Traitement des ruptures de varices œsophagiennes à la phase aiguë Treatment of bleeding esophageal varices IP Philippe Sogni* L La prise en charge de première ligne des RVO repose sur l’association d’une réanimation adaptée au malade atteint de cirrhose, d’un traitement vaso-actif débuté précocement, d’une endoscopie diagnostique et thérapeutique et d’une antibioprophylaxie. a prise en charge à la phase aiguë des hémorragies digestives par ruptures de varices œsophagiennes (RVO) chez le patient adulte atteint de cirrhose a fait de gros progrès, permettant de diminuer nettement la mortalité au cours des 20 dernières années (1). Elle a été codifiée par des conférences de consensus ou d’experts récentes (2-4). La diffusion de leurs recommandations est un élément important d’évaluation de nos pratiques pour l’optimisation de la prise en charge des malades. À l’heure actuelle, on peut estimer que l’arrêt de l’hémorragie sans récidive précoce dans les cinq jours est obtenu dans 80 à 90 % des cas, et que la mortalité hospitalière est d’environ 15 %, celle-ci dépendant essentiellement de la gravité de la maladie hépatique et de la présence ou non de comorbidités (1). Le but de la réanimation est de maintenir une hémodynamique efficace (pression artérielle moyenne de 80 mmHg environ) et un taux d’hémoglobine entre 7 et 8 g/dl. Prise en charge en première ligne Points forts Le pronostic des hémorragies digestives par rupture de varices œsophagiennes (RVO) s’est nettement amélioré au cours des 20 dernières années en raison des progrès réalisés en matière de prise en charge. Le traitement vaso-actif systématique, débuté avant l’endoscopie, utilise soit la terlipressine soit l’octréotide. Il doit être poursuivi idéalement durant les cinq premiers jours. L’endoscopie digestive faite dans de bonnes conditions, chez un malade réanimé, avec un estomac vidé, doit être systématique. La ligature endoscopique est supérieure à la sclérose. L’antibioprophylaxie est systématique. Le schéma de référence est la norfloxacine pendant sept jours à la dose de 400 mg toutes les 12 heures. En cas d’échec, la prise en charge de deuxième ligne est moins bien codifiée. Elle fait appel à un deuxième traitement endoscopique et éventuellement à la pose d’un TIPS (transjugular intrahepatic portosystemic shunt). Mots-clés : Cirrhose – Hémorragie digestive – Varices œsophagiennes – Traitement vaso-actif – Ligature endoscopique. Keywords:Cirrhosis – Digestive bleeding – Esophageal varices – Vaso-active treatment – Band ligation. * Université Paris-V et hôpital Cochin, Paris. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008 Dossier thématique D ossier thématique Diagnostic Le diagnostic de RVO repose sur la constatation d’une hématémèse ou d’un melæna chez un patient dont on sait qu’il est atteint de cirrhose ou chez qui l’on suspecte le diagnostic de cirrhose sur des constatations anamnestiques et cliniques simples (ictère, ascite, angiomes stellaires, bord inférieur du foie dur et tranchant…). Ce diagnostic doit être également suspecté et recherché (anamnèse, toucher rectal, sonde gastrique, numération formule sanguine) chez les patients qui présentent une décompensation de la cirrhose, et notamment une encéphalopathie. La prise en charge repose sur quatre volets spécifiques menés conjointement, qui ont fait la preuve de leur efficacité : réanimation adaptée au malade atteint de cirrhose, traitement vaso-actif, endoscopie diagnostique et thérapeutique, antibioprophylaxie. Réanimation adaptée au malade atteint de cirrhose Cette réanimation doit être économe de gestes invasifs, qui sont à risque chez le malade atteint de cirrhose en raison du risque infectieux augmenté et des troubles de la coagulation. Quand cela est possible, la pose de sonde urinaire est à éviter, et deux voies périphériques de bon calibre (diamètre de l’aiguille supérieur ou égal à 14 gauge) sont préférées à une voie d’abord centrale. Étant donné la fréquence élevée des infections chez le malade atteint de cirrhose en période hémorragique à l’admission, la recherche d’une infection doit être systématique à l’arrivée du patient (hémocultures, ECBU, ponction d’ascite exploratrice, radiographie du thorax). Une antibiothérapie adaptée au germe sera prescrite si nécessaire, en remplacement de l’antibioprophylaxie (cf. infra) et en évitant les aminosides. 