Les inhibiteurs de l’aromatase et leurs applications S. Moslemi*, G.É. Séralini* Dossier Aromatase points FORTS ▲ Dans les deux sexes, le rapport androgènes/estrogènes semble plus déterminant sur plusieurs fonctions endocriniennes que l’action d’une hormone seule. ▲ La conversion irréversible des androgènes en estrogènes est contrôlée par un complexe enzymatique appelé aromatase, composé d’une réductase ubiquiste et d’un cytochrome P450 (CYP19). En physiologie, l’activité aromatase est souvent un facteur plus limitant sur la concentration des estrogènes que le taux des androgènes eux-mêmes. ▲ Des modèles animaux ou des anomalies génétiques chez l’homme montrent que la sous-expression ou la surexpression du gène de l’aromatase conduisent à des pathologies variées, touchant en particulier le développement osseux, la reproduction et certains cancers hormono-dépendants. En outre, des xénobiotiques polluants interférant avec l’aromatase pourraient perturber la balance androgéno-estrogénique chez l’individu normal. ▲ Le blocage de l’action physiologique des estrogènes, nécessaire dans certains cadres pathologiques, est plus complet en agissant au niveau de leur synthèse, plutôt qu’au seul niveau de leurs récepteurs. Ainsi, de nombreux inhibiteurs de l’aromatase ont été développés selon plusieurs techniques, et utilisés en clinique, seuls ou en combinaison avec les antiestrogènes, pour le traitement de cancers du sein, de gynécomasties et de certaines pubertés précoces. ▲ Les inhibiteurs de l’aromatase sont considérés comme des outils essentiels pour étudier les rôles des estrogènes non seulement chez la femelle des mammifères, mais aussi et plus récemment chez le mâle : sur la fonction testiculaire, le comportement sexuel, la maturation squelettique et la minérali- D ifférents concepts en endocrinologie et même en intracrinologie (1) ont été revus de nos jours, particulièrement à la lumière de nouveaux résultats concer- * Laboratoire de biochimie et biologie moléculaire, EA2608, IBFA, université de Caen. sation osseuse ou le métabolisme lipidique et la circulation. ▲ Il existe plusieurs approches permettant de développer de nouveaux inhibiteurs puissants et spécifiques ; parmi les plus performantes, on note le criblage des composés chimiques, la cristallographie et la modélisation moléculaire du site actif du CYP19, assistées d’études biochimiques comparées et de mutagenèse dirigée. ▲ Notre laboratoire a développé des études comparatives d’inhibition sur deux aromatases de mammifères : l’aromatase placentaire humaine et l’aromatase testiculaire équine, bien caractérisées biochimiquement, mais aussi purifiées et clonées. Le cheval, par sa synthèse testiculaire exceptionnellement élevée d’estrogènes, constitue un modèle particulièrement intéressant pour l’étude de l’aromatase. ▲ De nombreux inhibiteurs de l’aromatase n’ont pas apporté les résultats espérés au niveau de leur spécificité, de leur tolérabilité ou de leur efficacité clinique ; ont aussi été abandonnés des composés comme l’aminoglutéthimide, le fadrozole, le vorozole ou plus récemment la 4-hydroxyandrostènedione. ▲ L’anastrozole (Arimidex®), le létrozole (Fémara®) et l’exémestane (Aromasine®) sont parmi les mieux tolérés et les plus efficaces actuellement contre des cancers du sein, mais une amélioration est encore recherchée avec des inhibiteurs de dernière génération. ▲ La synthèse d’oligonucléotides antisens stables, ou des petites séquences interférant avec les ARNm (ARNsi) de l’aromatase, constituent des méthodes d’avenir intéressantes à développer afin d’inhiber localement l’expression de son gène. nant le rôle des estrogènes dans la physiologie masculine et la reproduction. Il s’avère que les estrogènes sont nécessaires à faible taux pour la physiologie en général et possèdent des effets stimulants, en particulier sur la fonction gonadique et osseuse, notamment chez les mammifères mâles. En revanche, les effets inhibiteurs gonadotropes des estrogènes à plus forte dose restent vrais chez les mâles, mais souvent à des taux élevés pouvant correspondre à des niveaux de base chez la femelle. