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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n° 1 - janvier-février 2008
POINTS FORTS
Le pronostic des hémorragies digestives par rupture de
varices œsophagiennes (RVO) s’est nettement amélioré au
cours des 20 dernières années en raison des progrès alisés
en matière de prise en charge.
La prise en charge de première ligne des RVO repose sur
l’association d’une réanimation adaptée au malade atteint
de cirrhose, d’un traitement vaso-actif débuté précocement,
d’une endoscopie diagnostique et thérapeutique et d’une
antibioprophylaxie.
Le but de la réanimation est de maintenir une hémody-
namique ecace (pression artérielle moyenne de 80 mmHg
environ) et un taux d’hémoglobine entre 7 et 8 g/dl.
Le traitement vaso-actif systématique, débuté avant l’en-
doscopie, utilise soit la terlipressine soit l’octréotide. Il doit
être poursuivi idéalement durant les cinq premiers jours.
Lendoscopie digestive faite dans de bonnes conditions,
chez un malade réanimé, avec un estomac vidé, doit être
systématique. La ligature endoscopique est supérieure à
la sclérose.
L’antibioprophylaxie est systématique. Le schéma de réfé-
rence est la noroxacine pendant sept jours à la dose de
400 mg toutes les 12 heures.
En cas d’échec, la prise en charge de deuxième ligne est
moins bien codiée. Elle fait appel à un deuxième traitement
endoscopique et éventuellement à la pose d’un TIPS (trans-
jugular intrahepatic portosystemic shunt).
Mots-clés : Cirrhose morragie digestive Varices œso-
phagiennes Traitement vaso-actifLigature endoscopique.
Keywords: Cirrhosis Digestive bleeding Esophageal varices –
Vaso-active treatment – Band ligation.
La prise en charge à la phase aiguë des hémorragies diges-
tives par ruptures de varices œsophagiennes (RVO) chez
le patient adulte atteint de cirrhose a fait de gros progrès,
permettant de diminuer nettement la mortalité au cours des
20 dernières années (1). Elle a été codifiée par des conférences
de consensus ou d’experts récentes (2-4). La diffusion de leurs
recommandations est un élément important d’évaluation de nos
pratiques pour l’optimisation de la prise en charge des malades.
À l’heure actuelle, on peut estimer que l’arrêt de l’hémorragie
sans récidive précoce dans les cinq jours est obtenu dans 80 à
90 % des cas, et que la mortalité hospitalière est denviron 15 %,
celle-ci dépendant essentiellement de la gravité de la maladie
hépatique et de la présence ou non de comorbidités (1).
PRISE EN CHARGE EN PREMIÈRE LIGNE
Diagnostic
Le diagnostic de RVO repose sur la constatation d’une hématé-
mèse ou d’un melæna chez un patient dont on sait qu’il est atteint
de cirrhose ou chez qui l’on suspecte le diagnostic de cirrhose
sur des constatations anamnestiques et cliniques simples (ictère,
ascite, angiomes stellaires, bord inférieur du foie dur et tran-
chant…). Ce diagnostic doit être également suspecté et recherché
(anamnèse, toucher rectal, sonde gastrique, numération formule
sanguine) chez les patients qui présentent une décompensation
de la cirrhose, et notamment une encéphalopathie. La prise en
charge repose sur quatre volets spécifiques menés conjointement,
qui ont fait la preuve de leur efficacité : réanimation adaptée au
malade atteint de cirrhose, traitement vaso-actif, endoscopie
diagnostique et thérapeutique, antibioprophylaxie.
Réanimation adaptée au malade atteint de cirrhose
Cette réanimation doit être économe de gestes invasifs, qui sont à
risque chez le malade atteint de cirrhose en raison du risque infectieux
augmenté et des troubles de la coagulation. Quand cela est possible,
la pose de sonde urinaire est à éviter, et deux voies périphériques
de bon calibre (diamètre de l’aiguille supérieur ou égal à 14 gauge)
sont prérées à une voie d’abord centrale. Étant donné la fréquence
élevée des infections chez le malade atteint de cirrhose en riode
hémorragique à ladmission, la recherche dune infection doit être
sysmatique à larrie du patient (mocultures, ECBU, ponction
dascite exploratrice, radiographie du thorax). Une antibiotrapie
adaptée au germe sera prescrite si cessaire, en remplacement de
lantibioprophylaxie (cf. infra) et en évitant les aminosides.
