le nom de plate-forme orgasmique) est la véritable “trigger zone” dont la stimulation déclenche la mise en route d’un système complexe soumis à l’influence de nombreuses afférences “extérieures”. Pendant l’expérience orgasmique, le conduit vaginal tend à augmenter de volume mais la véritable réaction spécifique concerne la plate-forme orgasmique d’où naissent des spasmes musculaires suivis de contractions régulières souvent accompagnées de contractions concomitantes du périnée et du sphincter anal externe. Il existe aussi, au niveau du corps utérin, des contractions orgasmiques typiques qui débutent par le fond et s’éteignent dans la zone du segment inférieur. La seule réponse du col de l’utérus à la stimulation sexuelle est une certaine dilatation de l’orifice cervical externe, immédiatement après l’orgasme, pendant 20 à 30 minutes. La complexité du circuit aboutissant au plaisir sexuel et ses influences multifactorielles expliquent la diversité et l’interdépendance des troubles de la sexualité féminine : troubles du désir (le désir féminin est une fonction fragile et tous les événements de la vie affective peuvent interférer sur ce paramètre), du plaisir (hypoorgasmie ou anorgasmie), de la conjonction sexuelle (vaginisme ou dyspareunie) sont autant de situations difficiles où la collaboration des thérapeutes (sexologues, psychologues, psychiatres, gynécologues, neurologues, voire dermatologues) est le plus souvent bénéfique. LA PLACE DE L’HYSTÉRECTOMIE Le rôle même de l’hystérectomie dans la genèse de difficultés sexuelles postopératoires d’une part, et de perturbations psychologiques d’autre part, a fait l’objet de nombreuses publications dont les conclusions sont parfois discordantes. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Il reste que les conséquences de l’hystérectomie sont multifactorielles, résultant de la convergence de facteurs physiques, psychiques, socioculturels et, enfin, personnels. Le rôle du partenaire pourrait être primordial (7, 26), inducteur potentiel d’attitudes négatives aussi bien au plan érotique que psychologique. Le taux de dépression posthystérectomie rapporté selon les auteurs avec une fréquence variant de 5,1 (44) à 70 % (45) ne fait que témoigner de la grande disparité des résultats (17). Un consensus semble cependant se dégager sur plusieurs points : 1. La plus grande vulnérabilité psychologique des patientes présentant des antécédents psychiatriques même mineurs. 2. La prépondérance de la dépression dans le “syndrome” posthystérectomie (45). 3. La possible influence du niveau socioculturel avec augmentation du risque au sein des classes sociales basses où maternité est symbole de féminité (3). 4. Le rôle néfaste de la méconnaissance par la femme (et son partenaire) de son identité anatomique et/ou physiologique (3, 64). 5. La nécessité de recourir à une évaluation suffisamment à distance de la chirurgie : un recul minimum d’un an semble admis par la plupart des auteurs (16, 25, 33). 6. La fragilité relative des paramètres tels “désir sexuel” et “fréquence des rapports”, qui apparaissent davantage perturbés par l’hystérectomie que la “qualité” même du plaisir (peu de modifications des zones érogènes) (10, 13). 7. Le rôle controversé du col utérin dans le circuit orgasmique (25, 32, 33). N’en déplaise aux partisans des hystérectomies subtotales qui cherchent là une justification à la conservation du col (notamment lors des interventions cœlioscopiques exclusives), les connaissances actuelles en termes d’anatomophysiologie vaginale insistent sur la pauvreté des réseaux nerveux des deux tiers supérieurs du vagin expliquant ainsi sa quasi-insensibilité aux stimuli de contact et nociceptifs. Il reste que l’organogenèse du vagin demeure discutée, le modèle classique de la dualité ectoderme/ mésoderme ayant parfois du mal à expliquer certaines des malformations vaginales (agénésies et autres cloisons). Sur ce point, quelques publications internationales méritent une attention plus approfondie : 29 d o s s i e r " L’étude de Kilkku (32, 33), tout d’abord, qui a été à l’origine, dans les pays