revue de presse Revue de presse Facteurs prédictifs de fibrose hépatique chez les patients ayant une stéatohépatite non alcoolique (NASH) L a stéatohépatite non alcoolique (NASH), découverte il y a plus de vingt ans, a connu depuis plusieurs années un regain de popularité lié à son individualisation anatomopathologique plus fréquente et à la meilleure connaissance de ses facteurs de risque. La NASH pourrait représenter l’une des causes majeures des cirrhoses dites “cryptogénétiques”. La mise en évidence en consultation d’hépatologie de facteurs évoquant une stéatose hépatique : augmentation modérée de l’activité des amino-transférases, augmentation du gradient d’échogénécité hépatorénal chez un patient souvent en surcharge pondérale, diabétique ou dyslipidémique, conduit à la reconnaissance plus fréquente de patients ayant une stéatose hépatique. Le diagnostic de NASH est cependant un diagnostic histologique incluant, à des degrés variables, des lésions de nécrose, d’inflammation et de fibrose ressemblant aux lésions de la maladie alcoolique du foie. La question essentielle chez un patient présentant une stéatose hépatique probable est donc celle de l’indication de la ponction-biopsie hépatique, geste invasif qui ne peut être recommandé à tous les patients présentant une stéatose hépatique. L’individualisation des marqueurs de fibrose hépatique chez ces malades est donc essentielle, et plusieurs études récentes ont tenté d’aborder ce problème. L’équipe de la “Mayo Clinic” a donc tenté de répondre à ces questions. Cent quarante-quatre patients ont été étudiés. Tous les patients ont eu une ponction-biopsie hépatique. Une analyse unie et multivariée a été réalisée sur les paramètres cliniques et biochimiques. Vingt-six pour cent des patients avaient une absence de fibrose, 37 % une fibrose minime, 10 % une fibrose modérée, 10 % une fibrose en pont et 17 % une cirrhose constituée. En analyse multivariée, un âge élevé (p = 0,001), une obésité (p = 0,002), l’existence d’un diabète (p = 0,009) et l’existence d’un rapport ASAT/ALAT > 1 (p = 0,03) étaient des facteurs indépendants prédictifs de fibrose sévère (fibrose en pont, cirrhose). Seul l’indice de masse corporelle était indépendamment associé au degré d’infiltration stéatosique. Le coefficient de saturation de la sidérophiline était corrélé positivement avec la sévérité de la fibrose en analyse univariée, et les femmes avaient une tendance à une fibrose moins sévère. Cependant, après ajustement sur l’âge, l’obésité, le diabète et le rapport ASAT/ALAT, le sexe féminin et les paramètres du bilan martial n’étaient pas associés significativement à l’existence de lésions de fibrose. Les auteurs de la “Mayo Clinic” concluent qu’un âge élevé, une obésité, l’existence d’un diabète, permettent d’identifier les patients ayant une fibrose importante et pouvant bénéficier d’une ponction-biopsie hépatique dans l’optique d’interventions thérapeutiques éventuelles. Mots clés. Stéatohépatite – Stéatose. J.F.C. Hepatology 1999 ; 30 : 1356-62 Pas de visite systématique pour le suivi des patients porteurs d’une MICI C’ est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe galloise au terme de deux ans d’une étude randomisée réalisée au sein de deux hôpitaux généraux et comparant, chez des malades dont la maladie était inactive ou peu active au début de l’étude, un suivi programmé Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 4, avril 2000 118 (protocole non précisé) à un suivi libre. Le principal élément étudié était la qualité de vie des patients. Afin de sécuriser le suivi libre, tous les médecins généralistes avaient reçu une information écrite sur le suivi des patients porteurs d’une MICI (éléments diagnostiques, traitement médical des poussées modérées à sévères, surveillance biologique, place de la chirurgie,…). Cent quatre-vingts malades ont été inclus (78 maladies de Crohn, 77 RCH, 25 rectites idiopathiques). Aucune différence en termes de qualité de vie n’a été mise en évidence entre les deux groupes (et avec les scores