réunion C Actualités en transplantation hépatique

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Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n
o 1 - janvier-février-mars 2008
40
Congrès
Actualités en transplantation hépatique
58th Congress of the American Association for the Study of Liver Disease,
Boston, 2-6 novembre 2007
F. Saliba*
* Centre hépato-biliaire, hôpital Paul-Brousse,
Villejuif ; université Paris-Sud, UMR-S 785, Villejuif
et Inserm, unité 785, Villejuif.
U
ne fois de plus, la transplan-
tation hépatique (TH) a occupé
une place importante au sein du
congrès de l’AASLD (American Asso-
ciation for the Study of Liver Disease).
Outre la journée de formation médicale
continue (post-graduate course), riche
en conférences de bon niveau sur les
grandes thématiques, de nombreux
travaux originaux ont été présens, aussi
bien en fondamental qu’en clinique. La
représentation médicale française était
importante, comme chaque année. Nous
résumons ci-dessous quelques commu-
nications qui nous ont paru intéressantes
d’un point de vue clinique ou thérapeu-
tique.
GREFFE DE CELLULES SOUCHES
MÉDULLAIRES DANS LE TRAITEMENT
DE L’INSUFFISANCE HÉPATIQUE
(D’après Lyra AC et al., Salvador-
Bahia, Brésil, abstract 84 actualisé)
Chez l’animal, la transplantation de
cellules médullaires (CM) améliore
la régénération hépatique, diminue
la fibrose et améliore les fonctions
hépatiques. Il s’agit d’une étude pilote
contrôlée, randomisée, menée chez
30 patients cirrhotiques de causes
diverses et de vérité modérée, inscrits
sur une liste d’attente de TH : score de
Child-Pugh : 8-9, moyenne de score de
MELD : 13, bilirubine totale : 20 mg/l,
albumine : 30 g/l, plaquettes > 50 000/ µl
et INR < 2,4 ; absence d’infection, de
VIH, d’encéphalopathie, d’insuf sance
cardiaque ou rénale et de cancer. Les
patients étaient randomis en 2 groupes :
groupe “intervention” (n = 15), avec
prévement de 50 ml de moelle osseuse
(crête iliaque), puri cation pour obtenir
au moins 100 millions de cellules injec-
tées par voie intra-artérielle hépatique, et
groupe “contrôle” (n = 15). Les patients
étaient hospitalisés pour 48 heures.
L’évaluation a été effectuée à J0, J30,
J60, J90, J180 et J360.
Les résultats de J0 à J90 montraient,
dans le groupe intervention, une
augmentation signi cative de l’albu-
mine et une diminution signi cative du
score de Child-Pugh ainsi qu’une stabi-
lisation de la bilirubine et du MELD,
contre une aggravation dans le groupe
contrôle (albuminémie : + 16 % versus
2 %, INR : + 7 % versus + 1 %, Child-
Pugh : – 8 % versus + 5 %, MELD : + 2 %
versus + 13 %). Au-delà de 3 mois, une
perte progressive des ces de la
technique a été constatée. L’absence de
complication immédiate a été rapportée.
Cette étude montre que la technique
est réalisable et qu’elle entraîne une
amélioration légère et transitoire des
paramètres hépatiques. Cependant, des
voies d’amélioration sont à envisager :
meilleur recueil des CM (voire à partir
du sang périphérique après injection de
GM CSF, – technique utilisée par une
équipe suisse, qui a prouvé la réalité de
la “prise” de la greffe et de l’activité
régénératrice des CM), répétition des
injections, etc.
PENTOXIFYLLINE : ABSENCE D’EFFET
SUR LA SURVIE À COURT TERME
DANS LA CIRRHOSE GRAVE
(D’après Lebrec D et al., Clichy,
abstract 37 actualisé)
La pentoxifylline (Torental®) est un
médicament couramment utilisé dans
le traitement d’appoint de l’artérite. En
raison de son effet anti-TNF modéré,
cette molécule a également été testée
dans l’hépatite alcoolique aiguë vère.
Une première étude randomisée dans
cette indication avait montré un béné ce
en termes de survie par la diminution du
risque de velopper un syndrome hépa-
torénal (Akriviadis E et al., Gastroente-
rology 2000;119:1637-48). L’objectif
de cette étude française randomisée en
double aveugle, multicentrique contre
placebo, était de rechercher un béné ce
sur la survie chez des patients atteints
de cirrhose grave (Child C) en attente
ou non d’une transplantation hépatique.
