braux postopératoires, il n’y a pas de rai-
son d’envisager ce dépistage avant une
chirurgie
majeure, cardiaque ou vasculaire
notamment.
En revanche, il est nécessaire d’effec-
tuer un écho-doppler cervical devant
tout accident ischémique du territoire
carotidien d’évolution favorable. En
effet, les données cliniques sont trop peu
sensibles pour restreindre le dépistage de
la sténose à une fraction des patients (6).
Cette recherche doit se faire dans la
population de patients pour laquelle le
bénéfice de la chirurgie carotidienne a
été démontré : âge inférieur à 80 ans,
absence de défaillance viscérale, de
démence et infarctus cérébral n’entraî-
nant pas de dépendance dans la vie quo-
tidienne. Concrètement, les patients
inclus dans les essais avaient une espéran-
ce
de vie de 5 ans (7).
La mise en évidence d’une sténose
carotidienne repose sur l’exploration
ultrasonore associant doppler continu,
échographie et doppler pulsé couleur. La
conjonction de ces examens permet de
détecter les sténoses avec une excellente
sensibilité : un doppler continu normal
exclut la présence d’une sténose supé-
rieure à 60 %.
Comment mesurer
une sténose carotidienne ?
L’ e xploration ultrasonore, en couplant
les informations hémodynamiques du
doppler continu et morphologiques (rap-
port de surface) de l’échographie, per-
met
de mesurer le degré de sténose de
manière
précise. Cependant, les résultats
dépendent de l’examinateur, et certaines
situations (sténoses calcifiées, bifurca-
tion carotidienne haute, sténose pseudo-
occlusive…) conduisent à des difficultés
d’interprétation. Pour ces raisons, il est
nécessaire de coupler aux ultrasons
une autre exploration non invasive :
imagerie par résonance magnétique en
temps de vol ou après injection de gado-
linium, angio-scanner hélicoïdal.
La concordance des deux méthodes per-
met d’apprécier au mieux le degré de sté-
nose. Concrètement, cette stratégie
nécessite de bien connaître les divers
intervenants effectuant les examens et de
tenir compte des limites de ces explora-
tions : les sténoses pseudo-occlusives
peuvent être prises pour des occlusions,
aussi bien par l’écho-doppler que par
l’angiographie par résonance magnétique
(8) ; les sténoses de sévérité moyenne
(environ 70-80 %) sont celles où la repro-
ductibilité interobservateur de la mesure
est la moins bonne (9), et ce pour toutes
les méthodes radiologiques : on risque
alors, en cas de surestimation du degré de
sténose, de poser à tort une indication
opératoire (voir infra). Dans cette situa-
tion, comme lorsque les explorations sont
discordantes, force est de recourir à l’an-
giographie intra-artérielle si l’on est cer-
tain de faire une endartériectomie en cas
de sténose serrée. Celle-ci exposant à un
risque de 1 % de complications neurolo-
giques ne doit donc plus être systéma-
tique. Mieux vaut adresser le patient à
une équipe disposant des explorations
non invasives que faire
d’emblée une
angiographie intra-artérielle, p
arce qu’elle
seule est disponible sur place.
Sur quels critères envisager
l’endartériectomie pour une
sténose carotidienne sympto-
matique ?
Les résultats finaux des études NASCET
et ECST montrent que l’on peut séparer
les patients en trois groupes, selon leur
degré de sténose :
– les sténoses supérieures à 85-90 %
(selon la méthode de mesure européen-
ne)
confèrent un risque d’infarctus
cérébral d’environ 25 % à deux ans, ce
qui permet, lorsque le risque chirurgi-
cal est inférieur à 6-7 %, de prévenir un
infarctus cérébral pour 6 patients opé-
rés. Dans ce groupe de patients, le
bénéfice existe chez l’homme et chez la
femme, que l’accident ischémique soit
rétinien ou cérébral, transitoire ou
constitué (7, 10) ;
–
les sténoses “intermédiaires”, comprises
entre 70-75 % et 85-90 %, confèrent un
risque nettement plus faible d’infarctus
cérébral, estimé à 22 % à 5 ans (11, 12).
Lorsque le risque chirurgical est infé-
rieur à 6-7 %, il est nécessaire d’opérer
15 patients pour prévenir un infarctus
cérébral à cinq ans. Le bénéfice de la
chirurgie est donc moindre. De plus, il
n’est pas retrouvé chez tous les patients :
les femmes et les sujets ayant présenté un
accident rétinien ne bénéficient plus de
l’intervention ;
– les sténoses de degré inférieur à 70-
75 % ne doivent pas être opérées, la chi-
rurgie n’apportant aucun bénéfice par
rapport au traitement médical.
Les trois éléments essentiels permet-
tant d’évaluer le risque spontané d’in-
farctus cérébral sont donc le degré de
sténose, le sexe du patient et le type
d’accident ischémique. Dans le groupe
des sténoses supérieur à 85-90 %, de
multiples facteurs de risque ont été éva-
lués au cours d’une analyse pré-spécifiée
de l’essai NASCET : sexe masculin, âge
supérieur à 70 ans,
hypertension artériel-
le,
tabagisme, diabète, hyperlipidémie,
coronaropathie, insuffisance cardiaque,
aspect “ulcéré” de la sténose à l’angio-
graphie, sténose supérieure à 90 %, acci-
dent ischémique datant de moins de 30
jours, enfin caractère constitué de l’acci-
dent ischémique. Lorsque, au plus, 5 de
ces facteurs sont présents, le risque d’in-
farctus cérébral est seulement de 17 % à
deux ans, alors qu’il atteint 39 % lorsque
7facteurs ou plus sont retrouvés (7).
Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier 2002 136
plate-forme
Plate-Forme