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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002
zones érogènes dont le clitoris, qui représente
la source d’excitation principale. Le fameux
point G (zone suburétrale de Grafenberg), les
grandes et petites lèvres, les mamelons, le
pavillon de l’oreille et la face interne des cuisses
sont aussi des points de départ possibles du
réflexe orgasmique. Mais la seule imagination
peut, chez certaines, conduire à l’extase !
Il ressort des nombreux travaux sur la neuro-
physiologie du plaisir féminin que l’ensemble
formé par la vulve, le tiers inférieur du vagin et
le clitoris (auquel Masters et Johnson ont donné
le nom de plate-forme orgasmique) est la véri-
table “trigger zone” dont la stimulation
déclenche la mise en route d’un système com-
plexe soumis à l’influence de nombreuses affé-
rences “extérieures”. Pendant l’expérience
orgasmique, le conduit vaginal tend à augmen-
ter de volume mais la véritable réaction spéci-
fique concerne la plate-forme orgasmique d’où
naissent des spasmes musculaires suivis de
contractions régulières souvent accompagnées
de contractions concomitantes du périnée et du
sphincter anal externe. Il existe aussi, au niveau
du corps utérin, des contractions orgasmiques
typiques qui débutent par le fond et s’éteignent
dans la zone du segment inférieur. La seule
réponse du col de l’utérus à la stimulation
sexuelle est une certaine dilatation de l’orifice
cervical externe, immédiatement après l’or-
gasme, pendant 20 à 30 minutes.
La complexité du circuit aboutissant au plaisir
sexuel et ses influences multifactorielles expli-
quent la diversité et l’interdépendance des
troubles de la sexualité féminine : troubles du
désir (le désir féminin est une fonction fragile et
tous les événements de la vie affective peuvent
interférer sur ce paramètre), du plaisir (hypo-
orgasmie ou anorgasmie), de la conjonction
sexuelle (vaginisme ou dyspareunie) sont
autant de situations difficiles où la collabora-
tion des thérapeutes (sexologues, psycho-
logues, psychiatres, gynécologues, neuro-
logues, voire dermatologues) est le plus
souvent bénéfique.
L
APLACEDEL
’
HYSTÉRECTOMIE
Le rôle même de l’hystérectomie dans la genèse
de difficultés sexuelles postopératoires d’une
part, et de perturbations psychologiques d’autre
part, a fait l’objet de nombreuses publications
dont les conclusions sont parfois discordantes.
Il reste que les conséquences de l’hystérecto-
mie sont multifactorielles, résultant de la
convergence de facteurs physiques, psy-
chiques, socioculturels et, enfin, personnels. Le
rôle du partenaire pourrait être primordial
(7, 26), inducteur potentiel d’attitudes néga-
tives aussi bien au plan érotique que psycholo-
gique.
Le taux de dépression posthystérectomie rap-
porté selon les auteurs avec une fréquence
variant de 5,1 (44) à 70 % (45) ne fait que témoi-
gner de la grande disparité des résultats (17).
Un consensus semble cependant se dégager
sur plusieurs points :
1. La plus grande vulnérabilité psychologique
des patientes présentant des antécédents psy-
chiatriques même mineurs.
2. La prépondérance de la dépression dans le
“syndrome” posthystérectomie (45).
3. La possible influence du niveau socioculturel
avec augmentation du risque au sein des
classes sociales basses où maternité est sym-
bole de féminité (3).
4. Le rôle néfaste de la méconnaissance par la
femme (et son partenaire) de son identité ana-
tomique et/ou physiologique (3, 64).
5. La nécessité de recourir à une évaluation suf-
fisamment à distance de la chirurgie : un recul
minimum d’un an semble admis par la plupart
des auteurs (16, 25, 33).
6. La fragilité relative des paramètres tels
“désir sexuel” et “fréquence des rapports”, qui
apparaissent davantage perturbés par l’hysté-
rectomie que la “qualité” même du plaisir (peu
de modifications des zones érogènes) (10, 13).
7. Le rôle controversé du col utérin dans le cir-
cuit orgasmique (25, 32, 33). N’en déplaise aux
partisans des hystérectomies subtotales qui
cherchent là une justification à la conservation
du col (notamment lors des interventions
cœlioscopiques exclusives), les connaissances
actuelles en termes d’anatomophysiologie
vaginale insistent sur la pauvreté des réseaux
nerveux des deux tiers supérieurs du vagin
expliquant ainsi sa quasi-insensibilité aux sti-
muli de contact et nociceptifs. Il reste que l’or-
ganogenèse du vagin demeure discutée, le
modèle classique de la dualité ectoderme/
mésoderme ayant parfois du mal à expliquer
certaines des malformations vaginales (agéné-
sies et autres cloisons).
Sur ce point, quelques publications internatio-
nales méritent une attention plus approfondie :
Les séquelles fonctionnelles de la chirurgie pelvienne