Créer
organiser et développer
une structure anti-douleur
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Pour certains la révolution culturelle n'est pas encore réalisée, d'une médecine scientifique à une méde-
cine toujours scientifique mais intégrant tous les éléments contingents de la souffrance humaine ou de
la mort. Les méthodes proposées pour surmonter ces obstacles sont les suivantes (elles seront appliquées
isolément ou en association) :
• Réaliser un audit par des spécialistes extérieurs à l'établissement qui vont juger objectivement de l'im-
portance de cette prise en charge douleur ou de médecine palliative,
• Réaliser des séminaires de formation, soit spécifiques au corps des médecins opposés à l'unité des trai-
tements de la douleur, soit intégrant tous les intervenants de l'établissement de soins. Le but est de
faire venir une équipe de traitement de la douleur d'un établissement similaire à celui où il y a un blo-
cage pour montrer combien, une fois réalisée cette greffe d'unité de traitement de la douleur permet
d'optimiser le travail quotidien des médecins même les plus réticents. Cette pratique peut être une
synergie et dans le jargon d'algologue, c'est ce qui est appelé "évangéliser un établissement". En effet,
après les conclusions de l'audit ou le déclic psychologique provoqué par une grande réunion de for-
mation de toutes les équipes de l'établissement, les obstacles inconscients sont souvent spontanément
levés et on constate une facilitation du travail du ou des médecins porteurs de l'énergie initiale pour
développer l'unité de traitement de la douleur.
4.3. Motivation d’un établissement : améliorer son image de marque
Une unité de traitement de la douleur permet une meilleure image de marque de l'établissement.
Actuellement, vis-à-vis du grand public, l'unité de traitement de la douleur constitue un plus dans
l'image de marque d'un établissement de soins. Ceci pourrait ne pas durer éternellement et n’être qu’un
effet de mode. Un établissement développant cette activité trop superficiellement, risque de créer deux
types d'insatisfaction qui seront difficiles à rattraper. Les patients d'abord pris dans l'organigramme
vide de cette unité de la douleur s'y perdront et seront des opposants farouches non seulement de cet
établissement, mais également de toute idée de prise en charge par une autre unité de traitement de la
douleur. Les deuxièmes personnes insatisfaites seront les correspondants qui se seront laissés prendre au
piège d'un établissement proposant des services qu'ils ne peuvent en fait assumer pleinement.
Imaginons malgré tout que cet établissement possède une unité de traitement de la douleur digne de
cette appellation. S'il a dans son rayon d'action d'autres établissements plus ou moins concurrents, la
création d'unité de traitement de la douleur sera perçue comme un acte d'agression, voire de concur-
rence plus ou moins déloyale car utilisant le support médiatique (effet d'annonce). Cette crainte des
autres établissements de perte de part de marché de patients, se retournera contre le centre anti-dou-
leur qui ne pourra bénéficier d'un réseau de spécialistes multidisciplinaires (appartenant à la zone d'in-
fluence de l'établissement concurrent). D'autre part, les médecins de cette structure concurrente en
aucun cas n'adresseront un patient à cette clinique de peur qu'il soit happé par ce service. Ainsi, loin
de créer un réseau, l'unité de traitement de la douleur accroît les barrières, les obstacles aux filières et à
la complémentarité médicale. Un développement, sur ces bases, est très fréquemment rencontré
comme cause d'échec des unités de traitement de la douleur dans les cliniques de moindre importan-
ce à but lucratif ou participant du service public.