La Lettre du Gynécologue • n°364 - septembre 2011 | 11
Points forts
»
L’hystérectomie radicale a une morbidité urinaire fonctionnelle significative qui croît parallèlement à
l’importance de la résection paracervicale.
»
L’absence d’atteinte paracervicale et vaginale après curiethérapie cervico-vaginale préopératoire ne justifie
plus la pratique systématique d’une hystérectomie radicale, sauf à titre “tactique”.
»La rareté de l’atteinte paracervicale pour les tumeurs de moins de 2 cm opérées d’emblée, en l’absence
d’atteinte profonde du stroma cervical, d’atteinte des ganglions sentinelles ou d’emboles tumoraux justifierait
une étude randomisée comparant, pour ces cas, une chirurgie simple à une chirurgie élargie.
présentait des cellules tumorales dans les espaces
capillaires. Les 2 premières ont reçu une radio-
chimiothérapie pelvienne complémentaire et sont
à ce jour indemnes d’évolution. La dernière n’a pas
été traitée immédiatement et a récidivé localement à
40 mois. Une radio-chimiothérapie pelvienne délivrée
alors a permis sa guérison. Les explications possibles
de l’atteinte paramétriale de ces 3 patientes (pN0
pelvien) ont été : un échec total de la technique du
ganglion sentinelle (GS) pour l’une ; un GS retrouvé
négatif (mais l’exploration a été réalisée au bleu seul,
sans couplage avec la technique au technétium) pour
la deuxième et, enfin, pas de GS pratiqué mais un type
histologique plus agressif (carcinome mésonéphrique)
pour la troisième. À 33 mois de recul moyen pour
cette série, 6 patientes ont présenté une récidive :
4 étaient locales et ont pu être contrôlées par une
radio-chimiothérapie pelvienne, elles étaient à la fois
locales et métastatiques pour 2 patientes qui en sont
décédées.
Dans le groupe des 57 patientes traitées par asso-
ciation curie-chirurgie, 38 avaient une stérilisation
complète de la lésion initiale. Aucune atteinte
paramétriale ou vaginale n’a été retrouvée. Les
19 patientes présentant un résidu (de quelques
millimètres à 3 cm) n’ont jamais eu de traite-
ment complémentaire. À 43 mois de recul moyen,
10 patientes ont récidivé : 5 sur le mode métas-
tatique, 5 localement (toutes avaient un résidu
cervical) ; 8/10 sont décédées de la maladie. Il n’y
a pas de différence significative avec le taux de réci-
dive locale après chirurgie première.
Au final, d’après ces résultats, on peut estimer que
la chirurgie radicale n’a pas d’intérêt après curie-
thérapie. Pour les tumeurs de moins de 2 cm, un
GS négatif permettrait aussi d’éviter la radicalité.
La littérature est très pauvre concernant les résul-
tats de l’association curiethérapie-colpo-hysté-
rectomie élargie, car cette modalité de prise en
charge est presque une spécificité française. En
revanche, plusieurs publications confirment la
définition possible d’un sous-groupe de patientes
pour lesquelles une chirurgie utérine simple pour-
rait suffire au traitement d’un carcinome cervical
de moins de 2 cm. Ainsi, les lésions de moins de
2 cm, sans emboles, avec une infiltration stromale
de moins de 10 mm et pN0 pelvien ont un risque
quasi nul d’atteinte paramétriale (4-6). Les travaux
récents confirment qu’un GS négatif est à la fois
prédictif d’une négativité de l’atteinte ganglionnaire
pariétale pelvienne (7, 8) mais aussi du paramètre
(9). En conclusion, le dogme de l’hystérectomie
élargie de type B peut être remis en cause dans
les carcinomes précoces du col utérin. Il est clair
qu’après curiethérapie, une chirurgie extra-fasciale
(type A) paraît suffisante. La chirurgie élargie de
type B ne se justifierait qu’à titre "tactique" en
cas d’adhérences ou d’inflammation post-théra-
peutiques. Pour les lésions de moins de 2 cm, les
résultats rétrospectifs de cette série et ceux d’autres
auteurs laissent à penser que si l’infiltration du
stroma cervical est inférieure à 10 mm et qu’il n’y a
pas d’atteinte des ganglions sentinelles (bilatéraux),
la chirurgie élargie présente davantage d’inconvé-
nients que d’avantages. Dans ces conditions, une
étude randomisée comparant hystérectomie simple
à hystérectomie de type B paraît justifiée. Toutefois,
étant donné que la fréquence des cancers du col
invasif diminue et que les événements deviendront
rares, une dimension nationale, voire internationale,
avec un grand nombre de malades sera nécessaire
pour espérer obtenir des résultats significatifs avec
une puissance statistique suffisante et pour qu'une
telle étude soit légitime. ■
Références bibliographiques
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rectomy. Lancet Oncol 2008;9:297-303.
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metrectomy) needed in all surgical procedure for early stage
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is removal of the parametrium at surgery for carci-
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trectomy for early stage cervical cancer treated with radical
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trial involvement in radical hysterectomy specimens for
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sentinel nodes accurately predict absence of lymph node
metastasis in early cervical cancer: results of the SENTICOL
study. J Clin Oncol 2011;29:1686-91.
9. Strnad P, Robova H, Skapa P et al. A prospective study of
sentinel lymph node status and parametrial involvement in
patients with small tumour volume cervical cancer. Gynecol
Oncol 2008;109:280-4.
Mots-clés
Cancer du col
Hystérectomie
radicale
Highlights
– Radical hysterectomy
produces significant functional
urinary morbidity whose degree
is directly related to the extent
of the paracervical resection.
– The absence of paracer-
vical and vaginal lesions after
preoperative cervicovaginal
radiotherapy renders system-
atic practice of radical hyster-
ectomy unjustified, except as a
“tactical” procedure.
– The rarety of paracervical
involvement associated
with tumors less than 2 cm
in size removed at once, in
the absence of deep cervical
stromal invasion, sentinel
lymph node lesions or tumoral
emboli, calls for a randomized
trial comparing simple hyster-
ectomy with extended hysterec-
tomy in the treatment of these
patients.
Keywords
Cervix cancer
Radical hysterectomy
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