actua-Charcot Actua-Charcot Actua Charcot mars Actualité de la Société française de neurologie C. Meyrignac* MARS 2001 RENARD JL, BAUDELLE E, SABBAN P, DE GRESLAN TH, FERREIRA A, CHEDRU F, FELTEN D, FLOCARD F, BEQUET D. Étude clinique et en IRM fonctionnelle d’une anarthrie croisée. VUILLIER F, TATU L, MOULIN T, PARRATTE B, RUMBACH L, MONNIER G. Apport de l’anatomie dans la sémiologie de l’infarctus isolé du pont. CAMDESSANCHE JP, ANTOINE JC, BARAL FG, PERIER C, BRUNON J, MICHEL D. Atteinte de la substance blanche dans la sidérose marginale du névraxe. POU SERRADELL A, MONELLS J, FOSSSAS P, MEULEMAN J, TIMMERMAN V, CEUTERICK C, MARTIN JJ. Caractéristiques cliniques, électrophysiologiques, morphologiques et moléculaires de six nouvelles familles espagnoles avec neuropathies héréditaires sensibles à la pression. FRESSINAUD C, LETOURNEL F, NICOLAS G, JEAN I, BARTHELAIX-POUPLARD A, DUBAS F. Anomalies du cytosquelette axonal au cours des axonopathies d’étiologie indéterminée : corrélations avec les données morphométriques. DRAPIER S, LALLEMENT F, RIVIER I, LATAT Y, RAOUL S, EDAN G, VERIN M. Stimulation cérébrale profonde et maladie de Parkinson : le point de vue du patient, résultats d’une étude prospective de la qualité de vie avant et après stimulation bilatérale du pallidum interne et du noyau sousthalamique. STAUB F, BOGOUSSLAVSKY J, CAROTA A, ANNONI JM, GUEX P. Dépression ou fatigue après accident vasculaire cérébral ? MOULIN T, VUILLIER F, TATU L, SABLOT D, BERGER E, SCHENEIDER P, RUMBACH L. Comparaison du devenir des infarctus cérébraux admis dans une unité neurovasculaire à dix ans d’intervalle. Conférence de D. Dormont. Encéphalopathie bovine spongiforme : transmission à l’homme, risques de santé publique. * Service de neurologie, hôpital intercommunal, Créteil. Act. Méd. Int. - Neurologie (2) n° 6, juin 2001 D ur, dur de rivaliser avec le dynamisme de la Société française de neurologie. Les réunions thématiques se multiplient. Non contentes de se décentraliser aux six coins de l’hexagone, l’honorable société saute de Lyon à Tunis, comme si le TGV s’y trouvait prolongé… Notre rubrique se trouve donc confrontée aux mêmes problèmes que l’ensemble de la revue avec deux alternatives singulièrement homologues : 1°) exiger que la prestigieuse société savante se plie à nos sacro-saintes convenances éditoriales ; 2°) relire Darwin et s’adapter à la double nécessité du plus vite et du plus court. Faute de disposer des quelques millions d’années nécessaires, nous programmons cette évolution dans les six prochains mois. Anarthrie par lésion droite : chassé-croisé ? L’IRMF sert à tout, même à démêler l’embrouillamini des circuits cortico-sous-corticaux présidant à l’articulation. Parente pauvre et distale de l’aphasiologie, la fonction articulatoire s’avère plus complexe qu’il n’y paraît, pour peu qu’on s’évertue à l’étudier à coups de paradigmes. En cas de pathologie croisée, les choses ne s’arrangent pas. Ainsi, le patient de J.L. Renard et al., nonobstant sa qualité de droitier, a développé une aphasie massive à la suite d’un infarctus prérolandique droit. Les auteurs ont étudié, entre autres paradigmes, la répétition silencieuse des mots en IRMf. Ils ont pu démontrer que la “boucle phonologique”, qui unit thalamus gauche et aire de Wernicke dans un même combat phonatoire, avait malencontreusement glissé à droite. Ce genre de bévue anatomo-fonctionnelle différencie l’anarthrie croisée de sa version directe. Alternance et protubérance Certaines régions du système nerveux 100 central sont plus mal fréquentées que d’autres. Ainsi, il est difficile de décrypter la sémiologie protubérantielle sans se référer à l’anatomie. Nos maîtres du XIXe siècle l’avaient compris. Aussi, transplantant la notion de syndrome alterne de la botanique à la neurologie, les Foville, Millard et autres Gruber frappèrent la littérature de leurs éponymes. Le sujet est-il épuisé pour autant ? Que nenni, la clinique n’est pas morte ! Mieux