R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Il n’y en a toujours que pour la carotide ! ■ Et pourtant, l’artère vertébrale irrigue aussi des structures cérébrales, certes moins nobles, mais vitales ! Une seule étude prospective publiée jusqu’alors pour estimer le risque de récidive après un premier accident ischémique vertébrobasilaire (AICVB). Les autres : des abstracts. Dans cet article, les auteurs font la métaanalyse de ces études (n = 43) représentant 36 cohortes indépendantes ayant inclus 12 196 patients plus les données de 5 études de patients individuels, totalisant 4 643 patients. Dans les études qui ont inclus les patients dans les 7 jours suivant le premier événement vertébro-basilaire, le risque était augmenté de 47 % (1,47 [1,1-2,0] ; p = 0,014). Dans les études de population, les patients qui avaient un premier AICVB avaient un risque d’AVC augmenté de 48 % (1,48 [1,1-2,0] ; p = 0,025), avec un test d’hétérogénéité négatif. Commentaire. Cette analyse montre que les patients qui ont un AICVB ne sont pas à plus bas risque que ceux qui ont eu un AIC carotidien, et que ce risque est probablement plus élevé que pour la carotide à la phase aiguë. Comme le concluent les auteurs, les AICVB nécessitent un traitement préventif actif ! P. Amarenco, centre d’ATAC et service de neurologie, hôpital Bichat, Paris. rieure. La symptomatologie s’est manifestée 72 heures après une intoxication à la digitoxine (observation n° 1), 16 jours après un accouchement (observation n° 2) et chez une patiente traitée par corticoïdes pour une maladie de Crohn (observation n° 3). Le bilan d’imagerie a comporté une angiographie digitalisée des 4 axes à destinée cérébrale et des examens IRM comprenant des séquences de diffusion avec cartographie ADC. Dans les 3 observations, des zones d’hypersignal pariéto-occipitales, cortico-sous-corticales et symétriques ont été observées. La cartographie ADC a révélé la valeur du coefficient apparent de diffusion variable, traduisant la présence d’œdèmes vasogénique et cytotoxique. En angiographie, un rétrécissement diffus des artères intracrâniennes, légèrement plus marqué dans la circulation postérieure, a été noté. Sur les examens IRM de surveillance, une nécrose laminaire corticale a été observée alors que les lésions de substance blanche étaient résolutives, à l’exception de celles des territoires artériels de jonction. Commentaire. Les observations rapportées sont intéressantes à plusieurs titres : 1) elles sont parfaitement documentées ; 2) pour la première fois, semble-t-il, une intoxication à la digitoxine est incriminée dans la survenue d’une encéphalopathie postérieure ; 3) une encéphalopathie postérieure peut être secondaire à un vasospasme particulièrement sévère. auteurs de cette étude rapportent une plus grande fréquence de thrombose veineuse pelvienne chez les patients ayant eu un infarctus cérébral de cause indéterminée. Cependant, une échographie cardiaque ne fut réalisée que chez 92 % des patients, et aucun bilan étendu de l’hémostase ne fut obtenu chez 23 % des patients (prot C, S, ATII, APL). Trente-neuf pour cent des patients avaient un foramen ovale perméable. Une plus grande fréquence de thrombose veineuse pelvienne fut détectée chez les patients ayant un accident ischémique sans cause retrouvée (20 % versus 4 %). Une différence aussi grande était retrouvée en présence d’un foramen ovale perméable (21 % versus 0 %), mais cette différence n’atteignait pas le seuil statistique. Commentaire. Les résultats de cette étude suggèrent que des thromboses veineuses profondes pourraient expliquer certains AIC par embolie paradoxale en présence d’une communication interauriculaire. Ils doivent être confirmés, car la définition de l’AIC cryptogénique ou de cause indéterminée ne reposait pas, dans cette étude, sur un bilan identique et complet chez tous les patients, et des biais importants ont pu survenir lors de l’inclusion, qui n’était pas contrôlée. Nous ne pouvons non plus exclure que la présence d’une thrombose veineuse profonde ne soit que le reflet d’un état prothrombotique sans rapport direct avec l’événement ischémique au niveau cérébral. J.F. Meder, H. Chabriat, ✔ Weidauer S, Gaa J, Sitzer M et al. Posterior encephalopathy with vasospasm : MRI and angiography. Neuroradiology 2003 ; 45 : 869-76. ✔ Floßmann E, Rothwell PM. Prognosis of vertebrobasilar transient ischaemic attack and minor stroke. Brain 