La Lettre du Gynécologue - n° 331 - avril 2008
Dossier
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Exploration préopératoire de l’endométriose
pelvienne : place de l’IRM
MR imaging for the assessment of deep pelvic endometriosis
IP M. Bazot*, C. Lafont*, M. Ballester**, E. Daraï**
* Service de radiologie, hôpital Tenon.
** Service de gynécologie obstétrique, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris.
L’endométriose est définie par la présence de tissu endo-
métrial ectopique en dehors de la cavité endométriale
(1). Trois types d’endométriose sont individualisés :
l’endométriose péritonéale superficielle, les kystes endomé-
triosiques et l’endométriose sous-péritonéale profonde (2).
Le diagnostic définitif d’endométriose et une évaluation de l’ex-
tension lésionnelle sont classiquement effectués par cœlioscopie
avec, au mieux, une analyse histologique des zones patholo-
giques. La cœlioscopie permet la résection chirurgicale des
lésions endométriosiques observées. Cependant, cette tech-
nique nécessite une anesthésie générale et peut ignorer cer-
taines lésions endométriosiques, en particulier infiltratives
profondes, des lésions masquées par des adhérences ou des
implants endométriosiques intra-ovariens. De plus, la cœlio-
scopie ne peut être répétée de façon itérative du fait du carac-
tère chronique et récidivant de cette affection.
L’endométriose pelvienne est responsable de douleurs pelvien-
nes et/ou d’infertilité, posant donc le problème de sa prise en
charge chirurgicale éventuelle (3). Un bilan diagnostique et une
cartographie lésionnelle exhaustive est donc nécessaire pour
juger des indications thérapeutiques. Les méthodes d’imagerie
représentent une étape diagnostique fondamentale et doivent
précéder la cœlioscopie pour le diagnostic des localisations
ovariennes et profondes. Le diagnostic et le traitement des
localisations endométriosiques péritonéales superficielles res-
tent cependant l’apanage de la cœlioscopie. Si l’échographie
endovaginale est la technique de première intention pour le
diagnostic des localisations endométriosiques ovariennes et
profondes, le recours à l’IRM apparaît indispensable si une
décision chirurgicale est envisagée.
En revanche, il n’existe à ce jour aucune recommandation
pour l’utilisation du scanner en préopératoire immédiat d’une
endométriose pelvienne.
Afin de reconnaître ces diverses anomalies, un protocole
d’examen IRM rigoureux doit être réalisé, permettant secondai-
rement une analyse exhaustive des diverses locations endomé-
triosiques. Chez une patiente à jeun, ayant eu une préparation
digestive (antispasmodiques intestinaux), on réalisera de façon
systématique des séquences sagittale, axiale, axiales obliques
éventuelles au col ou corps utérin en pondération T2 et T1
avant et après suppression de graisse. L’utilisation du gadoli-
nium apparaît aujourd’hui optionnelle.
L’aspect des lésions endométriosiques dépend principalement
de leur localisation. L’implantation de tissu endométrial ecto-
pique fonctionnel au sein des ovaires génère la création de kys-
tes hémorragiques de taille variée allant de quelques millimètres
à quelques centimètres. Ces lésions présentent typiquement
un hypersignal T1 supérieur ou égal à la graisse sous-cutanée
qui persiste sur les séquences T1 avec suppression de graisse
(figure 1) [4]. En pondération T2, un affaissement du signal
(shading) est observé dans deux tiers des cas environ, associé
ou non à des zones d’hypersignal intrakystiques (figure 2) [4].
La plupart des auteurs donnent une précision diagnostique de
l’IRM supérieure à 90 % (4-6).
Lorsque les lésions endométriosiques se localisent dans des
tissus musculaires lisses (ligaments utérosacrés, vagin, tube
digestif ou vessie), la lésion élémentaire est constituée de
façon prédominante par de la fibrose et une hyperplasie mus-
culaire (1, 7). Ces lésions profondes présentent donc un iso-
ou hyposignal en séquences pondérées T1, et surtout T2. De
petits spots hyperintenses en T1 avec ou sans suppression de
graisse, traduisant des implants hémorragiques et des spots
hyperintenses en pondération T2 ainsi que des implants kys-
tisés, peuvent être visualisés au sein de ces lésions endomé-
triosiques. En fonction du type de structures anatomiques
intéressées, cette infiltration endométriosique prend un aspect
linéaire, nodulaire ou de masse à contours plus ou moins irré-
guliers, avec une taille variable d’autant plus importante que le
processus endométriosique intéresse un nombre important de
structures anatomiques.
L’atteinte du torus uterinus ou des ligaments utérosacrés (LUS)
représente la localisation la plus fréquente de l’endométriose
pelvienne profonde (5, 8, 9). Cette infiltration des LUS est uni-
ou bilatérale avec un
épaississement irré-
gulier ou un nodule
plus ou moins spi-
culé. Kinkel et al. ont
suggéré qu’un épais-
sissement > 9 mm du
ligament utéro-sacré
était très évocateur
du diagnostic (10).
Cette mesure n’est
pas toujours facile
à effectuer, la zone
d’insertion du liga-
ment n’étant pas tou-
jours visible, surtout
Figure 1.
Coupe IRM axiale pondérée
T1 montrant des lésions ovariennes
bilatérales, en hypersignal, multiples
à droite en rapport avec des
endométriomes.