La Lettre de lâInfectiologue - Tome XXII - n° 4 - juillet-aoĂ»t 2007
Mise au point
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gĂ©nĂ©ralement dâamĂ©liorer lâhyperuricĂ©mie provoquĂ©e par le
PZA par compĂ©tition avec la sĂ©crĂ©tion tubulaire de lâacide
urique (3).
Le principal eïŹ et indĂ©sirable de lâEMB est la nĂ©vrite optique rĂ©tro-
bulbaire, dâapparition assez tardive, rencontrĂ©e assez frĂ©quem-
ment au-delà de 15 mg/kg/j mais demeurant rare en deçà (28).
Dans le cadre de lâassociation des trois principaux antituber-
culeux de premiĂšre ligne (RIF, INH et PZA), lâĂ©lĂ©vation prĂ©coce
des transaminases (15 jours) aprĂšs lâinstauration du traitement
serait principalement imputable Ă la toxicitĂ© de lâINH potenti-
alisĂ©e par la RIF. Cet eïŹ et est de moins bon pronostic lorsquâil
apparaĂźt plus tardivement (aprĂšs le premier mois de traitement),
car il correspondrait plutÎt à une hépatotoxicité du PZA (27).
INTĂRĂT DE LA DĂTERMINATION DU PROFIL
DâACĂTYLATION DES PATIENTS
La trÚs grande majorité des patients (95 %) répondent sans
rechuter au traitement standard de la tuberculose (23), ce qui
tĂ©moigne de sa bonne eïŹ cacitĂ©.
LâintĂ©rĂȘt de savoir si un patient est acĂ©tyleur lent ou rapide avant
lâinstauration dâun traitement comprenant lâINH reste discutĂ©.
Il existe plusieurs méthodes pour le déterminer. La premiÚre,
dĂ©crite par Vivien et al. (29), consiste Ă Ă©valuer lâindice dâinactiva-
tion I3 selon la formule : I3 = (C3 + 0,6)/D(mg/kg) aprĂšs mesure
de la concentration sĂ©rique (C3 en mg/l) de lâINH Ă T = 3 heures
aprĂšs administration dâune dose D de mĂ©dicament. Les acĂ©ty-
leurs rapides sont dĂ©ïŹ nis comme ayant un indice I3 < 0,65 ; les
acétyleurs lents ont un indice supérieur. Cet indice permet aussi
le calcul de la posologie optimale (en mg/kg) pour obtenir un
C3 de 1,5 ± 0,5 mg/l, selon la formule 2/I3.
Le phĂ©notypage peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©terminĂ© par la mesure du
ratio mĂ©tabolique Rm = acĂ©tyl INH/INH aprĂšs dosage de lâINH
et de son métabolite acétylé à T = 3 heures aprÚs la prise (30). Un
Rm < 0,48 définit un acétyleur lent, un Rm > 0,77 un acétyleur
rapide (entre 0,48 et 0,77, on parle dâacĂ©tyleur intermĂ©diaire). Des
méthodes de génotypage de NAT2 ont par ailleurs été dévelop-
pĂ©es par ampliïŹ cation par rĂ©action en chaĂźne par la polymĂ©rase
(PCR) suivie dâune digestion par une enzyme de restriction
(15, 18). Il existe une bonne corrélation entre le phénotype et
le gĂ©notype dâun individu (16). Les posologies dâINH fondĂ©es
sur cette approche sont trĂšs variables dâun patient Ă lâautre.
Par exemple, dans lâĂ©tude Houin-Tillement (31), la posologie
dâINH variait de 1,5 Ă 3 mg/kg/j chez lâacĂ©tyleur lent et de 3 Ă
18 mg/kg/j chez lâacĂ©tyleur rapide. LâeïŹ cacitĂ© thĂ©rapeutique de
lâINH aux concentrations usuelles semble ĂȘtre analogue quel que
soit le statut dâacĂ©tyleur du patient (32). Cependant, il existe peu
dâĂ©tudes permettant dâaïŹ rmer que ces posologies sont optimales
pour tous les patients, dâautant quâil faut tenir compte de lâeïŹ et
produit par les autres médicaments coadministrés.