encore, l’IRM, qui devait la tuer, vole à son secours en validant ou en infirmant les corrélations anatomocliniques du passé. Ainsi, afin d’établir en toute objectivité l’adéquation des images à l’anatomie vasculaire classique, F. Vuilliers et al. ont soumis les IRM de 34 ramollissements protubérantiels à 2 observateurs “aveugles” au diagnostic. Ils en ont ainsi colligé 25 en position antéro-médiane, ventrale pour 18 d’entre eux. Ils notent que le faisceau cortico-spinal paie un lourd tribut à l’ischémie, mais que les troubles de la déglutition restent rares. Sur le plan étio- actua-Charcot Actua-Charcot Actualité de la Société française de neurologie logique, les lacunes se taillent la part du lion. Protégé par sa situation postérieure, le noyau du VI est moins souvent atteint que l’on pourrait s’y attendre. Aussi, les syndromes alternes qui l’impliquent sont peu fréquents et ne répondent quasiment jamais aux admirables descriptions classiques. Remise en cause dans la protubérance, l’alternance conserve ses chances aux étages bulbaire et pédonculaire plus respectueux des illustres auteurs du passé. Le fer blanc : une tradition stéphanoise ? Entré dans la maladie par un syndrome tétrapyramidal, fallacieusement imputé à une hernie discale cervicale opérée en toute innocence, le patient de J.P. Camdessanche et al. enrichit bientôt sa symptomatologie d’ataxie et de surdité. L’émergence de la triade recentre alors sans équivoque le diagnostic sur une hémosidérose bien inscrite dans la tradition métallurgique de la cité stéphanoise. L’affaire n’aurait pas dépassé les limites de la salle de staff, si l’IRM n’avait découvert d’indécentes lésions de la substance blanche (SB). Même avec la dernière mauvaise foi, il était impossible de les banaliser. On ne relevait en effet pas de facteur de risque artériel crédible. Aucune bande oligoclonale ne permettait de faire entrer ce cas dans la grille des critères de Poser, même laxistement interprété. Force fut donc de conclure que, mêmes marginales, certaines hémosidéroses n’en lèsent pas moins la SB. Elles entraîneraient des dépôts de fer périvasculaires et des occlusions artériolaires responsables de lésions ischémiques de la SB. Génétique catalane de la compression La neuropathie compressive tomaculaire a tout pour tenter les généticiens, tant elle est héréditaire en diable. Aussi n’ont-ils pas traîné pour loger la bête en 17p12, où se produisent substitution et délétion. Pour sa part, Pou Serradell (Barcelone) décrit chez 6 familles espagnoles une substitution guanine/cytosine en apparence dérisoire. Elle compromet pourtant le codage de la protéine myélinique PMP. Il en résulte une nouvelle entité, dont il est possible de dégager quelques traits phénotypiques en dépit de son hétérogénéité clinique. Ainsi, la relative rareté du bloc de conduction y contraste avec la tout aussi relative fréquence d’atteinte du nerf médian. Dans les formes “classiques”, ce dernier arrive loin derrière le SPE, le plexus brachial et autre nerf radial. Tubuline de malheur Long et fragile, l’axone souffre souvent de façon inexpliquée. C. Fressinaud et al. se sont donc penchés sur les axonopathies orphelines de tout diagnostic au terme d’un bilan présumé exhaustif. À coups de micro-informatique et d’immunohistochimie, elle a établi une corrélation aussi inverse qu’irréfutable entre la raréfaction axonale et une protéine neurofilamenteuse en apparence banale : la tubuline. Elle se distingue pourtant des autres polypeptides qui, selon une tendance plus naturelle, s’expriment au prorata de la bonne santé axonale. C’est, au contraire, dans certaines situations de déchéance que prospère l’insolite tubuline. Tel est le cas lors de l’axotomie, où la tubuline servirait de vecteur à l’action réparatrice des facteurs neurotropes. Tel n’est pas le cas dans la neuropathie diabétique ou dans celle de Charcot-Marie, qui ne profitent guère à la protéine tubulo-filamenteuse. De là à élaborer, à partir