IMPACT ÉCONOMIQUE DU DÉPISTAGE
ET DU TRAITEMENT DE L’INFECTION À H. PYLORI
DANS LA POPULATION
Les coûts économiques de dyspepsie ont été obtenus par la revue
du coût des soins de santé primaire. Ces données n’étaient pas
disponibles pour 23 sujets (2 %) du groupe traité et 32 sujets
(3 %) du groupe placebo (11). Tous les calculs dérivent des coûts
au Royaume-Uni en appliquant la conversion 1 £ = 1,5 euros. Une
première analyse a montré une diminution statistiquement non
significative du coût lié à la dyspepsie dans le groupe éradiqué
comparé au groupe témoin durant les 2 années de suivi, à savoir
17,13 euros par sujet (IC 95 % = 45,06 euros-10,79 euros) de
réduction (p = 0,23) (11).
Une deuxième étude des coûts par sexe a montré que les résultats
étaient en accord avec les données cliniques, à savoir que des gains
substantiels sont réalisés chez les hommes, une réduction des
coûts de 40,76 euros par sujet (IC 95 % = 75,02 euros-6,48 euros)
(p = 0,02) sur une période de deux années de suivi alors que chez
les femmes il n’y avait pas de bénéfice apparent
–6,69 euros par
sujet de réduction de coût (IC 95 % = – 50,78 euros-
37,40 euros)
(p = 0,77).
MODÉLISATION DES DONNÉES
Les coûts de dyspepsie de cette étude ont été incorporés dans un
modèle de Markov (TreeAge version 3.5,TreeAge software Inc.,
Williamstown, États-Unis) afin de déterminer l’intérêt écono-
mique d’un dépistage et d’un traitement de l’infection à H. pylori
dans la population générale pour prévenir la mortalité par cancer
gastrique et maladie ulcéreuse par rapport à une absence d’inter-
vention (11). Ce modèle a évalué l’impact sur la population dans
une perspective de santé publique, et l’efficacité a été mesurée en
nombre de vies sauvées.
Le modèle considère que les sujets âgés de 45 ans des deux sexes
seraient dépistés et suivis pendant 40 ans. La probabilité de mor-
talité par cancer gastrique et maladie ulcéreuse par périodes de 5
ans a été obtenue de sources gouvernementales et 60 % des can-
cers gastriques ont été considérés comme distaux. La proportion
des cancers gastriques distaux attribuables à H. pylori a été esti-
mée à 60 % et on a postulé que 50 % d’entre eux seraient préve-
nus par un traitement réussi. L’association entre la mortalité par
maladie ulcéreuse et l’infection à H. pylori a été considérée selon
le même schéma, à savoir que 60 % des cas étaient attribuables à
l’infection et que 50 % étaient prévenus par l’éradication. L’effi-
cacité globale de l’éradication de H. pylori pour prévenir la mor-
talité par ces maladies est donc de 30 % dans le scénario de base.
L’efficacité de l’éradication pour prévenir la mortalité due à cette
bactérie a été testée pour des valeurs comprises entre 20 et 100
% dans une analyse de sensibilité. Les autres hypothèses sont indi-
quées dans le tableau III. D’après ce modèle, le dépistage et le
traitement de l’infection à H. pylori coûteraient moins qu’une
stratégie de non intervention et ils sauveraient plus de vies. Le
dépistage de 1 million de sujets résulterait en un gain de 9 mil-
lions d’euros pour les services de santé et sauverait 1 300 années
de vie. Cette stratégie de dépistage et de traitement de H. pylori
est donc une stratégie valide. Une analyse des seuils a suggéré
qu’un tel programme serait la stratégie la plus efficace dans la
mesure où les coûts de santé pour la dyspepsie, économisés chez
l’homme seraient supérieurs à 12 euros par an (11). L’efficacité
du traitement d’éradication pourrait réduire les coûts liés à la dys-
pepsie chez l’homme et prévenir la mortalité, ces facteurs étant
les plus importants dans l’analyse de sensibilité bidirectionnelle.
Dans le pire des cas, en émettant l’hypothèse d’une efficacité glo-
bale de 10 % dans la prévention de la mortalité attribuable à H.
pylori,et d’une diminution des coûts de santé liés à la dyspepsie
de 3 euros par an chez l’homme (figure 2),le coût serait de
22 000 euros par année de vie sauvée, ce qui est inférieur au ratio
coût-efficacité moyen estimé pour un grand nombre d’interven-
tions de santé publique.
Tableau III. Variables utilisées dans le modèle de Markov pour étu-
dier le rapport coût-efficacité du dépistage et du traitement de l’in-
fection à H. pylori dans la population générale.
aRémunération de base d’un généraliste pour le dépistage du cancer du col.
bLe kit sérologique commercialisé le meilleur marché (Porton Cambridge, Cambridge,
Royaume-Uni).
cPrix du traitement oméprazole 20 mg, clarithromycine 250 mg x 2, métronidazole
400 mg x 2 pour une semaine en 1998.
dCoûts dérivés des données d’essais cliniques (divisés par deux pour donner un taux annuel).
ePrévalence de H. pylori dans l’essai (6).
fBasé sur les chiffres de participation pour dépistage du cancer du col au Royaume-Uni.
Estimation Limites considérées
Variable de dans l’analyse
base de sensibilité
Coût d’invitation 3,00a0 -7,50
Coût du test (sérologie) 7,50b1,50
Coût de la 2evisite (médicaments) 3,00a0 -7,50
Coût de la thérapie d’éradication 31,30c31,50 -51,00
Réduction des coûts après dépistage 20,38 /and3,24 -37,51
(hommes)
Prévalence de H. pylori 28 %e10-90 %
% de personnes participant 60 %f25-90 %
au dépistage
% de personnes revenant 80 %e70-90 %
pour le traitement
Sensibilité du test 90 % 80-98 %
Spécificité du test 90 % 80-98 %
Efficacité de l’éradication (hommes) 65 % 61-90 %
Efficacité de l’éradication (femmes) 57 % 53-80 %
Mortalité par cancer gastrique 60 %
et par maladie ulcéreuse pouvant
être due à H. pylori
Efficacité du traitement d’éradication 50 % 20-100 %
lors de la prévention du cancer
gastrique et de la maladie ulcéreuse
Taux de réduction 5 % 0-6 %
POINT DE VUE
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VIII - mai-juin 2005
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