Série d`exercices no 1. Premiers pas - IMJ-PRG

Universit´e Pierre & Marie Curie (Paris 6) Licence de Math´ematiques L3
UE 3M290 – Probabilit´es 1 Ann´ee 2016–2017
S´erie d’exercices no1. Premiers pas
Une ´etoile d´esigne un exercice important.
Rappel de notations :
Ck
n=n
k=n!
k!(nk)! est le nombre de choix non ordonn´es de k´el´ements distincts pris parmi n.
Ak
n=n!
(nk)! est le nombre de choix ordonn´es de k´el´ements distincts pris parmi n.
Exercice 1.1. De combien de fa¸cons peut-on mettre nboules num´erot´ees dans purnes ? De
combien de fa¸cons peut-on mettre nboules identiques dans purnes ?
Solution.
1. Il y a pchoix ind´ependants pour chaque boule, soit pnmani`eres de placer nboules
num´erot´ees dans purnes.
2. Si les boules sont identiques, cela revient `a consid´erer n+p1 positions align´ees, avec
deux parois aux deux extr´emit´es. Sur les n+p1 positions, on place nboules et p1
parois, dessinant ainsi purnes dont la somme des boules est ´egale `a n. Voici un exemple
lorsque n= 5 ; p= 3 : il y a 2 boules dans la premi`ere urne, 0 dans la deuxi`eme, 3 dans
la troisi`eme :
|∗∗||∗∗∗|
On choisit donc la positions des nboules parmi les n+p1 positions possibles, les p1
parois ´etant alors plac´ees dans les positions restantes. De mani`ere analogue, on pourrait
aussi placer les p1 parois. Il y a donc n+p1
n=n+p1
p1mani`eres de le faire.
On peut aussi voir que ce probl`eme revient `a d´ecomposer ncomme somme de pentiers
naturels, o`u l’entier naturel nirepr´esente le nombre de boules dans la i`eme urne.
Exercice 1.2. Une urne contient 10 boules num´erot´ees de 1 `a 10. On tire avec remise 4 boules
de l’urne.
1. D´ecrire un espace probabilis´e (Ω,F,P) pouvant mod´eliser cette exp´erience.
2. D´eterminer les probabilit´es d’obtenir :
(a) quatre nombres dans un ordre strictement croissant.
(b) quatre nombres dans un ordre croissant (au sens large).
(c) au moins une fois le nombre 3.
Solution.
1. L’espace probabilis´e associ´e `a cette exp´erience peut s’´ecrire :
Ω = {(a1, a2, a3, a4) : ai= 1,··· ,10}.
Le cardinal de l’ensemble Ω est : card(Ω) = 104. La probabilit´e d´efinie sur P(Ω) est la
probabilit´e uniforme : ω,P({ω})=1/104. La probabilit´e de tout ´el´ement Ade
P(Ω) se calcule alors ainsi :
P(A) = X
ωA
P({ω}) = card(A)
card(Ω) .
2. (a) Soit A1l’ensemble de tous les quadruplets dans un ordre strictement croissant. Alors
le nombre d’´el´ements de A1est le nombre de combinaisons : 10
4. On peut le montrer
de 2 fa¸cons diff´erentes :
-A1est en bijection avec l’ensemble des parties `a 4 ´el´ements pris parmi 10. En
effet, chaque partie est associ´ee de mani`ere unique avec une suite croissante (il suffit
d’arranger les ´el´ements par ordre croissant)
- on peut aussi voir que le nombre de quadruplets (a1, a2, a3, a4) avec 4 ´el´ements
distincts pris parmi 10 est A4
10, qu’on doit ensuite diviser par 4! pour ne compter
que les quadruplets qui sont strictement croissants.
La probabilit´e d’obtenir quatre nombres dans un ordre strictement croissant est donc
P(A1) = 10
4/104= 0,021.
(b) Soit A2l’ensemble de tous les quadruplets dans un ordre croissant au sens large.
Dans A2, il y a 10 quadruplets de nombres tous identiques, 2 ×10
2quadruplets
de nombres dont trois sont ´egaux, 3 ×10
3quadruplets de nombre dont deux sont
´egaux, 10
2quadruplets de nombres compos´es de deux couples de nombres identiques
et 10
4quadruplets de nombres tous distincts. Soit P(A2) = 10 + 2 ×10
2+ 3 ×
10
3+10
2+10
4/104= 0,0715.
