É D I T O R I A L Les leçons de l’étude RALES ● Pr M.C. Aumont* LE CONTEXTE : L’INSUFFISANCE CARDIAQUE SÉVÈRE SCHÉMA DE L’ÉTUDE Le vieillissement de la population explique que l’insuffisance carPour cette seconde étude, n’étaient inclus que des patients en classe diaque soit devenue un problème de santé publique. Cette pathoIII ou IV de la NYHA, avec un antécédent de classe IV dans les logie génère un nombre croissant d’hospitalisations. De ce fait, six mois précédents. Ils étaient donc dans un état moins grave que il est important d’optimiser le traitement symptomatique et de ceux de l’étude CONSENSUS, mais plus grave que dans la pludévelopper le traitement préventif des poussées congestives, part des autres essais concernant l’insuffisance cardiaque. Par parallèlement au traitement étiologique. Jusqu’à présent, très peu ailleurs, la fraction d’éjection ventriculaire gauche devait être inféde travaux ont concerné le traitement de l’insuffisance cardiaque rieure ou égale à 35 %. Enfin, les patients devaient recevoir un sévère. L’étude CONSENSUS, en 1987, a montré pour la pretraitement diurétique de l’anse et un inhibiteur de l’enzyme de mière fois qu’un traitement conversion, sauf en cas d’intoléinhibiteur de l’enzyme de rance démontrée. Ces patients conversion pouvait réduire la recevaient de façon randomisée mortalité dans l’insuffisance et en double aveugle soit 25 mg cardiaque classe IV de la de spironolactone par jour, soit NYHA. Il faut remarquer que, un placebo. Cette dose pouvait dans cette étude randomisée être augmentée à 50 mg/j au contre placebo, dans laquelle la bout de huit semaines, ou réduite dose moyenne d’énalapril était à 25 mg/j tous les deux jours. de 18 mg/j, plus de 40 % des L’objectif primaire était la morpatients prenaient de la spirotalité totale. Les objectifs seconnolactone à une dose moyenne daires étaient la mortalité carde 80 mg/j, en association à du diaque, les hospitalisations pour furosémide prescrit chez 80 % cause cardiaque, l’ensemble d’entre eux, à une dose mortalité et hospitalisations moyenne de 200 mg/j. Néanpour cause cardiaque et enfin le moins, pendant des années, il a changement de classe NYHA. été formellement déconseillé Cette étude multicentrique a été de prescrire de la spironolacmenée en Europe, aux Étatstone à un insuffisant cardiaque Unis et au Brésil entre 1995 et traité par diurétiques de l’anse 1998. Plus de 1 600 patients ont et inhibiteurs de l’enzyme de été inclus (dont 387 en France) : conversion. Cette association Œdème interstitiel sur cardiopathie ischémique. 822 dans le groupe spironolacentraînait en effet un risque tone, 841 dans le groupe placebo. L’étude a été interrompue plus d’insuffisance rénale et d’hyperkaliémie, mais il faut noter que tôt que prévu, en août 1998, du fait d’une réduction de mortalité seules des doses standard de spironolactone étaient jusque-là utitotale de 27 % pour une durée moyenne de suivi de 24 mois (interlisées. valle de confiance à 95 % : 14-37 %, p < 0,0001). Ces résultats L’objectif du programme RALES (Randomized ALdactone Evatrès favorables et quasiment inattendus ont été annoncés au cours luation Study) était d’évaluer le bénéfice et la sécurité d’emploi de de l’AHA 1998 à Dallas, mais ne sont pas encore publiés. la spironolactone chez des patients ayant une insuffisance cardiaque La majorité des patients était en classe III à l’inclusion (72 %), sévère avec dysfonction systolique traitée par diurétiques et inhiavec une origine ischémique dans environ la moitié des cas. La biteurs de l’enzyme de conversion. La première partie du propopulation était majoritairement masculine (73 %), et l’âge gramme était conçue pour trouver la dose optimale de ce médicamoyen de 65 ans. La fraction d’éjection ventriculaire gauche ment, c’est-à-dire une dose efficace mais n’entraînant pas de risque moyenne était de 25 %. Presque tous les patients recevaient un important d’hyperkaliémie et d’insuffisance rénale. Ainsi, une dose diurétique (96 %) et un inhibiteur de l’enzyme de conversion de 25 mg/j a été retenue pour l’étude de mortalité. (89 %). La dose moyenne était de 63 mg/j pour le captopril et de 15 mg/j pour l’énalapril ou le lisinopril. La dose moyenne de spi* Service cardiologie A, hôpital Bichat, Paris. ronolactone était faible, comme prévu : 27 mg/j. .../... 4 La Lettre du Cardiologue - n° 312 - mai 1999 É D I T O R I A L .../... RÉSULTATS Il y a eu une diminution de la mortalité cardiaque et, à un moindre degré, de la mortalité non cardiaque. La réduction de la mortalité portait de façon équivalente sur la défaillance de la pompe et sur la mort subite. Il y a eu, parallèlement, une diminution du nombre des hospitalisations, et notamment de celles pour aggravation de l’insuffisance cardiaque (d’environ un tiers). Il n’y a pas eu plus d’hypotensions ou d’insuffisances rénales dans le groupe spironolactone. L’hyperkaliémie supérieure à 6 mmol/l n’a pas été plus fréquente dans ce groupe, où elle a concerné moins de 2 % des patients (il faut noter que ce paramètre était suivi très régulièrement). L’effet secondaire le plus important a été la gynécomastie, qui a touché 8,5 % des patients traités (versus 1,5 % de ceux recevant le placebo). 2. Trouver la dose optimale d’un médicament peut prendre des années. Plusieurs exemples existent dans le domaine cardiovasculaire, où un médicament donné à des doses plus faibles qu’habituellement permet d’obtenir une action favorable en évitant (ou en diminuant) les effets secondaires indésirables. Cela a été montré notamment pour les thiazidiques dans l’hypertension artérielle, pour les diurétiques de l’anse dans l’insuffisance cardiaque et avec certains bêtabloquants dans l’insuffisance cardiaque stable. 3. Le blocage d’un système neurohormonal en plusieurs points peut se montrer bénéfique. De là découle l’idée d’associer un inhibiteur de l’enzyme de conversion et la spironolactone, ou un inhibiteur de l’enzyme de conversion et un antagoniste des récepteurs à l’angiotensine II. LES LEÇONS Les leçons à tirer de cette étude sont les suivantes : 1. Il est possible de réaliser des études randomisées dans l’insuffisance cardiaque sévère. À ce stade, une diminution du nombre d’hospitalisations est un point très favorable, peut-être plus encore que la réduction de mortalité. A B O N N E CONCLUSION Cette étude montre une fois de plus que la stratégie de la dose maximale tolérée n’est pas toujours la plus efficace, et que l’association de deux médicaments complémentaires peut se montrer bénéfique. ■ Z - V O U S ! Tarif 1999 Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. ❏ Particulier ou étudiant Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... Prénom .......................................................................................... Pratique : ❏ hospitalière ❏ libérale FRANCE / DOM-TOM / CEE ÉTRANGER (autre que CEE) ❐ 580 F collectivités (88,42 €) ❐ 700 F collectivités (127 $) ❐ 460 F particuliers (70,12 €) ❐ 580 F particuliers (105 $) ❐ 290 F étudiants (44,21 €) ❐ 410 F étudiants (75 $) joindre la photocopie de la carte ❏ autre.......................... POUR RECEVOIR LA RELIURE ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) ...................................................................................................... Code postal ................................................................................... 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