du modèle expérimental de l’axotomie, un schéma physiopathologique, voire des applications thérapeutiques… il n’y a qu’un pas. Quand l’AVC fatigue la réticulée Totalement réfractaires aux subtilités de la pathologie cérébro-vasculaire, les patients intègrent rarement l’AVC dans leur trajectoire biographique comme un événement de vie jubilatoire et positif. La dépression post-AVC – que les esprits 101 basiques seraient tentés de réduire à sa dérisoire composante réactionnelle – la dépression post-AVC, donc, n’en a pas moins fait l’objet d’études approfondies sur les bords du lac Léman. Au bout du compte, et sans avoir pour autant ménagé leurs efforts, F. Staub et al. ne retrouvent guère de corrélation avec la localisation lésionnelle ou la symptomatologie initiale : seul le déficit fonctionnel résiduel paraît influer quelque peu ! Il n’en serait pas de même de la labilité émotionnelle, parfois retrouvée en l’absence de dépression, et de la fatigue. Sous réserve de “cadrer” cet ubiquitaire symptôme dans la grille d’évaluation appropriée, on le retrouve avec une fréquence particulièrement élevée dans les suites des AVC du tronc cérébral et du sous-cortex. Le dysfonctionnement des réseaux neuronaux sous-corticaux impliqués dans le “boustage” attentionnel de l’activité cérébrale ne serait pas étranger à cette intéressante prépondérance. Audit pour Stroke Unit Avec la plus parfaite mauvaise foi, certains feignent de ne voir dans une unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV) qu’une coûteuse usine à gaz pour cow-boys en mal de sanglante fibrinolyse. La nature humaine étant ce qu’elle est, ces lamentables individus se recrutent électivement parmi les collègues d’autres spécialités, jaloux de tout crédit, même parcimonieux, alloué à autrui ! Trop souvent, ils trouvent l’oreille attentive des bailleurs de fonds facilement enclins à écouter avec délectation ce genre de refrain. Il ne reste plus qu’à convaincre ces derniers du contraire ! Dieu merci, le salut nous vient de Besançon ! En comparant les pronostics de 2 cohortes de malades à 10 ans d’intervalle, T. Moulin et al. mesurent l’impact flagrant des soins intensifs neurovasculaires. Ils enregistrent, en effet, sur la période étudiée, une amélioration de l’autonomie des sortants : désormais, actua-Charcot Actua-Charcot Actualité de la Société française de neurologie 3 patients sur 4 rentrent chez eux avec des critères satisfaisants. Qui plus est, leur durée d’hospitalisation diminue de 7 jours… Le tout, sans amélioration inopportune et coûteuse de la survie. Sur un plan strictement comptable, c’est donc tout bénéfice. Peu de directeurs d’ARH resteront insensibles à une telle argumentation. Transconformation : PrP normale PrPres (pathologique) Accumulation de PrPres (pathologique) VACUOLISATION et MORT NEURONALE Relargage de PrPres dans le milieu extra-cellulaire ASTROCYTES Prolifération NEURONE MICROGLIE Interleukines GLIOSE Infection apoptose MORT NEURONALE Figure 1. Du prion à la lésion. Extrémité C terminale Configuration fixe Extrémité N terminale Flexible, variable, cible des modifications pathologiques Figure 2. Structure de la protéine prion. Act. Méd. Int. - Neurologie (2) n° 6, juin 2001 102 Prions : les 10 Commandements Les neurologues n’ont pas attendu le paroxysme récent d’hystérie politicomédiatique pour s’intéresser aux maladies à prions. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils y comprennent quelque chose. Nous avons cependant cru y parvenir pendant la durée de la fascinante conférence de P. Dormont. Il en reste quelques impressions fortes : 1) La protéine prion fait partie intégrante du patrimoine protidique humain, et c’est bien cela qui dérange. 2) On pense qu’elle sert à la transmission synaptique, car elle intervient dans la cascade de phosphorylations qui accompagnent cette fonction. Nonobstant, les souris PrP knock-out, génétiquement manipulées pour en être dépourvues, ne s’en portent pas plus mal. Elles ne semblent concevoir de leur carence génétique qu’un seul inconvénient : une totale incapacité à attraper les encéphalo-pathies spongiformes. 