Conclusion
●
C. Cellier
L
e diagnostic et la prise en charge des lymphomes diges-
tifs restent souvent problématiques en pratique cou-
rante du fait de nombreuses incertitudes tant dans le
domaine de la physiopathogénie que du traitement. Comme le
souligne P.G. Isaacson, une spécificité des lymphomes intesti-
naux est le rôle probable d'une stimulation antigénique intralu-
minale, soit bactérienne (H. pylori ou lamblia), soit alimentaire
(gluten)avec, de ce fait, des thérapeutiques inhabituelles pour les
lymphomes ganglionnaires, telles qu'une simple antibiothérapie.
Les recherches fondamentales en cours devraient permettre, outre
une meilleure compréhension des mécanismes de la lymphoma-
togenèse, un traitement plus spécifique de la maladie.
En pratique, le rôle de l'anatomopathologie est essentiel pour le
diagnostic et la classification précise des lymphomes digestifs.
Devant une suspicion de lymphome digestif, les gastroentéro-
logues doivent s'efforcer de fournir aux pathologistes des prélè-
vements soit congelés, soit fixés dans du formol, pour permettre
la réalisation d'études immunohistochimiques ou moléculaires
souvent nécessaires au diagnostic et à la classification des lym-
phomes digestifs. Schématiquement, le bilan d'extension d'un
lymphome digestif, quel que soit son type, comprend un bilan
locorégional (échoendoscopie pour les lymphomes gastriques) et
un bilan de l'extension à distance (endoscopies haute et basse,
tomodensitométrie thoraco-abdominale, transit du grêle associé
ou non à une entéroscopie poussée, biopsie ostéomédullaire et
examen ORL). Au terme de ce bilan, les possibilités thérapeu-
tiques sont multiples. Le seul consensus actuel est le traitement
initial des lymphomes gastriques localisés du MALT de bas grade
par éradication d’H. pylori qui permet une régression tumorale
dans 60 à 80 % des cas. En cas d'échec de ce traitement, les
options thérapeutiques sont la gastrectomie, la chimiothérapie
avec, en particulier, l'utilisation de chloraminophène, ou la radio-
thérapie. Pour les lymphomes gastriques de haut grade, si l'inté-
rêt d'une chimiothérapie systémique est admise par tous, certains
groupes optent pour une chirurgie première de réduction tumo-
rale. Ces différentes options thérapeutiques n'ont jamais été com-
parées prospectivement, ce qui souligne la nécessité de proto-
coles unifiés entre gastroentérologues et hématologistes, à
l'échelle française ou européenne, compte tenu de la rareté rela-
tive de ces lymphomes et de leur évolution à long terme (un suivi
de plus de 10 ans est nécessaire pour affirmer la guérison des
lymphomes gastriques de bas grade). De même, l'inclusion des
malades dans les protocoles en cours (GELD-FFCD, GELA) doit
être recommandée. Pour les lymphomes digestifs rares, comme
la maladie des chaînes alpha ou le lymphome T compliquant la
maladie cœliaque et la sprue réfractaire, les traitements actuels
reposent sur des données rétrospectives parcellaires de la littéra-
ture. Seules des études coopératives, rétrospectives ou prospec-
tives et fondamentales, évaluant l'efficacité des différents traite-
ments et étudiant les mécanismes de la pathogénie de ces
lymphomes, pourront permettre à l'avenir une meilleure prise en
charge des malades. ■
PS : Nous constituons actuellement, dans le cadre du Groupe d’Étude et de Recherche
sur la Maladie cœliaque, un observatoire des cas de lymphomes T associés à la maladie
cœliaque et des sprues réfractaires afin de préciser les caractéristiques cliniques, évolu-
tives, phénotypiques et moléculaires. Si vous avez suivi ou si vous suivez un cas de ce
type, vous pouvez nous le signaler à l'adresse suivante : GERMC, secrétariat du
Dr Cellier, hôpital Laennec et Européen Georges-Pompidou, 42 rue de Sèvres, 75007 Paris.
Pour les protocoles GELD-FFCD et GELA, vous pouvez contacter respectivement A. Ruskoné-
Fourmestraux (Hôtel-Dieu, Paris) et J.C. Delchier (Henri-Mondor, Créteil).
1. L’éradication de H. pylori
a. est le traitement de référence de lymphome gastrique du MALT
de haut grade
b. permet la régression des lymphomes gastriques du MALT de bas
grade dans près de 70 % des cas.
c. est plus efficace dans les lymphomes gastriques du MALT de bas
grade limité aux couches superficielles de l’estomac
d. nécessite un traitement antibiotique de 3 mois
2. Les lymphomes primitifs du tube digestif
a. sont localisés plus fréquemment au niveau de l’intestin grêle
b. sont localisés plus fréquemment au niveau de l’estomac
c. sont le plus fréquemment des lymphomes T
d. sont plus fréquemment des lymphomes B
3. Le bilan d’extension d’un lymphome gastrique B du MALT
de haut et de bas grade comprend :
a. une écho-endoscopie
b. une tomodensitométrie thoraco-abdominale
c. un examen ORL
d. une coloscopie
e. un transit du grêle
f. une biopsie ostéo-médullaire
4. Le traitement du lymphome gastrique du MALT de bas
grade, après échec d’éradication de H. pylori peut comporter :
a. une gastrectomie totale
b. une gastrectomie partielle
c. une radiothérapie
d. une monochimiothérapie
5. Le lymphome associé à la maladie cœliaque
a. est favorisé par le mauvais suivi du régime sans gluten
b. est le plus souvent un lymphome intestinal de type B
c. peut précéder le diagnostic de maladie cœliaque
d. est généralement de plus mauvais pronostic que les lymphomes
digestifs de type B
e. peut régresser par un régime sans gluten seul
AUTO-ÉVALUATION
AUTO-ÉVALUATION
1 : b - c 2 : b - d 3 : a - b - c - d - e - f 4 : a - c - d 5 : a - c - d
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