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Il a un passé révolu de toxicomanie intra-
veineuse à l’héroïne : il s’est autosevré sans
traitement médical et a présenté ensuite une
forte dépendance à l’alcool, consommé de
manière compulsive et massive. Son bilan
hépatique étant perturbé, il consulte alors
un hépatologue à Cochin. Le bilan histolo-
gique effectué, après une ponction de biop-
sie hépatique, ne révéle que des lésions
limitées sans aucun signe d’hypertension
portale. Dès lors, le patient entreprend,
avec succès, un sevrage alcoolique mais il
persiste un syndome d’hyperanxiété chro-
nique.
Aussi, consommera-t-il des benzodiazé-
pines (Lexomil®) à haute dose (6 à 8 cps/j)
sans réel suivi médical. Puis, il découvre le
Topalgic®prescrit par un médecin généra-
liste pour des douleurs dentaires.
Il augmente alors rapidement les doses jus-
qu’à 600 mg/j pour son effet psychoactif. Il
tentera d’arrêter le traitement au bout de trois
semaines mais présentera un syndrome de
manque similaire à celui de l’héroïne (dou-
leurs abdomino-lombaires, frissons et
sueurs). Il consulte alors à Cochin pour une
aide au sevrage du Topalgic®. Il avait réussi
dans l’intervalle, à diminuer sa consomma-
tion de Lexomil®à 2cps/j. Une préparation au
sevrage du Topalgic®est donc instituée en
consultation. L’objectif est limité dans un pre-
mier temps à la baisse des doses de Topalgic®
de 50 mg/semaine avec un traitement neuro-
leptique sédatif (Tiapridal®) devant l’agitation
psychomotrice de ce patient. Un suivi psy-
chologique lui est aussi proposé à Cochin.
L’évolution du patient s’avèrera très chao-
tique avec des phases d’amélioration specta-
culaire de son état psychique et des phases
dépressives aiguës. Il était parvenu à dimi-
nuer les doses de Topalgic®à 300 mg/j. puis
est remonté à 750 mg/j. Le bilan hépatique
n’ayant pas été modifié.
Aussi, au terme de trois mois de suivi en
consultation, est-il décidé de l’hospitaliser
en médecine interne pour un sevrage. Le
patient a bien supporté le cadre hospitalier
et sort au bout de dix jours pour regagner
son domicile. Les symptômes de manque
physique persisteront pendant quinze jours
après le sevrage. Un suivi médico-psycho-
logique est poursuivi à Cochin. En fait, le
patient se présentera seulement à deux
reprises et nous informera par téléphone du
maintien de son abstinence au Topalgic®. Il
a pu reprendre son travail sans problème.
Ce cas illustre le risque de créer chez un
patient héroïnomane une dépendance sup-
plémentaire avec la prescription de
Topalgic®, à visée antalgique et montre la
difficulté de prise en charge des problèmes
d’addictions multiples.
Les cas de dépendance au Topalgic®ris-
quent de se multiplier car la mise sur le
marché de ce médicament morphinique,
non inscrit au tableau des stupéfiants, est
récente et sa prescription ne nécessite pas
d’ordonnance sécurisée. Aussi, est-il très
prescrit par les rhumatologues et les méde-
cins généralistes pour soulager des dou-
leurs d’origine inflammatoire. Le centre
d’évaluation et d’information sur les phar-
maco-dépendances de la région Ile-de-
France a déjà eu plusieurs appels de phar-
maciens signalant des cas de demandes
excessives et répétées de Topalgic®de la
part de patients toxicomanes.
OBSERVATIONS
À propos d’un cas
de dépendance au tramadol
(Topalgic®)
Dr Xavier Aknine*
En septembre 1998, un patient de 35 ans consulte à l’hôpital
Cochin pour un problème de dépendance au tramadol.
* Hôpital Cochin , service de médecine interne.
Europe : des consommations
trop importantes
L'annuaire Eurostat de 1998-1999 révèle que le citoyen “européen”
moyen boit et fume trop (entre 6 et 14 litres d’alcool pur, et 1 647
cigarettes par an), en particulier le Luxembourgeois qui nous bat de
quelques centilitres (14,6 litres contre 14,1 litres pour le Français),
et les Grecs qui grillent 3 020 cigarettes (contre 1 443 pour les
Français).
Pas de fumée sans feu ?
Dans les Landes, on va bientôt abandonner l’expression “fumer
comme un pompier”, si l’opération d’aide au sevrage tabagique des
pompiers des Landes, lancée par le Laboratoire Pierre-Fabre, porte
ses fruits. Ce laboratoire du Sud-Ouest a entrepris un grand plan de
formation des professionnels de santé du département, qui pour-
ront ensuite aider les 1 500 “hommes du feu” de ce département à
cesser de fumer (80 % le souhaitent).
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