La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXII - n° 4 - juillet-août 2007
Mise au point
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rapides ont une demi-vie d’élimination de 1 à 2 heures (50 % de
la population environ en Europe) et les acétyleurs lents de 2 à
5 heures (8). De fait, pour une même dose, l’exposition à l’INH est
deux à trois fois moindre chez les acétyleurs rapides (Cmax et ASC
inférieures) [16, 17]. L’acétyl INH est hydrolysé rapidement en
monoacétylhydrazine, qui est lui-même oxydé par le CYP4502E1
en formant des intermédiaires toxiques avant acétylation par la
NAT2 en diacétylhydrazine non toxique (18). Chez l’acétyleur
lent ou en cas d’association à RIF, la formation de métabolites
toxiques est probablement augmentée. Trente pour cent de la
forme active sont éliminés par voie urinaire chez les acétyleurs
lents et 10 % chez les acétyleurs rapides (AMM).
L’INH est bactéricide. Il pénètre dans le BK par diff usion et
transport actif oxygène-dépendant et inhibe la biosynthèse des
acides gras de la paroi cellulaire du germe (8). Le profi l PK-PD de
l’INH est encore discuté aujourd’hui (10, 17). Il est très effi cace
dans la première phase de bactéricidie intensive des germes
à multiplication rapide et présente un eff et postantibiotique
d’environ 18 heures in vitro (13) qui permet son administration
une fois par jour malgré sa faible demi-vie. Il semble qu’il y ait
un eff et de saturation de son effi cacité au-delà de la dose de
300 mg/j ou d’un rapport Cmax/CMI supérieur à 15 (10, 19), ce
qui pourrait être dû à la saturation du transporteur.
Pyrazinamide
L’absorption du PZA est complète après une prise orale avec un
pic de concentration sérique entre 1 à 2 heures suivant l’inges-
tion (8), où les concentrations sériques maximales atteignent
30 mg/l après une administration de 1 500 mg/j (20). Le PZA
diff use largement dans l’organisme, y compris dans le liquide
céphalorachidien. Seuls 5 % sont liés aux protéines plasmati-
ques. Le métabolisme hépatique du PZA conduit à la formation
d’acide pyrazinoïque (PA) très actif et de 5-hydroxypyrazinamide
(5-OH-PZA) et d’acide 5-hydroxypyrazinoïque (5-OH-PA), qui
sont surtout excrétés par fi ltration glomérulaire (20). La demi-vie
du PZA est de 9,5 heures et seuls 3 % sont excrétés sous forme
inchangée dans les urines.
Le mode d’action du PZA est encore mal connu. Il pénètre
dans les macrophages et n’agit qu’en milieu acide. L’activité
antibactérienne du PZA requiert une enzyme, la pyrazinami-
dase, qui est retrouvée dans les germes sensibles et non dans
les germes résistants. Cette enzyme transforme le PZA en acide
pyrazinoïque, qui a l’activité antibactérienne (21). Il a une faible
action bactéricide précoce (10) et agit uniquement sur les bacilles
persistants à croissance lente (activité stérilisatrice). Seul, c’est
l’antituberculeux susceptible de sélectionner le plus de BK résis-
tants (21). La longue demi-vie de cet antibiotique permet son
administration une fois par jour.
Éthambutol
Seul le d-isomère qui est la forme active de l’EMB est utilisé. Il
existe une grande variabilité interindividuelle des paramètres
pharmacocinétiques de l’EMB. Après une administration orale
de 15 à 25 mg/kg, 70 à 80 % sont absorbés et les concentrations
maximales sont atteintes en 2 à 3 heures (8). La Cmax, pour une
administration de 25 mg/kg, atteint 3 à 6 mg/l et l’ASC environ
30 mg/l/h (22). La diff usion dans l’organisme est bonne, mais
l’EMB pénètre peu la barrière hémato-encéphalique (8). La
fraction liée aux protéines plasmatiques est de 40 %. Soixante-
quinze pour cent de l’EMB inchangé sont excrétés dans les
urines. La demi-vie d’élimination est biphasique : 2-4 heures
pour la première phase et 12-14 heures pour la seconde (23).
L’EMB est bactériostatique. Il interfère avec la formation des
polysaccharides de la paroi bactérienne. Sa CMI est d’en-
viron 1 mg/l. Aucun eff et postantibiotique n’est observé avec
l’EMB.
Par ailleurs, les combinaisons des antituberculeux de première
ligne présentent généralement des eff ets postantibiotiques supé-
rieurs à 120 heures (13).
TOXICITÉ DES ANTITUBERCULEUX
Outre les troubles digestifs, le principal eff et indésirable de la RIF
est une hépatotoxicité, en particulier chez l’insuffi sant hépatique
chronique, l’alcoolique, les personnes dénutries, les plus âgées (8)
ou les patients atteints du VIH (24). Une hyperbilirubinémie (par
inhibition de sa sécrétion) et une augmentation des enzymes
hépatiques d’apparition rapide après instauration du traitement
sont observées chez 4 % des patients ; une hépatite est retrouvée
chez 3 % (24). Pour la rifabutine, les eff ets hépatiques sont rares
mais il semble exister une relation entre la dose et l’incidence
des eff ets indésirables (25).
La RIF potentialise la toxicité hépatique de l’INH (26, 27) proba-
blement par son eff et inducteur sur des enzymes du métabo-
lisme de l’INH, conduisant à augmenter la production de ses
métabolites toxiques.
L’INH est l’un des antituberculeux les plus toxiques pour le foie.
L’augmentation des transaminases est observée dans 10 à 25 %
des cas (26) et l’hépatite clinique est par la suite développée dans
0,5 à 2 % des cas. Cette proportion s’élève à 3 à 6 % quand la
RIF est associée à l’INH (8, 26). L’âge (> 50 ans), la malnutrition,
l’alcoolisme, les hépatites virales chroniques et les acétyleurs
lents seraient des facteurs favorisant l’hépatotoxicité induite par
l’INH (3, 18, 26). Les neuropathies périphériques sous INH par
interférence avec le métabolisme de la pyridoxine sont rares aux
posologies usuelles (3), mais elles sont favorisées par d’autres
facteurs neurotoxiques tels que le diabète, l’alcool, la malnutri-
tion et l’association avec d’autres médicaments neurotoxiques.
Elles sont traitées par l’administration de vitamine B6.
La relation entre la dose et la toxicité des antituberculeux n’est
pas pleinement établie, à l’exception du PZA et de l’EMB (23,
28). L’hépatotoxicité était un problème majeur du PZA dans les
premières années de son utilisation, les posologies se situant
alors entre 40 et 70 mg/kg/j (21). Cet eff et est devenu plus rare
aux posologies actuelles et depuis que la durée du traitement
est réduite à 2 mois. Son incidence est toutefois controversée ;
elle pourrait être de l’ordre de 1 % pour les eff ets majeurs (5)
et favorisée par un âge supérieur à 60 ans ou l’infection par le
VIH (24). Par ailleurs, un traitement symptomatique permet