C ongrès réunion ● F. Saliba* Actualités en transplantation hépatique 58th Congress of the American Association for the Study of Liver Disease, Boston, 2-6 novembre 2007 U ne fois de plus, la transplantation hé­patique (TH) a occupé­ une place importante au sein du congrès de l’AASLD (American Association for the Study of Liver Disease). Outre la journé­e de formation mé­dicale continue (post-graduate course), riche en confé­rences de bon niveau sur les grandes thé­matiques, de nombreux travaux originaux ont é­té­ pré­senté­s, aussi bien en fondamental qu’en clinique. La repré­sentation mé­dicale française é­tait importante, comme chaque anné­e. Nous ré­sumons ci-dessous quelques communications qui nous ont paru inté­ressantes d’un point de vue clinique ou thé­rapeutique. grEFFE dE cEllulEs souchEs MédullairEs dans lE traitEMEnt dE l’insuFFisancE hépatiquE (D’après Lyra AC et al., SalvadorBahia, Brésil, abstract 84 actualisé) Chez l’animal, la transplantation de cellules mé­dullaires (CM) amé­liore la ré­gé­né­ration hé­patique, diminue la fibrose et amé­liore les fonctions hé­patiques. Il s’agit d’une é­tude pilote contrôlé­e, randomisé­e, mené­e chez * Centre hépato-biliaire, hôpital Paul-Brousse, Villejuif ; université Paris-Sud, UMR-S 785, Villejuif et Inserm, unité 785, Villejuif. 30 patients cirrhotiques de causes diverses et de sé­vé­rité­ modé­ré­e, inscrits sur une liste d’attente de TH : score de Child-Pugh : 8-9, moyenne de score de MELD : 13, bilirubine totale : 20 mg/l, albumine : 30 g/l, plaquettes > 50 000/µl et INR < 2,4 ; absence d’infection, de VIH, d’encé­phalopathie, d’insuffisance cardiaque ou ré­nale et de cancer. Les patients é­taient randomisé­s en 2 groupes : groupe “intervention” (n = 15), avec pré­lèvement de 50 ml de moelle osseuse (crête iliaque), purification pour obtenir au moins 100 millions de cellules injecté­es par voie intra-arté­rielle hé­patique, et groupe “contrôle” (n = 15). Les patients é­taient hospitalisé­s pour 48 heures. L’é­valuation a é­té­ effectué­e à J0, J30, J60, J90, J180 et J360. Les ré­sultats de J0 à J90 montraient, dans le groupe intervention, une augmentation significative de l’albumine et une diminution significative du score de Child-Pugh ainsi qu’une stabilisation de la bilirubine et du MELD, contre une aggravation dans le groupe contrôle (albuminé­mie : + 16 % versus – 2 %, INR : + 7 % versus + 1 %, ChildPugh : – 8 % versus + 5 %, MELD : + 2 % versus + 13 %). Au-delà de 3 mois, une perte progressive des bé­né­fices de la technique a é­té­ constaté­e. L’absence de complication immé­diate a é­té­ rapporté­e. Cette é­tude montre que la technique est ré­alisable et qu’elle entraîne une amé­lioration lé­gère et transitoire des paramètres hé­patiques. Cependant, des voies d’amé­lioration sont à envisager : meilleur recueil des CM (voire à partir du sang pé­riphé­rique après injection de GM CSF, – technique utilisé­e par une é­quipe suisse, qui a prouvé­ la ré­alité­ de la “prise” de la greffe et de l’activité­ ré­gé­né­ratrice des CM), ré­pé­tition des injections, etc. 40 pEntoxiFyllinE : absEncE d’EFFEt sur la surviE à court tErME dans la cirrhosE gravE (D’après Lebrec D et al., Clichy, abstract 37 actualisé) La pentoxifylline (Torental®) est un mé­dicament couramment utilisé­ dans le traitement d’appoint de l’arté­rite. En raison de son effet anti-TNF modé­ré­, cette molé­cule a é­galement é­té­ testé­e dans l’hé­patite alcoolique aiguë sé­vère. Une première é­tude randomisé­e dans cette indication avait montré­ un bé­né­fice en termes de survie par la diminution du risque de dé­velopper un syndrome hé­patoré­nal (Akriviadis E et al., Gastroenterology 2000;119:1637-48). L’objectif de cette é­tude française randomisé­e en double aveugle, multicentrique contre placebo, é­tait de rechercher un bé­né­fice sur la survie chez des patients atteints de cirrhose grave (Child C) en attente ou non d’une transplantation hé­patique. Cent soixante-quatre patients ont reçu de la pentoxifylline (400 mg x 3/j) et 171 un placebo. Les survies à 2 mois (critère principal) et à 6 mois (critère secondaire) ont é­té­ é­valué­es. Le calcul d’effectif é­tait fondé­ sur l’hypothèse d’un bé­né­fice de 20 % sur la