C nu ge r èds e p r e s s e Ro ev C ongrès Les troisièmes Rencontres de Chirurgie du Cancer du Sein » Anne Ponzio-Prion* C es rencontres annuelles, destinées aux chirurgiens spécialisés dans la prise en charge des cancers du sein, ont eu lieu les 11 et 12 mai 2006. Cette réunion délibérément interactive a été l’occasion d’échanges sur différents aspects de la prise en charge pluridisciplinaire du cancer du sein. Les présentations étaient suivies d’une mise en pratique autour de cas cliniques discutés en ateliers pour permettre à chacun de se positionner dans sa pratique quotidienne. LES RECOMMANDATIONS DE L’INSTITUT NATIONAL DU CANCER (INCa) Dans le cadre des recommandations de l’INCa aux chirurgiens, les grands principes garants d’une bonne pratique de la chirurgie oncologique ont été présentés par le Pr Serge Uzan, de l’hôpital Tenon (Paris). Ces principes reposent sur : – la loyauté et l’information objective dues aux patients ; – une formation initiale et continue adéquate ; – une expérience et une activité suffisantes dans la pathologie concernée ; – des moyens à la hauteur dans la pathologie tant en ce qui concerne le matériel que l’équipe ; – une rigueur dans la gestion des données du dossier et un compte-rendu des résultats ; – le traitement des patients selon les informations et les connaissances actuelles ; – la multidisciplinarité indispensable ; – un contrôle de qualité continu des pratiques ; – l’honnêteté d’assumer ses difficultés et de savoir “passer la main” à un confrère. Mise en application et conséquences engendrées au sein d’un Centre régional de Lutte Contre le Cancer (CLCC) D’après Jacques Dauplat (Clermont-Ferrand) Les critères de qualité d’un service de chirurgie du cancer du sein sont fondés sur : L’activité annuelle du service (composé d’au moins deux chirurgiens) qui doit être d’au moins de 20 interventions pour cancer du sein. Or, dans les CLCC, la chirurgie du cancer du sein représente plus de 21 % des séjours hospitaliers en France (12 à 49 % selon les régions). Les compétences des chirurgiens qui doivent avoir une for* Institut Gustave-Roussy, Villejuif. La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006 mation spécifique en chirurgie mammaire, suivre une formation médicale continue une fois par an (dont les congrès notamment de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire) et participer aux Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) de sénologie. De plus, une compétence en chirurgie plastique est préférable. Le plateau technique du bloc opératoire qui doit comprendre : un mammographe et un écran, une table en position semi-assise et une table de stéréotaxie dédiée, une salle d’anatomopathologie à proximité pour permettre une analyse extemporanée, un service de médecine nucléaire à proximité et une sonde de détection au bloc, pour la technique de détection du ganglion sentinelle, les tumeurs doivent pouvoir être conservées dans une tumorothèque. La pluridisciplinarité avec des réunions de concertations pluridisciplinaires et la continuité des soins en accord avec le Plan Cancer sont obligatoires (mise en place du dispositif d’annonce). Les ERI (Espace Rencontres Information) destinés aux patients et leur famille sont un exemple de cette démarche. Enfin, les comptes-rendus opératoires et histologiques doivent être standardisés et les délais de prise en charge courts. Le point de vue de praticiens en secteur libéral D’après Véronique Vaini (Aix-en-Provence) et Bernard Flipo (Nice) Au même titre que leurs collègues du secteur public, les médecins du secteur libéral approuvent et souscrivent au Plan Cancer qui, avec son ensemble de mesures positives et efficaces, est perçu comme un tournant décisif et qui fait de la prise en charge des patients l’affaire de tous. Cependant, ce changement important et nécessaire des pratiques qui est demandé aux praticiens peut parfois engendrer quelques difficultés d’ordre pratique essentiellement “chronophages”. Dans les faits, les contraintes s’appliquent pour chaque patient (présentation de chaque cas en RCP) et le risque de retards à la prise en charge est réel. De plus, la nomenclature mériterait d’être mise à jour afin d’actualiser la cotation de ces actes supplémentaires. L’exemple de la mise en place du dispositif d’annonce fait apparaître, qu’aux exigences légitimes des patients en vue d’obtenir plus de prise en charge personnalisée mais qui implique plus de temps avec leurs médecins, se traduit par une consultation infirmière, compte tenu de la dotation qui est faite pour l’établissement et non pour le médecin. Les critères d’accréditation en tant que centre de soins de chirurgie cancérologique peuvent parfois paraître flous ou peu adaptés (figure 1). 