On peut aussi raisonner de la mani`ere suivante : L’application (a1, a2, a3, a4)7→
(a1, a2+1, a3+2, a4+3) est une bijection de A2sur l’ensemble A0
2={(a1, a2, a3, a4) :
a1< a2< a3< a4, ai= 1,··· ,13}. Le cardinal de A2est donc ´egal `a celui de A0
2,
c’est `a dire 13
4.
(c) Soit A3l’´ev´enement correspondant. Alors le cardinal du compl´ementaire Ac
3de A3
est le nombre de quadruplets obtenus en r´ealisant cette exp´erience avec 9 nombres,
c’est `a dire card(Ac
3)=94. On a alors P(A3)=1P(Ac
3)=1(9/10)4= 0,3439.
Exercice 1.3. Soient Aet Bdeux ´ev´enements d’un espace probabilis´e (Ω,F,P) tels que P(A) =
P(B)=3/4. Donner un encadrement optimal pour la valeur de P(AB). Donner des exemples
dans lesquels les bornes de l’encadrement sont atteintes.
Solution. Il est clair que ces deux ´ev´enements peuvent ˆetre tels que : P(AB) = 1. Or, d’apr`es
une propri´et´e bien connue des mesures de probabilit´e, nous avons :
P(AB) = P(A) + P(B)P(AB).
La valeur minimale que peut prendre P(AB) est donc : 1/2. D’autre part, on a P(AB)
P(A)=3/4.
Donnons un exemple. Soit Ω = {1,2,3,4}. On consid`ere la probabilit´e uniforme Psur
P(Ω). Pour A=B={1,2,3},P(AB) = 3
4: le maximum est atteint. Pour A={1,2,3},
B={2,3,4},P(AB) = 1
2: le minimum est atteint.
Exercice 1.4. Une urne contient trois sacs. Le sac S1contient 2 pi`eces d’or, le sac S2contient?
2 pi`eces ordinaires, le sac S3contient une pi`ece d’or et une pi`ece ordinaire. Le jeu consiste `a
tirer un sac au hasard (avec probabilit´e uniforme) puis `a tirer une pi`ece au hasard dans ce sac.
1. Quelle est la probabilit´e de tirer une pi`ece d’or ?
2. Supposons que l’on ait tir´e une pi`ece d’or. Quelle est alors la probabilit´e pour que l’autre
pi`ece du sac soit en or ?
Solution. On note Si, l’´ev´enement : {tirer le sac Si},i= 1,2,3, A, l’´ev´enement : {tirer une
pi`ece d’or}et B, l’´ev´enement : {tirer une pi`ece ordinaire}.
1) Soit Ω l’espace probabilis´e, alors Ω = S1S2S3et
P(A) = P(A(S1S2S3))
=P(AS1) + P(AS2) + P(AS3)
= 1/3×1+1/3×0+1/3×1/2=1/2.
2) La probabilit´e que l’on cherche est P(S1|A). Il est ´evident que P(A|S1) = 1, d’o`u :
P(S1|A) = P(A|S1)P(S1)
P(A)= 2/3.
Exercice 1.5. Un document a ´et´e perdu. La probabilit´e pour qu’il se trouve dans un meuble
est p, (0 < p < 1). Ce meuble comporte sept tiroirs. Dans le cas o`u le document est dans le
meuble, il se trouve avec mˆeme probabilit´e dans chacun des sept tiroirs. On explore six tiroirs
sans trouver le document. Quelle est la probabilit´e de le trouver dans le septi`eme ?
Solution. Soit Al’´ev´enement : {le document se trouve dans le septi`eme tiroir}, et Bl’´ev´enement :
{le document se trouve dans l’un des six premiers tiroirs}. La probabilit´e que l’on cherche est
P(A|Bc). D’une part, P(A) = p/7, P(B)=6p/7 et d’autre part Aest inclus dans Bcdonc
P(A|Bc) = P(ABc)
P(Bc)=P(A)
1P(B)=p
76p.
Exercice 1.6. On propose un QCM `a une ´etudiant : 5 r´eponses possibles sont propos´ees.
L’´etudiant connaˆıt (et donne) la bonne r´eponse avec probabilit´e p, et s’il ne la connaˆıt pas, il
choisit une des 5 possibilit´e au hasard.