21 Dossier thématique D ossier thématique Les modalités de remplissage vasculaire sont particulières à ce type de patients. En effet, le remplissage doit osciller entre, d’une part, un sous-remplissage qui entraîne un risque de dysfonction circulatoire et à terme une insuffisance rénale obérant le pronostic et, d’autre part, un sur-remplissage qui a pour conséquence principale – ceci ayant été établi sur la base de données animales –, une majoration de l’hypertension portale et donc une augmentation du risque de récidive hémorragique précoce, avant un éventuel effet bénéfique sur l’hémodynamique systémique et rénale. Il est habituellement recommandé de maintenir une pression artérielle moyenne proche de 80 mmHg. Aucune étude ne permet de trancher sur le type de soluté de remplissage à utiliser dans ce cas, notamment entre cristalloïdes, colloïdes et albumine humaine à 20 %. Cependant, il semble raisonnable d’éviter les colloïdes à base d’amidon, en raison des complications hépatiques et rénales qui ont été constatées après administration répétée, dans d’autres circonstances cliniques, chez le malade atteint de cirrhose. De même, les risques allergisants et les risques de troubles de la coagulation induits par les dextrans, bien que rares, font que ces solutés sont à éviter chez le malade atteint de cirrhose. Enfin, les ponctions d’ascite évacuatrices de volume important ne sont à envisager qu’en cas de gêne manifeste du malade, en raison de la difficulté de la compensation durant cette période instable et des risques de déclencher un syndrome de dysfonction circulatoire. En ce qui concerne la transfusion, le but est de maintenir un hématocrite entre 25 et 30 % et un taux d’hémoglobine entre 7 et 8 g/dl (2, 4). Le résultat initial à l’arrivée du malade doit tenir compte d’une éventuelle contraction vasculaire en période hémorragique aiguë et être réévalué après remplissage. Le rendement transfusionnel peut être apprécié plus formellement par l’index ABRI (Adjusted Blood Requirement Index) [tableau I] (3). Traitement vaso-actif Il doit débuter le plus tôt possible, avant l’endoscopie, sur la notion d’une hémorragie digestive haute chez un patient atteint de cirrhose ou présentant des signes cliniques évocateurs de cirrhose. Le traitement peut être débuté à domicile, durant le transport médicalisé ou, plus généralement, aux urgences de l’hôpital. Deux types de molécules sont utilisés en pratique en France (tableau II). Il s’agit de la terlipressine (dérivé de la vasopressine) et de l’octréotide (dérivé de la somatostatine). Comparées l’une à l’autre, elles ont une efficacité identique sur le contrôle de l’hémorragie et sur la mortalité. La terlipressine a montré un effet bénéfique sur le contrôle de l’hémorragie et sur la mortalité par rapport au placebo (5). En revanche, l’efficacité de la somatostatine et des molécules analogues est plus controversée (5, 6). Cependant, son emploi maintenant conjoint avec le traitement endoscopique et sa facilité d’emploi sur une période prolongée (cinq jours) ont permis son utilisation courante. Endoscopie digestive L’endoscopie digestive doit être systématique, même si l’hémorragie est arrêtée, pour confirmer le diagnostic de RVO, rechercher la présence de varices gastriques, réorienter éventuellement le diagnostic sur une autre cause d’hémorragie digestive 22 Tableau I. Index ABRI (Adjusted Blood Requirement Index). ABRI = culots globulaires transfusés (Hte final – Hte initial) + 0,01 L’hématocrite (Hte) est mesuré au moins toutes les 6 heures pendant les 2 premiers jours et toutes les 12 heures de 3 à 5 jours. Le seuil pour décider d’une transfusion est de 24 % d’hématocrite ou 8 g/dl d’hémoglobine. Tableau II. Caractéristiques et utilisation de la terlipressine et de l’octréotide. Terlipressine Octréotide Produits disponibles en France Glypressine® Posologie habituelle i.v. lente toutes les 4 heures : – Bolus initial de 50 µg – 1 mg si poids < 50 kg (facultatif) – 1,5 mg si poids entre 50 et 70 