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Vocabulaire
Vocabulaire
Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 2 - vol. VII - mars-avril 2004
Ghreline
S. Nahon*
* Centre hospitalier intercommunal
Le Raincy-Montfermeil.
La ghreline est une hormone décou-
verte en 1999. Elle est impliquée dans
la régulation de la satiété (1, 2). Son nom
signifie “croissance” en hindi. Il s’agit
d’un peptide constitué de 28 acides ami-
nés, isolé à partir d’estomac de rat (1).
Elle agit en tant que ligand endogène du
récepteur des GH sécrétagogues (GHS-R)
et serait par conséquent un bon candidat
pour mimer ou amplifier la sécrétion en-
dogène d’hormone de croissance (GH)
(1, 2). La quasi-totalité de la ghreline cir-
culante est sécrétée par des cellules endo-
crines de la muqueuse gastrique (3).
Fonctions métaboliques de la ghreline
La ghreline est responsable de la libéra-
tion d’hormone de croissance (GH) ainsi
que de la libération d’autres hormones
telles que la prolactine, l’ACTH et le cor-
tisol (2). Elle joue également un rôle dans
la régulation glycémique et la sécrétion
d’insuline (2).
Effets de la ghreline sur la régulation
des repas
L’administration de ghreline par voie
intraveineuse ou intrapéritonéale a un
effet orexigène chez le mammifère (2).
Ces données ont été confirmées chez
l’homme où l’injection de ghreline
était associée à une augmentation de
28 % du poids de sujets sains par rap-
port à ceux ayant reçu un placebo (4).
Cummings et al. ont montré qu’il exis-
tait une augmentation du taux prépran-
dial de ghreline de 78 % suggérant une
implication de cette hormone dans
l’initiation du repas (5). De plus, son
taux diminuait significativement envi-
ron une heure après le repas (5).
Effet du régime et d’un “bypass”
chirurgical sur le taux de ghreline
Cummings et al. ont mesuré, dans un
autre travail, le taux plasmatique de ghre-
line après un amaigrissement induit par
un régime ou un bypass chirurgical chez
des patients obèses (6). Le régime a induit
chez ces patients une perte de poids de
17 % par rapport au poids initial et, paral-
lèlement, une augmentation du taux plas-
matique de ghreline de 24 %. Chez les
patients ayant eu un bypass chirurgical,
on observait une diminution du poids de
36 % et du taux de ghreline de 77 % par
rapport au groupe contrôle. Cette dimi-
nution paradoxale de ghreline contribue
probablement en partie à la diminution
du poids chez les patients ayant un bypass
(6). Cette chute entraînerait une diminu-
tion de la fréquence, de la quantité des repas
et une diminution pour l’appétence aux
graisses et aux sucres. Les auteurs expliquent
que la perte de poids chez les patients ayant
un bypass chirurgical serait la conséquence
de l’absence de stimulation des cellules
endocrines gastriques par l’alimentation
entraînant un effondrement du taux de
ghreline. Ce mécanisme expliquerait que le
bypass chirurgical serait plus efficace sur
la perte de poids au long cours par rapport
à la gastroplastie qui n’isole pas les cel-
lules à ghreline du bol alimentaire (6).
Effet d’un antagoniste de la ghreline
sur la masse corporelle
Asakawa et al. ont évalué l’effet de
l’injection intrapéritonéale d’un antago-
niste de la ghreline sur le poids, la masse
grasse, la glycémie et l’insulinémie chez
la souris (7). Dans un modèle de souris
obèses, l’injection de cet antagoniste per-
mettait une diminution du poids et une
régulation de la glycémie confirmant le
rôle de la ghreline sur la régulation de
la masse grasse et de la glycémie.
Obésité, ghreline et génétique
Le gène (3p26-p25) codant pour la ghre-
line a été récemment identifié. Une ou
plusieurs mutations sur ce gène serait à
l’origine d’obésités familiales, notamment
au cours du syndrome de Prader-Willi (8).
Ghreline et “Helicobacter pylori”
Nwokolo et al. ont évalué l’effet de l’éra-
dication d’Helicobacter pylori sur le taux
plasmatique de ghreline (9). Après éradi-
cation, le taux de ghreline était significa-
tivement augmenté et, parallèlement, on
notait une augmentation du pH intragas-
trique des 24 heures. Les auteurs ont sug-
géré que l’éradication d’HP pourrait être à
l’origine d’une augmentation du poids des
patients dans les pays occidentaux et pour-
rait favoriser le reflux gastro-œsopha-
gien et, encore plus indirectement, l’aug-
mentation de l’incidence du cancer du
cardia (9).
Conclusion
La ghreline est une hormone qui a un
effet orexigène et qui semble jouer un rôle
prépondérant dans la régulation des repas.
Le développement de molécules inhibi-
trices de la ghreline pourrait s’avérer
efficace dans le traitement de l’obésité.
Références
1. Kojima M, Hosoda H, Date Y et al. Ghrelin
is a growth-hormone-releasing acylated peptide
from stomach. Nature 1999; 402:656-60.
2. Murray CD, Kamm MA, Bloom SR,
Emmanuel AV. Ghrelin for the gastroenterolo-
gist: history and potential. Gastroenterology
2003;125:1492-502.
3. Date Y, Kojima M, Hosoda H et al. Ghrelin,
a novel growth hormone-releasing acylated
peptide, is synthesized in a distinct endocrine
cell type in the gastrointestinal tracts of rats and
humans. Endocrinology 2000;141:4255-61.
4. Wren AM, Steal LJ, Cohen MA et al. Ghrelin
enhances appetite and increases food intake in
humans. J Clin Endocrinol Metab
2001;86:5992.
5. Cummings DE, Purnell JQ, Frayo RS et al.
A preprandial rise in plasma ghrelin levels sug-
gests a role in meal initiation in humans.
Diabetes 2001;50:1714-9.
6. Cummings DE, Weigle DS, Frayo RS et al.
Plasma ghrelin levels after diet-induced weight
loss or gastric bypass surgery. New Eng J Med
2002;346:1623-30.
7. Asakawa A, Inui A, Kaga T et al. Antagonism
of ghrelin receptor reduces food intake and body
weight gain in mice. Gut 2003; 52:947-52.
8. Delparigi A, Tschop M, Heiman ML et al.
High circulating ghrelin: a potential cause for
hyperphagia and obesity in Prader-Willi syndro-
me. J Clin Endocr Metab 2002;87:5461-4.
9. Nwokolo CU, Freshwater DA, O’Hare P,
Randeva HS. Plasma ghrelin following cure of
Helicobacter pylori. Gut 2003;52: 637-40.