La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 6 - juin 2011 | 367
sans progression et d’une survie globale diminuée
.
Ce lien entre statut IκB et survie du malade est
vrai uniquement lorsque le patient est traité par
erlotinib mais pas lorsque le traitement est basé
sur la chirurgie et la chimiothérapie
.
Ensemble, ces résultats suggèrent que le degré
d’activation de la voie NF-
κ
B dans les cellules de
cancer du poumon porteuses de mutations acti-
vatrices de l’EGFR module le niveau de la réponse
vis-à-vis de l’erlotinib, expliquant ainsi en partie
les réponses hétérogènes observées suite à ce
traitement. L’identification de gènes modifica-
teurs tels que Fas, NF-
κ
B et I
κ
B supporte l’idée
de développer de nouveaux inhibiteurs de la voie
NF-
κ
B pour les combiner, si nécessaire, avec les
inhibiteurs de l’EGFR.
A. Escargueil
Université Pierre-et-Marie-Curie, Paris
La médecine personnalisée,
après l’essai BATTLE
et la naissance
d’une nouvelle revue
tous deux présentés à l’AACR
> Kim ES, Herbst RS, Wistuba II et al. The BATTLE Trial:
personalizing therapy for lung cancer. Cancer Discovery 2011.
L
es résultats de l’essai BATTLE
(the Biomarker-
based Approaches of Targeted Therapy for Lung
cancer Elimination)
conduite au MD Anderson
Cancer Center (Houston, États-Unis) ont été
communiqués à l’AACR (American Association for
Cancer Research) cette année et sont publiés dans
une nouvelle revue,
Cancer Discovery
, lancée par
la même occasion.
Cette étude de phase II, prospective, mono-
centrique, ouverte, concernait des patients atteints
d’un cancer bronchique non à petites cellules ayant
progressé après au moins une ligne de chimio-
thérapie. Cette étude avait une méthodologie origi-
nale d’intégration des biomarqueurs dans les choix
décisionnels en temps réel. Tous les patients étaient
biopsiés avant la randomisation. La randomisation
adaptative a fait appel à un modèle bayésien, du
type de ceux utilisés en phase I.
L’objectif principal était le taux de contrôle de
la maladie à 8 semaines (
Disease Control Rate
[DCR]) de traitement,
“surrogate”
marqueur de
la survie globale. L’étude ayant débuté en 2005, les
biomarqueurs testés sur les biopsies étaient ceux
qui étaient alors jugés intéressants ; recherche de
mutations dans l’EGFR
(Epidermal Growth Factor
Receptor)
, KRAS et BRAF, recherche d’amplification
par FISH
(Fluorescence In Situ Hybridization)
de
EGFR, CCND1 (codant pour la cycline D1), le niveau
d’expression protéique du VEGF
(Vascular Endothe-
lial Growth Factor)
, de VEGFR-2, RXR (récepteurs X
des rétinoïdes) et de la cycline D1.
Les patients étaient traités par erlotinib (à la condi-
tion de ne pas l’avoir reçu auparavant), vandétanib,
erlotinib + bexarotène, ou enfin par sorafénib. Le
choix de ces molécules tenait compte des données
connues au début de l’essai. De plus, de façon plus
pragmatique, le montage financier de l’étude a
fait appel à quatre laboratoires pharmaceutiques
différents.
Schématiquement, une première cohorte de
patients était randomisée dans l’un des quatre
bras thérapeutiques de façon aléatoire (sauf pour
ceux déjà antérieurement traités par erlotinib, qui
ne pouvaient être dans un bras avec erlotinib), un
certain nombre de biomarqueurs étaient testés et
les résultats obtenus permettaient de définir une
probabilité, a priori, de répondre à tel traitement
selon le biomarqueur présent. La deuxième cohorte
était-elle guidée par la présence des biomarqueurs ?
La randomisation était-elle faite de manière adap-
tative, en tenant compte des résultats obtenus dans
la première cohorte en temps réel, afin de définir
une probabilité a posteriori de réponse ?