survie à 2 mois dans le groupe pentoxifylline. Les patients pré­sentant un carcinome hé­patocellulaire avancé­ ou une infection par le VIH é­taient exclus. Parmi les patients inclus, l’é­tiologie de la cirrhose é­tait alcoolique pour 73 % des sujets ; mixte alcool + virus C : 12 % ; virus C seul : 6 %, et autres : 9 %. Le score de Child moyen é­tait de 11 et le score de MELD moyen de 19. Parmi les patients inclus, 40 % avaient une hé­patite alcoolique aiguë et 9 % un petit carcinome hé­patocellulaire. Par ailleurs, 50 % recevaient des bêtabloquants, 50 % des antibiotiques (antibioprophylaxie), 61 % Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion 83 % 100 Pentoxifylline 70 % 82 % Survie (%) Placebo p = NS 50 0 67 % 0 2 Figure 1. Effet de la pentoxifylline versus placebo sur la survie à 6 m o i s d a n s l a cirrhose grave. Mois 4 des diurétiques et 44 % des corticoïdes (pour les cas d’hépatite alcoolique aiguë sévère histologiquement prouvée). À 2 et à 6 mois, la mortalité n’était pas différente entre le groupe pentoxifylline et le groupe placebo (figure 1). Il n’y avait pas non plus de différence significative dans les sous-groupes avec hépatite alcoolique aiguë, avec insuffisance rénale, sans carcinome hépatocellulaire ou sous traitement par bêtabloquants et antibiotiques. En analyse multivariée, les seuls facteurs associés à la survie à 2 mois étaient l’absence de carcinome hépatocellulaire et un score de MELD bas. En conclusion, cette étude montre l’absence d’effet bénéfique de la pentoxifylline sur la survie à court terme dans la cirrhose grave. N-acétylcystéine (i.v.) dans le traitement des hépatites fulminantes non dues au paracétamol : peut-elle éviter la transplantation ? (D’après Lee W et al., Dallas, ÉtatsUnis, abstract 79 actualisé) La N-acétylcystéine (NAC), utilisé comme antidote du paracétamol, a été rapportée de façon anecdotique comme pouvant être bénéfique pour les hépatites aiguës non dues au paracétamol (HANP). Le groupe américain d’étude sur l’insuffisance hépatique aiguë (Acute 6 Liver Failure Study Group) a rapporté les résultats d’une étude prospective, randomisée, multicentrique, en double aveugle pour évaluer l’efficacité et la tolérance d’un traitement de 72 heures par NAC chez des patients atteints de HANP. Huit cent quarante-huit patients étaient évalués sur une période de 8 ans dans 25 centres aux États-Unis. Cent soixante-treize patients répondant aux critères ont été randomisés et stratifiés suivant le centre et le degré d’encéphalopathie hépatique (EH) pour recevoir soit de la NAC (n = 81) soit un placebo (n = 92). L’étiologie de l’hépatite était virale (21 % des cas), médicamenteuse (26 %), auto-immune (14 %), indéterminée (24 %) ou autre (14 %). L’objectif principal était la survie à 3 semaines. Il n’y avait pas de différence dans les caractéristiques des patients au moment de la randomisation excepté pour le délai ictère-encéphalopathie, qui était respectivement de 7 et 12 jours pour le groupe NAC et le groupe placebo (p = 0,026). L’EH de grade 1-2 était présente à ­l’admission respectivement chez 73 % et chez 62 % des patients dans les groupes NAC et placebo. La survie à 3 semaines, de 68 %, était comparable dans les deux groupes (NAC : 70 %, placebo : 67 %). Il n’y avait pas non plus de différence sur la survie spontanée (absence de transplantation) entre les deux groupes (NAC : 45 %, placebo : 27 % [p = 0,09]). L’analyse de la survie en fonction du degré de l’EH était très significativement (p < 0,003) 41 en faveur du groupe NAC (odds-ratio : 11,3 pour le groupe NAC et 1,5 pour le groupe placebo). La différence de survie spontanée était essentiellement constatée dans le groupe des patients ayant une EH de stade 1-2 au moment de la randomisation. Trente-neuf pour cent des patients ont eu une transplantation hépatique (45 % dans le groupe placebo et 32 % dans le groupe NAC). Les effets indésirables rapportés étaient comparables dans les deux groupes : nauséesvomissements (NAC : 9, placebo : 3), flushs (NAC : 3, placebo : 2), broncho­ spasmes (un dans chaque groupe), arythmies (NAC : 6, placebo : 4). En conclusion, les patients atteints d’une hépatite aiguë non due au paracétamol et présentant une