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 161 Dossier Aromatase Ainsi, les estrogènes ne sont plus considérés seulement en tant qu’hormones féminines (2), car il est bien établi maintenant qu’ils sont essentiels pour la balance endocrine des mâles, avec toutefois un effet de seuil qui semble, au moins pour certaines fonctions, considérablement différent dans les deux sexes (figure). Cela dépend en partie, pour certains organes, de la répartition tissulaire et de l’expression cellulaire des enzymes de la stéroïdogenèse et des récepteurs des hormones sexuelles. De plus, comme la dihydrotestostérone est un effecteur final de la testostérone, laquelle peut donc être considérée dans bien des cas comme Niveau de base – {E} Femelle + Mâle + une prohormone, les estrogènes peuvent être dans certains cas des effecteurs alternatifs de l’action masculinisante des androgènes, par exemple au niveau central chez les mâles ou lors des processus de la spermatogenèse. Ainsi, le comportement agressif et le rétrocontrôle exercé par les androgènes ont été associés à la métabolisation in situ des androgènes en estrogènes chez le mâle (3). De même, le rapport androgènes/ estrogènes est crucial pour induire, par exemple, l’ovulation ou l’apoptose des ovocytes ou peut-être au cours de la spermatogenèse. Aujourd’hui, on pourrait considérer que, tenant compte de l’ensemble de la physio- Inhibiteurs de l’aromatase – – – +/- { Effets gonadiques } Les balances des niveaux estrogéniques mâles et femelles sont présentées. Dans la plupart des espèces de mammifères, les mâles ont des taux d’estrogènes [E] plus bas que les femelles. Les effets stimulants des estrogènes sur la physiologie gonadique (principalement la spermatogenèse ou l’ovulation) se font sentir à des taux moindres chez le mâle que chez la femelle, tout comme les effets inhibiteurs. L’inhibition de la fonction gonadique est généralement atteinte chez le mâle à des taux encore stimulants chez la femelle. Les inhibiteurs de l’aromatase peuvent moduler cette balance endocrine. Au-dessus des pointillés, représentation de la vision classique, au dessous, nouvelles découvertes. Figure. Fonction gonadique (stimulation : + ou inhibition : -) et niveaux sériques d’estrogènes. 162 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 logie d’une cellule sensible aux stéroïdes, et encore plus au niveau des grandes fonctions, le rapport androgènes/estrogènes apparaît plus important que l’action d’une seule hormone, et ce dans les deux sexes. Chez les vertébrés, le rapport androgènes/estrogènes est sous le contrôle d’une enzyme membranaire du réticulum endoplasmique intracellulaire appelée aromatase. Cette enzyme comporte en fait deux entités. Tout d’abord une réductase ubiquiste peu spécifique qui est une flavoprotéine à FAD et FMN, fonctionnant en tant que donneur d’électrons nécessaires à la réaction enzymatique. Celle-ci est ensuite couplée à une protéine spécifique responsable, grâce à un groupement hémique, de la liaison et de la conversion irréversible du stéroïde androgène. Cette protéine appartient à la superfamille des cytochromes P450, répartis en plus de 750 séquences et regroupés en 107 familles, et l’aromatase est le seul membre de la famille 19 (CYP19). C’est la seule enzyme capable de convertir essentiellement l’androstènedione et la testostérone respectivement en estrone et estradiol, en utilisant trois moles d’oxygène et trois moles de NADPH. Cela se réalise en trois étapes impliquant d’abord des hydroxylations, et permettant finalement la formation du cycle A aromatique ; d’où la dénomination d’aromatase pour l’enzyme et d’aromatisation pour la réaction. Cette enzyme est exprimée au niveau des gonades, du placenta et du système nerveux central, mais aussi aux niveaux osseux, adipeux et cutané. Le gène de l’aromatase est particulier car il est extrêmement long (plus de 123 kb) et comporte chez l’homme au moins neuf