gie et intégrer la compréhension du diabète en
tant que maladie chronique et, surtout, le vécu
du patient.
L
E RESSENTI DU DIABÉTIQUE
Pourquoi suis-je devenu diabétique ?
Le patient diabétique, tout d’abord, ne com-
prend pas la maladie dont il souffre. Il est
devenu gros progressivement, certes, parce
qu’il mange probablement trop et qu’il n’a pas
d’activité physique. Toutefois, il est mainte-
nant bien établi que l’augmentation exponen-
tielle de l’incidence du diabète de type 2 n’est
pas uniquement liée à une dérive des habi-
tudes hygiéno-diététiques. Il a, par exemple,
été très bien démontré qu’au fil des siècles, les
famines qui intervenaient régulièrement au
cours des guerres ont sélectionné une popula-
tion présentant un phénotype “épargneur”,
c’est-à-dire un homme ou une femme capable
de faire des réserves en dehors des périodes
de famine pour pouvoir les utiliser le moment
venu. Les périodes de famine ayant maintenant
quasiment disparu dans les pays industriali-
sés, les épargneurs n’en finissent plus d’épar-
gner, jusqu’à devenir obèses. C’est aussi pour
cette raison que l’incidence du diabète de
type 2 augmente. De plus, les habitudes ali-
mentaires remontent parfois à des croyances
ancestrales. Toujours dans une optique de
famine future, rappelons-nous nos grand-
mères qui considéraient qu’un enfant en bonne
santé était un enfant plutôt pléthorique. Les
croyances ont changé, mais pas depuis si long-
temps. Enfin, il y a la grande injustice de la
nature. Les gros n’arrivent pas à maigrir, mais
avez-vous déjà essayé de faire grossir quel-
qu’un qui, pendant 40 ans de sa vie, a toujours
été maigre ?
Pourquoi le diabète est-il dangereux ?
La notion de danger est depuis notre enfance
assimilée à la notion de douleur. Le diabète est
une maladie silencieuse et même terriblement
silencieuse. D’installation progressive, souvent
de découverte fortuite, elle devient terriblement
déroutante quand le patient découvre qu’il a fait
un infarctus sans ressentir aucune douleur ou
qu’il a un mal perforant plantaire parce qu’il a
marché pendant une journée avec un petit caillou
dans sa chaussure sans s’en rendre compte, car
la neuropathie peut être précoce. Le diabétique a
beaucoup de mal à comprendre qu’une maladie
strictement asymptomatique puisse être aussi
grave. Le diabétique ne saisit pas pourquoi de
simples problèmes d’alimentation et d’exercice
physique peuvent conduire à l’infarctus, l’ampu-
tation, la dialyse, l’impuissance. Le patient a l’in-
tuition qu’il s’agit probablement d’un problème
beaucoup plus complexe que sa simple alimenta-
tion... et il a raison.
Le diabète est une maladie chronique dont on
ne guérit pas
La culture des médecins est fondée sur un
modèle de maladie aiguë : vous avez une angi-
ne, après 8 jours d’antibiotiques, l’angine a dis-
paru. Le diabète, c’est tout autre chose. Le dia-
bète de type 2 évolue inexorablement en s’ag-
gravant. L’augmentation de l’insulinorésistance
mais également, et surtout, l’épuisement pro-
gressif de la sécrétion insulinique, de plus en
plus mis en avant actuellement, font que la
maladie diabétique empire inexorablement avec
le temps. L’inévitable augmentation du taux
d’HbA1C dans l’étude UKPDS en fournit une
démonstration flagrante (figure 1). Même si le
diabétique accepte les fondements de sa mala-
die et respecte à la lettre les consignes de son
médecin, il se rend vite compte que, malgré tous
ses efforts, le traitement ne cesse de s’intensi-
fier et qu’après les comprimés arrivent les injec-
tions. Tout cela n’est pas très motivant.
Q
UELLES VOIES D
’
AMÉLIORATION
?
Le diabète n’est pas un facteur de risque mais
une maladie à part entière
La première voie d’amélioration vient sans
doute du médecin lui-même. Le premier messa-
ge, probablement le plus important, à faire pas-
ser au patient diabétique de type 2 consiste à lui
expliquer que le diabète est une vraie maladie
dont il est en partie responsable mais qui a des
origines beaucoup plus complexes, notamment
génétiques. Et c’est souvent en allant puiser
dans la famille que l’on peut justifier une telle
origine. Une mère et une grand-mère diabé-
Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. I - n° 1 - octobre-novembre-décembre 2003
32
mise au point