scandinaves, d’un véritable “renoncement” à l’hystérectomie totale et qui légitime actuellement la pratique abusive (sans doute !) de l’hystérectomie subtotale : prospective, elle compare les conséquences sexuelles de l’hystérectomie totale (105 cas) et de l’hystérectomie subtotale (107 cas). Les résultats en termes de fréquence de l’orgasme sont en faveur de l’hystérectomie avec conservation du col mais méritent d’être nuancés par le fait que : – lors de l’évaluation postopératoire à un an, une femme sur 3 souffre d’une baisse de la libido (ou d’une alibido vraie) et 1 femme sur 3 dans le groupe “totale” et près d’1 femme sur 2 dans le groupe “subtotale” décrivent des troubles de l’orgasme, ce qui témoigne d’un possible biais de sélection ! – la méthodogie de l’étude est critiquable, reposant sur un interrogatoire non validé. Ces remarques doivent inciter à beaucoup de prudence dans l’interprétation des résultats qu’aucune autre étude n’a d’ailleurs confirmé ! " Les travaux d’Helström (25) sur l’impact de l’hystérectomie subtotale sur la sexualité vont à l’encontre des résultats de Kilkku. Dans une étude rétrospective portant sur 104 patientes, l’auteur rapporte que le facteur prédictif le plus important de la qualité de la sexualité postopératoire est la qualité du “fonctionnement sexuel” préopératoire. 8. L’influence encore incomplètement connue de l’ovariectomie associée (7, 16, 39, 40, 56, 66). Si aucune étude n’a véritablement réalisé de distinction entre les conséquences directes de l’hystérectomie d’une part, et de l’annexectomie d’autre part, il semble que les ovaires aient une représentation symbolique faible dans l’inconscient des femmes. L’effet de la castration sur la libido est discuté : pour Kilkku (33), l’annexectomie serait responsable d’un risque accru de baisse de la libido et d’une diminution de la fréquence orgasmique ; a contrario, Utian (56) et Munday (39) ne rapportent aucun effet négatif sur la sexualité et, pis, Nathorst-Böös (40) trouve un effet favorable. Par ailleurs, l’estrogénothérapie substitutive n’aurait que peu d’influence sur les paramètres sexuels des patientes oophorectomisées (13). L’apport d’androgènes (dont la sécrétion ovarienne persiste après la ménopause) dans le traitement substitutif pourrait modifier de façon significative les variables psychosexuelles (49). 30 9. Le peu d’importance de la technique d’hystérectomie retenue, que l’intervention soit vaginale, abdominale, cœlio-assistée ou cœlioscopique exclusive, les résultats en termes de libido et de qualité des rapports sont comparables (63). 10. L’impact controversé du facteur âge : le taux d’insatisfaction sexuelle après hystérectomie serait plus élevé après 50 ans pour Schofield (47), alors que Ewert (15) conclut que les femmes jeunes de moins de 40 ans seraient les plus à risque pour ce paramètre. 11. Le rôle primordial du dialogue avec le médecin et l’importance de la préparation psychologique au “deuil” utérin (50, 64). Cette précaution est d’autant plus recommandée si l’hystérectomie, décidée sur des arguments tactiques en termes de prolapsus, concerne un organe “sain”. 12. Le plus souvent et sous réserve des précautions évoquées, l’absence d’effet délétère de l’hystérectomie, voire son bénéfice sur le devenir sexuel : – une sexualité inchangée ou améliorée dans 86 % des cas pour Craig après hystérectomie vaginale (10) ; – l’absence de changement dans la fréquence de l’orgasme et la nette diminution des dyspareunies après hystérectomie par voie abdominale pour Virtanen (58) sur une série de 102 femmes évaluées de façon prospective ; – un taux de dyspareunie postopératoire non significativement plus élevé après hystérectomie vaginale qu’après cholécystectomie pour Cosson dans une étude cas-contrôle (9). Même conclusion pour Alexander (2) dans un travail prospectif randomisé comparant hystérectomie et résection endométriale ; – des conséquences globales le plus souvent bénéfiques pour la femme et pour sa sexualité si l’indication de l’hystérectomie est licite (12, 43, 55, 59, 60). L’INFLUENCE DU PROLAPSUS ET DE L’INCONTINENCE