promoteurs bien caractérisés, liant de nombreux facteurs de régulation utilisés dans différents tissus, dont l’implication conduit à un épissage alternatif complexe de l’exon 1. La partie codante est répartie sur seulement 30 kb et apparaît identique dans différents tissus. Le contrôle de l’expression de l’aromatase est très variable selon les organes, les cellules et les états physiologiques. Il inclut la formation des divers ARNm en fonction du promoteur impliqué pour une unique protéine responsable de l’activité enzymatique. Le gène de l’aromatase offre donc aux biologistes moléculaires un excellent modèle pour étudier la régulation complexe de l’expression génique. De nombreuses méthodes ont été développées pour inhiber l’aromatase (4). Leur champ s’étend du criblage de composés chimiques mimant le substrat, au sondage du site actif par la modélisation d’inhibiteurs spécifiques, grâce à la biochimie comparée dans plusieurs espèces ou à la mutagenèse dirigée. S’y incluent l’immuno-inhibition, le développement des modèles animaux de déficience génétique, le contrôle des facteurs de régulations spécifiques aux tissus ou encore l’inhibition de l’expression des ARNm. On a identifié, par ailleurs, certains composés nutritionnels ou des polluants (résidus industriels, pesticides) susceptibles de moduler l’activité de l’aromatase et donc de perturber la balance hormonale (4). En clinique, on a cherché à inhiber l’activité aromatase grâce à au moins trois générations de composés chimiques, stéroïdiens ou non. Ils ont été utilisés non seulement en traitements des cancers du sein chez la femme (5), mais aussi pour celui de la gynécomastie (6) dans certains cas de cancers de la prostate (7) et lors de pubertés précoces (8). Enfin, l’inhibition de la synthèse des estrogènes pourrait être testée comme un moyen de contraception masculine. L’aromatase est en effet présente dans les cellules de Leydig de différentes espèces : rat (9), cheval (10) et homme (11), mais également dans les tubes séminifères. En raison de sa présence dans les spermatides et les spermatozoïdes, la synthèse des estrogènes paraît être bien impliquée dans la régulation de la spermatogenèse (11). Notre laboratoire a développé ces dernières années plusieurs inhibiteurs nouveaux de l’aromatase, sur la base de la structure du site actif de l’enzyme (12, 13), étudiée par la mutagenèse dirigée (14) et grâce à des comparaisons biochimiques et structurales avec une autre aromatase de mammifère (15). Nous avons également développé des inhibiteurs oligodesoxynucléotides antisens de l’expression du gène en nous fondant sur la structure tertiaire de l’ARNm de l’enzyme (16). Les différents types d’inhibiteurs Les inhibiteurs de l’aromatase peuvent être classés en différentes générations, selon l’ordre chronologique de leur conception ou de leur utilisation clinique. Ils peuvent aussi être mis en catégories selon leur nature chimique ou leur mécanisme d’action. les dérivés de l’indane ou de l’indolizinone (17), sont des dernières générations. L’efficacité de ces molécules a été considérablement augmentée sur des modèles in vitro, mais malheureusement l’efficacité en clinique reste limitée (avec un taux de réponse de 14 à 36 % qui pourrait également être dû à la résistance aux estrogènes) et on l’associe à des effets secondaires, notamment pour l’aminoglutéthimide, le vorozole et le fadrozole. Cela montre bien qu’il s’agit d’un domaine de recherche encore largement ouvert. En outre, le meilleur inhibiteur in vivo n’a pas forcément la meilleure constante d’inhibition (Ki) in vitro, et vice versa. La demivie, le métabolisme ou la spécificité des inhibiteurs sont des paramètres cliniques cruciaux à prendre en considération dans l’évaluation générale d’un inhibiteur de l’aromatase. Dossier Aromatase Classement selon la nature chimique Classement des inhibiteurs par ordre chronologique Nous disposons aujourd’hui d’au moins quatre principales générations d’inhibiteurs chimiques de l’aromatase, dont trois ont été largement