kg – 25 µg/h en i.v. continu – 2 mg si poids > 70 kg Précautions d’emploi i.v. stricte Contreindications – Insuffisance coronarienne – Artériopathie – Grossesse – Asthme Sandostatine® Grossesse et, habituellement, pratiquer un geste thérapeutique. Elle doit être réalisée le plus rapidement possible, au maximum dans les 12 heures qui suivent l’admission (4). Les conditions de réalisation de l’endoscopie sont importantes pour pouvoir réaliser un geste hémostatique de bonne qualité et éviter les complications à type de pneumopathies d’inhalation. Idéalement, le malade doit être stabilisé hémodynamiquement et ne pas avoir de troubles de la vigilance, et l’estomac doit avoir été vidé. En présence de troubles de la vigilance ou d’agitation, surtout si l’estomac n’a pas pu être vidé correctement au cours d’une hémorragie abondante, une intubation doit être envisagée avant le geste. La vidange correcte de l’estomac est un facteur de réussite d’un geste endoscopique de qualité et de l’absence de morbidité. Pour vider l’estomac, les deux techniques utilisées sont la sonde gastrique avec lavage et la perfusion d’érythromycine pour augmenter la vidange gastrique. La pose d’une sonde gastrique permet d’effectuer un lavage et de vérifier si l’hémorragie persiste. Son efficacité peut être limitée par sa position, l’abondance de l’hémorragie et la formation de caillots. De plus, elle peut être ressentie par le patient comme traumatisante. La perfusion intraveineuse lente d’érythromycine (250 mg, 30 à 60 mn avant le geste) a démontré son efficacité, soit seule, soit associée au lavage gastrique, pour la réalisation de l’endoscopie et d’un geste hémostatique en cas d’hémorragie digestive, quelle qu’en soit l’étiologie (7-9). Le traitement endoscopique de référence est la ligature endoscopique, qui a montré sa supériorité sur la sclérose de varices œsophagiennes en termes d’arrêt de l’hémorragie et de complications (10). Elle doit être réalisée chaque fois que cela est possible. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008 La sclérose peut être réalisée lorsqu’il existe un saignement actif empêchant de réaliser la ligature. À l’heure actuelle, le traitement hémostatique optimal est l’association d’un traitement vaso-actif à la ligature des varices œsophagiennes. Le traitement vaso-actif doit être débuté le plus tôt possible et prolongé pendant cinq jours. Une méta-analyse de huit études publiées a confirmé la supériorité de cette bithérapie sur le traitement endoscopique seul en termes d’arrêt de l’hémorragie initiale et de récidive hémorragique précoce, sans différence sur la morbidité et la mortalité (11). Antibioprophylaxie Une antibioprophylaxie de courte durée au cours des hémorragies digestives chez le malade atteint de cirrhose a démontré un bénéfice en termes de mortalité et de récidive hémorragique précoce (12, 13). Les quinolones peu absorbées et actives sur les bactéries à Gram négatif représentent actuellement le choix logique. L’antibiotique de référence est la norfloxacine à la dose de 400 mg, deux fois par jour pendant sept jours. Il peut être administré par voie injectable tant que la voie orale n’est pas possible. Cependant, une étude récente a montré que, pour les cas les plus graves (Child B/C), la ceftriaxone (1 g/j i.v.) était plus efficace que le traitement de référence sur le risque d’infection (14). Prise en charge en deuxième ligne Échec du contrôle de l’hémorragie : définition et fréquence L’échec du contrôle initial de l’hémorragie correspond à une hémorragie réfractaire ou à une récidive. Par définition, en raison de sa fréquence et de sa gravité, la période durant laquelle survient une récidive hémorragique dite précoce est de cinq jours après l’épisode initial. Les échecs de contrôle de l’hémorragie ont été précisés par la conférence de Baveno IV et sont définis de la manière suivante (3) : Survenue d’un décès ; Survenue d’une hématémèse de sang frais (ou aspiration d’au moins 100 ml de sang frais par la sonde gastrique) au minimum deux heures après le début d’un traitement vaso-actif ou endoscopique ; Diminution d’au moins 3 g/dl de l’hémoglobine, correspondant à environ 9 % d’hématocrite, en