1. Quelle est la probabilit´e que la r´eponse donn´ee par l’´etudiant soit la bonne ?
2. Le correcteur, une fois la copie en main, voit que l’´etudiant a donn´e la bonne r´eponse.
Quelle est la probabilit´e qu’il connaissait la bonne r´eponse ?
Solution.
1. On d´ecompose la probabilit´e :
P(bonne r´eponse) = P(connaˆıt) + P(ne connaˆıt pas mais choisit la bonne par hasard)
p+ (1 p)1
5=4p+ 1
5
2. On cherche
P(connaˆıt |bonne eponse) = P(connaˆıt bonne r´eponse)
P(bonne r´eponse) =5p
4p+ 1
Exercice 1.7. On tire deux cartes d’un jeu de 32. Quelle est la probabilit´e d’obtenir une
paire ? Si l’on n’a pas obtenu une paire, on a le choix entre jeter l’une des deux cartes tir´ees et
en retirer une parmi les 30 restantes, ou jeter les deux cartes tir´ees et en retirer deux parmi les
30 restantes. Quelle strat´egie donne la plus grande probabilit´e d’avoir une paire `a la fin ?
Solution. On choisit comme univers Ω l’ensemble des tirages de deux cartes non ordonn´ees
parmi 32, ainsi ||=32
2. On munit Ω de la tribu F=P(Ω) et de la probabilit´e uniforme P,
de sorte que pour tout ´ev`enement Ade F, on a :
P(A) = |A|
||=|A|
32
2=|A|
16 ×31 .
Soit Al’´ev´enement “on tire une paire”. Alors |A|=8
14
2= 48 (8 choix pour la hauteur
de la paire et 4
2choix pour les deux couleurs). Ainsi, P(A) = 48
16×31 =3
31 0,097. Supposons
que l’on n’ait pas obtenu de paire.
Pour la premi`ere strat´egie, on prend comme univers Ω1le tirage d’une carte parmi 30,
avec l’information de la carte gard´ee ; ainsi |1|= 30. L’´ev´enement Aest encore “on tire une
paire”, vu comme un sous ensemble de Ω1cette fois. On a alors |A|=3
1, car il y a 3 choix
pour la couleur de la deuxi`eme carte, dont la hauteur est fix´ee par la carte gard´ee. Ainsi,
P(A) = 3
30 =1
10
Pour la deuxi`eme strat´egie, on prend comme univers Ω2, l’ensemble des tirages de 2 cartes
parmi 30, avec l’information des deux cartes jet´ees, ainsi |2|=30
2. L’´ev´enement Aest vu
comme un sous-ensemble de Ω2. On a |A|=2
13
2+6
14
2. En effet, soit on choisit une
des deux hauteurs des cartes jet´ees, auquel cas, il y a 2 choix parmi 3 pour la couleur, soit
on choisit une des 6 autres hauteurs, auquel cas on 2 choix parmi 4 pour la couleur. Donc,
P(A) = 6+36
15×29 =14
145 <1
10 .
C’est donc la premi`ere strat´egie qui donne la plus grandes possibilit´e d’obtenir une paire.
Exercice 1.8. Une urne contient Nboules num´erot´ees de 1 `a N. On tire successivement sans
remise nboules de l’urne, avec 1 nN.
1. Quel est l’ensemble Ω des r´esultats possibles ? Calculer card(Ω).
2. Les boules num´erot´ees de 1 `a Msont rouges (M < N) et les boules num´erot´ees de M+1
`a Nsont blanches. Soit Akl’´ev´enement {La k-i`eme boule tir´ee est rouge}.
(a) Calculer P(Ak).
(b) Calculer P(AkAm).
Solution.
1. L’espace probabilis´e associ´e `a cette exp´erience peut s’´ecrire :
Ω = {(a1, a2,··· , an) : ai∈ {1,··· , N}, ai6=ai, si i6=j}.
Le cardinal de cet ensemble est : card(Ω)=An
N=N(N1) ···(Nn+1). Celui-ci ´etant
muni de la probabilit´e uniforme, on a pour tout A∈ P(Ω),
P(A) = X
ωA
P({ω}) = card(A)
card(Ω) .
2. (a) Aks’´ecrit : Ak={(a1,··· , an)Ω : ak∈ {1,2,··· , M }}. On doit d´enombrer Ak.