utilisés en clinique. L’aminoglutéthimide (Orimétène ®) fut le premier inhibiteur de l’aromatase développé et utilisé pour le traitement du cancer du sein métastatique comme alternative à l’ablation chirurgicale des surrénales ; il est de la première génération. La 4-OHA (Formestane® ou Lentaron®), connue en tant qu’inhibiteur de type suicide et inactivateur, est un membre de la deuxième génération, tout comme le fadrozole (CGS 16949A ou Afema®). Le vorozole (troisième génération) a été médicalement développé mais secondairement abandonné. L’anastrozole (Arimidex®) et le létrozole (Fémara ®) ont été employés plus récemment, et sont de la troisième ou de la quatrième génération selon la manière dont on compte. Les nouveaux inhibiteurs développés in vitro ou sur des modèles animaux, comme Les inhibiteurs sont stéroïdiens ou non stéroïdiens. Les inhibiteurs stéroïdiens sont les analogues des substrats de l’aromatase, particulièrement de l’androstènedione, le plus hydrophobe et qui possède la meilleure affinité pour l’enzyme. Depuis les travaux de Schwarzel et al. (18) plusieurs inhibiteurs stéroïdiens ont été développés. La 4-OHA est apparue la plus sélective et la plus efficace contre le cancer de sein (19-21). La particularité de la 4-OHA est liée à sa liaison irréversible au site actif de l’enzyme. Elle agit en tant qu’inhibiteur de type “suicide”, avec une action prolongée sur l’enzyme. La restauration de l’activité enzymatique nécessite en effet une nouvelle synthèse de la protéine et l’inhibition persiste un certain temps après l’arrêt du traitement. Dans la pratique, une prescription intermittente pouvait donc être envisagée (250-500 mg toutes les deux semaines), ce qui constituait un avantage pour le patient. Cependant, l’emploi de cette molécule a présenté des inconvénients. Le premier Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 163 Dossier Aromatase 164 a concerné son administration par voie intramusculaire. Le deuxième a été lié à ses propriétés androgéniques aux posologies élevées qui ont diminué significativement le rapport bénéfices/risques. En outre, cette molécule est, comme d’autres stéroïdes, rapidement métabolisée par les cytochromes P450, notamment hépatiques ou rénaux (22, 23), responsables de la détoxication. Par exemple, l’androst-4-ene-3,6,17-trione, inhibiteur de type suicide de l’aromatase (24), est aromatisé par les microsomes placentaires humains (25), ce qui augmente les risques endocriniens ou de cancérogenèse. En raison de ce type d’inconvénient, la 4-OHA – qui était le principal inhibiteur stéroïdien utilisé en clinique contre le cancer du sein – a été retirée du marché par la compagnie qui l’avait développée. Plus récemment, l’exemestane (Aromasine®), un autre inhibiteur stéroïdien de type suicide, a été développé par les laboratoires Pharmacia. Il a prouvé son intérêt en clinique dans quelques pays. Cette molécule semble être plus efficace que la 4-OHA (26). Elle est la seule molécule stéroïdienne disponible par voie orale. Des inhibiteurs non stéroïdiens ont également été développés. Ils sont dérivés pour la plupart de l’imidazole et du triazole et fondés sur la structure des agents antifongiques inhibant les enzymes des cytochromes P450. L’aminoglutéthimide a été le premier inhibiteur non stéroïdien de l’aromatase utilisé en clinique comme traitement de deuxième ligne chez des patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade avancé. Son emploi fut abandonné malgré son taux de réponse de 30 à 50 %, à cause de son absence de spécificité et de ses effets secondaires. Notamment, il inhibe la synthèse des corticostéroïdes par un blocage du cytochrome P450scc, responsable du clivage de la chaîne latérale du cholestérol. Plus récemment, des inhibiteurs non stéroïdiens appartenant aux deuxième et troisième générations ont été développés par différents laboratoires pharma- ceutiques tels que le fadrozole (Afema®, CGS 16949A, Novartis), l’anastrozole (Arimidex®, ZD1033, AstraZeneca), le vorozole (Rivizor®, R83842, Janssen) et