Cent soixante-quatre patients ont reçu
de la pentoxifylline (400 mg x 3/j) et
171 un placebo. Les survies à 2 mois
(critère principal) et à 6 mois (critère
secondaire) ont été évaluées. Le calcul
d’effectif était fondé sur l’hypothèse
d’un béné ce de 20 % sur la survie à
2 mois dans le groupe pentoxifylline.
Les patients présentant un carcinome
hépatocellulaire avancé ou une infec-
tion par le VIH étaient exclus. Parmi les
patients inclus, l’étiologie de la cirrhose
était alcoolique pour 73 % des sujets ;
mixte alcool + virus C : 12 % ; virus C
seul : 6 %, et autres : 9 %. Le score de
Child moyen était de 11 et le score de
MELD moyen de 19. Parmi les patients
inclus, 40 % avaient une hépatite alcoo-
lique aiguë et 9 % un petit carcinome
hépatocellulaire. Par ailleurs, 50 %
recevaient des bêtabloquants, 50 % des
antibiotiques (antibioprophylaxie), 61 %
0
50
100
Mois
0 2 4 6
p = NS
Survie (%)
Placebo 67 %
70 %
Pentoxifylline
83 %
82 %
Figure 1. Effet de la
pentoxifylline versus
placebo sur la survie
à 6 mois dans la
cirrhose grave.
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Congrès
des diurétiques et 44 % des corticoïdes
(pour les cas d’hépatite alcoolique aiguë
sévère histologiquement prouvée).
À 2 et à 6 mois, la mortalité n’était pas
différente entre le groupe pentoxifylline
et le groupe placebo (figure 1). Il n’y
avait pas non plus de différence signi-
cative dans les sous-groupes avec hépa-
tite alcoolique aiguë, avec insufsance
rénale, sans carcinome hépatocellulaire
ou sous traitement par bêtabloquants et
antibiotiques. En analyse multivariée,
les seuls facteurs associés à la survie à
2 mois étaient l’absence de carcinome
hépatocellulaire et un score de MELD
bas.
En conclusion, cette étude montre l’ab-
sence d’effet bénéque de la pentoxifyl-
line sur la survie à court terme dans la
cirrhose grave.
N-ACÉTYLCYSTÉINE (i.v.)
DANS LE TRAITEMENT DES HÉPATITES
FULMINANTES NON DUES
AU PARACÉTAMOL : PEUT-ELLE ÉVITER
LA TRANSPLANTATION ?
(D’après Lee W et al., Dallas, États-
Unis, abstract 79 actualisé)
La N-acétylcystéine (NAC), utilisé
comme antidote du paracétamol, a été
rapportée de façon anecdotique comme
pouvant être bénéque pour les hépa-
tites aiguës non dues au paracétamol
(HANP). Le groupe américain d’étude
sur l’insufsance patique aiguë (Acute
Liver Failure Study Group) a rapporté
les résultats d’une étude prospective,
randomisée, multicentrique, en double
aveugle pour évaluer l’efcacité et la
tolérance d’un traitement de 72 heures
par NAC chez des patients atteints de
HANP. Huit cent quarante-huit patients
étaient évalués sur une période de 8 ans
dans 25 centres aux États-Unis. Cent
soixante-treize patients répondant aux
critères ont été randomisés et stratiés
suivant le centre et le degré d’encéphalo-
pathie hépatique (EH) pour recevoir
soit de la NAC (n = 81) soit un placebo
(n = 92). L’étiologie de l’hépatite était
virale (21 % des cas), médicamenteuse
(26 %), auto-immune (14 %), indéter-
minée (24 %) ou autre (14 %). L’objectif
principal était la survie à 3 semaines.
Il n’y avait pas de différence dans les
caractéristiques des patients au moment
de la randomisation excepté pour le délai
ictère-encéphalopathie, qui était respec-
tivement de 7 et 12 jours pour le groupe
NAC et le groupe placebo (p = 0,026).
L’EH de grade 1-2 était présente à
l’admission respectivement chez 73 % et
chez 62 % des patients dans les groupes
NAC et placebo.
