logique, les lacunes se taillent la part du
lion. Protégé par sa situation postérieure,
le noyau du VI est moins souvent atteint
que l’on pourrait s’y attendre. Aussi, les
syndromes alternes qui l’impliquent sont
peu fréquents et ne répondent quasiment
jamais aux admirables descriptions clas-
siques. Remise en cause dans la protubé-
rance, l’alternance conserve ses chances
aux étages bulbaire et pédonculaire plus
respectueux des illustres auteurs du
passé.
Le fer blanc :
une tradition stéphanoise ?
Entré dans la maladie par un syndrome
tétrapyramidal, fallacieusement imputé à
une hernie discale cervicale opérée en
toute innocence, le patient de
J.P. Camdessanche et al. enrichit bientôt sa
symptomatologie d’ataxie et de surdité.
L’émergence de la triade recentre alors
sans équivoque le diagnostic sur une
hémosidérose bien inscrite dans la tradi-
tion métallurgique de la cité stéphanoise.
L’affaire n’aurait pas dépassé les limites
de la salle de staff, si l’IRM n’avait décou-
vert d’indécentes lésions de la substance
blanche (SB). Même avec la dernière
mauvaise foi, il était impossible de les
banaliser. On ne relevait en effet pas de
facteur de risque artériel crédible. Aucune
bande oligoclonale ne permettait de faire
entrer ce cas dans la grille des critères de
Poser, même laxistement interprété. Force
fut donc de conclure que, mêmes margi-
nales, certaines hémosidéroses n’en lèsent
pas moins la SB. Elles entraîneraient des
dépôts de fer périvasculaires et des occlu-
sions artériolaires responsables de lésions
ischémiques de la SB.
Génétique catalane de la compression
La neuropathie compressive tomaculaire
a tout pour tenter les généticiens, tant elle
est héréditaire en diable. Aussi n’ont-ils
pas traîné pour loger la bête en 17p12, où
se produisent substitution et délétion.
Pour sa part, Pou Serradell (Barcelone)
décrit chez 6 familles espagnoles une
substitution guanine/cytosine en apparence
dérisoire. Elle compromet pourtant le
codage de la protéine myélinique PMP. Il
en résulte une nouvelle entité, dont il est
possible de dégager quelques traits phé-
notypiques en dépit de son hétérogénéité
clinique. Ainsi, la relative rareté du bloc
de conduction y contraste avec la tout
aussi relative fréquence d’atteinte du nerf
médian. Dans les formes “classiques”, ce
dernier arrive loin derrière le SPE, le
plexus brachial et autre nerf radial.
Tubuline de malheur
Long et fragile, l’axone souffre souvent
de façon inexpliquée. C. Fressinaud et al.
se sont donc penchés sur les axonopathies
orphelines de tout diagnostic au terme
d’un bilan présumé exhaustif. À coups de
micro-informatique et d’immunohisto-
chimie, elle a établi une corrélation aussi
inverse qu’irréfutable entre la raréfaction
axonale et une protéine neurofilamenteuse
en apparence banale : la tubuline. Elle se
distingue pourtant des autres polypep-
tides qui, selon une tendance plus natu-
relle, s’expriment au prorata de la bonne
santé axonale. C’est, au contraire, dans
certaines situations de déchéance que
prospère l’insolite tubuline. Tel est le cas
lors de l’axotomie, où la tubuline servi-
rait de vecteur à l’action réparatrice des
facteurs neurotropes. Tel n’est pas le cas
dans la neuropathie diabétique ou dans
celle de Charcot-Marie, qui ne profitent
guère à la protéine tubulo-filamenteuse.
De là à élaborer, à partir du modèle expé-
rimental de l’axotomie, un schéma phy-
siopathologique, voire des applications
thérapeutiques… il n’y a qu’un pas.
Quand l’AVC fatigue la réticulée
Totalement réfractaires aux subtilités de
la pathologie cérébro-vasculaire, les
patients intègrent rarement l’AVC dans
leur trajectoire biographique comme un
événement de vie jubilatoire et positif.
La dépression post-AVC – que les esprits
basiques seraient tentés de réduire à sa
dérisoire composante réactionnelle – la
dépression post-AVC, donc, n’en a pas
moins fait l’objet d’études approfondies
sur les bords du lac Léman. Au bout du
compte, et sans avoir pour autant ménagé
leurs efforts, F. Staub et al. ne retrouvent
guère de corrélation avec la localisation
lésionnelle ou la symptomatologie initiale :
seul le déficit fonctionnel résiduel paraît
influer quelque peu ! Il n’en serait pas de
même de la labilité émotionnelle, parfois
retrouvée en l’absence de dépression, et
de la fatigue. Sous réserve de “cadrer”
cet ubiquitaire symptôme dans la grille
d’évaluation appropriée, on le retrouve
avec une fréquence particulièrement élevée
dans les suites des AVC du tronc cérébral
et du sous-cortex. Le dysfonctionnement
des réseaux neuronaux sous-corticaux
impliqués dans le “boustage” attention-
nel de l’activité cérébrale ne serait pas
étranger à cette intéressante prépondé-
rance.
Audit pour Stroke Unit
Avec la plus parfaite mauvaise foi, cer-
tains feignent de ne voir dans une unité
de soins intensifs neurovasculaires
(USINV) qu’une coûteuse usine à gaz
pour cow-boys en mal de sanglante fibri-
nolyse. La nature humaine étant ce qu’elle
est, ces lamentables individus se recru-
tent électivement parmi les collègues
d’autres spécialités, jaloux de tout crédit,
même parcimonieux, alloué à autrui !
Trop souvent, ils trouvent l’oreille atten-
tive des bailleurs de fonds facilement
enclins à écouter avec délectation ce
genre de refrain. Il ne reste plus qu’à
convaincre ces derniers du contraire !
Dieu merci, le salut nous vient de
Besançon ! En comparant les pronostics
de 2 cohortes de malades à 10 ans d’in-
tervalle, T. Moulin et al. mesurent l’im-
pact flagrant des soins intensifs neuro-
vasculaires. Ils enregistrent, en effet, sur
la période étudiée, une amélioration de
l’autonomie des sortants : désormais,
actua-
harcot
Actua-Charcot
Actualité de
la Société
française
de neurologie
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