2003 ; 126 : 1940-54. hôpital Sainte-Anne, Paris. hôpital Lariboisière, Paris. VRM pelvienne dans le bilan d’un accident ischémique cérébral (AIC) ? Encéphalopathie postérieure ■ L’encéphalopathie postérieure, affection dont la physiopathologie est mal connue, est caractérisée par des céphalées, des troubles de la conscience, des crises et des troubles visuels progressifs. En imagerie par résonance magnétique, des lésions bilatérales, corticales et sous-corticales prédominant dans les régions postérieures sont observées. Les auteurs rapportent 3 observations de patients présentant des signes cliniques et des anomalies en imagerie caractéristiques d’une encéphalopathie posté- ✔ Cramer et al. Increase pelvic vein thrombi in cryptogenic stroke. Results of the paradoxical emboli from large veins in ischemic stroke (PELVIS). Stroke 2004 ; 35 : 46-50. ■ La fréquence des AIC d’origine indéterminée est d’environ 30 %. La présence d’une communication interauriculaire est plus fréquente au cours des AIC d’origine indéterminée ; l’hypothèse d’embolies paradoxales d’origine veineuse envisagée depuis longtemps n’a jamais été réellement étayée. Quatre-vingt-quinze patients ayant eu un accident ischémique cérébral ont eu une veinographie par résonance magnétique du bassin à la recherche d’une thrombose pelvienne dans les 72 heures après la survenue d’un infarctus cérébral. Ces examens étaient relus par deux radiologues spécialisés. Les La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. VIII - janvier 2004 La protéine prion présente dans la rate et les muscles dans la maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique… ■ Dans la maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique, la protéine prion pathologique (la PrPSc) a été identifiée uniquement dans le système nerveux central et les voies olfactives. Les auteurs ont utilisé une méthode très sensible de détection par mesure de la concentration de la PrPSc par précipitation différentielle avec l’acide phosphotungstique sodique – multipliant la sensibilité du Western-Blot par un facteur trois – dans les organes de 36 patients atteints de maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique. La PrPSc 17 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco était présente dans tous les cerveaux, 10 rates sur 28 et 8 muscles sur 32. Trois patients avaient la PrPSc à la fois dans la rate et les muscles. Les patients ayant une localisation extraneurologique de la PrPSc avaient une évolution significativement plus longue. Commentaire. Un tiers des patients atteints de la maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique ont de la PrPSc en dehors du système nerveux central, avec une corrélation significative à la durée d’évolution. La biopsie musculaire pourrait servir d’outil diagnostique, mais la sensibilité de la méthode reste insuffisante. Même si le taux de la PrPSc dans la rate et les muscles est très faible, des mesures de prévention en chirurgie, voire en EMG, pourraient s’avérer nécessaires si cette donnée se confirmait. D. Dimitri, ✔ Glatzel M, Abela E, Marisse M et al. Extraneural pathologic prion protein in sporadic CreutzfeldtJakob disease. N Engl J Med 2003 ; 349 : 1812-20. GH Pitié-Salpêtrière, Paris. … et dans le système nerveux sympathique dans le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob ■ Le lien entre l’encéphalopathie spongiforme bovine et le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob a eté établi sur des bases épidémiologiques et grâce à l’identification de la même souche de prion dans les deux maladies. Cependant, les mécanismes de neuro-invasion du prion après ingestion orale sont inconnus chez l’homme. Les auteurs ont étudié l’expression de la PrPSc par immunohistochimie dans les ganglions sympathiques de 3 patients décédés du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (2 hommes de 29 et 35 ans et une femme de 36 ans), de 2 patients décédés de maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique et d’un patient décédé d’une maladie de Creutzfeldt-Jakob iatrogène. La PrPSc était exprimée dans les neurones sympathiques des ganglions mésentériques supérieurs, cœliaques et stellaires des 3 patients atteints de nvMCJ et non chez les 3 patients contrôles. Commentaire. Cette étude confirme le rôle du système nerveux autonome dans la neuroinvasion par le prion, suspecté et établi chez l’animal mais jamais prouvé jusque-là chez ✔ Haïk S, Faucheux BA, Sazdovitch V et al. The sympathic nervous system is involved in variant Creutzfeldt-Jakob disease. Nature Med 2003 ; 9 : 1121-3. 