La survie à 3 semaines, de 68 %, était
comparable dans les deux groupes
(NAC : 70 %, placebo : 67 %). Il n’y avait
pas non plus de différence sur la survie
spontanée (absence de transplantation)
entre les deux groupes (NAC : 45 %,
placebo : 27 % [p = 0,09]). L’analyse de
la survie en fonction du degré de l’EH
était très signicativement (p < 0,003)
en faveur du groupe NAC (odds-ratio :
11,3 pour le groupe NAC et 1,5 pour
le groupe placebo). La différence de
survie spontanée était essentiellement
constatée dans le groupe des patients
ayant une EH de stade 1-2 au moment de
la randomisation. Trente-neuf pour cent
des patients ont eu une transplantation
hépatique (45 % dans le groupe placebo
et 32 % dans le groupe NAC). Les effets
indésirables rapportés étaient compa-
rables dans les deux groupes : nausées-
vomissements (NAC : 9, placebo : 3),
ushs (NAC : 3, placebo : 2), broncho-
spasmes (un dans chaque groupe), aryth-
mies (NAC : 6, placebo : 4).
En conclusion, les patients atteints d’une
hépatite aiguë non due au paracétamol
et présentant une encéphalopathie bu-
tante de stade 1-2 semblent bénécier
davantage de l’administration de la
NAC. Devant la très bonne tolérance
de la NAC, les auteurs concluent que
celle-ci peut être recommandée pour
les HANP au stade précoce de l’EH ; la
survenue d’une EH de stade III impose
une indication à la transplantation hépa-
tique.
HÉPATITE E CHRONIQUE
CHEZ LES TRANSPLANTÉS
(D’après Kamar N et al., Toulouse,
abstract 521 actualisé)
Le virus de l’hépatite E (VHE) n’était,
jusqu’à présent, jugé responsable “que”
d’hépatites aiguës (parfois sévères) ; il
devient endémique en France, particu-
lièrement dans le sud du pays. Le géno-
type 3 est le génotype observé dans les
cas endémiques en France. L’équipe de
Toulouse a rappor les cas de 14 malades
transplantés (rein : 11, foie : 3), chez qui
l’hépatite était diagnostiquée suite à une
élévation chronique des transaminases,
GGT et PAL, sans véritables manifesta-
tions cliniques chez 7 patients (asymp-
tomatiques), les 7 autres présentant
une fatigue, voire des arthralgies et des
myalgies. Le temps médian de survenue
de l’hépatite postgreffe était de 57 mois
(6-158 mois). La sérologie et les tests
73 %
46 %
0
20
40
60
80
100
%
Inscriraient une HAA sévère sur liste
Non-médecins
Médecins
p < 0,01
Figure 2.
Probabilité d’inscrire
une hépatite
alcoolique aiguë
sur la liste d’attente
de transplantation
(enquête opinion).
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Congrès
virologiques étaient les suivants : IgG
VHE+ 1/14, IgM VHE+ : 7/9, ARN VHE
sérum : 14/14, selles : 3/3, génotype 3.
Évolution : 6 hépatites E résolutives
en moins de 6 mois (suivi 5-36 mois),
8 patients ont veloppé une hépatite
chronique avec des transaminases élees
et une virémie positive (10-24 mois).
Six patients ont subi une biopsie hépa-
tique : infiltrat lymphocytique portal
dense, nécrose périportale et lobulaire,
cholangite, brose portale légère.
Cette étude montre que l’hépatite E est
une cause possible de dysfonction hépa-
tique chez les transplantés, et que certains
ont une évolution chronique. Elle montre
de plus l’intérêt de la recherche de VHE
dans le sérum et les selles (fréquente
sérogativité au début). L’avenir à long
terme est inconnu.
ACCÈS DU BUVEUR EXCESSIF
À LA GREFFE : VERS UNE MODIFICATION
DES CRITÈRES ?
(D’après Satoskar R et al., Chicago,
États-Unis, abstract 563 actualisé)
Les auteurs ont envoyé un question-
naire de 36 items à des professionnels
de santé de 89 centres américains de
TH impliqués dans la prise en charge
des candidats à une greffe hépatique.
