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Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n
o 1 - janvier-février-mars 2008
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Congrès
Actualités en transplantation hépatique
58th Congress of the American Association for the Study of Liver Disease,
Boston, 2-6 novembre 2007
F. Saliba*●
* Centre hépato-biliaire, hôpital Paul-Brousse,
Villejuif ; université Paris-Sud, UMR-S 785, Villejuif
et Inserm, unité 785, Villejuif.
U
ne fois de plus, la transplan-
tation hépatique (TH) a occupé
une place importante au sein du
congrès de l’AASLD (American Asso-
ciation for the Study of Liver Disease).
Outre la journée de formation médicale
continue (post-graduate course), riche
en conférences de bon niveau sur les
grandes thématiques, de nombreux
travaux originaux ont été présentés, aussi
bien en fondamental qu’en clinique. La
représentation médicale française était
importante, comme chaque année. Nous
résumons ci-dessous quelques commu-
nications qui nous ont paru intéressantes
d’un point de vue clinique ou thérapeu-
tique.
GREFFE DE CELLULES SOUCHES
MÉDULLAIRES DANS LE TRAITEMENT
DE L’INSUFFISANCE HÉPATIQUE
(D’après Lyra AC et al., Salvador-
Bahia, Brésil, abstract 84 actualisé)
Chez l’animal, la transplantation de
cellules médullaires (CM) améliore
la régénération hépatique, diminue
la fibrose et améliore les fonctions
hépatiques. Il s’agit d’une étude pilote
contrôlée, randomisée, menée chez
30 patients cirrhotiques de causes
diverses et de sévérité modérée, inscrits
sur une liste d’attente de TH : score de
Child-Pugh : 8-9, moyenne de score de
MELD : 13, bilirubine totale : 20 mg/l,
albumine : 30 g/l, plaquettes > 50 000/ µl
et INR < 2,4 ; absence d’infection, de
VIH, d’encéphalopathie, d’insuf sance
cardiaque ou rénale et de cancer. Les
patients étaient randomisés en 2 groupes :
groupe “intervention” (n = 15), avec
prélèvement de 50 ml de moelle osseuse
(crête iliaque), puri cation pour obtenir
au moins 100 millions de cellules injec-
tées par voie intra-artérielle hépatique, et
groupe “contrôle” (n = 15). Les patients
étaient hospitalisés pour 48 heures.
L’évaluation a été effectuée à J0, J30,
J60, J90, J180 et J360.
Les résultats de J0 à J90 montraient,
dans le groupe intervention, une
augmentation signi cative de l’albu-
mine et une diminution signi cative du
score de Child-Pugh ainsi qu’une stabi-
lisation de la bilirubine et du MELD,
contre une aggravation dans le groupe
contrôle (albuminémie : + 16 % versus
– 2 %, INR : + 7 % versus + 1 %, Child-
Pugh : – 8 % versus + 5 %, MELD : + 2 %
versus + 13 %). Au-delà de 3 mois, une
perte progressive des béné ces de la
technique a été constatée. L’absence de
complication immédiate a été rapportée.
Cette étude montre que la technique
est réalisable et qu’elle entraîne une
amélioration légère et transitoire des
paramètres hépatiques. Cependant, des
voies d’amélioration sont à envisager :
meilleur recueil des CM (voire à partir
du sang périphérique après injection de
GM CSF, – technique utilisée par une
équipe suisse, qui a prouvé la réalité de
la “prise” de la greffe et de l’activité
régénératrice des CM), répétition des
injections, etc.
PENTOXIFYLLINE : ABSENCE D’EFFET
SUR LA SURVIE À COURT TERME
DANS LA CIRRHOSE GRAVE
(D’après Lebrec D et al., Clichy,
abstract 37 actualisé)
La pentoxifylline (Torental®) est un
médicament couramment utilisé dans
le traitement d’appoint de l’artérite. En
raison de son effet anti-TNF modéré,
cette molécule a également été testée
dans l’hépatite alcoolique aiguë sévère.
Une première étude randomisée dans
cette indication avait montré un béné ce
en termes de survie par la diminution du
risque de développer un syndrome hépa-
torénal (Akriviadis E et al., Gastroente-
rology 2000;119:1637-48). L’objectif
de cette étude française randomisée en
double aveugle, multicentrique contre
placebo, était de rechercher un béné ce
sur la survie chez des patients atteints
de cirrhose grave (Child C) en attente
ou non d’une transplantation hépatique.
Cent soixante-quatre patients ont reçu
de la pentoxifylline (400 mg x 3/j) et
171 un placebo. Les survies à 2 mois
(critère principal) et à 6 mois (critère
secondaire) ont été évaluées. Le calcul
d’effectif était fondé sur l’hypothèse
d’un béné ce de 20 % sur la survie à
2 mois dans le groupe pentoxifylline.
Les patients présentant un carcinome
hépatocellulaire avancé ou une infec-
tion par le VIH étaient exclus. Parmi les
patients inclus, l’étiologie de la cirrhose
était alcoolique pour 73 % des sujets ;
mixte alcool + virus C : 12 % ; virus C
seul : 6 %, et autres : 9 %. Le score de
Child moyen était de 11 et le score de
MELD moyen de 19. Parmi les patients
inclus, 40 % avaient une hépatite alcoo-
lique aiguë et 9 % un petit carcinome
hépatocellulaire. Par ailleurs, 50 %
recevaient des bêtabloquants, 50 % des
antibiotiques (antibioprophylaxie), 61 %