31 C ongrès Congrès et qui permet d’élargir les indications du traitement conservateur. Parfois, les techniques sont relativement simples, dans d’autres cas plus complexes et les indications sujettes à discussion. Évolution des techniques chirurgicales unilatérales ou bilatérales dans le cadre d’un traitement conservateur Figure 1. De l’état des lieux aux buts fixés par l’INCa. Aspects médico-légaux ou comment s’intègrent-elles dans le mécanisme juridique ? D’après Thierry Casagrande (Analys-Santé) L’INCa, aboutissement de la volonté présidentielle représentée par le Plan Cancer, a vu le jour dans un contexte nouveau d’une politique législative de santé publique, du développement de la qualité, de l’évaluation et d’une démocratisation sanitaire avec la prise en compte des droits et des attentes des patients. Parmi ses rôles multiples, cet organisme, à titre d’institution référente, doit définir des référentiels de prise en charge en cancérologie. En cas de litige ou faute professionnelle, les recommandations représentent une source professionnelle majeure et accessible qui permet de dater les règles de bonne pratique et de déterminer les contours de la notion de faute. En revanche, elles sont moins évolutives que la notion de données de la science sur lesquelles se fondent habituellement le juge et ne représentent qu’une approche collective des soins. Il peut y avoir une discussion autour de la valeur et de la pertinence des critères de jugement (niveau de preuve). Enfin, le risque de confusion entre droit et recommandations existe. Par exemple, une décision prise en RCP constitue une aide, mais n’est pas suffisante à valider une stratégie thérapeutique en cas de litige. Ainsi, s’il existe une tendance du droit à confier à des organisations professionnelles le soin de définir des recommandations ayant un caractère “opposable” pour le juge, les recommandations ne constituent qu’un simple étalon de mesure de la responsabilité médicale et la valeur, la pertinence et l’actualité d’une recommandation peuvent toujours se discuter. D’après Sylvia Giard (Lille) Lors d’une exérèse d’une partie de la glande, il y a rupture du galbe, bascule de l’aréole et réduction du volume mammaire dont l’importance varie selon le volume de l’exérèse par rapport à celui du sein et selon la localisation tumorale. Ainsi, dans le cas d’une exérèse tumorale petite ou moyenne, il faudra soit libérer, soit transposer la plaque aréolo-mamelonnaire sur l’équateur inverse de la localisation de l’éxérèse. Dans le cas d’une exérèse moyenne d’une tumeur sus-aréolaire, la technique employée est celle de la “Batscare”, incision qui permet de recentrer l’aréole lorsque le geste est limité (figure 2). Figure 2. Exérèse moyenne d’une tumeur supérieure. LA CHIRURGIE ONCOPLASTIQUE DU CANCER DU SEIN La chirurgie oncoplastique consiste en l’utilisation de techniques de chirurgie plastique dans le même temps que l’exérèse d’un cancer. Dans le cadre du cancer du sein il peut s’agir d’une reconstruction totale, après mastectomie, en vue de réduire les séquelles ou d’une reconstruction partielle dont les objectifs sont multiples 32 Figure 3. Exérèse moyenne d’une tumeur centrale incision en “round block”. La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006 Dans les tumeurs centrales, on peut combler le “defect” central en libérant toute la glande mammaire de l’étui cutané avec la technique du “round block”, redonner du volume puis reconstruire la plaque aréolo-mamelonnaire dans un second temps (figure 3). Dans le cas d’une exérèse plus importante, un geste bilatéral s’impose afin de symétriser les deux seins en réduisant l’étui cutané controlatéral. Enfin, en cas d’exérèse majeure, un lambeau musculocutané s’impose. Toutes ces interventions sont prévues à l’avance, avec réalisation d’un schéma préopératoire, prévision de la position opératoire et de la durée de l’intervention, information et discussion préalable avec la patiente. Indications : extension du traitement conservateur D’après Philippe Rouanet (Montpellier) Les objectifs du traitement conservateur sont d’ordre carcinologique avec, notamment, la prise en compte de la maladie microscopique, esthétique et psychologique. Plusieurs situations sont particulièrement difficiles où l’indication de l’oncoplastie est encore en discussion ou à l’étude, mais en tout état de cause, elle doit être réservée à des équipes entraînées collaborant étroitement avec les anatomopathologistes. Il s’agit par exemple du cas d’un carcinome canalaire infiltrant étendu au quadrant ou avec une forte composante intracanalaire : la question entre une mastectomie avec reconstruction immédiate qui guérit la patiente et une chirurgie oncoplastique se pose. Dans le cas des carcinomes intracanalaires localisés, la chirurgie oncoplastique peut se discuter malgré le standard reconnu qu’est la stratégie résection-radiothérapie. Après un traitement néoadjuvant, de nombreuses questions restent en suspens : faut-il systématiquement enlever la zone de localisation tumorale ? En cas de mauvaise réponse à la chimiothérapie, faut-il systématiquement réaliser une mastectomie chez une patiente de mauvais pronostic ? Que faire en cas de disparition de la zone tumorale ? Les carcinomes lobulaires ne sont pas une bonne indication à l’oncoplastie. Il y a donc une nécessité de réaliser des études sur des grandes séries après une homogénéisation des techniques, notamment dans certaines indications. Enseignement et apprentissage D’après Krishna Clough (Paris) Dans certains cas, des consensus internationaux sont d’ores et déjà établis. En 2001, l’intérêt de la chirurgie oncoplastique pour un carcinome intracanalaire, permettant un taux de conservation mammaire plus important tout en réduisant les séquelles, était établi (1). La conférence de Philadelphie, en 2005, s’est prononcée en faveur du développement d’une chirurgie conservatrice pour les carcinomes infiltrants, avec une extension des indications (2). Cela requiert une période d’acquisition des techniques indispensable, mais parfois délicate. Mises à part des techniques très particulières, la plupart des La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006 C nu ge r èds e p r e s s e Ro ev C ongrès interventions sont facilement réalisables et devraient être largement proposées après un apprentissage relativement simple. Pour les techniques sophistiquées, l’apprentissage est sujet à une démarche personnelle avec participation à des cours, des workshops et l’intégration d’une équipe pluridisciplinaire. ACTUALITÉS DU GANGLION SENTINELLE Les études en cours D’après Jean-Marc Classe (Saint-Herblain) Plusieurs questions demeurent en suspens auxquelles tentent de répondre de nombreuses études internationales. Quel est l’impact de la technique du ganglion sentinelle (GS) sur la survie globale et la survie sans récidive ? L’étude du NSABP B-32 randomise des patientes avec un T1-3 N0 entre cette technique innovante seule ou suivie d’un curage : sur plus de 5 000 patientes, le taux de détection est de 97 % et les faux négatifs de 9,7 %. Un quart des tumeurs de moins de 2 cm ont un envahissement ganglionnaire. D’autres études comme celle conduite par le groupe français d’étude du ganglion sentinelle ou l’étude allemande KISS ne sont pas disponibles à ce jour. L’étude ALMANAC a démontré que l’impact du ganglion sentinelle sur la morbidité axillaire semble moindre que celui d’un curage axillaire complet mais n’est, néanmoins, pas nul. Plusieurs études testent actuellement l’intérêt du traitement complémentaire de l’aisselle dans le cas d’un GS + : les études ACOZOG Z10 et ACOZOG Z11, l’étude