URINAIRE SUR LA SEXUALITÉ Diversement appréciée selon les auteurs, il est là aussi difficile d’établir une synthèse cohérente des différents travaux. Pour Weber et al. (61), la fonction sexuelle serait peu influencée par le prolapsus et l’incontinence ; seuls l’âge et l’existence de rapports conflictuels au sein du Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne couple auraient un rôle direct important. Cela va à l’encontre d’autres études qui révèlent un taux élevé de dyspareunie et de baisse du désir sexuel chez les femmes souffrant d’un prolapsus et/ou d’incontinences : 42 % de dyspareunie et 35 % de baisse de la libido pour Haase et Skibsted (21) dans un groupe de 55 femmes présentant à la fois un prolapsus et une incontinence, effets délétères des symptômes urinaires sur la sexualité dans 46 % des cas sur une population de 103 femmes incontinentes pour Sutherst et Brown (51), diminution de l’activité sexuelle chez 31 % des femmes souffrant d’incontinence urinaire d’effort pour Clark (8), mais sur un effectif de 16 patientes seulement ! L’absence de groupe témoin dans la plupart des études rend difficile l’interprétation des résultats et témoigne de la pauvreté de la littérature dans ce domaine. Tableau I. Les mensurations vaginales postopératoires selon Fatton et Jacquetin (18). Profondeur vaginale Voie vaginale/16 Voie abdominale/14 < 9 cm 0 0 9 cm 3 2 10 cm 8 7 11 cm 5 3 > 11 cm 0 2 Tableau II. Dimensions vaginales : mesures objectives et vécu des patientes selon Weber et al. (62). Calibre vaginal Longueur vaginale Perception patiente Mesures postopératoires (cm) moyenne - extrêmes Variation pré/postopératoires Trop large (n = 4) 10,25 (9-11,5) - 0,25 (-1 à + 1,5) Satisfaisant (n = 66) 9,75 (8-12) - 1,0 (-7 à + 1) Trop serré (n = 8) 9,5 (8-11,5) – 1,5 (-3 à + 4) Trop court (n = 8) 9 (7-12) - 1,25 (- 4 à + 1) Satisfaisant ( n = 68) 10 (7-12) - 1 (-5 à + 4) Trop long (n = 2) 9,5 (8-11) - 2,5 (-5 à 0) Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 LES RÉSULTATS SEXUELS APRÈS CHIRURGIE DU PROLAPSUS Quand l’anatomie se met au service de la sexualité La référence habituellement admise en termes de sexualité postopératoire est la voie abdominale. Les principaux griefs imputés à la voie vaginale sont des modifications anatomiques (raccourcissement et rétrécissement abusifs) incompatibles avec une sexualité normale : ces affirmations sont fausses et plusieurs travaux ont clairement établi qu’en dehors de conditions locales particulières, un raccourcissement et/ou un rétrécissement (involontaires) sont la conséquence d’une faute technique. " Given et al. (20), retrouvent une longueur vaginale moyenne de 8,4 cm après spinofixation, 9,2 cm après plastie du cul-de-sac selon Mac Call et 11,3 cm après promontofixation, mais ne donne pas de précision sur les longueurs préopératoires (plusieurs patientes avaient déjà bénéficié d’une hystérectomie). Un groupe témoin incluant à la fois des femmes ménopausées ou non et hystérectomisées ou non a servi de référence : les chiffres moyens en termes de longueur vaginale sont, dans le groupe non ménopausé, de 9,2 cm utérus en place et de 8,5 cm après hystérectomie ; dans le groupe ménopausé, les valeurs respectives sont de 8,5 et 8,2 cm. " Notre travail prospectif voie haute – voie basse dans la prise en charge du prolapsus de la femme jeune (17, 18) a donné les résultats suivants : 10,32 cm en moyenne après chirurgie abdominale (extrêmes de 9 à 12) et 10,12 cm après sacrospinofixation (extrêmes de 9 à 11) (tableau I). Au cours de cette même évaluation, un calibrage vaginal a été effectué (bougie de Hégar n° 30 de 9,5 cm de circonférence) ne révélant aucun rétrécissement excessif. " Pour Weber et al. (62), sur une série de 81 patientes opérées pour prolapsus et/ou incontinence selon des modalités techniques variées (voies vaginale et/ou abdominale), les résultats en termes de dimensions vaginales sont rapportées dans le tableau II. Il est essentiel de constater que chez les femmes “symptomatiques au plan sexuel” en postopératoire, il n’a pas été possible d’établir une corrélation entre symptômes et mensurations vaginales : si la colporraphie postérieure est entachée d’un taux élevé de dyspareunie (26 %), elle n’est pas assortie d’un rétrécissement de l’introït. 