En revanche, il est reconnu que les acétyleurs lents sont à plus
haut risque de développer une hépatotoxicité que les acéty-
leurs rapides (18, 33, 34). Toutefois, il nâest pas formellement
dĂ©montrĂ© quâil existe une relation entre des concentrations
sĂ©riques Ă©levĂ©es dâINH et les deux principaux eïŹ ets indĂ©sirables
de lâINH : hĂ©patotoxicitĂ© et neurotoxicitĂ©. LâutilitĂ© de lâadaptation
dâune posologie systĂ©matique de lâINH en fonction du statut de
lâacĂ©tylation est controversĂ©e. Parrot et al. (32) nâont observĂ©
aucune diïŹ Ă©rence signiïŹ cative en termes de troubles toxiques
entre une posologie adaptée à I3 et la posologie standard de
5 mg/kg/j chez des patients de moins de 50 ans, sans comorbidité
associĂ©e ni trouble neurologique majeur. Ă lâinverse, Cheminat
et al. (35) ont observé une élévation moindre des transaminases
lorsque lâadaptation de posologie aprĂšs phĂ©notypage selon la
méthode de Vivien (29) était réalisée dÚs la mise en route du
traitement. Toutefois, aucun cas dâhĂ©patite nâĂ©tait signalĂ© chez
les patients de cette Ă©tude. Il a Ă©tĂ© proposĂ© chez lâenfant une
adaptation systĂ©matique des posologies Ă partir de lâindex dâinac-
tivation (36). Dâautres prĂ©conisent une adaptation uniquement
chez les sujets Ă index extrĂȘme (31). La possibilitĂ© dâajuster la
posologie Ă chaque malade par la mesure de la concentration
sĂ©rique Ă la troisiĂšme heure est mentionnĂ©e dans lâAMM du
médicament commercialisé en France (Rimifon
Âź
).
Le phénotypage ou le génotypage seul pourraient par ailleurs
ĂȘtre utiles, soit pour alerter sur la nĂ©cessitĂ© de suivre au plus
prÚs les marqueurs du fonctionnement hépatique (transami-
nases) chez les acétyleurs lents (18), soit pour préconiser deux
ou trois posologies standard en fonction du type dâacĂ©tyleur
(15, 16). Mais des études cliniques sont encore nécessaires pour
valider cette approche.
SUIVI THĂRAPEUTIQUE PHARMACOLOGIQUE îSTPî
ET TRAITEMENT ANTITUBERCULEUX
Définition
Les dosages sĂ©riques dâantituberculeux ne sont pas recommandĂ©s
en routine (5, 37). Cependant, il existe des circonstances oĂč le
risque dâĂ©chec du traitement est plus important et pour lesquelles
un suivi des concentrations plasmatiques des antituberculeux
en vue dâun ajustement de posologie (STP [suivi thĂ©rapeutique
pharmacologique]) peut ĂȘtre un Ă©lĂ©ment utile dans la prise en
charge globale du patient tuberculeux.
Le STP est intéressant dans le cas de patients résistants, chez
lesquels beaucoup de médicaments de deuxiÚme ligne ont une
marge thérapeutique étroite et pour lesquels le suivi thérapeutique
de certains est déjà appliqué en routine (aminosides) [3, 5]. Son
utilitĂ© est Ă©galement discutĂ©e en cas dâĂ©chec au traitement non
expliqué par une mauvaise observance ou une résistance du germe,
ainsi que pour les personnes dont la situation médicale peut modi-
ïŹ er la cinĂ©tique des antituberculeux (5) : insuïŹ sance hĂ©patique ou
rénale, malabsorption digestive, interactions médicamenteuses.
Des valeurs cibles ont été proposées par Peloquin (tableau III)
[23, 38]. Elles correspondent à la Cmax des molécules. Elles sont
mesurĂ©es Ă T = 2 heures aprĂšs lâadministration du traitement,
temps qui correspond au T
max
de nombreux antituberculeux
(T = 3-4 heures est plus adapté pour la rifabutine). Les taux
résiduels ne sont pas préconisés car beaucoup sont en dessous