AMAROS de l’EORTC. Des études françaises s’intéressent à des situations particulières : GS et chimiothérapie néoadjuvante (étude GANEA), GS et tumeur multicentrique (étude IGASSU), GS après tumorectomie préalable (étude GATA), GS et évaluation médico-économique (étude STIC). Ganglion sentinelle et micrométastase : valeur pronostique et déductions thérapeutiques D’après Gilles Houvenaeghel (Marseille) La micrométastase du ganglion sentinelle est loin d’être rare : elle est retrouvée, en effet, en moyenne dans 13 % des techniques pratiquées et dans 40 % des GS +. Malgré son coût, l’immunohistochimie doit être pratiquée systématiquement à la recherche d’une micrométastase, puisqu’elle permet de réduire les faux négatifs en détectant près de la moitié des micrométastases. Les ganglions axillaires sont envahis dans 11% des cas lors du curage complet où le GS était positif uniquement en immunohistochimie. Ces chiffres concordent avec les taux de faux négatifs décrits dans les études initiales. Un certain nombre d’arguments plaident en faveur du curage axillaire systématique en cas de micrométastase du ganglion sentinelle, notamment lors d’une tumeur de plus de 20 mm (seule la taille tumorale a une valeur prédictive), même si toutefois, le taux de récidives demeure relativement faible et nettement inférieur au taux de faux négatifs : de l’ordre de 0,21% à 3 ans. Certaines situations nécessitent encore des études avant de statuer, comme dans le cas des tumeurs de type tubuleux/colloïde/médullaire (3). 33 Congrès C ongrès Enfin, la valeur pronostique de la micrométastase, proche de celle d’un N+, semblerait suffir à poser l’indication de chimiothérapie adjuvante. En définitive, de nombreuses questions ne sont pas encore résolues et la participation aux études en cours permettrait d’obtenir quelques réponses. Ganglion sentinelle et carcinome canalaire in situ D’après Catherine Bouteille (Saint-Étienne) Le risque d’atteinte ganglionnaire dans les carcinomes canalaires in situ est théoriquement nul, mais il existe en réalité dans environ 1,5% des cas et dépend de la taille clinique, identifiée comme le seul facteur prédictif indépendant (4). Il n’y a ainsi, selon les auteurs, aucune indication à réaliser un ganglion sentinelle et les Standard Option Recommandations ne préconisent pas le ganglion sentinelle en cas de traitement conservateur, mais il peut être proposé si les lésions sont étendues et relèvent d’une mastectomie ou en cas de suspicion de microinvasion sur la biopsie percutanée. Là encore, certaines questions se posent quant à l’attitude à adopter lors d’un GS+ dans le cadre d’une mastectomie avec reconstruction mammaire immédiate ou d’une oncoplastie ; ou lors d’une récidive sous forme d’un carcinome canalaire in situ après traitement conservateur sans curage ou après réalisation d’un ganglion sentinelle. L’ensemble de ces renseignements oriente vers le type de traitement néoadjuvant : chimiothérapie ou non, le type de chimiothérapie, hormonothérapie ou non et sa place. La chimiothérapie peut être 6 cycles de FEC 100 ou un schéma 3 FEC 100- 3 docétaxel 100. En effet, certaines études plaident en faveur du schéma séquentiel avec le docétaxel qui a démontré un bénéfice en survie sans récidive locale et sans maladie, voire en survie globale à 5 ans (5-7) (figure 4). Figure 4. Bénéfice significatif du docétaxel après réponse partielle aux anthracyclines en néoadjuvant. Traitements néoadjuvants : pour quelles patientes ? D’après Brigitte Sigal-Zafrani (Paris), Lydie Aimard (Marseille), Bruno Coudert (Dijon), Sylvia Giard (Lille), Anne Tardivon (Paris) Si le traitement néoadjuvant permet une augmentation du taux de conservation mammaire, en revanche, il n’influence pas la survie globale, ni la survie sans récidive. Toutefois, le concept de traitement néoadjuvant évolue : c’est une situation clinique unique qui permet d’analyser la réponse tumorale in vivo ainsi que des facteurs prédictifs de réponse morphologiques, immuno-phénotypiques et génomiques. Dans le cas d’une patiente avec tumeur d’apparition récente de 35 mm, la question d’un traitement néoadjuvant