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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 1, janvier-février 2008
Écho des congrès
cho des congrès
La conférence européenne de nutrition est 
un congrès majeur. Elle s’est réunie à Paris 
en 2007, a rassemblé plusieurs milliers de 
congressistes de toute l’Europe et a donné lieu 
à près de 1 000 communications, faisant ainsi 
la preuve que la nutrition est une discipline 
vivante.
Un symposium a concerné certains aspects de la rela-
tion entre alimentation et cancer, sujet parasité en France 
par les récents rapports contradictoires de l’Académie 
de médecine et par celui de la World Cancer Research 
Foundation. C.A. Gonzales a confirmé la baisse de préva-
lence du cancer de l’estomac, bien que celui-ci repré-
sente encore 10 % des nouveaux cancers dans le 
monde. Il a rapporté les travaux de l’étude EPIC 
abordant la relation entre la consommation de 
viande et de dinitrosométhylamine (NDMA), 
la formation endogène de composés nitrés 
(ENOC), leur interaction avec l’infection Heli-
cobacter pylori (Hp) et les niveaux plasmatiques 
de vitamine C et de divers micronutriments. 
La cohorte EPIC regroupe 521 457 hommes et 
femmes âgés de 35 à 70 ans et répartis dans dix 
pays européens, dont la France, avec un suivi de 
6,5 ans. Il existe une association positive signi-
ficative entre cancer gastrique (sauf cardia) et 
apport de viande rouge, transformée et totale. L’associa-
tion avec les apports en viande (totale) était plus forte 
chez les sujets porteurs de l’infection Hp ;  inversement, 
elle n’a été observée chez aucun des sujets sans infection 
Hp. Une association positive et significative a été relevée 
entre ENOC et cancer gastrique (sauf cardia), et aucune 
avec les apports en NDMA. Les apports alimentaires en 
antioxydants n’étaient pas corrélés à l’incidence du cancer 
gastrique, mais des teneurs plasmatiques plus élevées en 
vitamine C, caroténoïdes, rétinol et α-tocophérol étaient 
associées à une réduction du risque de cancer.
E. Riboli a fait le point sur le lien établi entre obésité et 
cancer dans l’étude EPIC. Chez les femmes, l’obésité 
n’est pas corrélée à la survenue d’un cancer du sein avant 
la ménopause, mais le syndrome métabolique l’est après 
la ménopause. Il a été mis en évidence une corrélation 
négative entre indice de masse corporelle (IMC) et sex 
hormone-binding globulin (SHBG), ainsi qu’une relation 
positive entre IMC, œstrone et œstradiol libre : la dimi-
nution de SHBG est responsable de l’augmentation de 
l’œstradiol libre ; elle est liée à l’augmentation de l’in-
sulinémie et de l’IGF1, l’accroissement de l’IGF étant 
médié par IGF BP1 dépendant de l’insuline. On sait aussi 
que l’augmentation de l’incidence du cancer du sein est, 
chez les femmes pré- et post-ménopausées, corrélée à 
l’augmentation de taille (hauteur) des femmes.
Nous avons présenté plusieurs communications avec 
I. Birlouez, à l’occasion d’un symposium sur les composés 
néoformés (par réaction de Maillard lors de la cuisson), 
communications faisant état des travaux expé-
rimentaux que nous avons menés dans le cadre 
de l’étude ICARE. Nous avons inclus 60 sujets 
sains âgés de 20 ans (en moyenne) dans un proto-
cole en crossover de 2 fois 4 semaines. Ils étaient 
randomisés en deux groupes : l’un recevant une 
alimentation standard à base d’aliments frits ou 
grillés, l’autre une alimentation à base d’aliments 
bouillis, cuits à l’eau ou à la vapeur. L’analyse 
des aliments a montré des teneurs plus élevées 
en carboxyméthylysine (CML), acrylamide, 
hydroxyméthylfurfural (HMF), furanes et acides 
gras trans dans les repas standard : la biodisponi-
bilité de ces composés néoformés a été confirmée par des 
teneurs plus élevées de CML aux niveaux plasmatique et 
urinaire ; le niveau de fluorescence des AGE (advanced 
glycated endproducts) dans les féces, le plasma et les 
urines était plus élevé sous régime standard, et corrélé à la 
fluorescence des produits de Maillard dans les aliments. 
Le régime standard, isolipidique sur le plan quantitatif et 
qualitatif, a entraîné une augmentation des triglycérides, 
de la glycémie, de l’insulinémie et de l’index HOMA, 
une diminution des teneurs plasmatiques en vitamine E 
et en vitamine C (malgré une supplémentation en fruits et 
légumes crus dans le régime standard), une augmentation 
du coenzyme Q10, compensatoire d’un stress oxydant, 
ainsi qu’une altération du statut en acides gras oméga 3 et 
oméga 6 à longue chaîne. Tous ces éléments témoignent 
d’une augmentation du risque métabolique et cardiovas-
culaire.
Deux importants congrès en nutrition
Jean-Michel Lecerf*
* Service de nutrition, Institut Pasteur, Lille.
La 10e Conférence européenne de nutrition