Éducation du patient Vers une relation partenaire L’éducation du patient devient une priorité de santé publique pour faire face aux maladies chroniques, plus nombreuses, notamment du fait du vieillissement de la population. Mieux informés, les patients devenus matures souhaitent devenir acteurs. Mais éduquer un patient ne s’improvise pas, d’autant que ces malades vont vite devenir “actionnaires” du système de santé. D’ après un récent décret, le patient doit être tenu au courant des risques encourus avant toute intervention. Deviendrait-il mature ? Partant de ce principe et de certaines réalités – médicales parce que 50 % des patients chroniques ne suivent pas leur traitement – et économiques aussi, le patient doit devenir un partenaire actif des équipes médicales et paramédicales. Les enjeux sont importants à la fois pour le malade, qui va gérer sa maladie au quotidien, mais aussi pour la société car un malade éduqué subit moins d’accidents et de complications avec, pour conséquence, un nombre d’admissions en urgence et d’hospitalisations diminué. Un malade responsable est une personne qui gère mieux sa vie et évite quelquefois son exclusion sociale. Afin que ce malade soit capable d’acquérir et de maintenir les ressources nécessaires, les responsables de la santé orientent les soins en intégrant l’éducation thérapeutique. Cette éducation concerne essentiellement les maladies chroniques – 80 sont recensées par l’OMS – mais aussi des épisodes pathologiques ou thérapeutiques de courte et moyenne durées comme les traitements anticoagulants et analgésiques, les escarres, etc. D’après la définition de l’OMS, “l’éducation thérapeutique du patient est un processus continu, intégré aux soins, et centré sur le patient. Il comprend des activités organisées de sen- 12 sibilisation, d’information, d’apprentissage et d’accompagnement psychologique concernant la maladie, le traitement prescrit, l’hospitalisation et les autres institutions de soins concernées, et les comportements de santé et de maladie du patient”. L’axe pédagogique De plus en plus pointus, les traitements demandent plus que jamais d’être intégrés dans un certain processus de soins : prise régulière des médicaments, quelquefois à des heures précises, et respect de la durée de prescription. Et pour un malade chronique, la contrainte ne devient acceptable que s’il y a adhésion. Selon cette logique, il ne s’agit plus de prescrire mais de dépasser sa fonction soignante et devenir aussi pédagogue. Cela induit également de savoir travailler en réseau interprofessionnel (ex. : kiné/infirmière) avec des équipes pluridisciplinaires (ex : spécialiste du diabète/spécialiste de la nutrition). Avant toute chose, il faut obtenir un dialogue avec le malade afin d’intervenir au niveau des comportements, qu’ils soient de l’ordre de l’hygiène de vie ou de l’alimentation, ou au niveau de réflexion dans un projet de vie. Tous les patients atteints d’une maladie chronique peuvent certes apprendre à se soigner eux-mêmes, s’ils en ont la volonté. Mais il ne s’agit pas seulement de leur enseigner les seuls gestes du soin. L’éducation va au-delà de l’information utile. En effet, il s’agit de leur apporter une connaissance suffisante de leur maladie et de leur donner l’envie de participer pour se prendre en charge le plus totalement. L’éducation du patient présente de nombreux atouts épidémiologiques, thérapeutiques mais aussi sociologiques, économiques et politiques. Il n’en faut pas plus pour que les pouvoirs publics reconnaissent cet acte éducatif. La Direction générale de la santé vise d’ailleurs à intégrer l’éducation thérapeutique dans la politique de prise en charge des actes de prévention remboursés par la Sécurité sociale. Mais cette nouvelle pratique ne peut s’improviser. Elle nécessite, de la part des professionnels, de justifier des compétences validées. Et il ne faut pas ignorer que le “patient acteur”, responsable de sa santé, prendra vite conscience qu’il est aussi un “actionnaire” du système de santé. Comment prendra forme alors ce nouvel équilibre qui met en jeu une nouvelle distribution des pouvoirs ? A.-L. P. Quelques formations à la méthodologie de l’éducation du patient • IPCM, Site Bayer, Tour Horizon, 52, quai de Dion-Bouton 92800 Puteaux. • UFR SMBH Léonard-de-Vinci, 74, rue Marcel-Cachin, 93017 Bobigny Cedex. • Université Paris-VI – Pierre-etMarie-Curie, service de diabétologie de l’Hôtel-Dieu, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75001 Paris. • Université catholique de Louvain, faculté de médecine, 50b, 1200 Bruxelles.