582688653
L’accumulation biologique de mercure (Hg) dans des organismes aquatiques dépend de
nombreux facteurs biotiques, tels que la position occupée par l’organisme dans le réseau
trophique et divers paramètres biologiques. Elle dépend aussi de facteurs abiotiques, tels
que le pH, le carbone organique dissous et autres conditions saisonnières et
limnologiques. Les interactions possibles entre les éléments chimiques et l’accumulation
de Hg sont méconnues et l’information actuelle est souvent obtenue en laboratoires où les
conditions expérimentales sont caractérisées par des concentrations trop élevées en Hg (et
en autres éléments), ainsi que par un temps d’exposition irréaliste. L’objectif principal de
nos recherches est de comprendre les effets du sélénium (Se) sur l’accumulation de Hg,
dans des conditions naturelles, dans la chaîne alimentaire des lacs d’eau douce.
Les premiers résultats démontrent un net effet antagoniste entre le Se et le Hg dans les
tissus de deux espèces de poisson d’eau douce, soit la perchaude et le doré jaune. Ces
résultats furent confirmés par la faible teneur en Hg des tissus affichant des
concentrations élevées en Se et vice-versa (figure 1). Les concentrations en Hg et en Se,
ainsi que l’information sur la spéciation du Se, ont également été mesurées dans les lacs
où furent effectués les prélèvements. Au cours de la deuxième année du projet, notre
attention a porté sur d’autres espèces aquatiques représentant les niveaux inférieurs du
réseau trophique des lacs caractérisés par des niveaux variables de concentration en Hg et
Se solubles. Nous avons prélevé des échantillons de zooplancton, d’éphéméroptères et
d’amphipodes dans dix lacs situés à des distances croissantes des fours de fusion de
Sudbury. Nous avons également prélevé des échantillons d’eau à deux périodes de
l’année. Nous avons pu établir une corrélation directe entre les concentrations totales en
Hg dans les tissus et la distance des fours de fusion de Sudbury, ainsi qu’une relation
inverse entre cette même distance et les concentrations en Se dans les eaux lacustres, ce
qui évoque l’effet d’un mécanisme antagoniste exercé par le Se sur l’assimilation de Hg.
La corrélation entre les concentrations totales de Hg et de Se dans les organismes
représentant les niveaux inférieurs du réseau trophique n’était pas aussi concluante que la
corrélation concernant les tissus de poissons. Toutefois, lorsque les concentrations
totales en Se sont remplacées par un coefficient Se/Hg, les corrélations s’améliorent de
façon remarquable pour l’ensemble des espèces, y compris les espèces ayant fait l’objet
d’une étude antérieure. Cette situation nous mène à croire que le Se ne représente pas
une variable indépendante et que l’assimilation de Hg est influencée d’une façon ou
d’une autre par la présence de Se. Lorsque la concentration en Se est sensiblement
supérieure à celle en Hg, le Se joue alors un rôle de pointe dans les processus
d’assimilation de Hg.
Il est maintenant évident que le Se joue un rôle important dans l’assimilation biologique
de Hg dans les systèmes aquatiques; ce fait est maintenant intégré à d’autres projets du
COMERN.
XXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXX