Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 1 - janvier-février-mars 2011 5
Éditorial
Dans les articles de notre dossier thématique, D. Ducloux
montre que diverses études rétrospectives ont retrouvé
la place de facteurs de risque “classiques” pour la surve-
nue d’un événement cardio-vasculaire. En revanche, le
gain à la correction de ces facteurs n’a pas été clairement
démontré, à l’exception de l’utilisation des statines en
transplantation cardiaque et rénale. Même la pression
artérielle n’a pas fait l’objet d’études interventionnelles
bien conduites, ni en termes de cibles, et encore moins
concernant la place relative de l’utilisation de l’une ou
l’autre classe thérapeutique. Ce point est développé
dans l’article de G. Mourad.
Apparaissent également des études de faisabilité de
nouvelles techniques, telles que l’automesure ten-
sionnelle. Une des raisons invoquées pour expliquer
l’absence d’études bien conduites est la faiblesse des
effectifs de patients dans ce type de pathologies.
Pourtant, les dernières données chiffrent à 32 000
le nombre de patients vivant avec un greffon rénal
fonctionnel en France. D’ailleurs, ces travaux sont pos-
sibles, comme le montre l’étude CAPRIT, pilotée par G.
Choukroun et qui s’intéresse au rôle de la correction
complète de l’anémie. En revanche, il est vrai que cette
approche pourrait concurrencer les études portant
sur de nouvelles molécules immunosuppressives (ou
sur de nouvelles modalités d’utilisation). Cependant,
compte tenu des résultats obtenus avec les molécules
existantes, la question se pose de l’utilité d’une nouvelle
étude sur l’immunosuppression, tandis que des études
bien menées concernant l’efficacité thérapeutique de la
prise en charge optimale au plan cardio-vasculaire et/
ou métabolique seraient plus profitables. On pourrait
aussi objecter que cela nécessite de valider dans un
premier temps les critères intermédiaires d’efficacité au
sein de la population spécifique des patients transplan-
tés. Même si l’argument est juste, une des retombées
d’une telle étude de large envergure pourrait être une
validation du critère.
Le troisième élément est la place que pourrait tenir une
meilleure connaissance physiopathologique et/ou théra-
peutique des complications cardio-vasculaires dans le
cadre de la santé de la population générale. Il est de
coutume de dire que la transplantation représente un
exemple de modèle d’athérosclérose accélérée. Si cela
est vrai, il faut agir vite pour mieux prendre en charge les
patients et profiter de l’expérience dans cette population
pour définir de nouveaux biomarqueurs qui pourraient,
par exemple, être utiles dans la population générale. De
plus en plus, la maladie athéromateuse est considérée
comme une maladie inflammatoire à part entière de
la paroi vasculaire, avec même une réflexion sur une
prise en charge comportant des traitements dirigés
contre cette réponse. La transplantation ouvre peut-être
déjà quelques pistes, puisque nos patients sont des cas
exemplaires de la place de l’immunomodulation pour
la prise en charge des complications cardio-vasculaires.
En conclusion, nous sommes actuellement en pleine
modification des modèles en transplantation d’organes.
C’est le cas des complications immunologiques avec
l’essor de la part humorale, qui a été minorée pendant
de nombreuses années. C’est aussi, je crois, le cas de la
vision des résultats des patients transplantés. Ils se résu-
ment de moins en moins à la fonction de leur greffon,
même si cette problématique reste bien sûr importante.
De plus en plus, les patients sont compris comme le
produit d’une pathologie – l’insuffisance chronique
d’organe – et d’un traitement – la transplantation et
les thérapeutiques immunosuppressives nécessaires
au maintien de l’organe. C’est aussi le cas, par exemple,
pour la prévention de la récidive de maladies sur le
greffon, dont la place ne cesse de croître. Ce sont donc
tous ces aspects que nous devons appréhender, en
redéfinissant nos objectifs, en démontrant par exemple
le rôle des critères intermédiaires dans les complications
cardio-vasculaires. C’est en partie le but de ce dossier
thématique que de faire le point sur ces éléments.
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