31 d o s s i e r " La restauration d’un trajet vaginal “physiologique” est un argument en faveur de la spinofixation. Les partisans de l’abord abdominal arguent du fait que la promontofixation conserve la sagittalité de l’axe vaginal, cela en opposition à une spinofixation unilatérale qui crée une indiscutable asymétrie. Cet argument n’est plus recevable face à la bilatéralisation de la fixation dont nous sommes les promoteurs. Outre le maintien de l’axe dans un plan sagittal, elle aurait pour avantage d’une part, de “barrer” la porte à l’élytrocèle et d’autre part, d’éviter un rétrécissement du fond vaginal potentiellement dyspareuniant. – en corollaire de ces deux remarques, il apparaît donc qu’à moins d’avoir sélectionné une population de départ favorable (sexuellement active non ménopausée), il faudra disposer de grandes séries pour espérer pouvoir tirer des conclusions cohérentes et recevables de ces différents travaux. Voie basse versus voie haute Il existe maintenant des travaux sérieux et objectifs comparant les conséquences fonctionnelles et notamment sexuelles des cures chirurgicales de prolapsus par voies vaginale et abdominale. Ces résultats sont colligés dans le tableau III. Notre étude, très orientée sur le devenir sexuel et innovante à son époque, ne concerne qu’un nombre limité de patientes (30 femmes) mais garde l’avantage d’avoir été prospective et randomisée et de n’avoir inclus que des femmes jeunes (moins de 55 ans avec des extrêmes de 27 et 54 ans et un âge moyen de 44 ans) toutes sexuellement actives. Seize patientes ont bénéficié d’une spinofixation par voie vaginale et 14 d’une fixation par voie abdominale (12 promontofixations, 1 spinofixation voie haute et 1 simple remise en tension des utérosacrés). Vingt-neuf patientes ont eu un Les paramètres moins “objectifs” : libido, qualité des rapports et orgasme L’évaluation se heurte ici (en sus de la part subjective des réponses obtenues) à plusieurs difficultés : – les populations étudiées comportent un grand nombre de femmes ménopausées, ce qui induit déjà un biais ; – dans la tranche d’âge concernée, de nombreuses patientes n’ont pas ou peu de rapports, que ce soit leur “responsabilité” ou celle de leur conjoint ; Tableau III. Études comparatives sacrospinofixation-promontofixation : résultats sexuels (4, 17, 18, 22, 35). Auteurs Année Étude Sacrospinofixation nb sex.actives sex.actives préop. postop. 32 Promontofixation résultats sexuels nb sex.actives sex.actives préop. postop. résultats sexuels Fatton (17, 18) 1992 prosp. random. 16 16 16 améliorés : 37,5 % inchangés : 62,5 % altérés : 0 % 12 12 12 améliorés : 25 % inchangés : 66,7 % altérés : 8,3% Benson (4) 1996 6 prosp. random. 42 ? 26 dyspareunie : 15% 38 ? 15 dyspareunie : 0% Hardiman (22) 1996 séries appariées 125 ? ? sex. actives préop. = sex.actives postop. 80 ? ? sex.actives préop. = sex.actives postop. Lo (35) 1998 prosp. random. 66 18 14 7 cas de dyspareunie 4 sex. inactives 52 11 11 1 cas de dyspareunie Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne geste urinaire associé. Toutes les patientes opérées par voie basse et 6 parmi celles opérées par voie haute ont eu une myorraphie des releveurs par voie périnéale. Les conclusions de ce travail, avec un recul moyen de 22 mois (18), sont les suivantes : – La qualité des rapports n’est pas altérée après chirurgie vaginale (tableau IV) : elle apparaît même favorablement influencée dans 37,5 % des cas. Pour simple information, les deux résultats négatifs en termes de sexualité sont à mettre au crédit de la voie abdominale et sont sans fondement anatomique évident (1 patiente souffrait déjà d’une dyspareunie occasionnelle avant l’intervention). – La fréquence des rapports est comparable dans les deux groupes (6,6 rapports mensuels moyens dans le groupe voie basse et 7 dans le groupe voie haute) et non significativement différente de la fréquence préopératoire (respectivement 5 et 6,7, ce qui révèle une tendance globale favorable). – D’une façon générale, la libido est favorablement influencée par l’intervention (tableau V). – En termes de latence chirurgie-reprise de l’activité sexuelle, la voie abdominale exclusive (sans myorraphie associée) s’est révélée supérieure : 1,5 mois contre 2,3 mois après abord vaginal. Chez les femmes opérées par voie haute mais ayant eu une myorraphie, ce délai passe à 1,9 mois. Tableau IV. Effets sur la qualité des rapports. Activité sexuelle préopératoire Activité sexuelle Rapports idem Rapports postopératoire améliorés Rapports altérés Voie haute n = 14 14 14 8 4 2 Voie basse n = 16 16 16 10 6 0 Activité sexuelle préopératoire Activité sexuelle postopératoire Libido idem Libido + Libido - Voie haute n = 14 14 14 10 2 2 Voie basse n = 16 16 16 13 3 0 Tableau V. Effets sur la libido. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 – Les dyspareunies postopératoires sont le plus souvent de la responsabilité incontestable de la myorraphie et de la périnéorraphie. Ces phénomènes douloureux ont toujours été résolutifs avec le temps et nous n’avons créé par cette technique aucune dyspareunie vraie permanente. Néanmoins, dans 21 % des cas, il existe une sensation “d’inconfort” périnéal, inconstant et provoqué notamment par la défécation ou le coït. Deux études récentes (4, 35) réalisées selon une méthodologie comparable (prospective et randomisée) comparent les chirurgies vaginale et abdominale dans le traitement du prolapsus, mais l’évaluation à distance est essentiellement anatomique et les paramètres sexuels ne sont pas spécifiquement analysés. En dépit d’effectifs de départ plus importants, le faible pourcentage des patientes sexuellement actives ne permet d’évaluer les conséquences sexuelles que sur un faible échantillonnage. Avec les réserves mentionnées plus haut, Benson (4) affirme l’absence de différence significative entre les deux voies d’abord en termes de dyspareunie postopératoire alors que Lo (35) trouve un avantage à la voie abdominale avec 4 cas de renoncement sexuel postopératoire dans les groupe sacrospinofixation contre aucun dans le groupe promontofixation : néanmoins, ces 4 cas sont imputables à un rétrécissement vaginal excessif et donc potentiellement évitable ! Voie basse Si les chiffres bruts concordent pour réhabiliter la voie vaginale chez la patiente sexuellement active, il faut bien reconnaître que nous ne disposons que de peu d’études sérieuses sur le degré de responsabilité des différentes techniques dans la genèse d’éventuelles difficultés sexuelles. Le travail récent de Weber (62) évalue la sexualité avant et après chirurgie du prolapsus et/ou de l’incontinence urinaire en s’appuyant sur une méthodologie rigoureuse et validée. Il concerne 165 femmes opérées de juin 1996 à septembre 1998. Parmi ces patientes, 81 (49 %) sont actives sexuellement avant et après la chirurgie et constitueront donc la population de l’étude. La fréquence des rapports : elle n’est pas significativement modifiée par la chirurgie : 1,48 ± 1,41 rapport par semaine avant l’intervention versus 1,52 ± 1,25 après. La fréquence des 33 d o s s i e r rapport est inchangée dans 51 % des cas, augmentée dans 27 % des cas et diminuée dans 22 % des cas. Le taux de dyspareunie : il est de 8 % avant la chirurgie et passe à 19 % après l’intervention. La dyspareunie est persistante une fois, apparue de novo après la chirurgie 14 fois, et résolutive après celle-ci dans 5 cas. Il est intéressant de constater qu’après analyses statistiques, les seules variables associées à un risque accru de dyspareunie sont la colporraphie postérieure ou l’association colporraphie postérieure et colposuspension selon Burch ; l’âge, le statut hormonal, un prolapsus important à quelque étage que ce soit, les dimensions vaginales ou encore le recours à d’autres procédés chirurgicaux n’induisent pas significativement de dyspareunie. Après colporraphie postérieure, 26 % des femmes souffrent de dyspareunie ; l’association Burch-colporraphie postérieure est plus délétère encore avec un