Traitement des ruptures de varices œsophagiennes
à la phase aiguë
Treatment of bleeding esophageal varices
IP Philippe Sogni*
* Université Paris-V et hôpital Cochin, Paris.
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Tableau II.
Caractéristiques et utilisation de la terlipressine et de
l’octréotide.
Terlipressine Octréotide
Produits
disponibles
en France
Glypressine® Sandostatine®
Posologie
habituelle
i.v. lente toutes les 4 heures :
1 mg si poids < 50 kg
1,5 mg si poids entre 50 et 70 kg
2 mg si poids > 70 kg
Bolus initial de 50 µg
(facultatif)
25 µg/h en i.v. continu
Précautions
d’emploi i.v. stricte
Contre-
indications
Insusance coronarienne
Artériopathie
Grossesse
Asthme
Grossesse
Tableau I.
Index ABRI (Adjusted Blood Requirement Index).
ABRI = culots globulaires transfusés
(Hte nal – Hte initial) + 0,01
L’hématocrite (Hte) est mesuré au moins toutes les 6 heures
pendant les 2 premiers jours et toutes les 12 heures de 3 à 5 jours.
Le seuil pour décider d’une transfusion est de 24 % d’hématocrite
ou 8 g/dl d’hémoglobine.
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Les modalités de remplissage vasculaire sont particulières à ce type
de patients. En effet, le remplissage doit osciller entre, d’une part, un
sous-remplissage qui entrne un risque de dysfonction circulatoire
et à terme une insuffisance rénale obérant le pronostic et, d’autre
part, un sur-remplissage qui a pour conséquence principale ceci
ayant été établi sur la base de données animales –, une majoration
de l’hypertension portale et donc une augmentation du risque de
récidive morragique précoce, avant un éventuel effet bénéfique
sur l’hémodynamique systémique et rénale. Il est habituellement
recommandé de maintenir une pression arrielle moyenne proche
de 80 mmHg. Aucune étude ne permet de trancher sur le type
de soluté de remplissage à utiliser dans ce cas, notamment entre
cristalloïdes, colloïdes et albumine humaine à 20 %. Cependant, il
semble raisonnable d’éviter les colloïdes à base d’amidon, en raison
des complications patiques et nales qui ont été constatées après
administration pétée, dans d’autres circonstances cliniques, chez
le malade atteint de cirrhose. De même, les risques allergisants et
les risques de troubles de la coagulation induits par les dextrans,
bien que rares, font que ces solutés sont à éviter chez le malade
atteint de cirrhose. Enfin, les ponctions d’ascite évacuatrices de
volume important ne sont à envisager quen cas de gêne manifeste
du malade, en raison de la difficulté de la compensation durant
cette période instable et des risques de déclencher un syndrome
de dysfonction circulatoire.
En ce qui concerne la transfusion, le but est de maintenir un
hématocrite entre 25 et 30 % et un taux d’hémoglobine entre 7
et 8 g/dl (2, 4). Le résultat initial à l’arrivée du malade doit tenir
compte d’une éventuelle contraction vasculaire en période mor-
ragique aiguë et être réévalué après remplissage. Le rendement
transfusionnel peut être apprécié plus formellement par l’index
ABRI (Adjusted Blood Requirement Index) [tableau I] (3).
Traitement vaso-actif
Il doit débuter le plus tôt possible, avant l’endoscopie, sur la
notion d’une hémorragie digestive haute chez un patient atteint
de cirrhose ou présentant des signes cliniques évocateurs de
cirrhose. Le traitement peut être débuté à domicile, durant le
transport dicalisé ou, plus généralement, aux urgences de
l’hôpital. Deux types de molécules sont utilisés en pratique
en France (tableau II). Il s’agit de la terlipressine (dérivé de la
vasopressine) et de l’octréotide (dérivé de la somatostatine).
Comparées l’une à l’autre, elles ont une efficacité identique sur
le contrôle de l’hémorragie et sur la mortalité. La terlipressine a
montré un effet bénéfique sur le contrôle de l’hémorragie et sur
la mortalité par rapport au placebo (5). En revanche, l’efficacité
de la somatostatine et des molécules analogues est plus contro-
versée (5, 6). Cependant, son emploi maintenant conjoint avec le
traitement endoscopique et sa facilité d’emploi sur une période
prolongée (cinq jours) ont permis son utilisation courante.
