Un VIH entraînant de nombreux symptômes,
le mode nutritionnel semble, soit avoir des
répercussions sur ces manifestations, soit être à
l’origine des facteurs aggravants.
De plus, les médicaments anti-VIH agiraient
aussi sur le statut nutritionnel des patients. Mal
exploré par les scientifiques, ce phénomène
reste non expliqué à ce jour. Ainsi, quand les
patients séropositifs débutent une trithérapie
avec une antiprotéase, dans 65 à 70 % des cas,
les modifications corporelles se traduisent par
une prise de poids ou des transformations de
type augmentation des graisses abdominales,
perte de la graisse des jambes, émaciation du vi-
sage). Ces phénomènes, faute d’études, restent
inexpliqués. Par ailleurs, certains médicaments
(AZT, Videx®) peuvent avoir des effets secon-
daires (nausées, vomissements, diarrhées) plus
ou moins fréquents, retentissant sur l’appétit.
Cependant, la nutrition est devenue un élément
clé de la prise en charge globale du patient infecté
par le VIH. Pour la première fois, un consensus
médical et scientifique insiste sur le lien entre nu-
trition et entretien, voire amélioration, de l’immu-
nité et de l’état général des personnes infectées.
La personne séropositive est confrontée à de
nouvelles exigences alimentaires qu’elle ne peut
toujours comprendre et gérer seule. Une prise en
charge diététique précoce permet de corriger ou
de prévenir la dégradation rapide de l’état nutri-
tionnel des patients. Elle peut aider à ne pas ag-
graver le phénomène d’accumulation de graisses
de réserve.
À l’hôpital
Les premières prises en charge diététiques
des patients VIH ont été effectuées en secteur
hospitalier. Mais, aujourd’hui encore, malgré la
qualité de leur travail, on manque de diététi-
ciens dans les hôpitaux. Il y existe en outre
une forte inadéquation entre le bilan alimen-
taire et les conseils diététiques aux patients
VIH, d’une part, et ce qui arrive sur les plateaux
d’autre part.
Des associations comme AIDES ont souligné
qu’à l’hôpital l’alimentation posait des pro-
blèmes de perte de poids réels. Les premiers ré-
sultats positifs en matière d’alimentation des pa-
tients VIH sont venus des médecins et des
soignants. Des micro-ondes et des réfrigérateurs
ont été rendus accessibles aux patients dans les
services. Il a ainsi été possible de favoriser le
fractionnement des repas. On a même vu la
mise en place de tables de nuit réfrigérantes
pour les patients.
Il faut insister sur la convivialité, autant que sur
la qualité du repas lui-même. A l’hôpital, par
exemple, de nombreux patients fatigués ou dé-
pendants mangent dans leur chambre, seuls.
Les services VIH, à Paris, ne comptent pas de
coins repas permettant de faire manger dix per-
sonnes. Cette situation a conduit les volontaires
d’AIDES à modifier les horaires de leurs perma-
nences à l’hôpital, afin qu’ils rendent visite aux
patients davantage à l’heure des repas. Les asso-
ciations de patients soulignent que cette soli-
tude et ses conséquences en termes de prise ali-
mentaire ne relèvent pas de la mauvaise volonté
des infirmières ou des aides-soignantes, mais
d’un problème de surcharge des services VIH
alors que ce sont des services lourds.
L’existence d’un coin repas dans les services fait
partie des recommandations du rapport Guir-
gand sur l’alimentation à l’hôpital, rendu public
lors de la IIeConférence internationale “Nutri-
tion et VIH” de Cannes, en 1997. Des services
comme celui de l’hôpital Notre-Dame du Per-
pétuel Secours, à Levallois, ont utilisé une part
du couloir pour mettre quelques tables et effec-
tuer un service comme à l’hôtel, avec un menu
écrit sur une carte, même si la nourriture y est
préparée comme dans la plupart des établisse-
ments hospitaliers.
M.B.
VIH
Des besoins spécifiques
Les manifestations cliniques et somatiques dues à l’infection par
le VIH influencent le statut nutritionnel des patients. Elles
engendrent des besoins spécifiques, faisant de la prise en charge
diététique personnalisée un mode de prévention utile et efficace.
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