doit être abordée. Si la patiente informée est d’accord pour cette stratégie, le bilan initial (mammographie et échographie) va permettre de vérifier si la lésion est unique ou multifocale, si les lésions sont mesurables de manière fiable et le statut ganglionnaire. Dans ce cadre, la réalisation d’une IRM peut être intéressante à chaque fois que l’on se retrouve devant des seins denses ou hétérogènes. L’IRM a également un intérêt pour l’évaluation de la réponse tumorale en cours et en fin de traitement néoadjuvant. À venir, l’IRM à 3 Tesla et le TEP pour mieux évaluer la réponse. Le prélèvement biopsique est le document histologique de référence qui, outre le type histologique et le grade, nous renseigne sur des critères prédictifs de réponse aux traitements : l’index de prolifération, les récepteurs hormonaux et le statut Her2. Une cytoponction ganglionnaire est souhaitable en cas de ganglion palpable. L’histologie sera répétée lors de l’exérèse chirurgicale afin dévaluer la réponse au traitement et, notamment, la réponse complète histologique. 34 Quant à la radiothérapie, les associations radio-chimiothérapie n’ayant pas démontré d’avantage substantiel, elle reste réservée au traitement postopératoire. Les nouvelles voies de développement en matière de radiothérapie consistent en l’association aux thérapies ciblées qui offriraient l’avantage d’une activité sur l’hétérogénéité tissulaire résiduelle par la diversité de leurs modes d’actions. En effet, l’administration d’inhibiteurs au récepteur de l’EGF laisse entrevoir une radio sensibilisation par altération des réparations des lésions radio induites, facilitation de l’apoptose et action sur la repopulation en cours de traitement. PRISE EN CHARGE LOCORÉGIONALE APRÈS TRAITEMENT NÉOADJUVANT Critères et conditions d’une chirurgie de qualité D’après Jean-Yves Seror (Paris) La biopsie, parfois échoguidée, nous renseigne non seulement sur le type histologique, mais aussi sur les facteurs pronostiques. Le bilan initial radiologique est primordial pour apporter une précision sur la taille de la tumeur nécessitant parfois une IRM comme dans les carcinomes lobulaires. Elle apporte, en outre, des éléments prédictifs de la conservation mammaire. En revanche, il peut y avoir une sur- ou une sous-estimation de la lésion : la réponse complète en IRM ne permet pas d’éviter l’exérèse chirurgicale. L’IRM peut compléter la mammographie et l’échographie dans l’évaluation de la réponse au traitement néoadjuvant. La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006 Enfin, la pose de clips de repérage sous échographie est nécessaire au chirurgien. C nu ge r èds e p r e s s e Ro ev C ongrès Quant aux thérapies ciblées, le trastuzumab, notamment, doit bien sûr être poursuivi en adjuvant, la question reste posée en cas de radiothérapie concomitante… Conduite à tenir sur la tumeur ? Conduite à tenir sur les aires ganglionnaires ? D’après Bernard Flipo (Nice) Le traitement néoadjuvant s’il permet d’augmenter le taux de traitements conservateurs, pose quelques questions sur les limites géographiques du geste chirurgical pour éviter le maximum de récidives locales. Quant à la chirurgie des aires ganglionnaires, le curage axillaire pourrait être évité et le ganglion sentinelle aurait une valeur prédictive intéressante. Le protocole français EVA étudie, après chimiothérapie néoadjuvante par un schéma séquentiel FEC100 suivi de docétaxel 100, la pertinence et l’intérêt du curage axillaire, le taux d’identification et de stérilisation du ganglion sentinelle et la concordance entre GS et curage axillaire négatif, corrélée à la réponse histologique mammaire (figure 5). GÉNÉTIQUE ET CANCER Quelle prise en charge conseiller aux femmes avec une mutation BRCA1/2 D’après Pascal Pujol (Montpellier) L’identification du risque de cancer du sein et de l’ovaire par l’oncogénétique entraîne la nécessité d’un dépistage précoce, dès 30 ans, compte tenu de la précocité de l’apparition des tumeurs dans cette population. À cet égard, l’IRM apparaît comme l’examen radiologique de choix du fait de sa très grande sensibilité et de sa spécificité