18 l’homme. DD Le lupus est-il un facteur de risque cardiovasculaire ? ■ L’étude cas-témoins de Roman et al. portant sur 197 patients lupiques et 197 contrôles a comporté un écho-doppler carotidien, une échographie cardiaque et la recherche de facteurs cardiovasculaires. Ceux-ci étaient similaires entre les lupiques et les contrôles. L’athérosclérose mesurée par la présence de plaque carotidienne était plus fréquente chez les lupiques (37,1 % versus 15,2 %, p < 0,001). En analyse multivariée, seuls l’âge, la présence de lupus (oddsratio à 4,8 ; IC de 2,6 à 8,7) et une cholestérolémie élevée étaient liés de façon indépendante à la présence de plaque. En analyse multivariée chez les lupiques, les facteurs prédictifs indépendants de la présence de plaque étaient une durée d’évolution plus longue, un score de sévérité du lupus plus important, une incidence moins élevée du traitement par prednisone, hydroxychloroquine et cyclophosphamide, et l’absence d’anticorps anti-Smith et d’anticorps anticardiolipides. Asanuma et al. ont recherché des calcifications coronariennes par tomographie à faisceau d’électrons chez 65 lupiques et 60 contrôles appariés sur l’âge, le sexe et la race. Les calcifications coronariennes étaient plus fréquentes chez les lupiques (20 sur 65, 31 %) que chez les contrôles (6 sur 69,9 %) (p = 0,002). La sévérité des calcifications était significativement plus importante chez les lupiques. L’hypertension artérielle était significativement plus fréquente chez les lupiques, et le taux de triglycérides et d’homocystéine significativement plus élevé par rapport aux contrôles ; le taux de cholestérol total, LDL- et HDL-cholestérol ne différait pas entre les 2 groupes. L’odds-ratio pour le risque d’avoir des calcifications des coronaires chez les lupiques par rapport aux contrôles était de 9,8 (p = 0,001) après ajustement sur l’âge, le sexe, le nombre de paquets-années, la présence ou non d’une hypertension artérielle, les taux de triglycérides et d’homocystéine. Chez les lupiques, les patients ayant des calcifications étaient plus âgés (p < 0,001) et de sexe masculin (p = 0,008) par rapport aux lupiques n’ayant pas de calcifications, mais le score de sévérité du lupus était similaire dans les deux groupes. Il n’y avait pas de différence significative quant à l’utilisation de corticoïdes. Commentaire. Ces deux études suggèrent que le lupus est un facteur indépendant d’athérosclérose précoce. Les femmes lupiques ont un risque relatif d’athérosclérose de 5 par rapport à la population générale et de 50 pour les lupiques de moins de 45 ans. Dans les deux études, les marqueurs d’athérosclérose étaient positifs pour 31 à 37 % des patients, contre 9 à 15 % des contrôles, avec une prévalence de près de 33 % chez les lupiques âgés de moins de 50 ans. Les corticoïdes au long cours n’augmentaient pas le risque, voire le diminuaient, suggérant un effet anti-inflammatoire protecteur. Les mécanismes d’athérogenèse restent inconnus dans le lupus, mais l’inflammation est incriminée, comme elle l’est d’ailleurs dans l’athérosclérose dans la population générale. Des études longitudinales avec des marqueurs de l’inflammation sont nécessaires pour établir cette relation entre l’inflammation et l’athéro✔ Roam MJ, Shanker BA, Davis A. Prevalence and correlates of accelerated atherosclerosis in systemic lupus erythematosus. N Engl J Med 2003 ; 349 : 2399-406. ✔ Asanuma Y, Oeser A, Shintani AK et al. Premature coronary-artery atherosclerosis in systemic lupus erythematosus. N Engl J Med 2003 ; 349 : 2407-15. ✔ Hahn BV. Systemic lupus erythematosus and accelerated atherosclerosis. N Engl J Med 2003 ; 349 : 2379-80. sclérose dans le lupus. DD L’écoute du patient ■ Cette étude clinique a étudié la pertinence et la valeur spécifique des données anamnestiques pour poser le diagnostic d’épilepsie du lobe temporal. Quatre-vingthuit patients en cours d’évaluation préchirurgicale pour une épilepsie pharmacorésistante du lobe temporal ont été prospectivement inclus dans cette étude. Lors de l’EEG-vidéo, il a été demandé aux patients de tenir un calendrier détaillé et descriptif de la survenue de tout élément clinique jugé anormal. Ces données purement descriptives émanant du patient ont été soumises à