Cent dix-sept réponses étaient colligées,
dont 60 % provenaient des médecins et le
reste des inrmières, des coordinatrices
de transplantation et des travailleurs
sociaux. Sept facteurs interviennent dans
la cision d’une transplantation (du plus
important au moins important) :
soutien important de la famille ;
abstinence supérieure à 6 mois ;
bonne assistance en consultation ;
bon aperçu d’abus d’alcool ;
dépistage négatif de l’alcool à
3 reprises ;
occupation d’un emploi à temps
plein ;
néciaire d’une assurance maladie.
La surprise est qu’environ 57 % des
sondés ont considéré qu’ils seraient
enclins à proposer une transplantation aux
patients présentant une hépatite alcoo-
lique aiguë (HAA) re en cas d’échec
du traitement médical (figure 2).
On assiste à une modication progressive
des opinions concernant les critères de
sélection des buveurs excessifs pour une
greffe hépatique. Le dogme de la contre-
indication de la greffe pour les patients
atteints d’une hépatite alcoolique vère
est remis en cause. Cette étude est inté-
ressante car le critère “6 mois d’absti-
nence”, quoique encore bien classé, n’est
plus considécomme le premier critère.
L’autre élément est que ce questionnaire
a proposé un scénario de transplantation
pour les patients ayant une hépatite
alcoolique sévère, non répondeurs à un
traitement médical, encore discuté.
EXCELLENTS RÉSULTATS DE LA TH
POUR CARCINOME HÉPATOCELLULAIRE
(CHC) APRÈS RÉDUCTION TUMORALE
DOWNSTAGING AVANT TH
(D’après Yao F et al., San Francisco,
États-Unis, Abstract 163, actualisé)
Les critères de Milan sont actuellement
ceux qui sont admis par la majorité des
centres de transplantation pour CHC sur
cirrhose (1 nodule de diamètre 5 cm
ou de 1 à 3 nodules de diamètre 3 cm
chacun). En 2001, l’équipe de San Fran-
cisco a proposé les critères de l’UCSF
(University of California, San Fran-
cisco), qui vont au-delà des critères de
Milan : 1 nodule de diamètre 6,5 cm,
ou de 1 à 3 nodules de diamètre 4,5 cm
chacun, avec un diamètre total des
nodules 8 cm et classés comme
suit : T1 un nodule 1,9 cm ;
T2 – un nodule de 2 à 5 cm ou 2 ou
3 nodules 3 cm ; T3 un nodu-
le > 5 cm ou 2-3 nodules dont au
moins un > 3 cm ; T3 A – un nodule de
5 à 6,5 cm ou de 1 à 3 nodules 4,5 cm
chacun (somme < 8 cm). Ces critères,
qui ne sont pas encore admis par toutes
les équipes, particulièrement en raison
de la pénurie de greffons, nécessitent
d’être validés. La question toujours
débattue est de savoir si les critères
de Milan ou de l’UCSF, qui s’appli-
quent avant réduction tumorale par les
traitements actuels, pourraient s’ap-
pliquer après la réduction. En d’autres
termes, est-ce qu’un patient qui s’est
vu refuser une transplantation à cause
d’une grosse tumeur (dans une certaine
limite : absence d’envahissement vascu-
laire macroscopique, tumeur < 8 cm…)
hors critères de transplantation pourrait
devenir éligible ?
L’objectif de cette étude prospective de
l’équipe de San Francisco était d’éva-
luer les résultats de la transplantation
hépatique pour CHC après réduction
tumorale. Les cas de 61 patients ayant
un CHC au-delà des critères de Milan,
de 25 patients présentant un nodule
(5,2-8 cm de diamètre) et de 35 patients
présentant 2 à 5 nodules (2-5 cm de
diamètre) ont été observés. Un suivi
Échec du traitement (n = 61)
Survie en ITT (n = 61)
69 %
32 %
Suivi en années
Probabilité de survie (Kaplan-Meier) [%]
0 1 2 3 4
0
20
40
60
80
100
Figure 3.
Survie des patients
avec CHC
sur cirrhose
après traitement
de réduction
(intention de traiter
[ITT]).
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Congrès
minimum de 3 mois était prévu dans
le protocole pour évaluer l’effet de la
réduction tumorale downstaging avant la
transplantation. Le succès du traitement
était déni soit par une nécrose tumo-
rale complète, soit par le fait que les
tumeurs se retrouvent dans les critères
de Milan.