équivalente à celle de la mammographie. La mastectomie prophylactique, proposée parfois en cas de premier cancer du sein, réduit le risque élevé de cancer controlatéral, mais compte tenu de l’impact de ce geste, c’est la demande de la patiente qui pèsera dans la balance bénéfice-risque. En revanche, la validité du dépistage ovarien est controversée. L’ovariectomie prophylactique peut ainsi être proposée après 40 ans en l’absence de projet parental. Elleréduit le risque de plus de 95 %. L’ovariectomie réduit également le risque de cancer du sein par l’effet anti-estrogénique. Le traitement préventif hormonal par les SERM ou les inhibiteurs de l’aromatase constitue une alternative probablement efficace. Prise en charge multidisciplinaire des patientes à haut risque Figure 5. Essai EVA : GS avant chimiothérapie néoadjuvante. Place d’un traitement adjuvant après un traitement néoadjuvant D’après David Azria (Montpellier) La radiothérapie sur le sein est systématique en cas de chirurgie conservatrice, mais l’oncoplastie complique l’application du “boost” qui nécessitera des techniques de simulation virtuelle. En cas de mastectomie, il n’y a aucune recommandation claire sur les indications de la radiothérapie. De même, l’attitude sur les aires ganglionnaires n’est pas univoque, surtout en cas de pN-. La chimiothérapie adjuvante après une chimiothérapie première a été étudiée par l’équipe d’Hortobagyi qui a démontré un bénéfice en survie sans récidive (8). Mais si le traitement néoadjuvant est optimal, il ne semble pas nécessaire de le compléter en adjuvant. Après une hormonothérapie néoadjuvante, la question de la chimiothérapie adjuvante demeure sans réponse. La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006 D’après Rémy Salmon (Paris) Chez des femmes porteuses des gènes BRCA1/2 mutés, il existe quatre situations cliniques : En l’absence de lésion maligne, la prise en charge multidisciplinaire s’impose, de même que les délais de réflexion de la patiente. Le poids de l’histoire familiale est majeur dans la décision thérapeutique. En cas de lésion in situ unilatérale, le traitement est classique et le geste sur le sein controlatéral dépend, là encore, de l’histoire familiale. En cas de carcinome invasif, le geste controlatéral prophylactique est réalisé dans le même temps ou secondairement selon la taille de la tumeur actuelle. Sur une récidive après traitement conservateur, la mastectomie prophylactique pourra être réalisée secondairement. CONCLUSION Ces troisièmes Rencontres de Chirurgie du Cancer du sein ont ainsi été l’occasion de mises au point, de présentations d’actualités dans le cadre de la prise en charge du cancer du sein à un stade précoce. Elles ont permis aux chirurgiens, massivement présents à cette réunion, de prendre connaissance des dernières avancées dans ce domaine et d’échanger sur leurs 35 Congrès C ongrès pratiques, les techniques opératoires innovantes et l’influence des traitements médicaux entourant l’acte chirurgical comme le traitement néoadjuvant, mais aussi sur leur mode d’activité et les changements que peuvent impliquer les nouvelles dispositions recommandées par l’INCa. Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine. N RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Silverstein MJ, Parker R, Grotting JC, Cote RJ, Russell CA. 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Cours d’imagerie du sein Classification BI-RADS de l’ACR Sénologie interventionnelle 14 et 15 décembre 2006 Espace Saint-Martin, 75003 Paris Organisateurs : Daniel Vanel, Corinne Balleyguier, Jean-Marc Guinebretière Programme Le cours présentera l’utilisation pratique de la classification BI-RADS de l’ACR, avec son intérêt, mais aussi ses limites, ainsi que le matériel, les techniques et indications de la sénologie interventionelle. Renseignements et inscriptions : Madame Catherine Boulongne Imagerie Médicale Institut de Cancérologie Gustave-Roussy 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif Tél : 01 42 11 48 25 Fax : 01 42 11 52 79 E-mail : [email protected] 36 La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006