le létrozole (Fémara®, CGS 20.267, Novartis). Ils se sont montrés, dans un premier temps, plus efficaces (affinité élevée pour l’enzyme, de l’ordre du nM) et bien tolérés par rapport à l’acétate de mégestrol ou à l’aminoglutéthimide (27). Hormis le vorozole et le fadrozole, dont les utilisations ont été abandonnées par manque de spécificité (par exemple, le fadrozole possède un effet supresseur sur l’aldostérone), l’anastrozole et le létrozole se sont montrés les plus efficaces et sélectifs sur l’aromatase et sont bien tolérés par les patients (28, 29). D’autres études ont montré que ces substances sont plus actives que les antiestrogènes tamoxifène et faslodex (ICI 182.780, un antiestrogène stéroïdien) sur la régression de la croissance des tumeurs mammaires des souris. Avec ces inhibiteurs, on a également observé la régression des tumeurs et du poids de l’utérus, à la différence du tamoxifène. Les études montrent que le létrozole (30) a peu d’effets sur la synthèse des autres stéroïdes surrénaliens. Il est l’inhibiteur de l’aromatase le plus sélectif disponible aujourd’hui. L’anastrozole a récemment été évalué en phase III pour le traitement du cancer du sein métastatique chez les femmes ménopausées, quand la maladie a progressé en dépit de la thérapie au tamoxifène. L’anastrozole et le létrozole ont obtenu leurs autorisations de mise sur le marché en Amérique du Nord et en Europe dans cette indication (27). Cependant, leur efficacité reste limitée, les réponses étant respectivement de 27 et 36 % (28, 31). Le tableau résume les avantages et les inconvénients des inhibiteurs stéroïdiens et non stéroïdiens. Classement selon le mécanisme d’action Il existe deux principaux mécanismes pour inhiber une activité enzymatique : soit la molécule se fixe de manière irréversible à l’enzyme par liaison covalente et la bloque définitivement (4-OHA et exémestane), soit la molécule inhibe de manière réversible, compétitive ou non, l’action de l’enzyme (pour les non stéroïdiens en général). En outre, en spectrophotométrie, le type d’interaction des molécules stéroïdiennes avec le site actif de l’enzyme diffère de celui observé avec les inhibiteurs non stéroïdiens. Les inhibiteurs non stéroïdiens forment, via un hétéroatome omniprésent comme l’atome d’azote, une liaison dite de “coordination” avec le fer hémique de l’enzyme. Cela se traduit au spectrophotomètre par une absorbance maximale à 420 nm et une autre minimale à 390 nm (spectre de type II). En revanche, les inhibiteurs stéroïdiens ne présentant pas ce type d’interaction, le spectre précédent est inversé, avec une absorbance maximale à 390 nm et une minimale à 420 nm (spectre de type I). Ces spectres d’absorbance sont spéci- Tableau. Avantages et désavantages des deux classes majeures d’inhibiteurs chimiques de l’aromatase. Inhibiteurs stéroïdiens non stéroïdiens Avantages • plus sélectifs • demie-vie plus longue (profil d’inactivation) • faible absorption orale (sauf pour l’exémestane) • effets hormonaux (androgéniques à fortes doses) • métabolisme possible par les cytochromes P450 • absorption orale • moins d’effets hormonaux parasites • moins sélectifs (inhibition d’autres cytochromes P450) • demie-vie plus courte (nécessité d’administrations fréquentes) Désavantages Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 fiques aux cytochromes P450 et ils représentent donc des paramètres importants à vérifier lors des phases préliminaires d’évaluation des molécules. Cependant, nous avons pu récemment montrer qu’un inhibteur non stéroïdien, le MR20814, pouvait présenter à la fois les spectres de type I et II respectivement avec l’aromatase testiculaire équine et l’aromatase placentaire humaine (12). Les modélisations moléculaires de ces deux aromatases, en présence de MR20814, nous ont permis de mettre en évidence des différences d’orientation de cet inhibiteur au sein du site actif et, par conséquent, d’améliorer les possibilités de synthèse d’inhibiteurs de nouvelle génération, encore plus efficaces. Ces