l’absence de transfusion ; Constatation d’un mauvais rendement transfusionnel, apprécié par un index ABRI supérieur ou égal à 0,75 (tableau I). Ces critères ont surtout pour intérêt d’homogénéiser les définitions utilisées dans les études cliniques et de rendre plus facile l’interprétation des données publiées. Le rendement transfusionnel apprécié par l’index ABRI, bien qu’intuitivement séduisant, nécessite une validation prospective multicentrique. Options thérapeutiques Au vu des thérapeutiques envisagées, des moyens mis en œuvre et des implications futures pour le patient, notamment en termes d’indication de transplantation hépatique, il semblerait souhaitable que cette prise en charge de deuxième ligne soit organisée dans des centres de référence. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008 Les cas les plus graves (Child C avec au moins deux défaillances viscérales parmi les suivantes : cardio-circulatoire, rénale, respiratoire) ont un pronostic à court terme très mauvais. La question de la poursuite de la réanimation doit donc se poser et être évaluée, notamment en fonction du projet thérapeutique ultérieur (2). Il n’y a pas d’argument dans la littérature pour préconiser un changement de traitement vaso-actif en cas d’hémorragie réfractaire ou de récidive précoce. Cependant, en l’absence de contreindication, il peut être envisagé de remplacer l’octréotide par la terlipressine si l’octréotide avait été utilisé initialement. Un nouveau geste endoscopique est habituellement réalisé en cas d’échec ou de récidive hémorragique précoce. Dans ce cas, on réalise habituellement une nouvelle ligature ou une sclérose, en utilisant de la colle biologique, ce qui permet le contrôle de 10 % d’hémorragies supplémentaires (2). Le TIPS (Transjugular IntrahepaticPortosystemic Shunt) est le traitement à envisager en cas d’absence de contrôle initial de l’hémorragie ou de récidive précoce, après échec d’un deuxième traitement endoscopique (2-4). Il peut être réalisé, par des opérateurs entraînés, quelle que soit la gravité de la maladie hépatique, et ne contre-indique pas une transplantation hépatique ultérieure, qui devra dans ce cas être discutée en fonction d’éventuelles contre-indications. Cependant, le recours au TIPS de sauvetage reste limité en France à quelques centres spécialisés. L’anastomose porto-cave chirurgicale ne peut s’envisager à l’heure actuelle qu’en cas d’échec du TIPS, chez un malade Child A ou B. Cette situation d’échec du contrôle hémorragique associé à un échec du TIPS chez un malade qui garderait une fonction hépatique peu altérée n’apparaît pas réaliste en pratique. En l’absence de possibilité locale d’un TIPS en urgence, la réalisation d’une anastomose porto-cave par une équipe chirurgicale entraînée pourrait être envisagée chez un patient Child A ou B. La sonde de tamponnement de Sengstaken et Blakemore a une efficacité immédiate sur le contrôle hémorragique de l’ordre de 80 %. Cependant, sa pose est difficile et doit être contrôlée radiologiquement. De plus, elle ne peut raisonnablement être maintenue en place plus de 24 heures et doit être dégonflée régulièrement (par exemple, pendant 5 à 10 mn toutes les heures). Une protection des voies aériennes par intubation est habituellement requise pour favoriser la tolérance de la sonde par le patient. Malgré ces précautions, la morbidité et la mortalité liées au tamponnement sont élevées, à cause des inhalations, des perforations et des nécroses œsophagiennes. En outre, la réalisation d’une endoscopie chez un patient traité par tamponnement est difficile en raison des lésions induites par la sonde et ne permet pas habituellement de faire un geste d’hémostase satisfaisant. Enfin, la récidive de l’hémorragie à l’arrêt du tamponnement est quasi constante. La pose d’une sonde de tamponnement apparaît donc comme une solution temporaire en cas d’absence de contrôle d’une hémorragie, dans l’attente d’un TIPS, qui doit être envisagé dans les 24 heures (2, 4). Dossier thématique D ossier thématique 23 Dossier thématique D ossier thématique L’avenir Comment détecter les patients à risque d’hémorragie réfractaire ? Les facteurs habituels