Ainsi, 341 patients ont été
screennés
, 86 n’ont pas
pu être inclus (29 pour affection intercurrente,
22 pour aggravation de l’état clinique, 17 pour
absence de biopsie, 18 pour proposition d’un traite-
ment alternatif). Deux cent cinquante-cinq patients
ont été randomisés, 97 dans la première cohorte
avec randomisation aléatoire (sans tenir compte
des biomarqueurs), 158 dans la seconde cohorte
selon randomisation adaptative (en tenant compte
des biomarqueurs et des résultats obtenus au fur
et à mesure des données de la première cohorte).
Les effectifs suivant les groupes de traitement
incluant les deux cohortes étaient de : 59 patients
dans le bras erlotinib, 54 dans le bras vandétanib,
37 dans le bras erlotinib + bexarotène, 105 dans le
bras sorafénib. La moyenne d’âge était de 62 ans ;
46 % étaient des femmes ; 82 % étaient de type
caucasien ; 80 % étaient fumeurs ; 63 % étaient
atteints d’adénocarcinomes versus 18 % de carci-
nomes épidermoïdes, reflet de l’épidémiologie
américaine ; 75 % étaient OMS 2 ; le nombre de
lignes de chimiothérapie antérieures était de 2 ;
enfin, 45 % des patients avaient déjà pris de
l’erlo tinib (et ne pouvaient être traités dans le
bras erlotinib).
Le taux de contrôle de la maladie à 8 semaines
était, pour l’ensemble de la population, de 46 %,
la survie sans progression de 1,9 mois, la médiane
de survie de 8,8 mois et le taux de survie à 1 an
de 35 %. Le suivi des patients a été, en médiane
de 10,3 mois. Les patients ayant eu un contrôle de
leur maladie à 8 semaines avaient une médiane de
survie de 9,6 versus 7,5 mois en absence de DCR à
8 semaines (p = 0,018).
Les DCR, suivant les traitements, étaient de 34 %
pour l’erlotinib, 33 % pour le vandétanib, 50 % pour
erlotinib + bexarotène, et 58 % pour le sorafénib.
Les biomarqueurs prédictifs de la réponse étaient
la présence d’une mutation dans l’EGFR pour l’er-
lotinib (p = 0,04), l’expression de VEGFR-2 pour
le vandétanib (p = 0,05), l’expression élevée de
cyclin D1 pour l’erlotinib + bexarotène (p = 0,006).
La plus mauvaise des réponses était observée en cas
d’amplification (p = 0,05) ou de mutation (p = 0,01)
d’EGFR sous sorafénib : à l’inverse, les meilleurs taux
de réponse ont été observés sous sorafénib dans les
cas d’EGFR sauvage (p < 0,01) et une tendance était
observée en cas de mutation dans KRAS (p = 0,11).
Dans le groupe KRAS/BRAF mutés, le sorafénib
avait un DCR de 79 %, versus 14 % pour l’erlotinib.
Cette étude est la première à montrer qu’il est
possible d’intégrer plusieurs biomarqueurs en
temps réel au cours du processus décisionnel dans
le cancer bronchique non à petites cellules.
Plusieurs résultats issus de cette étude sont
annoncés, tels que les profils d’expression des
tumeurs sensibles et résistantes à l’erlotinib, par
exemple.
L. Teixeira
Hôpital Saint-Antoine, Paris
Signature génomique ColoPrint
®
:
facteur pronostique fiable
des cancers colorectaux
de stade II-III ?
> Salazar R, Roepman P, Capella G et al. Gene expression signature
to improve prognosis prediction of stage II and III colorectal cancer.
J Clin Oncol 2011;29(1):17-24.
L
e pronostic des formes localisées de cancer
colique est hétérogène, et la classification TNM
reste insuffisante pour évaluer correctement le
risque de récidive des patients après chirurgie