Endoscopie digestive
Lendoscopie digestive doit être systématique, même si l’hé-
morragie est are, pour confirmer le diagnostic de RVO,
rechercher la présence de varices gastriques, réorienter éventuel-
lement le diagnostic sur une autre cause d’hémorragie digestive
et, habituellement, pratiquer un geste thérapeutique. Elle doit
être réalisée le plus rapidement possible, au maximum dans les
12 heures qui suivent l’admission (4).
Les conditions de réalisation de l’endoscopie sont importantes pour
pouvoir réaliser un geste mostatique de bonne qualité et éviter les
complications à type de pneumopathies d’inhalation. Ialement, le
malade doit être stabilisé modynamiquement et ne pas avoir de
troubles de la vigilance, et l’estomac doit avoir été vi. En présence
de troubles de la vigilance ou dagitation, surtout si lestomac na pas
pu être vi correctement au cours d’une hémorragie abondante,
une intubation doit être envisagée avant le geste. La vidange correcte
de l’estomac est un facteur de réussite d’un geste endoscopique
de qualité et de l’absence de morbidi. Pour vider lestomac, les
deux techniques utilisées sont la sonde gastrique avec lavage et la
perfusion dérythromycine pour augmenter la vidange gastrique.
La pose d’une sonde gastrique permet deffectuer un lavage et de
vérifier si l’hémorragie persiste. Son efficacité peut être limie par
sa position, l’abondance de l’hémorragie et la formation de caillots.
De plus, elle peut être ressentie par le patient comme traumati-
sante. La perfusion intraveineuse lente d’érythromycine (250 mg,
30 à 60 mn avant le geste) a mont son efficaci, soit seule, soit
associée au lavage gastrique, pour la alisation de l’endoscopie et
dun geste mostatique en cas d’morragie digestive, quelle quen
soit létiologie (7-9).
Le traitement endoscopique de référence est la ligature endos-
copique, qui a montré sa supériorité sur la sclérose de varices
œsophagiennes en termes d’arrêt de l’hémorragie et de complica-
tions (10). Elle doit être réalisée chaque fois que cela est possible.
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La sclérose peut être réalisée lorsqu’il existe un saignement actif
empêchant de réaliser la ligature.
À l’heure actuelle, le traitement hémostatique optimal est l’as-
sociation d’un traitement vaso-actif à la ligature des varices
œsophagiennes. Le traitement vaso-actif doit êtrebuté le plus
tôt possible et prolongé pendant cinq jours. Une méta-analyse
de huit études publiées a confirla supériorité de cette bithé-
rapie sur le traitement endoscopique seul en termes d’arrêt de
l’hémorragie initiale et de récidive hémorragique précoce, sans
différence sur la morbidité et la mortalité (11).
Antibioprophylaxie
Une antibioprophylaxie de courte durée au cours des hémor-
ragies digestives chez le malade atteint de cirrhose a démontré
un bénéfice en termes de mortaliet de récidive hémorragique
précoce (12, 13). Les quinolones peu absorbées et actives sur
les bactéries à Gram négatif représentent actuellement le choix
logique. Lantibiotique de référence est la norfloxacine à la dose de
400 mg, deux fois par jour pendant sept jours. Il peut être admi-
nistré par voie injectable tant que la voie orale nest pas possible.
Cependant, une étude récente a montré que, pour les cas les plus
graves (Child B/C), la ceftriaxone (1 g/j i.v.) était plus efficace que
le traitement de référence sur le risque d’infection (14).
PRISE EN CHARGE EN DEUXIÈME LIGNE
Échec du contrôle de l’hémorragie :
dénition et fréquence
Léchec du contrôle initial de l’hémorragie correspond à une mor-
ragie réfractaire ou à une récidive. Par définition, en raison de sa
fréquence et de sa gravité, lariode durant laquelle survient une
récidive morragique dite précoce est de cinq jours aps l’épisode
initial. Les échecs de contrôle de l’hémorragie ont été précisés par la
conrence de Baveno IV et sont finis de la manre suivante (3) :
Survenue d’un décès ;
Survenue dune hématémèse de sang frais (ou aspiration dau moins
100 ml de sang frais par la sonde gastrique) au minimum deux heures
après le but dun traitement vaso-actif ou endoscopique ;
Diminution d’au moins 3 g/dl de l’hémoglobine, correspondant
à environ 9 % d’hématocrite, en l’absence de transfusion ;
Constatation dun mauvais rendement transfusionnel, apprécié
par un index ABRI supérieur ou égal à 0,75 (tableau I).