deux épileptologues en double aveugle, qui devaient décider, selon la description, s’il s’agissait ou non d’événements épileptiques et, si oui, les classer selon la classification internationale des crises. L’enregistrement concomitant en EEG-vidéo permettait la classification définitive des malaises et servait de gold-standard. Sur la seule description des crises, 94 % des malaises ont été correctement identifiés. Dans l’ensemble, les épileptologues se trompaient rarement sur l’identification des crises comitiales (sensibilité de 96 %), mais avaient tendance à étiqueter “comitial” des événements qui ne l’étaient pas (spécificité de 50 %). La classification des crises en crises partielles complexes ou généralisées secondairement était correcte dans tous les cas. Commentaire. L’anamnèse du patient et La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. VIII - janvier 2004 de son entourage est l’un des éléments les plus déterminants d’une consultation d’épileptologie. Cette étude montre à quel point ce premier temps est crucial et permet le plus souvent de poser un diagnostic adéquat (tout à la fois de l’épilepsie et de sa localisation). Néanmoins, les épileptologues ont parfois tendance à “surdiagnostiquer” l’épilepsie. L’EEG-vidéo représente alors l’élément clé pour authentifier le caractère comitial des malaises décrits par les patients. ✔ Deacon C, Wiebe S, Blume WT et al. Seizure identification by clinical description in temporal lobe epilepsy : how accurate are we ? Neurology 2003 ; 61 (12) : 1686-9. S. Dupont, unité d’épileptologie, GH Pitié-Salpêtrière, Paris. La gabapentine (Neurontin®) dans le traitement des céphalées chroniques quotidiennes (CCQ) ■ Un groupe australien a étudié la gabapentine dans le traitement des CCQ via un essai multicentrique en double-insu contre placebo avec cross-over. Le critère principal d’efficacité était le pourcentage de jours sans mal de tête sur chacune des périodes étudiées. Il s’agissait de 133 patients (41 hommes, 92 femmes) âgés en moyenne de 43 ans et souffrant tous depuis au moins 6 mois, et plus de 15 jours par mois, durant plus de 4 heures à chaque fois (migraine 25 %, céphalée de tension 21 %, combinaison des 2 : 65 %). Un des critères importants d’exclusion était l’abus de dérivés de l’ergot ou de triptans. Chaque période (gabapentine jusque 2 400 mg ou placebo séparés par une période de 7 jours de washout) comportait 2 semaines de titration et 6 semaines de prise régulière. Sur les 95 patients évaluables, la proportion de journées sans mal de tête était de 10 % avant randomisation, de 17,5 % sous placebo et de 26,6 % sous gabapentine (p = 0,0005). La gabapentine se révélait également efficace sur le nombre de jours sans mal de tête, la sévérité, les symptômes associés (nausées), le handicap en général et la qualité de vie. Commentaire. Cet essai a le mérite d’attester de l’efficacité de la gabapentine à 2 400 mg dans cette situation si courante des céphalées chroniques, et de justifier son utilisation – certes hors AMM – dans cette indication. Soulignons néanmoins le coût (120 €/mois), l’efficacité relative (– 9 % de journées sans mal de tête), qui doit rendre modeste dans les espoirs thérapeutiques, et la fréquence des effets secondaires de la gabapentine (vertiges 21 % versus 5 %, somnolence 18 % versus 5 %), conforme à ce qui est observé habituellement avec cette molécule. Voici donc un traitement de plus dans notre arsenal thérapeutique, lequel, fort disparate, contient à la fois plusieurs molécules (amitryptiline, clonazépam, valproate, IRS, etc.), une bonne dose d’empathie, de patience et d’accompagne✔ Spira PJ et al. Neurology 2003 ; 61 : 1753-9. ment psychologique, et les diverses méthodes de relaxation corporelle. J. d’Anglejan-Chatillon, Versailles. Stimulation sous-thalamique dans la maladie de Parkinson. Résultats à distance ■ Il s’agit de l’expérience grenobloise en matière de stimulation bilatérale à haute fréquence du noyau subthalamique chez 49 patients atteints de maladie de Parkinson dopa-sensible, tous choisis, opérés et suivis dans le même centre. Les évaluations cliniques ont été réalisées chez tous les patients avec et sans médicaments à intervalles réguliers en utilisant des échelles validées et standardisées permettant une comparaison au fil du temps. Seuls sept patients ont été perdus de vue, dont trois sont décédés (un suicide). Les résultats montrent qu’à cinq