encéphalopathie débutante de stade 1-2 semblent bénéficier davantage de l’administration de la NAC. Devant la très bonne tolérance de la NAC, les auteurs concluent que celle-ci peut être recommandée pour les HANP au stade précoce de l’EH ; la survenue d’une EH de stade III impose une indication à la transplantation hépatique. Hépatite E chronique chez les transplantés (D’après Kamar N et al., Toulouse, abstract 521 actualisé) Le virus de l’hépatite E (VHE) n’était, jusqu’à présent, jugé responsable “que” d’hépatites aiguës (parfois sévères) ; il devient endémique en France, particulièrement dans le sud du pays. Le génotype 3 est le génotype observé dans les cas endémiques en France. L’équipe de Toulouse a rapporté les cas de 14 malades transplantés (rein : 11, foie : 3), chez qui l’hépatite était diagnostiquée suite à une élévation chronique des trans­aminases, GGT et PAL, sans véritables manifestations cliniques chez 7 patients (asymptomatiques), les 7 autres présentant une fatigue, voire des arthralgies et des myalgies. Le temps médian de survenue de l’hépatite postgreffe était de 57 mois (6-158 mois). La sérologie et les tests Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion virologiques étaient les suivants : IgG VHE+ 1/14, IgM VHE+ : 7/9, ARN VHE sérum : 14/14, selles : 3/3, génotype 3. Évolution : 6 hépatites E résolutives en moins de 6 mois (suivi 5-36 mois), 8 patients ont développé une hépatite chronique avec des transaminases élevées et une virémie positive (10-24 mois). Six patients ont subi une biopsie hépatique : infiltrat lymphocytique portal dense, nécrose périportale et lobulaire, cholangite, fibrose portale légère. Cette étude montre que l’hépatite E est une cause possible de dysfonction hépatique chez les transplantés, et que certains ont une évolution chronique. Elle montre de plus l’intérêt de la recherche de VHE dans le sérum et les selles (fréquente séronégativité au début). L’avenir à long terme est inconnu. Accès du buveur excessif à la greffe : vers une modification des critères ? (D’après Satoskar R et al., Chicago, États-Unis, abstract 563 actualisé) Les auteurs ont envoyé un questionnaire de 36 items à des professionnels de santé de 89 centres américains de TH impliqués dans la prise en charge des candidats à une greffe hépatique. Cent dix-sept réponses étaient colligées, dont 60 % provenaient des médecins et le % La surprise est qu’environ 57 % des sondés ont considéré qu’ils seraient enclins à proposer une transplantation aux patients présentant une hépatite alcoolique aiguë (HAA) sévère en cas d’échec du traitement médical (figure 2). On assiste à une modification progressive des opinions concernant les critères de sélection des buveurs excessifs pour une greffe hépatique. Le dogme de la contreindication de la greffe pour les patients atteints d’une hépatite alcoolique sévère est remis en cause. Cette étude est intéressante car le critère “6 mois d’abstinence”, quoique encore bien classé, n’est plus considéré comme le premier critère. L’autre élément est que ce questionnaire a proposé un scénario de transplantation pour les patients ayant une hépatite alcoolique sévère, non répondeurs à un traitement médical, encore discuté. p < 0,01 100 80 reste des infirmières, des coordinatrices de transplantation et des travailleurs sociaux. Sept facteurs interviennent dans la décision d’une transplantation (du plus important au moins important) : ✓ soutien important de la famille ; ✓ abstinence supérieure à 6 mois ; ✓ bonne assistance en consultation ; ✓ bon aperçu d’abus d’alcool ; ✓ dépistage négatif de l’alcool à 3 reprises ; ✓ occupation d’un emploi à temps plein ; ✓ bénéficiaire d’une assurance maladie. Non-médecins 73 % Médecins 60 46 % 40 20 0 Figure 2. Probabilité d’inscrire une hépatite alcoolique aiguë sur la liste d’attente de transplantation (enquête opinion). Inscriraient une HAA sévère sur liste 42 Excellents résultats de la TH pour carcinome hépatocellulaire (CHC) après réduction tumorale downstaging avant TH (D’après Yao F et al., San Francisco, États-Unis, Abstract 163, actualisé) Les critères de Milan sont actuellement ceux qui sont admis par la majorité des centres de transplantation pour CHC sur cirrhose (1 nodule de diamètre ≤ 5 cm ou de 1 à 3 nodules de diamètre ≤ 3 cm chacun). En 2001, l’équipe de San Francisco a proposé les critères de l’UCSF (University of California, San Francisco), qui vont au-delà des critères de Milan : 1 nodule de diamètre ≤ 6,5 cm, ou de 1 à 3 nodules de diamètre ≤ 4,5 cm chacun, avec un diamètre total des nodules ≤ 8 cm et classés comme s u i t : T 1 – u n n o d u l e ≤ 1 , 9 c m ; T2 – un nodule de 2 à 5 cm ou 2 ou 3 nodules ≤ 3 cm ; T3 – un nodule > 5 cm ou 2-3 nodules dont au moins un > 3 cm ; T3 A – un nodule de 5 à 6,5 cm ou de 1 à 3 nodules ≤ 4,5 cm chacun (somme < 8 cm). Ces critères, qui ne sont pas encore admis par toutes les équipes, particulièrement en raison de la pénurie de greffons, nécessitent d’être validés. La question toujours débattue est de savoir si les critères de Milan ou de l’UCSF, qui s’appliquent avant réduction tumorale par les traitements actuels, pourraient s’appliquer après la réduction. En d’autres termes, est-ce qu’un patient qui s’est vu refuser une transplantation à cause d’une grosse tumeur (dans une certaine limite : absence d’envahissement vasculaire macros­copique, tumeur < 8 cm…) hors critères de transplantation pourrait devenir éligible ? L’objectif de cette étude prospective de l’équipe de San Francisco était d’évaluer les résultats de la transplantation hépatique pour CHC après réduction tumorale. Les cas de 61 patients ayant un CHC au-delà des critères de Milan, de 25 patients présentant un nodule (5,2-8 cm de diamètre) et de 35 patients présentant 2 à 5 nodules (2-5 cm de diamètre) ont été observés. Un suivi Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion minimum de 3 mois était prévu dans le protocole pour évaluer l’effet de la réduction tumorale downstaging avant la transplantation. Le succès du traitement était défini soit par une nécrose tumorale complète, soit par le fait que les tumeurs se retrouvent dans les critères de Milan. Probabilité de survie (Kaplan-Meier) [%] Les traitements réalisés étaient : radiofréquence (RF)/laparoscopie (11 patients), chimio-embolisation (CE) [15 patients], CE + alcoolisation (6 patients), CE + RF percutanée (9 patients), RF/laparoscopie + CE (14 patients) et résection (6 patients). Il est à noter que la résection était abandonnée par les auteurs depuis 2005 pour des raisons de priorité sur la liste d’attente. Dans l’analyse en intention de traiter, la réduction tumorale était efficace dans 70,5 % des cas (43 patients sur 61). Trente-cinq patients ont été transplantés (dont 2 avec un donneur vivant) et 6 patients étaient sur la liste d’attente. Deux autres sujets ont eu une réduction tumorale, mais ont été exclus de la transplantation, l’un pour des raisons psychiatriques, et l’autre pour refus de priorité sur la liste. L’échec du traitement était observé chez 18 patients (29,5 %), avec 3 décès et 15 retraits de la liste pour progression tumorale. Chez les patients transplantés, l’étude histologique sur le foie natif a montré une nécrose tumorale totale chez 13 des 100 35 sujets (37,1 %) ; 17 patients étaient dans les critères de Milan et 5 autres étaient hors critères. La survie en intention de traiter de toute la cohorte de 61 patients était de 69,3 % à 4 ans (figure 3). La survie posttransplantation était de 92,1 % à 4 ans. Sur un suivi de 25 mois (extrêmes : 1,7-57 mois), aucun patient n’a eu de récidive de son CHC. Dans l’analyse univariée, le seul facteur prédictif de l’échec au traitement de réduction était un taux d’AFP supérieur à 1 000 ng/ml (RR : 7,8 ; p < 0,001). Dans une population sélectionnée, qui retrouve les critères élargis de l’UCSF, la réduction tumorale était efficace chez 70 % des patients, avec un excellent pronostic post-transplantation. Quelle immunosuppression pour diminuer le risque d’insuffisance rénale après TH ? Résultats à un an de l’étude RESPECT (D’après Neuberger J et al., Birmingham, Royaume-Uni, abstract 1 actualisé) L’insuffisance rénale chronique (IRC) est un facteur majeur d’insuffisance rénale terminale et de décès. Un des facteurs de risque de développement d’une insuffisance rénale tardive est la dose et le taux d’inhibiteur de la calci- Survie en ITT (n = 61) 80 60 69 % 40 Échec du traitement (n = 61) 32 % 20 0 0 1 2 Suivi en années 3 4 Figure 3. Survie des patients avec CHC sur cirrhose après traitement de réduction (intention de traiter [ITT]). 