hypothèses d’interaction avec des acides aminés présents au sein du site actif de l’enzyme ont été vérifiées par mutagenèse dirigée. Sachant qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’inhibiteurs de type “suicide” ou d’inactivateurs non stéroïdiens de l’aromatase, il serait donc intéressant de les développer afin de limiter les interactions non spécifiques avec le système endocrinien lors des traitements. En effet, on peut supposer que plus une molécule sera finement adaptée au site actif de l’enzyme avec laquelle elle est sensée interagir, plus son interaction risque d’être spécifique et donc limitée avec les autres enzymes. Même si ce raisonnement n’est pas universellement applicable, il permet d’augmenter les chances d’obtention de molécules de plus en plus spécifiques. Les applications des inhibiteurs de l’aromatase Sur le plan des études biochimiques ou cellulaires Les inhibiteurs de l’aromatase sont des outils d’exploration biochimique ou de fonction cellulaire permettant d’élucider leurs mécanismes d’action sur l’enzyme par comparaison des effets sur des modèles différents comme, par exemple, les aromatases humaine et équine. Ils permettent aussi de sonder la structure du site actif et d’évaluer les fonctions des acides aminés qui y sont impliqués afin de comprendre la conformation et le fonctionnement de ce type de cytochrome P450 membranaire de mammifère (à ce jour, seuls des cytochromes bactériens solubles ont été cristallisés). Ces approches permettront possiblement d’en déduire en retour la structure de nouveaux inhibiteurs plus efficaces (17, 32). Habituellement, leurs effets secondaires sur d’autres cytochromes P450 hépatiques sont considérés comme potentiels, même après des épreuves cliniques (33). Les études de biochimie comparée permettent de mieux appréhender ce risque et de mieux comprendre ces mécanismes impliqués et le métabolisme des inhibiteurs. Avec ces approches, notre équipe contribue depuis plusieurs années aux études in vitro et au développement des nouveaux inhibiteurs de l’aromatase (12, 13, 17, 32). In vivo chez l’animal Les rôles physiologiques des estrogènes chez la femelle sont bien démontrés alors que leurs effets chez le mâle ont été en particulier mis en évidence grâce à l’utilisation in vivo des inhibiteurs de l’aromatase. Ils ont été confirmés grâce au modèle de déficience génétique des souris ArKO qui correspond à une inhibition constitutive du gène de l’aromatase. En effet, le rôle des estrogènes, de la vie fœtale jusqu’à la puberté, est plus facilement déduit des études de mutation ou de délétion des gènes des récepteurs des estrogènes ou de l’aromatase. Les inhibitions chimiques de l’aromatase possèdent l’avantage de permettre de dévoiler le rôle de la suppression des estrogènes à la fois pendant le développement postnatal ou pendant la seule vie adulte. En plus de l’action des estrogènes sur le métabolisme lipidique, le méta- bolisme de l’insuline ou la protection contre l’athérosclérose, les inhibiteurs de l’aromatase ont permis de montrer que les estrogènes agissaient essentiellement à trois autres différents niveaux. Le premier niveau, le plus visible phénotypiquement, a été mis en évidence dans une expérience détaillée où le vorozole altère le gain de poids corporel et le remodelage squelettique et diminue globalement la densité minérale osseuse chez les rats mâles en pleine croissance (34). Il est désormais évident que lorsqu’un patient a une insuffisance estrogénique importante, il souffre d’anomalies de la maturation et de la minéralisation squelettique (35). Le deuxième niveau d’action des estrogènes a été démontré par l’observation de l’effet du fadrozole sur le cerveau et la fonction neuronale. Ainsi, le développement de la morphologie dendritique masculine dans le noyau spinal du bulbe caverneux, dans le cordon médullaire lombaire du rat, est sous la commande estrogénique (36). Ce centre est responsable des réflexes copulatoires masculins. Le comportement copulatoire normal chez les rats