ans, la stimulation sans médicaments supprime les dyskinésies, améliore de 54 % les scores moteurs et de 49 % les échelles de qualité de vie. Cependant, les signes axiaux (troubles de la voix et posturaux) s’aggravent progressivement à un an et à cinq ans, ce qui plaide pour l’aggravation de la maladie. Le traitement médicamenteux n’est pas plus actif sur ces symptômes. En ce qui concerne le déclin cognitif, qui est présent pour un petit nombre de patients (trois), la stimulation, comme les médicaments, ne le prévient pas et il est probable qu’il s’agisse de patients atteints d’une maladie un peu différente. Sur le plan psychiatrique, les scores de dépression sont stables. En conclusion, l’amélioration des symptômes parkinsoniens secondaires à la stimulation subthalamique bilatérale se maintient cinq ans après l’intervention. Cependant, la maladie continue d’évoluer. Commentaire. Il s’agit de la première grande série publiée, évaluée pendant 5 ans sérieusement, mais sans groupe contrôle. Cet article confirme l’impression que la stimulation du noyau subthalamique est aussi efficace que la L-dopathérapie, mais dépourvue de ses complications motrices. Cependant, elle n’empêche pas l’évolution de la maladie, avec l’installation de signes témoignant d’une atteinte des systèmes non La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. VIII - janvier 2004 ✔ Krack P et al. Five-year follow-up of bilateral stimulation of the subthalamic nucleus in advanced Parkinson’s disease. N Engl J Med 2003 ; 349 (20) : 1925-34. dopaminergiques. C. Karachi, service de neurochirurgie, GH de la Pitié-Salpêtrière, Paris. L’encéphalite léthargique : une maladie auto-immune des ganglions de la base ? ■ En 1917, von Economo a décrit l’encéphalite léthargique (EL), touchant le mésencéphale et les ganglions de la base, s’installant de façon subaiguë après une pharyngite. L’épidémie dévastatrice européenne d’EL (1916-1927) a été contemporaine de la pandémie de grippe du virus influenza en 1918, et les deux maladies ont été rapprochées. Cependant, on n’a pas pu retrouver, dans le cerveau de malades atteints de l’EL historique, de traces de l’ARN du virus d’influenza de la pandémie de 1918. En revanche, une réponse immunitaire sous forme de bandes oligoclonales intrathécales a été rapportée dans des formes sporadiques, et certains malades ont été améliorés sous traitement par corticoïdes, ce qui a suscité l’hypothèse d’une maladie auto-immune. Récemment, une équipe anglaise a examiné, en trois ans, 20 malades de 2 à 69 ans, la majorité étant des enfants ou de jeunes adultes présentant un syndrome d’encéphalite léthargique, précédé d’une pharyngite pour 55 % d’entre eux. Le phénotype était similaire à celui de l’EL historique : troubles du sommeil (somnolence, inversion du rythme du sommeil, insomnie), léthargie, syndrome parkinsonien, dyskinésies et symptômes neuropsychiatriques. Un malade est décédé et quatre ont dû être ventilés (et seraient probablement décédés à l’époque de l’épidémie historique, qui avait une mortalité de 20 à 40 %). Cinq malades ont bien récupéré ; les autres ont gardé des séquelles. L’analyse du LCR révélait des bandes oligoclonales chez 70 % des malades. Une encéphalite virale et les autres causes de syndrome parkinsonien d’installation aiguë ont été exclues. L’IRM cérébrale montrait des signes inflammatoires au niveau des ganglions de la base dans 40 % des cas. Les titres antistreptolysine O étaient élevés chez 65 % des malades. Quatre-vingt-quinze pour cent des malades avaient des anticorps contre des antigènes des ganglions de la base contre 2 à 4 % dans une population contrôle. Les auteurs concluent que l’EL doit toujours faire partie du diagnostic différentiel en neurologie, et suggèrent qu’il s’agit 19 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco d’une maladie auto-immune postinfectieuse comme la chorée de Sydenham ou le PANDAS. Commentaire. Si cette épidémie récidivait actuellement, comment s’adapteraient les ✔ Dale RC et al. Encephalitis lethargica syndrome : 20 new cases and evidence of basal ganglia autoimmunity. Brain 2004 ; 127 : 21-33. services d’urgence ? P. Krack, département de neurologie, CHU de Grenoble. Stenting pour les dissections carotides : une nouvelle thérapeutique en cas d’aggravation sous héparinothérapie ? de 99 %. La mise en place d’un stent, réalisée de quelques heures jusqu’à 2 semaines après le début de la