taux de dyspareunie de 38 %. La capacité à atteindre l’orgasme : après la chirurgie, la fréquence de l’orgasme est inchangée dans 59 % des cas, diminuée dans 21 % des cas et augmentée dans 20 % des cas. La satisfaction sexuelle globale : elle passe de 82 % en préopératoire à 89 % en postopératoire. Par ailleurs, l’utilisation d’une échelle visuelle confirme l’amélioration globale de la qualité sexuelle en postopératoire (score de 4,4 ± 3,1 avant la chirurgie et de 2,2 ± 2,9 après). Nous ne disposons pas, à notre sens, d’études ayant spécifiquement évalué les conséquences des réparations de la paroi vaginale antérieure. Qu’en est-il notamment d’une colporraphie antérieure qui remonte jusque sous la région du col vésical ? Si l’on en croit les travaux de Hong Ngoc Minh (37, 38), le fascia de Halban, situé essentiellement dans la moitié supérieure de la face antérieure du vagin (là où la base vésicale entre en rapport avec la paroi vaginale), serait hautement érogène et sa stimulation responsable d’un orgasme vaginal. Si nous avons pu juger d’une part de la réalité de ce fascia et d’autre part de son rôle dans le soutènement du fond vésical, nous restons plus réservés quant à sa responsabilité dans la frigidité de certaines femmes porteuses “d’anomalies” anatomiques comme le prétend Minh. Selon l’auteur : – la distension des fibres du fascia de Halban expliquerait l’anorgasmie vaginale en présence de certaines cystocèles ; 34 – la rétroversion utérine, en basculant le col utérin contre la paroi vaginale antérieure priverait la femme du plaisir profond lors du coït ; – ce même comblement du tiers supérieur du vagin serait responsable de la perte de l’orgasme vaginal en cas d’allongement hypertrophique du col. Nous n’avons pas pu, pour notre part, confirmer dans notre pratique habituelle de telles constatations : la dissection large du fascia et, pis, sa plicature en paletot ne donne pas davantage de dyspareunie ou d’anorgasmie. L’évaluation des conséquences de la réfection de la paroi vaginale postérieure a fait l’objet de quelques travaux plus spécifiques ; allant dans le même sens que les conclusions de Weber concernant la colporraphie postérieure, Kahn (31) publie un taux de 16% de dyspareunie de novo dans les suites des cures de rectocèle par myorraphie des releveurs, mais on peut regretter que ce travail soit rétrospectif avec une population d’étude hétérogène (plus de la moitié des patientes est ménopausée au moment de la chirurgie, moins d’un tiers est substitué hormonalement dans les suites, d’autres gestes par voie vaginale sont fréquemment associés). Le tableau VI essaie de reproduire une synthèse des données de la littérature : le travail conduit dans le service de 1994 à 1996 a évalué le retentissement de l’intervention de Richardson (sacrospinofixation avec conservation utérine) chez 39 femmes de moins de 40 ans toutes sexuellement actives (30). Les résultats révèlent une amélioration de la qualité des rapports dans 30,8 % des cas, une stabilité dans 54 % et enfin, une altération dans 15,2 % par apparition ou accentuation d’une dyspareunie profonde. L’examen clinique, effectué de principe chez toute ces patientes, a souvent permis de reproduire la douleur lors de la palpation de la fixation au niveau de la face postérieure de l’isthme utérin (c’est très rarement la prise au niveau du ligament sacro-épineux qui est sensible). Cette constatation nous a fait apporter une modification à la technique initiale : nous individualisons, au dépens du vagin postérieur, une bandelette médiane qui reste solidarisée à la face postérieure du col utérin ; un fil de Prolène® transfixe solidement cette bandelette vaginale, puis secondairement le ligament (l’amarrage est unilatéral) et il n’y a pas, sauf élytrocèle associée, d’ouverture systématique du péritoine. Cet artifice de fixation, tout en simplifiant la technique, a fait disparaître ces douleurs profondes sans pénaliser le résultat anatomique. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne Tableau VI. (10, 23, 28, 30, 31, 41, 42, 46, 54). Auteurs Année Technique Nb cas Activité sexuelle préopératoire Activité Sexualité sexuelle idem postopératoire Craig (10) Jackson 1975 CHV ± colpor. ant. + post. 51 51 Richter Albrich (46) 1981 SSF 71 ? Thornton Peters (54) 1983 Cure élytrocèle + postrepair 20 ? 13 Thornton Peters (54) 1983 Élytrocyle + post- et antrepair 21 ? 8 Ohana Jacquetin (41) 1990 SSF 150 69 59 10 n’ont plus d’activité 5 : cause conjoint 3 : vagin rétréci 2 : crainte récidive Heinonen (23) 1992 SSF 22 ? 3 Pas de difficultés sexuelles dans les 3 cas Jacquetin Fatton (30) 1996 Richardson 39 39 39 21 54 % 12 31 % 6 15 % Holley et al. (28) 1996 SSF 36 17 16 7 3 6 rétrécissements Paraiso et al. (42) 1996 SSF 243 163 163 Kahn (31) Stanton 1997 colpor. post. 171 49 Sexualité améliorée Sexualité altérée 21 43 % 7 14 % 21 43 % 38 ont une sexualité satisfaisante 25 n’ont pas d’activité sexuelle 8 dyspareunies (rétréciss. vag.) Pas d’informations sur la sexualité préopératoire et la qualité de la sexualité postopératoire Dysfonction sexuelle préopératoire : 30,6 % Dysfonction sexuelle postopératoire : 20,2% 16 % de dyspareunie de novo SSF : sacrospinofixation, CHV : colpohystérectomie voie vaginale, colpor. : colporraphie. Dans la série de Ohana de 1990 (41), 45 des 59 patientes ayant toujours des rapports après l’intervention ainsi que leur conjoint ont été interrogées sur la qualité des rapports : les résultats sont colligés dans le tableau VII. La voie haute Si le gold standard en termes de sexualité postopératoire est la dimension du “conduit” vaginal, la voie abdominale représente très certai- Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Tableau VII. Évaluation de la qualité sexuelle postopératoire au sein du couple après sacrospinofixation selon Ohana (41). Qualité des rapports Patiente Conjoint Idem 26 33 Améliorée 11 4 Altérée 8 8 35 d o s s i e r Tableau VIII. (11, 14, 52, 57). Auteurs Année Technique Nb cas Activité sexuelle préopératoire Activité Sexualité sexuelle idem postopératoire Sexualité améliorée Sexualité altérée Creighton (11) 1991 PF 23 ? ? ? 1 Creighton (11) 1991 Zacharin 10 ? ? ? 1 Timmons (52) 1992 PF 163 Virtanen (57) 1994 PF 27 16 16 9 1 6 22 % Deval (14) 1996 PF 202 ? 183 ? ? 36 17,8 % 101 19 : pas d’activité 41 : non précisé 2 : stop pour baisse libido PF : promontofixation. nement la voie élective (20). Cependant, si le respect “balistique” du vagin est nécessaire à la pratique de rapports “normaux”, cette condition n’est en rien suffisante. La voie abdominale en général et la promontofixation en particulier ne mettent d’ailleurs pas à l’abri des dyspareunies secondaires puisque celles-ci sont rapportées avec des fréquences de 7 à 22 % selon les séries (tableau VIII - il convient d’ailleurs de mentionner que ces pourcentages sont le plus souvent établis par rapport à la population totale de l’étude et non pas sur le seul effectif des patientes sexuellement actives en préopératoire, ce qui induit un biais). De même “l’intérêt sexuel” est régulièrement diminué en postopératoire et ce dans des proportions variables mais chiffrées par certains à plus de 40 % (29, 30) : il faut cependant préciser que la douleur n’est pas la seule responsable, loin s’en faut, la crainte de la récidive du prolapsus représentant l’un des facteurs limitant les plus souvent avancés. Il reste que l’interprétation de ces chiffres est difficile en raison de l’effet parasite des gestes associés qui sont fréquents, incluant notamment des réfections antérieures ou plus souvent postérieures par voie vaginale ! 