T R I B U N E Recommandations sur la prise en charge des personnes infectées par le VIH : points forts ! J.F. Delfraissy* L e pronostic de l’infection à VIH s’est nettement amélioré au cours des trois dernières années grâce à l’utilisation des multithérapies (combinaison de plusieurs antiviraux). Sous traitement, le contrôle de la multiplication du virus s’accompagne d’une restauration fonctionnelle du système immunitaire et d’une amélioration clinique. On observe une diminution d’environ deux tiers des cas de sida, des décès ou du nombre de journées en hospitalisation classique. Parmi les patients suivis, environ 88 % reçoivent un traitement, et on peut donc parler d’une “maladie chronique sous traitement”. Plusieurs points importants, confirmés ces derniers mois, sont susceptibles de modifier les stratégies thérapeutiques dans les années à venir : ! Une efficacité confirmée des multithérapies permettant d’obtenir de façon durable une charge virale plasmatique (ARN VIH) non détectable (< 200 ou 50 copies/ml) chez un grand nombre de patients. ! La notion d’une prise en charge au long cours avec des effets indésirables plus fréquents que prévu conduisant à nuancer le moment de l’initiation au traitement et à renforcer la relation entre les soignants et les soignés. ! La persistance du virus, sous une forme intégrée (ADN viral), quiescente ou faiblement réplicative, au niveau des lymphocytes du sang périphérique, y compris chez les patients ayant depuis plus de deux ans un ARN VIH plasmatique inférieur à 50 copies/ml. ! Une restauration immunitaire retardée sous traitement, efficace vis-à-vis des agents infectieux endogènes ou exogènes, mais incomplète vis-à-vis du VIH lui-même, en particulier au niveau de la fonction CD4 amplificatrice. Ces données suggèrent qu’en l’absence de nouvelles classes d’antiviraux, l’éradication n’est plus l’objectif à court-moyen terme, mais que l’on s’oriente plutôt vers l’obtention d’un état d’équilibre immunovirologique éventuellement favorisé par une immunothérapie. * Service de médecine interne, hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre. 346 Les points suivants ont paru particulièrement importants au Groupe d’experts. L’instauration du traitement antirétroviral nécessite une 1 démarche de préparation et d’accompagnement du patient. L’analyse des avantages et des inconvénients de chaque stratégie thérapeutique est nécessaire, ainsi que les possibilités de relais à moyen et long terme. L’objectif théorique est d’obtenir une baisse de la charge virale plasmatique mesurée par PCR-ARN quantitative profonde et durable. Plusieurs possibilités d’associations multiples d’antirétroviraux sont envisageables pour le traitement initial. Le traitement de référence reste l’association de 2 inhibiteurs nucléosidiques (IN) + 1 inhibiteur de protéase (IP). Des résultats comparables sont obtenus avec 2 IN + 1 inhibiteur non nucléosidique (INN). La combinaison de 3 IN est efficace à court terme, mais l’efficacité à long teme doit être évaluée. À côté du succès virologique, déjà cité, il faut souligner que 40 % des patients traités gardent une charge virale détectable. Les causes d’insuccès sont essentiellement liées à des problèmes d’adhésion au traitement et aux problèmes de résistance acquise. Environ 8 % des patients sont en échec thérapeutique sévère. Il s’agit surtout de patients traités de longue date. Cette catégorie de patients nécessite, à court terme, l’obtention de nouvelles molécules en association avec la collaboration active des différentes agences et de l’industrie pharmaceutique. 2 Les tests génotypiques de résistance doivent être utilisés pour le suivi des patients, en particulier dans les échecs de deuxième et troisième intention. La place des dosages plasmatiques des inhibiteurs de protéase est importante, en particulier en cas d’associations médicamenteuses et d’échec thérapeutique précoce. 3 Les anomalies métaboliques cliniques et biologiques sous antirétroviraux sont fréquentes (plus de 50 % des patients à deux ans), et ne sont pas seulement liées aux inhibiteurs de protéase. Il s’agit d’une préoccupation majeure, tant pour le court terme (arrêt des traitements par les patients) que pour le long terme (risque cardiovasculaire). 4 La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 8 - octobre 1999 T D’une façon plus générale, dans une perspective de suivi à long terme, les effets indésirables des médicaments doivent être mieux pris en compte. 5 L’utilisation des antirétroviraux pendant la grossesse 6 continue à soulever des problèmes complexes. Le nombre de grossesses sous antirétroviraux augmente de façon nette. Une possible toxicité mitochondriale des inhibiteurs nucléosidiques durant la grossesse est en cours d’évaluation. Le problème le plus difficile est celui du maniement des antiviraux chez les femmes enceintes infectées par le VIH et traitées avant la grossesse. L’information des femmes doit être aussi complète que possible. La prévention de la transmission maternofœtale par les antirétroviraux n’est pas remise en cause. La prise en charge des hépatites et, en particulier, de l’hépatite C est insuffisante chez les personnes infectées par le VIH. Une perception différente de la gravité des deux infections explique en partie cette réticence. Cette attitude doit progressivement se modifier à l’heure où des bithérapies efficaces sont disponibles pour le traitement de l’infection à VHC. Il ne R I B U N E faut pas pour autant méconnaître les difficultés des traitements multiples. À côté des patients pris en charge en ville et à l’hôpital qui sont majoritairement traités (88 % des patients suivis à l’hôpital), toutes les équipes sont frappées par l’arrivée récente dans les services de patients vus pour la première fois, souvent au stade sida non traités, souvent migrants et en situation de précarité. Cette catégorie de patients, dont l’importance reste à évaluer, nécessite une réflexion. Des solutions innovantes doivent être proposées pour les amener au dépistage et à l’accès aux soins, afin de favoriser au maximum leur prise en charge. La place du médecin généraliste est ici essentielle. " 8 7 P O U R E N S A V O I R P L U S – Delfraissy J.F. Prise en charge thérapeutique des personnes infectées par le VIH. Recommandations du Groupe d’experts 1999. Flammarion Éditions. % À découper ou à photocopier Tarif 1999 Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules $ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. $ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... 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