La Lettre du Sénologue - n° 33 - juillet-août-septembre 2006
Revue de presse
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Congrès
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Dans les tumeurs centrales, on peut combler le “defect” cen-
tral en libérant toute la glande mammaire de l’étui cutané
avec la technique du “round block”, redonner du volume puis
reconstruire la plaque aréolo-mamelonnaire dans un second
temps (figure 3).
Dans le cas d’une exérèse plus importante, un geste bilatéral
s’impose afin de symétriser les deux seins en réduisant l’étui
cutané controlatéral. Enfin, en cas d’exérèse majeure, un lam-
beau musculocutané s’impose.
Toutes ces interventions sont prévues à l’avance, avec réalisa-
tion d’un schéma préopératoire, prévision de la position opé-
ratoire et de la durée de l’intervention, information et discus-
sion préalable avec la patiente.
Indications : extension du traitement conservateur
D’après Philippe Rouanet (Montpellier)
Les objectifs du traitement conservateur sont d’ordre carci-
nologique avec, notamment, la prise en compte de la maladie
microscopique, esthétique et psychologique.
Plusieurs situations sont particulièrement difficiles où l’indi-
cation de l’oncoplastie est encore en discussion ou à l’étude,
mais en tout état de cause, elle doit être réservée à des équipes
entraînées collaborant étroitement avec les anatomopatholo-
gistes. Il s’agit par exemple du cas d’un carcinome canalaire
infiltrant étendu au quadrant ou avec une forte composante
intracanalaire : la question entre une mastectomie avec re-
construction immédiate qui guérit la patiente et une chirurgie
oncoplastique se pose.
Dans le cas des carcinomes intracanalaires localisés, la chirur-
gie oncoplastique peut se discuter malgré le standard reconnu
qu’est la stratégie résection-radiothérapie.
Après un traitement néoadjuvant, de nombreuses questions
restent en suspens : faut-il systématiquement enlever la zone
de localisation tumorale ? En cas de mauvaise réponse à la
chimiothérapie, faut-il systématiquement réaliser une mas-
tectomie chez une patiente de mauvais pronostic ? Que faire
en cas de disparition de la zone tumorale ? Les carcinomes
lobulaires ne sont pas une bonne indication à l’oncoplastie. Il
y a donc une nécessité de réaliser des études sur des grandes
séries après une homogénéisation des techniques, notamment
dans certaines indications.
Enseignement et apprentissage
D’après Krishna Clough (Paris)
Dans certains cas, des consensus internationaux sont d’ores
et déjà établis. En 2001, l’intérêt de la chirurgie oncoplasti-
que pour un carcinome intracanalaire, permettant un taux de
conservation mammaire plus important tout en réduisant les
séquelles, était établi (1).
La conférence de Philadelphie, en 2005, s’est prononcée en fa-
veur du développement d’une chirurgie conservatrice pour les
carcinomes infiltrants, avec une extension des indications (2).
Cela requiert une période d’acquisition des techniques indis-
pensable, mais parfois délicate.
Mises à part des techniques très particulières, la plupart des
interventions sont facilement réalisables et devraient être large-
ment proposées après un apprentissage relativement simple.
Pour les techniques sophistiquées, l’apprentissage est sujet à
une démarche personnelle avec participation à des cours, des
workshops et l’intégration d’une équipe pluridisciplinaire.
ACTUALITÉS DU GANGLION SENTINELLE
Les études en cours
D’après Jean-Marc Classe (Saint-Herblain)
Plusieurs questions demeurent en suspens auxquelles tentent
de répondre de nombreuses études internationales.
Quel est l’impact de la technique du ganglion sentinelle (GS)
sur la survie globale et la survie sans récidive ? L’étude du
NSABP B-32 randomise des patientes avec un T1-3 N0 entre
cette technique innovante seule ou suivie d’un curage : sur plus
de 5000 patientes, le taux de détection est de 97% et les faux
négatifs de 9,7%. Un quart des tumeurs de moins de 2 cm ont
un envahissement ganglionnaire. D’autres études comme celle
conduite par le groupe français d’étude du ganglion sentinelle
ou l’étude allemande KISS ne sont pas disponibles à ce jour.
L’étude ALMANAC a démontré que l’impact du ganglion
sentinelle sur la morbidité axillaire semble moindre que celui
d’un curage axillaire complet mais n’est, néanmoins, pas nul.
Plusieurs études testent actuellement l’intérêt du traitement com-
plémentaire de l’aisselle dans le cas d’un GS + : les études ACOZOG
Z10 et ACOZOG Z11, l’étude AMAROS de l’EORTC.
Des études françaises s’intéressent à des situations particuliè-
res : GS et chimiothérapie néoadjuvante (étude GANEA), GS
et tumeur multicentrique (étude IGASSU), GS après tumorec-
tomie préalable (étude GATA), GS et évaluation médico-éco-
nomique (étude STIC).
Ganglion sentinelle et micrométastase :
valeur pronostique et déductions thérapeutiques
D’après Gilles Houvenaeghel (Marseille)
La micrométastase du ganglion sentinelle est loin d’être rare :
elle est retrouvée, en effet, en moyenne dans 13% des techni-
ques pratiquées et dans 40 % des GS +.
Malgré son coût, l’immunohistochimie doit être pratiquée sys-
tématiquement à la recherche d’une micrométastase, puisqu’elle
permet de réduire les faux négatifs en détectant près de la moitié
des micrométastases. Les ganglions axillaires sont envahis dans
11% des cas lors du curage complet où le GS était positif unique-
ment en immunohistochimie. Ces chiffres concordent avec les
taux de faux négatifs décrits dans les études initiales.
Un certain nombre d’arguments plaident en faveur du curage
axillaire systématique en cas de micrométastase du ganglion sen-
tinelle, notamment lors d’une tumeur de plus de 20 mm (seule la
taille tumorale a une valeur prédictive), même si toutefois, le taux
de récidives demeure relativement faible et nettement inférieur au
taux de faux négatifs : de l’ordre de 0,21% à 3 ans. Certaines situa-
tions nécessitent encore des études avant de statuer, comme dans
le cas des tumeurs de type tubuleux/colloïde/médullaire (3).