Ces critères ont surtout pour intérêt d’homogénéiser les défini-
tions utilisées dans les études cliniques et de rendre plus facile
l’interprétation des données publiées. Le rendement transfu-
sionnel apprécié par l’index ABRI, bien qu’intuitivement dui-
sant, nécessite une validation prospective multicentrique.
Options thérapeutiques
Au vu des thérapeutiques envisagées, des moyens mis en œuvre
et des implications futures pour le patient, notamment en termes
d’indication de transplantation hépatique, il semblerait souhai-
table que cette prise en charge de deuxième ligne soit organisée
dans des centres de référence.
Les cas les plus graves (Child C avec au moins deux défaillances
viscérales parmi les suivantes : cardio-circulatoire, rénale, respi-
ratoire) ont un pronostic à court terme très mauvais. La ques-
tion de la poursuite de la réanimation doit donc se poser et
être évaluée, notamment en fonction du projet thérapeutique
ultérieur (2).
Il n’y a pas d’argument dans la littérature pour préconiser un
changement de traitement vaso-actif en cas d’hémorragie réfrac-
taire ou de récidive précoce. Cependant, en labsence de contre-
indication, il peut être envisagé de remplacer l’octréotide par la
terlipressine si l’octréotide avait été utilisé initialement.
Un nouveau geste endoscopique est habituellement réalisé en
cas d’échec ou de récidive hémorragique précoce. Dans ce cas,
on réalise habituellement une nouvelle ligature ou une sclérose,
en utilisant de la colle biologique, ce qui permet le contrôle de
10 % d’hémorragies supplémentaires (2).
Le TIPS (Transjugular IntrahepaticPortosystemic Shunt) est
le traitement à envisager en cas d’absence de contrôle initial
de l’hémorragie ou de cidive précoce, après échec d’un
deuxième traitement endoscopique (2-4). Il peut être réalisé,
par des opérateurs entraînés, quelle que soit la gravité de la
maladie hépatique, et ne contre-indique pas une transplanta-
tion hépatique ultérieure, qui devra dans ce cas être discutée
en fonction d’éventuelles contre-indications. Cependant, le
recours au TIPS de sauvetage reste limité en France à quelques
centres spécialisés.
L’anastomose porto-cave chirurgicale ne peut senvisager à
l’heure actuelle quen cas d’échec du TIPS, chez un malade
Child A ou B. Cette situation d’échec du contrôle hémorra-
gique associé à un échec du TIPS chez un malade qui garde-
rait une fonction hépatique peu altérée napparaît pas réaliste
en pratique. En l’absence de possibilité locale d’un TIPS en
urgence, la réalisation d’une anastomose porto-cave par une
équipe chirurgicale entraînée pourrait être envisagée chez un
patient Child A ou B.
La sonde de tamponnement de Sengstaken et Blakemore a une
efficacité immédiate sur le contrôle hémorragique de l’ordre
de 80 %. Cependant, sa pose est difficile et doit être contrôlée
radiologiquement. De plus, elle ne peut raisonnablement être
maintenue en place plus de 24 heures et doit être dégonflée
régulièrement (par exemple, pendant 5 à 10 mn toutes les
heures). Une protection des voies aériennes par intubation
est habituellement requise pour favoriser la tolérance de la
sonde par le patient. Malgré ces précautions, la morbidité
et la mortaliliées au tamponnement sont élees, à cause
des inhalations, des perforations et des nécroses œsopha-
giennes. En outre, la réalisation d’une endoscopie chez un
patient traité par tamponnement est difficile en raison des
lésions induites par la sonde et ne permet pas habituellement
de faire un geste d’hémostase satisfaisant. Enfin, la récidive de
l’hémorragie à l’arrêt du tamponnement est quasi constante.
