L
e diagnostic établi, encore faut-il
trouver la cause de ces lésions.
D’une part, la consommation en
grand nombre d’aliments histamino-
libérateurs peut causer et entretenir l’af-
fection cutanée. D’autre part, les molé-
cules le plus souvent incriminées sont
les AINS, l’aspirine, les IEC, les sartans,
les antalgiques contenant morphine et/ou
codéine. Parallèlement doit être éliminée
une allergie de contact, au latex par
exemple, fréquente chez les personnels
soignants, ou aux produits domestiques.
Lorsque aucune de ces raisons n’est
retrouvée, il convient de poursuivre les
investigations, notamment en recher-
chant les circonstances déclenchantes
ainsi que les facteurs aggravants comme
le stress, les lésions par contact répété,
les frottements. C’est lorsque aucune rai-
son n’est manifeste que l’examen cli-
nique permet d’éliminer les maladies
générales métaboliques pouvant causer
ou entretenir la pathologie, mais aussi
les affections auto-immunes.
Si aucun élément n’est suspect, si l’urti-
caire semble banale et isolée, le traite-
ment peut être engagé sans autre besoin
d’explorations complémentaires. Il com-
prend l’emploi d’un antihistaminique
anti-H1 pendant 4 à 8 semaines. Ce
n’est qu’au terme de ces 8 semaines
que, si l’éruption perdure, un bilan
d’orientation est nécessaire. Il s’agit d’un
bilan sanguin usuel comprenant en plus
un dosage de la protéine C réactive, des
anticorps généraux et spécifiques et
aussi un bilan hormonal, thyroïdien en
particulier. Les tests de provocation, s’ils
sont justifiés par l’anamnèse clinique,
sont pratiqués en centre spécialisé et
sous surveillance médicale. Ces types de
tests (prick tests, tests épicutanés) doi-
vent surtout servir à détecter les allergies
alimentaires, ou de contact, de plus en
plus fréquentes. Lorsque aucune raison
patente n’est retrouvée et que l’éruption
persiste, la conférence de consensus
conseille soit de changer d’antihistami-
nique, soit d’envisager une bithérapie :
anti-H1 de seconde génération le matin,
de première génération le soir. Paral-
lèlement, l’influence d’une mauvaise
gestion du stress dans ce type de patho-
logie fait qu’il est essentiel d’accompa-
gner psychologiquement le patient en
prenant le temps de lui expliquer sa
pathologie et la stratégie thérapeutique
envisagée. Un
coaching qui, s’il n’est pas
suffisant, peut faire appel à une psycho-
thérapie
conventionnelle ou, plus sou-
vent, cogni
tivo-comportemtale, appre-
nant au malade
à contrôler ses réactions,
à gérer son stress.
JB
Journées dermatologiques de Paris 2003
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004
Soins Libéraux
39
Urticaire chronique
Un diagnostic relativement simple
L’urticaire se manifeste par l’apparition, à la surface de la
peau, de papules mobiles, fugaces et prurigineuses.
Lorsque ces lésions durent plus de 6 semaines, on parle
d’urticaire chronique.
Prurit sénile
Des lésions handicapantes
L
e prurit sénile existe en l’ab-
sence de toute pathologie
sous-jacente. Les démangeai-
sons qu’il occasionne ne sont pas
liées à des lésions apparentes mais
sont fortement handicapantes. Les
lésions apparaissant sur la peau et
accompagnant le prurit ne sont que
des lésions de vieillissement. Elles
sont dues à un ralentissement du
renouvellement des kératinocytes.
L’épiderme devient plus fin, rugueux et
sec, avec, en surface, une augmenta-
tion de la cohésion des kératinocytes,
parce que s’y associe une diminution
de l’activité des glandes sudoripares et
sébacées et donc du film hydrolipi-
dique de surface. Toutes ces manifes-
tations sont, en outre, aggravées par
un mauvais état général, que ce soit
une déshydratation ou une malnutri-
tion, fréquentes à un âge avancé. C’est
l’état de la peau qui cause alors le pru-
rit. Dans 70 % des cas, aucune étiolo-
gie n’est retrouvée : c’est un prurit
essentiel. Ce qui signifie que, pour les
30 % restants, une cause existe. Il
convient de la rechercher. C’est pour-
quoi il faut d’abord éliminer une der-
matose prurigineuse. Ainsi, dans le
prurit essentiel, aucune lésion appa-
rente n’existe. Il faut également s’assu-
rer de l’absence de parasitose, comme
une gale, de l’absence de prise médi-
camenteuse prurigineuse, et recher-
cher les causes déclenchantes. Pour
dépister une éventuelle pathologie
sous-jacente, non apparente, le bilan
biologique standard peut aider, avec
une NFS, VS, SGOT, SGPT, sidérémie,
ferritinémie, calcémie, électrophorèse
sanguine et urinaire.
Les causes du prurit chez les per-
sonnes âgées peuvent être hématolo-
giques, une carence en fer, une poly-
globulie, un myélome, la maladie de
Waldenström, la maladie de Hodgkin,
une leucémie. L’origine peut être
rénale, avec une insuffisance rénale
chronique ; hépatique, avec une cho-
lestase médicamenteuse, une hépa-
tite chronique, une cirrhose biliaire pri-
mitive, une pancréatite chronique, un
cancer du pancréas et des voies
biliaires Les causes peuvent encore
être dermatologiques (gale, urticaire
pemphigoïde) ; psychiatriques (anxié-
té, dépression, démence sénile, psy-
chose) ; paranéoplasiques (cancers
viscéraux) ; rhumatologiques (syn-
drome de Gougerot-Sjögren), etc.
Le traitement est relativement déce-
vant. Il s’appuie d’abord sur des
mesures préventives et, lorsque le
prurit est secondaire à une patholo-
gie sous-jacente, c’est alors le traite-
ment de cette maladie qui apporte la
solution.
JB
Entretiens de Bichat, Paris 2004