La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010 | 425
Résumé
BATTLE est une étude de phase II randomisée dont les résultats ont été présentés par son investigateur
principal, le Pr E.S. Kim, du MD Anderson Cancer Center, lors de la dernière réunion annuelle de l’American
Association for Cancer Research (AACR) à Washington. BATTLE représente une étape importante vers
une médecine personnalisée dans le cancer du poumon. L’approche traditionnelle consiste en l’analyse
rétrospective des biomarqueurs à partir des échantillons tumoraux de patients inclus dans les études
cliniques. La nouvelle voie, que proposent les investigateurs de cette étude, repose sur une attribution du
bras de traitement en fonction des résultats de l’analyse des biomarqueurs avec, comme critère principal
de jugement, le contrôle de la maladie à 8 semaines. Cette étude démontre également qu’une analyse du
profil tumoral en temps réel est réalisable. Ce nouveau concept pour des études cliniques est devenu une
approche incontournable pour une médecine personnalisée du CBNPC.
Mots-clés
Essai BATTLE
Cancer bronchique
non à petites cellules
Erlotinib
Vandétanib
Bexarotène
Sorafénib
Highlights
BATTLE, a phase II randomized
trial in NSCLC, was presented
by E.S. Kim from the MD
Anderson Cancer Center at this
year’s AACR meeting. BATTLE
represents an important step
towards personalized medicine
in lung cancer. Traditionally,
biomarkers have been assessed
retrospectively from tumor
samples of patients included
in clinical trials. In the present
study the author propose an
innovative approach which
determine the allocation to
each treatment arm according
to initial biomarker testing.
The main endpoint is disease
control at 8 weeks. This study
demonstrates the feasibility
of upfront biomarker testing.
This approach should become
the standard in individualized
non-small cell cancer patient
treatment.
Keywords
BATTLE trial
Non-small cell lung cancer
Erlotinib
Vandetanib
Bexarotene
Sorafenib
immédiatement collectés par l’équipe d’anatomo-
pathologistes. L’analyse des biomarqueurs était
effectuée en 2 semaines par l’équipe de biologie
moléculaire du laboratoire de recherche en patho-
logie thoracique. En 2005, aucun biomarqueur
prédominant n’existait dans le CBNPC. Aussi, les
investigateurs ont sélectionné ceux apparaissant
comme les plus prometteurs puis ils les ont classés
par ordre d’importance selon les données de la
littérature :
➤
le premier groupe était constitué par les
marqueurs de l’EGFR incluant les mutations
(exons 18 à 21), le nombre de copies du gène et
l’amplification avec une polysomie élevée ;
➤
le deuxième groupe comprenait le groupe des
marqueurs KRAS/BRAF, incluant les mutations de
ces gènes ;
➤
le troisième groupe s’articulait autour du VEGF,
incluant l’étude de l’expression de VEGF et VEGFR-2
en immunohistochimie ;
➤
le quatrième groupe était composé des
marqueurs RXR/cycline D1, incluant l’expression
de RXR (α, β, γ) et l’expression et/ou l’amplification
de cycline D1 ;
➤
le cinquième groupe regroupait les patients
pour lesquels il n’y avait pas de tissu adéquat pour
l’analyse des biomarqueurs ou ceux pour lesquels
aucun des biomarqueurs sélectionnés n’avait pu
être identifié.
Les groupes d’étude
La hiérarchie des groupes était fondée sur les
données disponibles en 2005. En conséquence,
les patients dont les tumeurs présentaient des
marqueurs multiples ont été réunis dans un seul
groupe, sur la base du biomarqueur positif classé
dans le rang le plus élevé.
À la suite de l’analyse des biomarqueurs, les patients
étaient randomisés dans un premier temps de
manière égale puis, dans un second temps, de
manière adaptée aux résultats de l’analyse dans
l’un des 4 bras de traitement : erlotinib 150 mg/j ;
sorafénib 400 mg × 2/j ; vandétanib 300 mg/j ;
erlotinib 150 mg/j + bexarotène 400 mg/m2/j.
Le critère de jugement principal de cette étude
était le contrôle de la maladie à 8 semaines,
celui-ci incluant la réponse complète, la réponse
partielle ou la stabilisation selon les critères RECIST
(Response Evaluation Criteria in Solid Tumors). Les
critères secondaires étaient la survie globale, la
survie sans progression, le taux de réponse et la
toxicité.
Dans cette étude, un traitement a été défini comme
efficace lorsque le taux de contrôle de la maladie
était supérieur à 30 %.
Les patients ont été équitablement répartis entre
les 4 différents groupes de traitement lors de la
première phase de randomisation. En revanche,
lors de la seconde phase de randomisation
– dite “adaptive” aux résultats de l’analyse des
biomarqueurs –, le nombre de patients inclus dans
chacun des groupes de traitement était très inégal
(figure 1).
Les caractéristiques des patients inclus dans
cette étude reflètent typiquement le profil des
malades présentant un CBNPC réfractaire. Sur
les 341 patients inclus dans l’étude, 255 ont été
randomisés. La moyenne d’âge des patients rando-
misés était de 62 ans ; 86 % des patients avaient un
PS ECOG < 2. Le sous-type histologique était un
adénocarcinome dans 63 % des cas et un carcinome
épidermoïde dans 18 % des cas. Au moment de
la randomisation, 33 % des patients avaient des
métastases cérébrales. Les 45 % de patients qui
avaient été traités par erlotinib avant l’entrée dans
l’étude étaient randomisés en deux bras, sorafénib
et vandétanib.
Le tableau I reprend les résultats de l’analyse des
biomarqueurs à l’inclusion.
Les biopsies pulmonaires ont été compliquées d’un
pneumothorax dans 11,5 % des cas (16 biopsies
pulmonaires sur 139).
Les traitements testés dans cette étude ont été en
général bien tolérés, en accord avec les données
de toxicité connues à partir des études cliniques
antérieures. Une compliance supérieure à 90 % a
été observée pour chaque groupe de traitement.