La pose d’une sonde de tamponnement apparaît donc comme
une solution temporaire en cas d’absence de contrôle d’une
hémorragie, dans l’attente d’un TIPS, qui doit être envisagé
dans les 24 heures (2, 4).
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LAVENIR
Comment détecter les patients à risque d’hémorragie
réfractaire ?
Les facteurs habituels associés à un échec du traitement de première
ligne sont la gravi de létat du foie (Child C), la présence d’une infec-
tion et celle d’un gradient de pression patique élevé (> 20 mmHg)
[15]. Si la recherche sysmatique dune infection et lantibioprophy-
laxie néralisée ont permis de diminuer le risque à linfection, la
mesure initiale du gradient de pression patique, bien que difficile
à mettre en œuvre, a fait lamonstration de sa validité. En effet,
une mesure du gradient de pression hépatique a été réalisée systé-
matiquement dans les 24 heures suivant l’admission de patients
présentant une hémorragie digestive par RVO (16). Les patients
avec un gradient inférieur à 20 mmHg avaient un traitement de
première ligne classique. Les patients avec un gradient supérieur
à 20 mmHg étaient répartis au hasard dans deux groupes : traite-
ment de première ligne et pose de TIPS. Dans ce dernier groupe,
ou observait une diminution de la mortalité par rapport au groupe
avec gradient élevé et traitement de premre ligne. La mortalité
de ce groupe nétait finalement pas différente de celle des patients
qui avaient un gradient inférieur à 20 mmHg. Cette étude, bien que
limitée en termes de nombre de patients, apporte un regard neuf
sur l’optimisation possible de la prise en charge des malades à risque
élevé d’échec. Cependant, la nécessité dune mesure du gradient
hépatique dans les 24 premières heures, dont ne pourrait ficier
quun nombre limi de malades, rend cette démarche difficile à
diffuser, en attendant davoir des tests non invasifs fiables.
Quelle place pour le facteur VII activé ?
Le facteur VII recombinant activé (rFVIIa) est utilisé pour les
accidents hémorragiques des patients hémophiles avec inhibi-
teurs circulants. Il a été testé en traitement de la phase aiguë des
RVO. Une première étude randomisée na pas permis de montrer
la supériorité du rFVIIa par rapport au placebo, sauf dans un
sous-groupe de malades Child-Pugh B et C (17). Une deuxième
étude a donc été alisée, incluant uniquement des patients
Child-Pugh B (n = 67) et C (n = 189) et comparant le placebo
à 600 µg/kg et à 300 µg/kg de rFVIIa (18). Aucune différence
nétait retrouvée entre les groupes pour le critère principal de
jugement (critère composite : absence de contrôle de l’hémorragie
à 24 heures, récidive hémorragique dans les cinq jours ou décès
dans les 42 premiers jours). Cependant, un bénéfice était mis
en évidence dans le groupe 600 µg/kg de rFVIIa par rapport au
placebo et au groupe 300 µg/kg de rFVIIa pour le critère de juge-
ment secondaire que constituait la mortalité à 42 jours (15 %, 29 %
et 31 % respectivement). Ces deux études, globalement négatives,
s’agissant par ailleurs d’une molécule onéreuse, rendent l’avenir
de celle-ci incertain dans cette indication.
CONCLUSION
Le pronostic des RVO chez les malades atteints de cirrhose
s’est considérablement amélioré durant les 20 dernières années.
Cette amélioration est essentiellement à mettre sur le compte
des progrès qui sont intervenus dans la prise en charge de
ces patients. Poursuivre sur cette voie devrait se faire suivant
plusieurs axes. D’abord, mieux dépister les patients cirrhotiques
et donc optimiser les traitements préventifs de l’hémorragie.
Ensuite, généraliser à lensemble des centres recevant ces patients
les mesures reconnues de prise en charge (réanimation adaptée,
traitement vaso-actif précoce, endoscopie diagnostique et théra-
peutique réalisée dans de bonnes conditions, antibioprophy-
laxie). Enfin, organiser dans des centres de référence une prise
en charge de deuxième ligne permettant la réalisation de TIPS
en urgence et les discussions ulrieures de transplantation
hépatique. L’identification précoce des cas les plus graves (et
donc à risque déchec dun traitement de première ligne) apparaît
importante pour une optimisation de cette prise en charge. n
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