EDITORIAL
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La Lettre d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 235 - septembre 1998
a détection des tumeurs de l’angle est une arme à
double tranchant : d’un côté, l’excès d’examens
expose à des sanctions ; de l’autre, un défaut de pres-
cription d’examens peut exposer à une plainte.
Le cas suivant peut illustrer ce propos : un patient affligé d’une
surdité brusque n’effectue pas les examens prescrits à la
recherche d’une tumeur, s’en tient à l’hypothèse circulatoire,
et décède quelques années plus tard lors de l’ablation du neuri-
nome. Or, la prescription n’ayant été qu’orale, l’ORL ne peut
en apporter la preuve et partagerait, selon l’expertise, une part
de la responsabilité du décès.
Donc, pas d’état d’âme
Tout incident, trouble unilatéral, asymétrique du VIII, et/ou
des nerfs de la fosse postérieure doit entraîner ipso facto une
prescription d’examens dont le double sera soigneusement
conservé, en ville comme à l’hôpital.
À ce propos, il est utile de transmettre les recommandations
concernant les indications des PEA et des IRM, suivant les
opinions de 90 anciens ou actuels membres de l’Institut House.
Pour ceux-ci, les réponses à la question posée par l’enquête
sont les suivantes.
Quand faut-il suspecter la présence d’un neurinome de
l’acoustique ?
– Lorsqu’une différence tonale d’au moins 20 db existe entre
les deux côtés.
– Lorsqu’une différence d’intelligibilité d’au moins 50 % existe.
– En cas d’acouphène unilatéral.
– En cas d’hypoacousie fluctuante des fréquences graves.
– En cas de parent atteint de NF2.
Dans ces cas, le risque qu’il existe un neurinome est évalué à
0,1 %, et ce pourcentage justifie d’effectuer les PEA.
– En cas de surdité brusque récupérée ou non.
– De différence tonale de 40 db ou plus.
– De différence vocale de 50 % ou plus.
– De distorsion au téléphone, même avec audition normale.
– De surdité unilatérale progressive.
Dans ces cas, on estime le risque d’existence d’un neurinome à
1 %, et ce pourcentage justifie l’IRM.
Le pourcentage de PEA normaux est estimé à 3,3 % dans les
petites tumeurs, 1,1 % dans les tumeurs moyennes et 1,4 %
dans les grandes tumeurs, mais à 15 % dans les tumeurs de
l’angle qui ne sont pas des neurinomes (méningiomes, etc.).
Cependant, l’auteur[1] de l’enquête précise que les opinions
exprimées ne sauraient être davantage que des guides pour les
spécialistes et qu’elles ne sont pas les “dix commandements”
en ce qui concerne assurances professionnelles et expertises
judiciaires.
Il faut ajouter qu’au vu du nombre croissant de volumineux
neurinomes de l’acoustique découverts chez des adultes
jeunes, voire des adolescents, sur la base de troubles unilaté-
raux très légers (plénitude, acouphène, minuscule chute des
fréquences aiguës), il convient de se méfier et de ne pas hésiter
à prescrire PEA, scanner ou IRM.
Post hoc ergo propter hoc
J.M. Sterkers*
*4, rue Michel-Ange, 75016 Paris.
L
[1] Mangham A. Expert opinion on the diagnosis of acoustic tumors.
Otolaryngol Head Neck Surg 1997 ; 6 : 622-7.
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