36 LES RÉSULTATS SEXUELS APRÈS CHIRURGIE DE L’INCONTINENCE URINAIRE Il est légitime de se demander si les colposuspensions et autres techniques de cure d’incontinence ont des conséquences sur la sexualité des patientes. Si ces interventions sont parfois réalisées de manière isolée, elles s’intègrent aussi souvent à une prise en charge globale des troubles de la statique pelvienne, ce qui peut gêner l’évaluation précise de leur répercussion sur les paramètres sexuels. Nous disposons néanmoins de quelques travaux sur ce thème dont les résultats sont colligés dans le tableau IX. La sexualité apparaît le plus souvent négativement influencée par l’incontinence urinaire. Pour Berglund (6), 12 % seulement des patientes avant la chirurgie et 16 % un an après l’intervention ne relatent aucun problème sexuel (non significatif ) ; les chiffres exprimés dans le tableau se comprennent en sachant qu’une même femme peut présenter plusieurs types de “dysfonctionnements sexuels”. L’amélioration en termes de qualité de vie constatée habituellement après chirurgie de l’incontinence urinaire a plusieurs explications : Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne Tableau IX. Résultats sexuels de la chirurgie pour incontinence urinaire (recul d’un an sauf pour la série de Haase où le recul est de 6 mois) (5, 6, 21, 29, 34, 62). Auteurs Intervention Sexuellement actives Dysfonction sexuelle Préopératoire Postopératoire Préopératoire Postopératoire Iosif (1988) (29) Burch colposusp 100 % 95 % 32 % 10 % de novo : 0 % Haase, Skibsted (1988) (21) Colpor. ant. Colpor. ant. + Burch Burch 100 % 100 % Berglund et al. (1996) (5) Urétropexie ou Plastie pubococc. 91 % 86 % 33 % dyspar. 39 % trouble orgasme 27 % baisse désir 55 % défaut lubrification 28 % dyspar. 48 % trouble orgasme 20 % baisse désir 48 % défaut lubrification Black et al. (1998) (6) Colposuspension, Suspension aiguille Colpor.ant ? 68 % ? mieux : 13 % idem : 65 % détérior.: 22 % Lemack, Zimmern (2000) (34) “four corner” 31 % 37 % mieux : 20 % idem : 20 % détérior. : 20 % Lemack, Zimmern (2000) (34) “four corner” +PP 44 % 41 % mieux : 25 % idem : 25 % détérior. : 17 % Weber et al. (2000) (62) Burch + colpor. Post (+/- autres) ? ? mieux : 24 % idem : 67 % détérior.: 9% ? 38 % dyspar. outre une meilleure intégration socioprofessionnelle, c’est le gain au plan sexuel qui est le plus fréquemment rapporté par les patientes. Ce gain est le plus souvent à mettre sur le compte de la disparition des fuites urinaires pendant les rapports. Le risque de dyspareunie postopératoire de novo, s’il existe (sans doute pour des raisons techniques) (48), reste globalement peu important (29) sauf en cas de réfection du périnée postérieur dans le même temps opératoire. Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002 CONCLUSION Malgré tous nos efforts pour “éplucher” une littérature internationale encore incomplète sur la question, nous sommes conscients de n’avoir soulevé qu’un petit coin du voile qui masque la sexualité féminine et la classe au rang des entités complexes, véritable résultante d’une alchimie anatomo-physio-psycho-endocrinienne. Au terme de ce petit catalogue détaillé de nos possibilités techniques (très variées) et de nos résultats (trop souvent peu explicites en termes de sexualité), nous voudrions insister sur la nécessité : – de rester économe dans nos colpectomies pour ne pas amputer un éventuel capital érogène en plus d’une “capacité d’accueil” ; – d’accorder plus d’importance à l’entretien préopératoire pour démystifier les conséquences de l’hystérectomie et d’une chirurgie par voie périnéale (l’entretien préopératoire avec une psychologue est systématique dans notre service) ; – de privilégier l’utilisation de questionnaires validés et d’exiger une méthodologie rigoureuse (53) ; – de n’entreprendre la cure chirurgicale des troubles fonctionnels que s’ils sont réellement invalidants : un résultat postopératoire même imparfait sera alors en principe vécu de façon positive et la perte de chance sexuelle plus facilement acceptée, surtout si l’information préopératoire l’avait mentionné ; – de rendre sa légitimité à la voie vaginale qui nous semble tout à fait licite chez des patientes jeunes sexuellement actives ; – de rester humble face à l’interprétation de nos résultats car le plaisir orgasmique est sous influence multifactorielle, probablement peu dépendant, en fait, de paramètres contrôlables par un chirurgien ! – de rester prudent face à l’engouement suscité par les nouvelles techniques, notamment limiter le recours aux tissus prothétiques dont les éventuelles conséquences sexuelles restent à ! évaluer. 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