Flux nasal et compliance à la ventilation
à pression positive continue (CPAP) par voie nasale
(Pr Bobin, Le Kremlin-Bicêtre)
La compliance à la CPAP est un enjeu majeur dans le traitement
des syndromes d’apnées du sommeil (SAS). Elle est définie par
un temps total d’utilisation supérieur à quatre heures par nuit ou
à 70 % du temps de sommeil ou à 70 % des jours de l’année. Elle
est évaluée dans les études à 50-70 %.
Les échecs surviennent rapidement, dans les trois premiers mois.
Ils peuvent être liés à l’inconfort psychologique, à l’absence de
bénéfice ressenti, au bruit de la machine, aux fuites liées au
masque, à la pression insufflée, aux effets secondaires sur la
muqueuse nasale (sensation d’étouffement, sécheresse nasale,
éternuements, rhinorrhée).
La CPAP par voie nasale augmente les résistances du flux nasal
par un remaniement histologique de la muqueuse, responsable
d’une baisse de la clairance mucociliaire et d’une congestion. Les
sites principaux d’obstruction dans ces cas sont les valves nasales
et la tête des cornets inférieurs. Les moyens d’améliorer le flux
nasal, et donc la compliance, sont l’humidification et le réchauf-
fement de l’air insufflé, mais également la chirurgie en cas de
dysperméabilité nasale pathologique.
Dans les cas de CPAP avec indication de chirurgie de reper-
méabilisation nasale préalable, les bénéfices démontrés du geste
chirurgical sont une amélioration de la compliance dans 60 %
des cas et une diminution significative de la pression insufflée.
Il n’y a pas d’effet sur les index d’apnée/hypopnée (IAH).
L’examen ORL systématique avant la mise en place d’une CPAP
par voie nasale est fondamental. En cas de dysperméabilité nasale,
la chirurgie est indiquée d’emblée.
Traitement du SAS minime et modéré par somnoplastie
sur le voile du palais
(Dr Blumen)
Le SAS atteint 2 à 4 % de la population. Les traitements chirur-
gicaux possibles sont l’UPPP (diminution des tissus en excès),
la pharyngotomie laser (diminution des tissus en excès ± rigidi-
fication tissulaire) et le traitement par radiofréquence (somno-
plastie), qui entraîne une rigidification tissulaire et une diminu-
tion volumétrique par nécrose et rétraction cicatricielle.
Une étude prospective menée à l’hôpital Foch dans le service du
Pr Chabolle a évalué l’efficacité du traitement du SAS minime à
modéré par somnoplastie sur le voile du palais. Le traitement est
fait en ambulatoire sous anesthésie locale, à raison de trois séances
à huit semaines d’intervalle ; il est arrêté avant si les ronflements
disparaissent. Les critères d’évaluation clinique et paraclinique
ainsi que les critères de succès sont résumés dans le tableau IV.
Dix-neuf sujets étaient traités. Six n’ont eu besoin que d’une
séance, neuf de deux séances et quatre de trois séances. Les résul-
tats montrent une diminution significative des ronflements (73 %
de succès) et une diminution significative de l’IAH. La SaO2min.
n’est pas modifiée.
L’efficacité de la somnoplastie sur le voile du palais dans le trai-
tement du SAS minime à modéré est réelle, mais des modalités
de traitement standardisées restent à définir. Le recul n’est pas
suffisant pour évaluer les résultats à long terme (dégradation pos-
sible). Enfin, il faut insister sur la nécessité des enregistrements
nocturnes après traitement, ce qui reste une difficulté importante
dans le suivi de ces patients.
Résultats de l’étude multicentrique américaine
et européenne de la somnoplastie sur la base de langue
(Pr Chabolle, Suresnes)
Cette étude multicentrique évalue la somnoplastie (n = 73) ver-
sus la CPAP nasale (n = 89) dans le traitement des SAS, dont le
site d’obstruction principal est lingual. Le traitement par radio-
fréquence est fait en ambulatoire sous anesthésie locale. Un total
de 14 000 joules est délivré.
Pour ce qui est de la somnoplastie, les effets secondaires sont très
faibles ; les complications observées sont les abcès de la base
de la langue, les cellulites et l’œdème. La douleur postopératoire
disparaît rapidement, en sept jours. Les résultats sont une dimi-
nution des ronflements et de la somnolence. L’amélioration signi-
ficative des IAH et IA est obtenue respectivement dans 20 % et
33 % des cas.
Subjectivement, l’impression actuelle est que CPAP et somno-
plastie sont équivalentes, avec, en faveur de cette dernière, le
faible taux d’effets secondaires et l’amélioration de l’IAH, mais
dans seulement 20 % des cas.
La somnoplastie de la base de langue peut également se faire par
voie cervicale (après repérage écho-doppler) ; la douleur est alors
pratiquement nulle. Une étude prospective menée à l’hôpital
Foch, dans le service du Pr Chabolle, montre en postopératoire
une amélioration significative de la qualité du sommeil (réappa-
rition des stades trois, quatre et paradoxal) sans amélioration de
l’IAH. Ces résultats encouragent à faire une évaluation clinique
plus poussée de cette technique.
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no259 - janvier 2001
Tableau IV. Critères d’évaluation et d’efficacité du traitement d’un syndrome d’apnées du sommeil.
Cliniques
Paracliniques
* IAH : indice d’apnées/hypopnées. ** Échelle visuelle analogique du niveau sonore.
Critères d’évaluation
Évaluation du ronflement par le conjoint
Somnolence diurne
Enregistrement nocturne (IAH*, SaO
2
min.)
Critères de succès
Évaluation du ronflement :
– EVA ≤3**
– satisfaction du conjoint
Enregistrement nocturne :
– guérison si IAH* < 10/h
– amélioration si IAH* post-op. < 50 % IAH* pré-op.