étudiés). Quatre-vingt-cinq pour cent des patients du groupe suivi libre ont préféré ce type de suivi à celui qui leur était proposé avant. Soixante-seize pour cent des médecins généralistes ont trouvé le suivi libre adapté à leur patient. Le coût moyen des dépenses hospitalières était plus faible dans le groupe suivi libre (582 livres versus 611 livres) ; les dépenses de médecine générale étaient identiques entre les deux groupes. Ces résultats ne vont pas bouleverser la prise en charge des MICI mais vont dans le sens d’une collaboration étroite entre médecine spécialisée et médecine générale dans la prise en charge des maladies chroniques. Si les avantages d’un suivi “à la demande” des patients porteurs de MICI ont été mis en évidence dans cette étude, la phase de formation préalable des médecins généralistes (et des malades) y est probablement pour beaucoup et constitue une étape indispensable à tout partage de responsabilité. Réseau, partage de responsabilité, protocolisation de prise en charge : future assurance qualité des spécialistes ? Peut-être … Mots clés. MICI – Réseau – Organisation des soins. J.M.C. BMJ 2000 ; 320 : 544-8 revue de presse Revue de presse Rôle d’une immunisation passive dans la diarrhée à Clostridium difficile ? C lostridium difficile, principale cause de diarrhée nosocomiale, est responsable de tableaux cliniques de gravité très variable : la réponse immune à cet agent et à ses toxines pourrait en être l’explication. Étudiant des porteurs asymptomatiques de Clostridium difficile, une équipe de gérontologues de Boston retrouve dans cette série des taux très élevés d’anticorps IgG dirigés contre sa toxine A. Les patients aux taux d’anticorps les plus faibles étaient, eux, à plus fort risque de diarrhée sévère. Des études cliniques sur l’innocuité et l’efficacité d’une vaccination protectrice contre Clostridium difficile sont actuellement en cours. Ce travail, qui va dans le sens d’une réponse immune de l’hôte dans le déterminisme de la gravité de l’infection, pourrait conduire à la recherche d’une immunisation non seulement active mais aussi passive pour mieux contrôler cette fréquente diarrhée nosocomiale. Mots clés. Intestins – Pathogénie – Diarrhée – Clostridium difficile. J.F.D.M. N Eng J Med ; 342 : 390-7 Une équipe française cultive le bacille de la maladie de Whipple (Tropheryma whippelii). Bientôt un test sérologique… L a maladie de Whipple est une infection bactérienne, mais la bactérie n’avait pas encore été cultivée et aucune souche bactérienne n’était donc disponible. C’est maintenant chose faite grâce à un travail multidisciplinaire français. Utilisant des spécimens de valve mitrale provenant d’un patient porteur d’une endocardite entrant dans le cadre d’une maladie de Whipple, Raoult et coll. ont isolé et cultivé une bactérie dans une lignée cellulaire de fibroblastes humains. Des tests de fluorescence indirecte ont montré que le sérum du patient étudié réagissait spécifiquement avec la bactérie isolée, de même que 7 des 9 échantillons de sérum provenant de patients porteurs d’une maladie de Whipple. Des anticorps polyclonaux dirigés contre la bactérie isolée ont été produits par inoculation du micro-organisme à la souris. Ils ont ensuite été utilisés avec succès pour détecter les bactéries par immuno-histochimie dans les tissus cardiaques excisés à partir du patient initial. Une étude de séquences génétiques spécifiques de la bactérie isolée a permis de montrer qu’elle était identique à Tropheryma whippelii précédemment identifiée dans des échantillons de tissu de patients porteurs d’une maladie de Whipple. Les auteurs ont donc cultivé la bactérie responsable de la maladie de Whipple, détecté et produit des anticorps spécifiques qui pourront à l’avenir être utilisés pour une immuno-détection du micro-organisme dans des tissus atteints. La mise au point d’un test diagnostique de la maladie de Whipple est donc maintenant possible. Il s’agit là d’une étape majeure dans le diagnostic, le traitement et la compréhension de la maladie