mâles a été inhibé par l’administration chronique de l’anastrozole (3). Le troisième niveau d’action des estrogènes est gonadique. Les actions des inhibiteurs de l’aromatase ont mis en exergue le rôle indispensable des estrogènes dans l’appareil de la reproduction masculine, notamment au niveau de la régulation de production de testostérone (3). Dossier Aromatase Sur le plan clinique L’utilisation des inhibiteurs de l’aromatase constitue une stratégie de thérapie endocrinienne bien établie dans certaines pathologies hormonodépendantes. Des inhibiteurs de l’aromatase sont généralement employés en traitement de deuxième ligne dans les cancers du sein hormono-dépendants métastatiques, souvent chez les femmes postménopausées, quand les antiestrogènes deviennent inefficaces ou non tolérés. Le tamoxifène Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 165 Dossier Aromatase 166 (ICI 46.474) a été développé à partir de 1967 comme un antiestrogène non stéroïdien et est entré en 1971 en essai clinique dans le cancer du sein à un stade avancé (37). Ce type d’antiestrogène possède une activité agoniste à long terme, c’est-à-dire un effet estrogénique. Par conséquent, il a augmenté le risque de cancer de l’endomètre et l’incidence a été corrélée avec la durée du traitement (38). Même si les antiestrogènes sont généralement utiles pour bloquer les effets des estrogénes indépendamment de leur origine, endogènes ou exogènes (xénoestrogènes, phytoestrogènes), ces drogues en général, et le tamoxifène en particulier, ne paraissent pas constituer les produits optimaux pour des thérapies endocriniennes. En revanche, l’utilisation des inhibiteurs de l’aromatase en clinique n’apparait pas limitée par les mêmes bornes. En plus de leur rôle complémentaire avec les antiestrogènes, il existe au moins quatre bonnes raisons d’employer les inhibiteurs de l’aromatase dans différentes pathologies humaines. Tout d’abord, la dépendance des tumeurs aux estrogènes a été classiquement établie dans le passé par la présence des récepteurs aux estrogènes de type alpha (ERα). Or, la caractérisation récente d’un autre type de récepteur aux estrogènes, ERβ (39) a fait remettre en cause la validité du diagnostic des cas pathologiques non estrogéno-dépendants établis dans le passé. Les travaux les plus récents ont en effet permis de mettre en évidence la présence de ERβ dans des tumeurs du sein (40). Il est possible qu’à l’avenir on identifie un récepteur supplémentaire : ERγ ? Puisque les antiestrogènes ont été caractérisés tout au début avec ERα, il serait donc prudent de prescrire des inhibiteurs de l’aromatase afin d’empêcher une action éventuelle des estrogènes au niveau d’autres types de récepteurs. Deuxièmement, la suppression de l’action des estrogènes n’empêche pas le renouvellement du récepteur après blocage. Le contrôle de la synthèse de ces hormones en amont de l’étape réceptrice est donc toujours une amélioration du traitement. Troisièmement, même en présence des tumeurs différenciées en apparence démunies de récepteurs aux estrogènes fonctionnels, le tissu normal environnant peut synthétiser des estrogènes ou des facteurs estrogéno-dépendants favorisant la promotion de cellules initiées précancéreuses. La manière la plus efficace de réduire la cancérisation serait donc de limiter la disponibilité en estrogènes localement formés, par des inhibiteurs de l’aromatase. Enfin, quatrièmement, le mode d’action des estrogènes est plus général que leur simple liaison à un ou deux types de récepteurs. Leurs effets membranaires sont aujourd’hui documentés, comme leur hydroxylation possible (41), conduisant à la formation d’adduits cancérigènes en se liant par des liaisons fortes dites “covalentes” à l’ADN, qui favorisent ainsi les mutations (42). En tout état de cause, l’inhibition de la synthèse des estrogènes apportera donc toujours un “plus” mécanistique non négligeable dans l’inhibition de tous ces effets non médiés par les récepteurs. Par ailleurs, les applications cliniques des inhibiteurs