symptomatologie, a permis de normaliser le diamètre luminal et de régulariser l’hémodynamique d’aval. Les suites ont été favorables, sans complications pendant et au décours de la procédure. Commentaire. Pour les patients qui ont une dissection carotide et qui s’aggravent sous traitement anticoagulant, le traitement endovasculaire représente une opportunité thérapeutique dans un contexte où le traitement médical atteint ses limites. Cette thérapeutique endovasculaire, qui doit être évaluée, ne devrait concerner qu’une faible proportion des patients avec une dissection carotide. M. Mazighi, ■ La prise en charge thérapeutique des dissections carotides repose sur l’anticoagulation dans la plupart des centres, même si cette thérapeutique n’a pas été évaluée par des études randomisées. L’aggravation de patients sous traitement anticoagulant a conduit certaines équipes à proposer un traitement endovasculaire en cas de retentissement hémodynamique d’aval ou d’accidents thromboemboliques récidivants. Cohen et al. rapportent 3 cas de stenting à la phase aiguë de dissections carotides spontanées, chez des patients dont le déficit neurologique s’est aggravé ou a récidivé sous traitement anticoagulant. Les explorations neuroradiologiques effectuées chez ces patients ont montré une hypoperfusion significative ou une large pénombre documentées par un mismatch en IRM de diffusion/perfusion et/ou par des arguments angiographiques d’ischémie lors de la parenchymographie. Dans tous les cas, l’angiographie a mis en évidence une sténose de la lumière artérielle ✔ Cohen JE et al. Emergent stenting to treat patients with carotid artery dissection – Clinically and radiologically-directed therapeutic decision making. Stroke 2003 ; 34 : e254-e257. service de neuroradiologie interventionnelle, hôpital Lariboisière, Paris. Angioplastie intracrânienne, la population cible reste à définir… ■ En fonction des populations étudiées, l’athérosclérose intracrânienne est responsable de 10 à 29 % des infarctus cérébraux (IC). Alors qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, de consensus sur la prise en charge thérapeutique des sténoses athéroscléreuses intracrâniennes, le traitement endovasculaire de ces lésions, dont la faisabilité a été rapportée sur de petites séries, est de plus en plus pratiqué. Gupta et al. rapportent l’expérience d’un centre sur des patients hospitalisés pour des IC mineurs et instables neurologiquement. Cette étude rétrospective a été réalisée, entre 1997 et 2002, sur 18 patients (21 lésions intracrâniennes) dont la pathologie a récidivé sous traitement médical maximal (anticoagulant ± antiagrégant plaquettaire). Les lésions athéroscléreuses traitées ont été : l’artère carotide interne distale (n = 8), l’artère cérébrale moyenne (n = 6), l’artère vertébrale intracrânienne (n = 4) et le tronc basilaire (n = 3). La restitution de la lumière artérielle a été complète dans 5 cas et partielle dans 14 cas. Pour un patient, la sténose n’a pu être franchie, et, dans un autre cas, l’angioplastie s’est compliquée d’une occlusion artérielle. Au total, 28 % des patients ont eu une complication liée à la procédure sous la forme d’un accident vasculaire cérébral majeur (IC invalidant : 11 % ; hémorragie cérébrale : 16,6 %), avec une mortalité globale de 17 %. Dans 22 % des cas, une hémorragie extracrânienne majeure (nécessitant une transfusion) a été observée. Commentaire. Dans cette série, le taux de complications est plus important que dans la littérature, mais illustre bien le fait que l’angioplastie des artères intradurales est une procédure à haut risque. Ce traitement endovasculaire n’est à proposer qu’aux patients symptomatiques à risque élevé, et les patients asymptomatiques ne devraient pas être traités en dehors d’études randomisées. MM ✔ Gupta R et al. Urgent endovascular revascularization for symptomatic intracranial atherosclerotic stenosis. Neurology 2003 ; 61 : 1729-35. Claudie Damour -Terrasson, entourée de son équipe, vous présente ses vœux les plus sincères ●Les Lettres et leurs suppléments Les Actualités pour une nouvelle année 2004 ●Les Correspondances ●Les Courriers ●Professions Santé ● L e s Pa g e s d e l a P r a t i q u e M é d i c a l e N O U S 20 F A I S O N S Groupe de presse et d’édition santé D E V O S S P É C I A L I T É S N O T R E S P É C I A L I T É La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. VIII - janvier 2004