Les traitements réalisés étaient :
radiofréquence (RF)/laparoscopie
(11 patients), chimio-embolisation
(CE) [15 patients], CE + alcoolisa-
tion (6 patients), CE + RF percutanée
(9 patients), RF/laparoscopie + CE
(14 patients) et résection (6 patients).
Il est à noter que la résection était aban-
donnée par les auteurs depuis 2005
pour des raisons de priorité sur la liste
d’attente. Dans l’analyse en intention de
traiter, la réduction tumorale était ef-
cace dans 70,5 % des cas (43 patients
sur 61). Trente-cinq patients ont été
transplantés (dont 2 avec un donneur
vivant) et 6 patients étaient sur la liste
d’attente. Deux autres sujets ont eu une
réduction tumorale, mais ont été exclus
de la transplantation, l’un pour des
raisons psychiatriques, et l’autre pour
refus de priorité sur la liste. L’échec du
traitement était observé chez 18 patients
(29,5 %), avec 3 décès et 15 retraits de
la liste pour progression tumorale. Chez
les patients transplantés, l’étude histo-
logique sur le foie natif a montré une
nécrose tumorale totale chez 13 des
35 sujets (37,1 %) ; 17 patients étaient
dans les critères de Milan et 5 autres
étaient hors critères.
La survie en intention de traiter de
toute la cohorte de 61 patients était de
69,3 % à 4 ans (figure 3). La survie post-
transplantation était de 92,1 % à 4 ans.
Sur un suivi de 25 mois (extrêmes :
1,7-57 mois), aucun patient n’a eu de
récidive de son CHC. Dans l’analyse
univariée, le seul facteur prédictif de
l’échec au traitement de réduction était
un taux d’AFP supérieur à 1 000 ng/ml
(RR : 7,8 ; p < 0,001). Dans une popu-
lation sélectionnée, qui retrouve les
critères élargis de l’UCSF, la réduction
tumorale était efcace chez 70 % des
patients, avec un excellent pronostic
post-transplantation.
QUELLE IMMUNOSUPPRESSION
POUR DIMINUER LE RISQUE
D’INSUFFISANCE RÉNALE APRÈS TH ?
RÉSULTATS À UN AN
DE L’ÉTUDE RESPECT
(Daprès Neuberger J et al., Birmingham,
Royaume-Uni, abstract 1 actualisé)
L’insufsance rénale chronique (IRC)
est un facteur majeur d’insufsance
rénale terminale et de décès. Un des
facteurs de risque de développement
d’une insufsance rénale tardive est la
dose et le taux d’inhibiteur de la calci-
neurine (INC) administré durant les
premiers mois postgreffe. L’objectif
de cette étude prospective rando-
misée multicentrique internationale
(30 centres en Europe, 525 patients),
réalisée chez des patients transplantés
hépatiques de novo, était d’étudier l’in-
térêt d’administrer de faibles doses avec
ou sans introduction retardée de l’INC
pour diminuer le risque d’insufsance
rénale chronique. Les patients étaient
randomisés dans 3 groupes :
groupe A : tacrolimus (T0 > 10 ng/ml,
le 1er mois) + corticoïdes (Cs)
[n = 183] ;
groupe B : mycophénolate mofétil
(MMF) [2 g/j] + tacrolimus (T0 < 8 ng/ml) +
Cs (n = 170) ;
groupe C : MMF (2 g/j) + tacrolimus
introduction retardée à J5 + daclizumab
J0 et J7 + Cs (n = 153).
La clairance de créatinine, calculée
selon la méthode de Cockcroft-Gault,
était respectivement dans les groupes A,
B et C de 103, 107 et 98 ml/mn et a
diminué de 25, 24 et 17 ml/mn à un an
(figure 4A, p. 44). La différence était
statistiquement signicative entre les
groupes A et C (p = 0,003). La sortie de
l’étude pour insufsance rénale était
respectivement de 12 %, 2 % et 1 %. Le
recours à la dialyse était nécessaire chez
17 %, 10 % et 9 % des patients respec-
tivement au cours de la première année
postgreffe. Il y avait une tendance à un
taux d’incidence de rejet aigu histo-
logiquement prouvé moindre dans le
groupe C (figure 4B, p. 44). Il n’y avait
pas de différence entre les 3 groupes en
termes de survie du patient et du greffon
à un an. La perte du greffon était respec-
tivement de 6,0 %, 5,9 % et 6,6 % dans
les 3 groupes A, B et C. Le taux de décès
était de 9,2 %, 10 % et 5 %.
