Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 4, avril 2004
inadéquation sociale et un sentiment
d’infériorité, probablement liés au
trouble dépressif ou augmentés par lui,
ainsi que l’agressivité et l’hostilité sem-
blent être des déterminants clés de
l’ajustement social chez ces patients.
Les perturbations sociales étaient les
plus marquées chez les patients souffrant
de dépression sévère et présentant des
difficultés dans tous les domaines. Par
contraste, les patients ne présentant
qu’un niveau faible de symptômes
dépressifs ne semblaient pas souffrir
d’un mauvais ajustement social, compa-
rativement à la population générale.
Mots-clés : Ajustement social –
Dépression.
Neurocognition et prédiction
à long terme de la qualité de vie
chez des patients psychotiques
ambulatoires
Hawaii (États-Unis)
L
a qualité de vie a été décrite comme
“la richesse de l’expérience person-
nelle des individus”, et concerne le
fonctionnement social, professionnel et
interpersonnel. Elle inclut également la
satisfaction subjective d’un individu à
l’égard de sa propre existence. Les
implications de la pathologie sur la
qualité de vie ont fait l’objet d’une
attention plus soutenue chez les per-
sonnes présentant une maladie mentale
sévère et persistante, dans une perspec-
tive plus holistique, visant à mieux cer-
ner l’impact de la maladie psychia-
trique sur la vie des individus. Un cer-
tain nombre de travaux ont démontré
que la neurocognition a une valeur pré-
dictive élevée pour l’évolution fonc-
tionnelle des patients psychotiques.
Les capacités neurocognitives devraient
donc, sans doute, être également asso-
ciées à la qualité de vie des patients.
Cette publication rapporte les résultats
d’une étude longitudinale consacrée à
l’impact du fonctionnement neuroco-
gnitif sur la qualité de vie des patients
psychotiques (Fujii D, Wylie A, Nathan
J. Neurocognition and long-term predic-
tion of quality of life in outpatients with
severe and persistent mental illness.
Schizophrenia Research 2004; sous
presse). Le diagnostic des trente
patients suivis pour l’étude (23
hommes, 7 femmes) se répartissait de la
manière suivante : 11 schizophrénies
paranoïdes, 9 troubles schizoaffectifs, 6
troubles bipolaires, 3 schizophrénies
indifférenciées et un trouble psycho-
tique. L’âge moyen des patients au
moment de l’évaluation neurocognitive
était de 28 ans, et de 43 ans lors de
l’évaluation de la qualité de vie, qui a
donc été mesurée après un laps de
temps d’environ quinze ans. Les
mesures de l’évolution de l’état des
patients ont été faites à l’aide d’un
inventaire de qualité de vie (Brief
Quality Of Life Inventory, BQOLI). Les
résultats montrent que la mémoire est
prédictive du niveau de revenus, de la
satisfaction envers les activités de la vie
quotidienne, et de l’état de santé géné-
ral. Le fonctionnement exécutif était un
bon facteur prédictif des contacts avec
la famille et du soutien financier. Les
habiletés motrices, quant à elles, prédi-
saient la satisfaction concernant les
contacts avec la famille. Enfin, la qua-
lité de la mémoire de travail prédisait la
victimisation et la satisfaction concer-
nant les contacts sociaux. Le fonction-
nement neurocognitif a donc bel et bien
une valeur prédictive à long terme de la
qualité de vie pour les patients présen-
tant une maladie mentale sévère et per-
sistante. La question qui se pose désor-
mais est de savoir si les interventions
qui améliorent la cognition sont sus-
ceptibles d’améliorer également la
qualité de vie de ces patients.
Mots-clés : Psychose – Qualité de vie –
Neurocognition.
Exploration du substrat neurologique
de l’intelligence sociale
et émotionnelle
Iowa City (États-Unis)
L
es patients souffrant de lésions du
cortex ventromédian présentent des
perturbations dans le jugement person-
nel concernant la prise de décision, qui
se manifestent souvent par la manière
dont ils interagissent avec les autres. Ce
type de trouble spécifique peut se ren-
contrer même dans les cas où les capaci-
tés cognitives (selon le QI) sont nor-
males, voire au-dessus de la normale. En
dépit de capacités intellectuelles nor-
males, ces patients ont, de surcroît, des
problèmes pour ressentir, comprendre et
utiliser efficacement les émotions.
L’hypothèse du marqueur somatique qui
a été proposée pour expliquer ces défi-
cits spécifiques est basée sur ces obser-
vations cliniques. Cette hypothèse pro-
pose une explication neurologique aux
perturbations de la prise de décision.
Elle suggère que la prise de décision est
un processus qui dépend de signaux
émotionnels, ceux-ci étant définis
comme des réponses biorégulatrices
destinées à maintenir l’homéostase et à
assurer la survie. Avec l’intelligence
cognitive, l’intelligence sociale et émo-
tionnelle constitue une composante
importante de l’intelligence générale.
Elles se différencient l’une de l’autre par
le fait que la première est généralement
considérée comme fondée principale-
ment sur des processus mentaux de haut
niveau comme le raisonnement, cepen-
dant que la seconde se focalise plus sur
la perception, un traitement immédiat et
l’implication de connaissances et d’in-
formations sociales et émotionnelles.
Ces deux types d’intelligence sont-ils
soutenus par des substrats neuronaux
différents ? Une équipe américaine a
tenté de répondre à cette question en
comparant des patients présentant une
lésion bilatérale focale et stable du cor-
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Revue de presse
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