DOULEUR
Plusieurs mesures ont été prises, ou vont être
proposées, qui devraient modifier la prise en
charge de la douleur.
L’identification ou labellisation
des structures de prise en charge de
la douleur chronique
L’identification, ou la labellisation, de ces
structures est nécessaire, tant pour les patients
que pour les médecins. Elle définit trois
niveaux de prise en charge selon la complexité
du service rendu, allant de la consultation spé-
cialisée pluridisciplinaire au centre anti-dou-
leur disposant d’un plateau technique complet :
– La consultation, où est adressé par son méde-
cin de ville le malade souffrant de douleurs
chroniques, doit disposer des compétences de
trois médecins, dont un neurologue, un psy-
chiatre et un médecin somaticien de discipline
différente.
– L’unité dispose, outre les compétences médi-
cales précédentes, d’un plateau technique
adapté et de la possibilité d’hospitaliser des
patients, dans des lits soit mis à disposition,
soit appartenant en propre à la structure.
– Le centre de prise en charge de la douleur
dispose des moyens de l’unité et doit assurer
l’enseignement et la recherche.
Cette procédure vise à reconnaître l’existence
de structures disposant de tout l’éventail des
techniques et des compétences indispensables
à une bonne prise en charge de la douleur. Elle
consacre la mission d’un établissement et
d’une équipe de référence vis-à-vis des pro-
fessionnels et de l’ensemble de la population
de sa zone d’attraction, car les structures recon-
nues doivent être de véritables animateurs d’un
réseau constitué avec les autres équipes de la
région. Les agences régionales de l’hospitali-
sation procéderont à cette identification avant
la fin du premier semestre 1998.
Principes de l’identification
Cette reconnaissance de l’activité médicale des
équipes, travaillant parfois depuis de nom-
breuses années dans des conditions difficiles
pour prendre en charge la douleur chronique,
est nécessaire pour permettre aux médecins et
aux malades de situer les structures de qualité.
❏Elle doit reconnaître le service rendu par les
équipes existantes.
❏Elle doit s’accompagner d’une mise en place
ou d’un renforcement de leur individualité afin
de recentrer l’activité des praticiens, d’éviter
leur départ ou leur récupération par les services
d’origine, de structurer les moyens en person-
nel et en matériel, d’individualiser et d’amé-
liorer le recueil d’activité, d’individualiser les
dépenses et recettes.
Cela peut être envisagé par la mise en place
d’une organisation transversale structurée
visant à regrouper toutes les compétences et les
savoir-faire, quel que soit l’établissement de
santé (CHU, CRLCC, CH, établissements pri-
vés), telle une fédération par exemple.
❏Elle doit s’assurer de la pérennité des struc-
tures de prise en charge de la douleur par une
prise en compte de l’activité au sein du PMSI,
par une intégration des codes diagnostiques-
actes en rapport avec la prise en charge de la
douleur chronique, et par une adaptation des
points ISA pour les consultations pluridisci-
plinaires et les premières consultations.
❏Elle concerne les seules structures ouvertes
sur l’extérieur et prenant en charge la totalité
des pathologies douloureuses chroniques
rebelles (céphalées d’allure migraineuse, algo-
neurodystrophies, cancers, lombalgies chro-
niques, sida...).
❏Elle doit tendre à l’amélioration de la prise
en charge globale de la douleur par une diffu-
sion de la “culture douleur” dans l’établisse-
ment de santé et le développement de pro-
grammes d’assurance-qualité.
Le schéma régional d’organisa-
tion des soins
Ces démarches doivent être complétées par
l’élaboration d’un volet spécifique du schéma
régional d’organisation sanitaire consacré à la
lutte contre la douleur chronique rebelle struc-
turée en réseau, et aux dispositifs mis en place
dans chaque établissement conformément à la
loi. Naturellement, l’offre en direction des
enfants et des personnes âgées qui expriment
le plus difficilement leur besoin fera l’objet
d’une attention particulière. Ce schéma régio-
nal permettra de prendre acte de l’existant,
d’évaluer pour chaque région les moyens
consacrés à cette activité et de les renforcer
lorsque cela sera nécessaire. Ces moyens,
notamment en personnel, constitueront une
base incompressible qui sera renforcée en 1998
dans le cadre des priorités de la politique hos-
pitalière.
Les contrats d’objectifs et de
moyens
De même, la lutte contre la douleur doit trou-
ver sa place dans les clauses relatives à la qua-
lité et à la sécurité des soins des contrats d’ob-
jectifs et de moyens qui seront passés entre les
établissements et les agences régionales de
l’hospitalisation. Cette directive a été donnée
à ces agences.
En parallèle à ces mesures, plusieurs initiatives
se sont concrétisées :
La capacité d’évaluation et de traitement de la
douleur. Quatorze universités ont été habilitées
à délivrer la capacité. Cette capacité vient en
remplacement du DIU ; à la différence d’un
diplôme d’université, elle est reconnue par
l’Ordre des médecins comme une compétence.
La nomenclature. La liste des libellés des actes
diagnostiques et thérapeutiques est actuelle-
ment en cours d’élaboration. Un chapitre “dou-
leur” y sera individualisé ; plusieurs dizaines
de libellés qui n’existaient pas auparavant ont
été rajoutés. Cette liste se substituera à terme
à celle du Catalogue Des Actes Médicaux
(CDAM), utilisé dans le cadre du Programme
de Médicalisation des Systèmes d’Information
(PMSI), et à celle de la Nomenclature Géné-
rale des Actes Professionnels (NGAP), utili-
sée, schématiquement, pour la définition des
honoraires des praticiens du secteur privé.
Il n’y aura plus ainsi qu’une seule liste d’actes,
commune à tous les secteurs d’activité, qui ser-
vira de support à un codage unique et qui per-
mettra la définition :
– d’une part, des indices de coût relatif (ICR)
et des groupes homogènes de malades (GHM)
pour le PMSI,
– d’autre part, des cotations pour les honoraires
du secteur privé.
Cette Nomenclature Commune des Actes
Médicaux (NCAM) a donc un double objec-
tif : la description de l’activité médicale et sa
valorisation.
Le Collège des médecins de la douleur a été
créé en 1997. Il a pour but l’organisation de la
prise en charge de la douleur dans tous ses
aspects, en concertation avec tous les interlo-
cuteurs et les organismes concernés, privés et
publics, la contribution au développement des
grands axes de recherche en matière de dou-
leur, la définition, l’actualisation, la validation
et l’accréditation des formations universitaires,
des formations continues postuniversitaires,
des formations des praticiens en exercice et
l’harmonisation des formations avec les diffé-
rents pays européens.
Cet ensemble de mesures devrait être de nature
à améliorer significativement la prise en charge
de la douleur et la réponse aux attentes légi-
times des patients et de leur famille.
Conclusion
Les structures de traitement de la douleur chro-
nique se multiplient de façon spontanée depuis
quelques années, et correspondent à un besoin
La Lettre du Rhumatologue - n° 241 - avril 1998 45
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