3) La PrP ressemble à un têtard avec une grosse tête “C terminale” bien sympathique, faite d’hélices alpha, avec une longue queue flexible, éventuellement extra-membranaire, dont la structure variable serait sensible aux variations d’environnement. C’est donc par la queue que le malheur arrive… 4) En cas d’inoculation, puis de collision fortuite avec une PrP pathologique (PrPres), les choses se gâtent sérieusement. Véritable accouplement contre nature, transconformation tridimensionnelle qui confère à la PrP de l’hôte toute actua-Charcot Actua-Charcot Actualité de la Société française de neurologie une série de propriétés peu avenantes : résistance aux protéases, propension à former des agrégats, abandon de la sage configuration en hélice alpha pour un informe feuilletage b plissé… Ainsi, elle devient elle-même PrPres pathologique. Une fois enclenché, ce processus peu vertueux devient autoréplicatif et ne trouve guère de raison de s’arrêter (figures 1 et 2). 5) Les prions frappent d’abord la rate, ensuite le cerveau : il existe donc une longue phase de latence clinique et de possible contagiosité. Nos collègues d’hématologie feraient bien de s’y intéresser. Certains ont d’ailleurs déjà commencé ; ils ont même identifié un gène vulnérabilisant impliqué tant dans l’hématopoïèse que dans l’immunité. 6) Voici les contagiosités respectives des A B O N différentes voies d’inoculation (tableau). Comme l’a fait remarquer un intervenant : en Angleterre, il est plus dangereux de prendre le train que de manger un steak haché ! 7) Rien n’arrête les prions, pas même la barrière des espèces : il faut se méfier de tout, même du steak d’autruche : des infections à prions ont été décrites chez ces pseudo-volatiles aptères. 8) La nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jacob ne respecte plus rien… même pas la biologie moléculaire ! le dosage de la protéine 14-3-3 dans le LCR y est souvent négatif. 9) En matière d’EBV et de nouvelle variante, le plus dur est passé : le pic de l’infection animale se situait en 1988. 10) En matière d’EBV et de nouvelle N Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules E Z - V variante, le plus dur reste à venir. Il faut se mettre à la place des ayatollahs du principe de précaution : ils n’ont aucune raison d’abandonner un créneau aussi fructueux ! Tableau. Voies d’inoculation du prion. Intracérébrale 1 Intraveineuse 1/10 Intrapéritonéale 1/50 Sous-cutanée 1/25 000 Per os 1/125 000 O U S ! Tarif 2001 / 1 an Les Actualités en Neurologie ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. FRANCE / DOM-TOM / Europe ÉTRANGER (autre qu’Europe) ❐ 580 F collectivités (88,42 €) ❐ 700 F collectivités (127 $) Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... ❐ 460 F particuliers (70,12 €) ❐ 580 F particuliers (105 $) Prénom .......................................................................................... ❐ 290 F étudiants (44,21 €) ❐ 410 F étudiants ❏ Particulier ou étudiant joindre la photocopie de la carte Pratique : ❏ hospitalière ❏ libérale ❏ autre.......................... Adresse.......................................................................................... rentiel Tarif unique préfé 29 0 FF (75 $) rentiel Tarif unique préfé 41 0 FF POUR RECEVOIR LA RELIURE ...................................................................................................... ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) Code postal ................................................................................... (10,67 €, 13 $) (21,34 €, 26 $) MODE DE PAIEMENT Pays................................................................................................ Tél.................................................................................................. 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