associés à un échec du traitement de première ligne sont la gravité de l’état du foie (Child C), la présence d’une infection et celle d’un gradient de pression hépatique élevé (> 20 mmHg) [15]. Si la recherche systématique d’une infection et l’antibioprophylaxie généralisée ont permis de diminuer le risque dû à l’infection, la mesure initiale du gradient de pression hépatique, bien que difficile à mettre en œuvre, a fait la démonstration de sa validité. En effet, une mesure du gradient de pression hépatique a été réalisée systématiquement dans les 24 heures suivant l’admission de patients présentant une hémorragie digestive par RVO (16). Les patients avec un gradient inférieur à 20 mmHg avaient un traitement de première ligne classique. Les patients avec un gradient supérieur à 20 mmHg étaient répartis au hasard dans deux groupes : traitement de première ligne et pose de TIPS. Dans ce dernier groupe, ou observait une diminution de la mortalité par rapport au groupe avec gradient élevé et traitement de première ligne. La mortalité de ce groupe n’était finalement pas différente de celle des patients qui avaient un gradient inférieur à 20 mmHg. Cette étude, bien que limitée en termes de nombre de patients, apporte un regard neuf sur l’optimisation possible de la prise en charge des malades à risque élevé d’échec. Cependant, la nécessité d’une mesure du gradient hépatique dans les 24 premières heures, dont ne pourrait bénéficier qu’un nombre limité de malades, rend cette démarche difficile à diffuser, en attendant d’avoir des tests non invasifs fiables. Quelle place pour le facteur VII activé ? Le facteur VII recombinant activé (rFVIIa) est utilisé pour les accidents hémorragiques des patients hémophiles avec inhibiteurs circulants. Il a été testé en traitement de la phase aiguë des RVO. Une première étude randomisée n’a pas permis de montrer la supériorité du rFVIIa par rapport au placebo, sauf dans un sous-groupe de malades Child-Pugh B et C (17). Une deuxième étude a donc été réalisée, incluant uniquement des patients Child-Pugh B (n = 67) et C (n = 189) et comparant le placebo à 600 µg/kg et à 300 µg/kg de rFVIIa (18). Aucune différence n’était retrouvée entre les groupes pour le critère principal de jugement (critère composite : absence de contrôle de l’hémorragie à 24 heures, récidive hémorragique dans les cinq jours ou décès dans les 42 premiers jours). Cependant, un bénéfice était mis en évidence dans le groupe 600 µg/kg de rFVIIa par rapport au placebo et au groupe 300 µg/kg de rFVIIa pour le critère de jugement secondaire que constituait la mortalité à 42 jours (15 %, 29 % et 31 % respectivement). Ces deux études, globalement négatives, s’agissant par ailleurs d’une molécule onéreuse, rendent l’avenir de celle-ci incertain dans cette indication. Conclusion Le pronostic des RVO chez les malades atteints de cirrhose s’est considérablement amélioré durant les 20 dernières années. 24 Cette amélioration est essentiellement à mettre sur le compte des progrès qui sont intervenus dans la prise en charge de ces patients. Poursuivre sur cette voie devrait se faire suivant plusieurs axes. D’abord, mieux dépister les patients cirrhotiques et donc optimiser les traitements préventifs de l’hémorragie. Ensuite, généraliser à l’ensemble des centres recevant ces patients les mesures reconnues de prise en charge (réanimation adaptée, traitement vaso-actif précoce, endoscopie diagnostique et thérapeutique réalisée dans de bonnes conditions, antibioprophylaxie). Enfin, organiser dans des centres de référence une prise en charge de deuxième ligne permettant la réalisation de TIPS en urgence et les discussions ultérieures de transplantation hépatique. L’identification précoce des cas les plus graves (et donc à risque d’échec d’un traitement de première ligne) apparaît importante pour une optimisation de cette prise en charge.n Références bibliographiques 1. Carbonell N, Pauwels A, Serfaty L et al. Improved survival after variceal bleeding in patients with cirrhosis over the past two decades. Hepatology 2004;40:652-9. 2. Complications de l’hypertension portale chez l’adulte. 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