Ainsi, le traitement immunosuppresseur
associant le daclizumab à J0 et J7, le
MMF et l’introduction retardée à J5 à
dose réduite du tacrolimus est associé à
une meilleure conservation de la fonction
rénale sans augmenter le risque de rejet
aigu, de perte du greffon ou de décès
du patient.
p = 0,003
– 30
– 25
– 20
– 15
– 10
– 5
0TRL standard
AÉvolution de la clairance
de créatinine de J0 à M12
Taux de rejet aigu histologiquement
prouvé ou présumé
B
Diérence de clairance de la créatinine
(moyenne, ml/mn) entre J0 et M12
TRL réduit TRL retar p = 0,066
Patients (%)
0
5
10
15
20
25
30
35
40
TRL standard TRL réduit TRL retardé
Figure 4. Évolution de la clairance de créatinine de J0 à M12.
p = 0,001 NS
p = 0,001
M0 M12 M24
Groupe contrôleGroupe MMF
0
50
100
150
200
Créatinine (µmol/l)
Figure 5. Évolution
de la fonction rénale
(en intention de traiter).
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INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE
APRÈS TH : INTÉRÊT DU MMF +
FAIBLE DOSE D’INC
(D’après Pageaux G et al., Montpellier,
abstract 2)
L’IRC est un facteur de risque majeur
de morbidité et de mortalité après TH.
G. Pageaux et al. ont rapporté les résul-
tats à 2 ans d’une étude prospective,
randomisée et multicentrique compor-
tant 51 patients souffrant d’une IRC.
Celle-ci était dénie par une augmen-
tation de la créatininémie supérieure à
140 µmol/l, une protéinurie inférieure à
1 g/24 h, une absence d’hématurie, une
absence d’hypertension artérielle (HTA)
non contrôlée, une absence de sténose
des artères rénales et une absence de
pathologie urinaire.
L’objectif de l’étude était d’évaluer les
conséquences sur la fonction rénale
d’une introduction du MMF et de la
réduction de l’INC. Les critères d’in-
clusion étaient : patients transplantés
au-delà de un an et une biopsie hépa-
tique, dans les 6 mois précédant l’in-
clusion, excluant le rejet aigu ou la
présence d’une ductopénie signicative.
Cinquante et un patients étaient rando-
misés en 2 groupes :
groupe MMF : introduction de MMF de
1 g/j jusqu’à 2-3 g/j et duction de l’INC
(> 50 % de la dose initiale) [n = 25] ;
groupe contrôle : pas de MMF, option
de réduction de l’INC de pas moins de
75 % de la dose initiale ; si la créatinine
augmente de plus de 30 % de la base, le
patient sort de l’étude (n = 26).
Les patients étaient comparables pour
l’âge, le sexe, l’indication de transplan-
tation, l’INC, la dose initiale de l’INC, la
créatininémie initiale et la clairance de
la créatinine de base. Le temps moyen
entre la transplantation et la randomisa-
tion était de 5,2 ± 3,3 ans dans le groupe
MMF et de 5,7 ± 3,2 ans dans le groupe
contrôle. Dans le groupe MMF, la créati-
ninémie et la clairance de créatinine
étaient respectivement de 171,7 µmol/l
et 42,6 ml/mn à J0 et de 139,6 µmol/
l et 48,3 ml/mn au 24e mois (M24).
Dans le groupe contle, la catini-
némie et la clairance de la créatinine
étaient respectivement de 175,4 µmol/
l et 42,8 ml/mn à J0 et de 166 µmol/
l et 37,2 ml/mn à M24 (figure 5). La
différence entre les deux groupes était
significative entre M0 et M12 mais
pas entre M12 et M24. Un épisode de
rejet aigu était observé dans le groupe
contrôle, aucun dans le groupe MMF.
Une biopsie hépatique était réalisée à
la n de l’étude (à 2 ans) chez 13 des
25 patients du groupe MMF et chez
9 des 26 patients du groupe contrôle.
Un patient a présenté des signes histo-
logiques de rejet dans le groupe MMF. Il
n’y avait pas de différence signicative
entre les deux groupes en termes d’effets
indésirables.
1 / 9 100%

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