de l’aromatase dépassent largement leur utilisation dans le cancer du sein ou de l’endomètre chez la femme. Même si ces cadres pathologiques sont les plus cités, il convient de ne pas négliger d’autres affections malignes ou bénignes hormono-dépendantes. Par exemple, le cancer du sein masculin, même très rare, existe également. De plus, d’autres tumeurs peuvent être estrogéno-dépendantes. Les ARNm de l’aromatase et l’enzyme sont présents dans l’hyperplasie bénigne et le cancer de la prostate. Ainsi, l’exon 1b est exprimé dans des cas d’hyperplasie bénigne prostatique et d’un carcinome alors que l’exon 1d est exprimé au niveau des transcrits de tissu sain (43). Cette expression différentielle pourrait être la cause ou la conséquence d’une surexpression de l’aromatase, susceptible d’entraîner une production in situ accrue d’estro- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 4, juillet/août 2003 gènes, qui pourrait être impliquée dans l’accélération de la croissance ou de la multiplication cellulaires. Une surproduction locale d’estrogènes pourrait alors être naturellement limitée par des inhibiteurs de l’aromatase. Par exemple, l’utilisation de la 4-OHA a permis une amélioration des symptômes dans le cancer de la prostate non hormonodépendant (44). En outre, puisqu’il existe des sites de liaison de haute affinité pour les estrogènes dans l’hyperplasie prostatique bénigne et le cancer de la prostate (7), les stratégies courantes des traitements des maladies prostatiques humaines pourraient être, dans certains cas, reconsidérées avec les inhibiteurs de l’aromatase. En outre, des tumeurs de cellules de Leydig sont caractérisées par une surexpression de l’aromatase, au moins chez les rongeurs (45). Les tumeurs testiculaires représentent environ 20 % des cancers chez les hommes entre 20 et 39 ans. Les estrogènes peuvent avoir des effets mitogènes sur les cellules de Sertoli et de Leydig humaines, et les cellules sexuelles, et l’aromatase est exprimée même dans le testicule normal (46). On a aussi identifié des récepteurs aux estrogènes dans certaines cellules cancéreuses hépatiques (47). Enfin, des inhibiteurs de l’aromatase, comme la testolactone, seule ou associée à des antiandrogènes, ont été utilisés dans des cas de pubertés précoces chez les garçons et les filles (8), mais les effets secondaires limitent leur prescription. Des cas de traitements efficaces avec les inhibiteurs contre la gynécomastie ont aussi été publiés (6). Conclusion L’aromatase est l’unique enzyme permettant la conversion irréversible des androgènes en estrogènes. Nous avons souligné dans cet article de synthèse l’existence de stratégies et de composés variés pour inhiber l’aromatase. Ils servent non seulement à sonder la structure et le fonctionnement catalytique du site actif de cette enzyme cruciale, de la classe des cytochromes P450, mais aussi pour étudier, au laboratoire, le rôle des estrogènes, par exemple sur la physiologie testiculaire. L’activité de l’aromatase, responsable de la balance androgéno-estrogénique, peut même être perturbée par des xénobiotiques polluants. Sur le plan clinique, les inhibiteurs de l’aromatase (pour les plus récents) ont prouvé leur efficacité dans les traitements de certains cancers hormono-dépendants, essentiellement celui du sein (en traitement de deuxième ligne) mais leur usage s’étend en première ligne ou en combinaison. Ils ont également été utilisés pour le traitement de pubertés précoces ou de gynécomasties. Une meilleure connaissance du rôle de l’aromatase dans le cancer du sein, de la prostate, ou dans la fertilité masculine, et en particulier la spermatogenèse, pourrait conduire à l’avenir à d’autres applications thérapeutiques. Remerciements. Nous remercions la Ligue contre le cancer (comités de la Manche et du Calvados) pour leurs aides financières dans nos travaux sur les inhibiteurs et la modulation de l’aromatase. Références 1. Labrie F. At the cutting edge-intracrinology. 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