On propose 2 solutions :
- l’application
AkA1
(a1,··· , ak,··· , an)7→ (ak, a2,··· , ak1, ak+1,··· , an)
est une bijection de Akdans A1, d’o`u card(Ak)=card(A1). Le cardinal de A1est :
card(A1)=M(N1) ···(Nn+ 1).
- On peut aussi d´enombrer directement l’ensemble Ak. On a Mchoix pour la boule
k. Une fois la boule kchoisie, le nombre de choix pour les boules restantes est donn´e
par le nombre de choix ordonn´es de n1 ´el´ements distincts pris parmi N1, `a
savoir An1
N1. On obtient card(Ak)=M An1
N1.
On a donc P(Ak) = M/N . (Remarquons que la probabilit´e de l’´ev´enement Akne
d´epend pas de ket est ´egale `a la proportion de boules rouges dans l’urne). On propose
une autre solution pour calculer P(Ak). Notons Xkle num´ero de la boule k. C’est
donc une variable al´eatoire. Par sym´etrie, on a P(Xk= 1) = P(Xk= 2) = . . . =
P(Xk=N), donc vu que PN
i=1 P(Xk=i) = 1, on obtient que P(Xk=i) = 1
Npour
tout in. On remarque que P(Ak) = P(XkM) = PM
i=1 P(Xk=i) = M
N.
(b) Si k=malors P(AkAm) = M/N . Supposons que k6=m. De mˆeme qu’`a la
question pr´ec´edente, on peut ´etablir une bijection entre AkAmet A1A2, d’o`u :
P(AkAm) = P(A1A2). Enfin il est facile de voir que le cardinal de A1A2
est : card(A1A2)=M(M1)(N2) ···(Nn+ 1), soit P(AkAm) = M(M
1)/[N(N1)]. On peut encore donner une autre solution : On a Mchoix pour la
boule kpuis M1 choix pour la boule m. Une fois ces deux boules choisies, il s’agit
de compter le nombre de choix ordonn´esde n2 ´el´ements pris parmi N2, donc
card(AkAm)=M(M1)An2
N2puis P(AkAm) = M(M1)An2
N2
An
N.
Exercice 1.9. (Formule d’inclusion/exclusion). Soit (Ak)kNune suite d’´ev´enements d’un?
espace probabilis´e (Ω,F,P).
1. Montrer que pour tout nN,
1n
k=1Ak=
n
Y
k=1
1Ak.
2. Montrer que pour tout nN,
1n
k=1Ak= 1
n
Y
k=1
(1 1Ak).
3. On note pk=P1i1<i2<···<iknP(Ai1Ai2∩ ··· ∩ Aik). Montrer que
P(n
k=1Ak) =
n
X
k=1
(1)k1pk.
4. npersonnes participent `a un p`ere No¨el secret : les noms des npersonnes (que l’on
suppose tous diff´erents) sont ´ecrits sur des ´etiquettes, et chaque personne tire au hasard
une ´etiquette (et la garde) – le nom ´ecrit sur cette ´etiquette est celui de la personne `a
qui elle doit faire un cadeau. On note p(n) la probabilit´e qu’au moins une personne tire
une ´etiquette avec son propre nom. Expliciter p(n). Calculer limn→∞ p(n).
Solution.
1. Il suffit de remarquer que ω∈ ∩n
k=1Aksi et seulement si ωAkpour tout k= 1,··· , n,
c’est `a dire si et seulement si 1Ak(ω) = 1 pour tout k= 1,··· , n.
2. D’une part on a :
1n
k=1Ak=1(n
k=1Ac
k)c= 1 1n
k=1Ac
k.
D’autre part, d’apr`es la relation ´etablie en 1) :
1n
k=1Ac
k=
n
Y
k=1
1Ac
k.
On conclut en appliquant l’identit´e 1Ac
k= 1 1Akune nouvelle fois.
3. Il suffit de d´evelopper le dernier terme de l’identit´e ´etablie en 2), c’est `a dire :
n
Y
k=1
(1 1Ak) = 1
n
X
k=1
(1)k1X
1i1<···<ikn
1Ai1∩···∩Aik.
La formule du 3) vient alors de celle ´etablie en 2) et de la lin´earit´e de l’esp´erance. (Il
faut aussi remarquer que que E(1A) = P(A) pour tout ´ev´enement A.)
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