de Whipple. Mots clés. Maladie de Whipple – Bactériologie. J.M.C. NEJM 2000, 342 ; 620-5 Helicobacter pylori transmis par les jeux d’enfants H elicobacter pylori (Hp) est un agent infectieux dont le facteur de risque principal est constitué par des conditions 119 socio-économiques de pauvreté au cours de l’enfance. Bien que 60 % des adultes de la soixantaine soient infectés dans nos pays dits développés, le taux de séroconversion n’est que de 0,33 à 0,5 % par adulte et par an. La transmission se fait essentiellement de personne à personne sur un mode qui n’est probablement pas univoque. Étudiant l’effet de la composition familiale sur la prévalence d’Hp chez près de 700 enfants âgés de 2 à 9 ans et vivant dans un village des Andes colombiennes, Goodman et coll. retrouvent une transmission se faisant plus volontiers parmi la fratrie d’âges proches et le plus souvent des frères et sœurs les plus vieux vers les plus jeunes. Des études prospectives sur des cohortes de jeunes enfants et leurs familles sont nécessaires pour une meilleure compréhension de l’épidémiologie d’Hp. Nul doute qu’avec les milieux de culture hautement sélectifs, on identifiera bientôt le ou (les) jeu(x) d’enfants responsable(s) de cette transmission… Mots clés. Estomac – Épidémiologie – Helicobacter pylori – Enfants. J.F.D.M. Lancet 2000 ; 355 : 358-62 Effet aquarétique de la niravoline chez les malades cirrhotiques U n trouble de l’excrétion rénale de l’eau est une complication fréquente de la cirrhose, pour lequel il n’existe pas de traitement médicamenteux efficace. Gadano et coll. (Clichy) ont évalué l’effet aquarétique et la tolérance de la niravoline, un agoniste opioïde kappa chez des malades cirrhotiques, pour la plupart ascitiques. Une augmentation significative de la diurèse, de la clairance de l’eau libre et de la concentration plasmatique revue de presse Revue de presse du sodium a été observée pour des doses comprises entre 0,5 et 2 mg, une à deux heures après leur administration par voie intraveineuse. La fréquence cardiaque et la pression artérielle n’étaient pas modifiées. Trois malades parmi ceux ayant reçu les plus fortes doses (1,5 à 2 mg) ont développé des troubles neuropsychiques, rapidement régressifs. La niravoline mérite donc d’être évaluée sur un plus grand nombre de patients, notamment en administration prolongée, aux doses (0,5 – 1 mg) qui suffisent à induire un effet aquarétique puissant sans entraîner d’effets secondaires notables. Mots clés. Foie – Traitement – Cirrhose – Syndrome hépato-rénal. A.P. J Hepatol 2000 ; 32 : 38-42 Une réponse prolongée à la lamivudine est rare en cas d’infection par un mutant pré-C U ne étude récente a montré une efficacité biochimique, virologique et histologique de la lamivudine chez les malades atteints d’hépatite chronique B anti-Hbe +/ADN VHB + (mutant pré-C). Santantonio et coll. (Italie) ont évalué la réponse à long terme chez 15 patients ayant reçu 100 mg/jour de lamivudine pendant 12 mois. Seuls 2 patients (13 %) ont eu une réponse biochimique et virologique prolongée (ALAT normale et ADN indétectable dans le sérum, 15 et 24 mois après l’arrêt du traitement), ainsi qu’une amélioration histologique. Onze patients (74 %), chez lesquels l’ALAT s’était normalisée et l’ADN était devenu indétectable pendant le traitement, ont rechuté un à douze mois après son arrêt. Enf in, 2 patients (13 %) ont présenté un échappement après 6 mois de traitement, en rapport avec l’émergence d’un mutant YMDD. Ainsi, la lamivudine est efficace pour contrôler l’infection virale dans les hépatites chroniques B associées à un mutant pré-C, mais, comme on pouvait s’y attendre, la rechute est pratiquement constante après un traitement de 12 mois. Mots clés. Foie – Traitement – Hépatite C. A.P. J Hepatol 2000 ; 32 : 300-6 ABONNEZ-VOUS ☞ 20 revues indexées avec moteur Rejoignez-nous sur le site http://www.edimark.fr de recherche ☞ un e-mail offert ☞ l’actualité des grands congrès INSCRIVEZ-VOUS Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 4, avril 2000 120