Ghreline S. Nahon* a ghreline est une hormone découLla régulation verte en 1999. Elle est impliquée dans de la satiété (1, 2). Son nom signifie “croissance” en hindi. Il s’agit d’un peptide constitué de 28 acides aminés, isolé à partir d’estomac de rat (1). Elle agit en tant que ligand endogène du récepteur des GH sécrétagogues (GHS-R) et serait par conséquent un bon candidat pour mimer ou amplifier la sécrétion endogène d’hormone de croissance (GH) (1, 2). La quasi-totalité de la ghreline circulante est sécrétée par des cellules endocrines de la muqueuse gastrique (3). Fonctions métaboliques de la ghreline La ghreline est responsable de la libération d’hormone de croissance (GH) ainsi que de la libération d’autres hormones telles que la prolactine, l’ACTH et le cortisol (2). Elle joue également un rôle dans la régulation glycémique et la sécrétion d’insuline (2). Effets de la ghreline sur la régulation des repas L’administration de ghreline par voie intraveineuse ou intrapéritonéale a un effet orexigène chez le mammifère (2). Ces données ont été confirmées chez l’homme où l’injection de ghreline était associée à une augmentation de 28 % du poids de sujets sains par rapport à ceux ayant reçu un placebo (4). Cummings et al. ont montré qu’il existait une augmentation du taux préprandial de ghreline de 78 % suggérant une implication de cette hormone dans l’initiation du repas (5). De plus, son taux diminuait significativement environ une heure après le repas (5). Effet du régime et d’un “bypass” chirurgical sur le taux de ghreline Cummings et al. ont mesuré, dans un autre travail, le taux plasmatique de ghreline après un amaigrissement induit par un régime ou un bypass chirurgical chez * Centre hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil. des patients obèses (6). Le régime a induit chez ces patients une perte de poids de 17 % par rapport au poids initial et, parallèlement, une augmentation du taux plasmatique de ghreline de 24 %. Chez les patients ayant eu un bypass chirurgical, on observait une diminution du poids de 36 % et du taux de ghreline de 77 % par rapport au groupe contrôle. Cette diminution paradoxale de ghreline contribue probablement en partie à la diminution du poids chez les patients ayant un bypass (6). Cette chute entraînerait une diminution de la fréquence, de la quantité des repas et une diminution pour l’appétence aux graisses et aux sucres. Les auteurs expliquent que la perte de poids chez les patients ayant un bypass chirurgical serait la conséquence de l’absence de stimulation des cellules endocrines gastriques par l’alimentation entraînant un effondrement du taux de ghreline. Ce mécanisme expliquerait que le bypass chirurgical serait plus efficace sur la perte de poids au long cours par rapport à la gastroplastie qui n’isole pas les cellules à ghreline du bol alimentaire (6). Effet d’un antagoniste de la ghreline sur la masse corporelle Asakawa et al. ont évalué l’effet de l’injection intrapéritonéale d’un antagoniste de la ghreline sur le poids, la masse grasse, la glycémie et l’insulinémie chez la souris (7). Dans un modèle de souris obèses, l’injection de cet antagoniste permettait une diminution du poids et une régulation de la glycémie confirmant le rôle de la ghreline sur la régulation de la masse grasse et de la glycémie. Obésité, ghreline et génétique Le gène (3p26-p25) codant pour la ghreline a été récemment identifié. Une ou plusieurs mutations sur ce gène serait à l’origine d’obésités familiales, notamment au cours du syndrome de Prader-Willi (8). Ghreline et “Helicobacter pylori” Nwokolo et al. ont évalué l’effet de l’éradication d’Helicobacter pylori sur le taux plasmatique de ghreline (9). Après éradi- Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VII - mars-avril 2004 cation, le taux de ghreline était significativement augmenté et, parallèlement, on notait une augmentation du pH intragastrique des 24 heures. Les auteurs ont suggéré que l’éradication d’HP pourrait être à l’origine d’une augmentation du poids des patients dans les pays occidentaux et pourrait favoriser le reflux gastro-œsophagien et, encore plus indirectement, l’augmentation de l’incidence du cancer du cardia (9). Conclusion La ghreline est une hormone qui a un effet orexigène et qui semble jouer un rôle prépondérant dans la régulation des repas. Le développement de molécules inhibitrices de la ghreline pourrait s’avérer efficace dans le traitement de l’obésité. Références 1. Kojima M, Hosoda H, Date Y et al. Ghrelin is a growth-hormone-releasing acylated peptide from stomach. Nature 1999; 402:656-60. 2. Murray CD, Kamm MA, Bloom SR, Emmanuel AV. Ghrelin for the gastroenterologist: history and potential. Gastroenterology 2003;125:1492-502. 3. Date Y, Kojima M, Hosoda H et al. Ghrelin, a novel growth hormone-releasing acylated peptide, is synthesized in a distinct endocrine cell type in the gastrointestinal tracts of rats and humans. Endocrinology 2000;141:4255-61. 4. Wren AM, Steal LJ, Cohen MA et al. Ghrelin enhances appetite and increases food intake in humans. J Clin Endocrinol Metab 2001;86:5992. 5. Cummings DE, Purnell JQ, Frayo RS et al. A preprandial rise in plasma ghrelin levels suggests a role in meal initiation in humans. Diabetes 2001;50:1714-9. 6. Cummings DE, Weigle DS, Frayo RS et al. Plasma ghrelin levels after diet-induced weight loss or gastric bypass surgery. New Eng J Med 2002;346:1623-30. 7. Asakawa A, Inui A, Kaga T et al. Antagonism of ghrelin receptor reduces food intake and body weight gain in mice. Gut 2003; 52:947-52. 8. Delparigi A, Tschop M, Heiman ML et al. High circulating ghrelin: a potential cause for hyperphagia and obesity in Prader-Willi syndrome. J Clin Endocr Metab 2002;87:5461-4. 9. Nwokolo CU, Freshwater DA, O’Hare P, Randeva HS. Plasma ghrelin following cure of Helicobacter pylori. Gut 2003;52: 637-40. 49 Vocabulaire Vocabulaire