La Lettre du Cardiologue - n° 326 - mars 2000
8
INFORMATIONS
tensine II...), alors que d’autres en sont encore à leur début (inhi-
biteurs des protéases).
Transplantation myocytaire. Les myocytes sont des cellules dif-
férenciées qui ne peuvent pas se multiplier après une agression
comme l’infarctus du myocarde. Dans un modèle d’infarctus du
myocarde chez le rat, il a été montré que l’injection de cardio-
myocytes fœtaux améliorait la fraction d’éjection et le débit car-
diaque. Dans un modèle de souris ayant une insuffisance car-
diaque après injection de doxorubicine, la greffe de
cardiomyocytes fœtaux permet une réduction significative du dia-
mètre télédiastolique avec une amélioration significative du pour-
centage de raccourcissement. Les résultats ont été comparables
avec des greffes de myoblastes squelettiques, notamment lors des
greffes autologues. Ces greffes cellulaires ont montré qu’elles
pouvaient améliorer la fraction d’éjection et diminuer le remo-
delage ventriculaire.
L’épuration extrarénale peut être indiquée chez les patients en
classe IV de la NYHA malgré un traitement médical bien conduit
ou chez les patients en classe III/IV de la NYHA ayant une insuf-
fisance rénale organique. L’épuration extrarénale permet une amé-
lioration rapide de la dyspnée en 2 à 4 semaines chez 75 % des
patients, permettant en moyenne une réduction d’une à deux
classes de la NYHA. La qualité de vie est améliorée, avec une
réduction des hospitalisations. Les complications sont rares ; elles
peuvent être mécaniques (problèmes liés au cathéter de dialysat)
ou infectieuses.
L’assistance circulatoire mécanique en cas d’insuffisance car-
diaque grave peut aider à passer un cap et/ou permettre d’attendre
une transplantation cardiaque. L’étude INNOVAT, qui est en cours
de réalisation, va permettre d’étudier l’apport de cette technique
chez les patients en choc cardiogénique, candidats à une trans-
plantation cardiaque.
STIMULATION MULTISITE
Les anomalies électrocardiographiques sont fréquentes chez les
patients ayant une cardiomyopathie dilatée. Les troubles de la
conduction sont observés chez 82 % des patients, avec notam-
ment un allongement du QRS à plus de 150 ms chez 27 % des
patients. Les conséquences mécaniques de ces anomalies élec-
trocardiographiques sont nombreuses. La désynchronisation auri-
culoventriculaire diminue le temps de remplissage ventriculaire,
la contribution auriculaire et peut même entraîner une fuite mitrale
diastolique. La désynchronisation ventriculaire ou interventricu-
laire est la principale cause de dysfonctionnement mécanique. Il
a été montré que plus le QRS est large, moins la fonction pompe
est bonne et plus le temps de remplissage ventriculaire gauche
est court. La correction de ces anomalies par une stimulation mul-
tisite permet une amélioration de la fonction pompe, une aug-
mentation du remplissage ventriculaire et une diminution de la
fuite mitrale. La stimulation multisite n’est pas encore validée
comme traitement. Il faudra attendre les résultats de plusieurs
études qui viennent de commencer ou qui débuteront prochaine-
ment pour déterminer sa place dans l’arsenal thérapeutique. Les
études préliminaires ont montré que la stimulation multisite per-
met une amélioration de la classe NYHA, de la fraction d’éjec-
tion, du pic de VO2et de la durée de l’épreuve d’effort.
INSUFFISANCE CARDIAQUE EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
Les études cliniques sont assez éloignées de la pratique quoti-
dienne. Le registre français des hospitalisations pour insuffisance
cardiaque a permis de déterminer les principales caractéristiques
chez 1 061 patients provenant de services de cardiologie univer-
sitaire, de médecine interne à orientation cardiologique et de ser-
vices de gériatrie. La moyenne d’âge était de 76 ± 13 ans, avec 55
% d’hommes. La dyspnée était le principal motif d’hospitalisa-
tion. Le ventricule gauche était nettement dilaté, avec en moyenne
un diamètre à 33 ± 6 mm/m2de surface corporelle. La durée
moyenne de séjour a été de 12 ± 13 jours, avec un retour au domi-
cile dans 71 % des cas. Les diurétiques étaient utilisés à la sortie
chez 91 % des patients, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion
chez 65 % des patients, les nitrés chez 45 % des patients. L’ana-
lyse en fonction de la fraction d’éjection est détaillée dans le
tableau IV. On constate que l’âge est supérieur d’une décennie
environ à la moyenne des essais cliniques, que la très grande majo-
rité des patients avec dysfonction systolique ont un traitement par
IEC (78 %) et que la fibrillation auriculaire est fréquente.
Tableau III. Classes médicamenteuses en cours d’étude dans l’insuffi-
sance cardiaque.
Antagonistes de l’angiotensine II
Antagonistes de l’endothéline
Peptides natriurétiques
Inhibiteurs de l’endopeptidase neutre
Agonistes de l’imidazoline
Antagonistes du TNFα
Inhibiteurs des protéases
Hormone de croissance
Calcium sensibilisateur (sensitizer) (levosimendan)
Thérapie génique
Tableau IV. Registre français des hospitalisations pour insuffisance
cardiaque.
FE < 40 % FE > 40 %
Nombre de patients 345 395
Âge (ans) 71 ± 14 76 ± 15
Hommes (%) 71 49
Fibrillation auriculaire (%) 34 42
Traitement (%)
IEC 78 63
diurétique 97 86
digoxine 44 32