43 neurine (INC) administré durant les premiers mois postgreffe. L’objectif de cette étude prospective randomisée multicentrique internationale (30 centres en Europe, 525 patients), réalisée chez des patients transplantés hépatiques de novo, était d’étudier l’intérêt d’administrer de faibles doses avec ou sans introduction retardée de l’INC pour diminuer le risque d’insuffisance rénale chronique. Les patients étaient randomisés dans 3 groupes : ✓ groupe A : tacrolimus (T0 > 10 ng/­ml, l e 1 e r m o i s ) + c o r t i c o ï d e s ( C s ) [n = 183] ; ✓ groupe B : mycophénolate mofétil (MMF) [2 g/j] + tacrolimus (T0 < 8 ng/­ml) + Cs (n = 170) ; ✓ groupe C : MMF (2 g/j) + tacrolimus introduction retardée à J5 + daclizumab J0 et J7 + Cs (n = 153). La clairance de créatinine, calculée selon la méthode de Cockcroft-Gault, était respectivement dans les ­groupes A, B et C de 103, 107 et 98 ml/mn et a diminué de 25, 24 et 17 ml/mn à un an (figure 4A, p. 44). La différence était statistiquement significative entre les groupes A et C (p = 0,003). La sortie de l’étude pour insuffisance rénale était respectivement de 12 %, 2 % et 1 %. Le recours à la dialyse était nécessaire chez 17 %, 10 % et 9 % des patients respectivement au cours de la première année postgreffe. Il y avait une tendance à un taux d’incidence de rejet aigu histologiquement prouvé moindre dans le groupe C (figure 4B, p. 44). Il n’y avait pas de différence entre les 3 groupes en termes de survie du patient et du greffon à un an. La perte du greffon était respectivement de 6,0 %, 5,9 % et 6,6 % dans les 3 groupes A, B et C. Le taux de décès était de 9,2 %, 10 % et 5 %. Ainsi, le traitement immunosuppresseur associant le daclizumab à J0 et J7, le MMF et l’introduction retardée à J5 à dose réduite du tacrolimus est associé à une meilleure conservation de la fonction rénale sans augmenter le risque de rejet aigu, de perte du greffon ou de décès du patient. Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion Évolution de la clairance de créatinine de J0 à M12 0 TRL standard TRL réduit TRL retardé –5 – 10 – 15 – 20 – 25 – 30 Taux de rejet aigu histologiquement prouvé ou présumé B Patients (%) Différence de clairance de la créatinine (moyenne, ml/mn) entre J0 et M12 A p = 0,003 p = 0,066 40 35 30 25 20 15 10 5 0 TRL standard TRL réduit TRL retardé Figure 4. Évolution de la clairance de créatinine de J0 à M12. Insuffisance rénale chronique après TH : intérêt du MMF + faible dose d’INC (D’après Pageaux G et al., Montpellier, abstract 2) ✓ groupe contrôle : pas de MMF, option de réduction de l’INC de pas moins de 75 % de la dose initiale ; si la créatinine augmente de plus de 30 % de la base, le patient sort de l’étude (n = 26). L’IRC est un facteur de risque majeur de morbidité et de mortalité après TH. G. Pageaux et al. ont rapporté les résultats à 2 ans d’une étude prospective, randomisée et multicentrique comportant 51 patients souffrant d’une IRC. Celle-ci était définie par une augmentation de la créatininémie supérieure à 140 µmol/l, une protéinurie inférieure à 1 g/24 h, une absence d’hématurie, une absence d’hypertension artérielle (HTA) non contrôlée, une absence de sténose des artères rénales et une absence de pathologie urinaire. Les patients étaient comparables pour l’âge, le sexe, l’indication de transplantation, l’INC, la dose initiale de l’INC, la créatininémie initiale et la clairance de la créatinine de base. Le temps moyen entre la transplantation et la randomisation était de 5,2 ± 3,3 ans dans le groupe MMF et de 5,7 ± 3,2 ans dans le groupe contrôle. Dans le groupe MMF, la créatininémie et la clairance de créatinine étaient respectivement de 171,7 µmol/l et 42,6 ml/mn à J0 et de 139,6 µmol/ l et 48,3 ml/mn au 24 e mois (M24). p = 0,001 200 Créatinine (µmol/l) L’objectif de l’étude était d’évaluer les conséquences sur la fonction rénale d’une introduction du MMF et de la réduction de l’INC. Les critères d’inclusion étaient : patients transplantés au-delà de un an et une biopsie hépatique, dans les 6 mois précédant l’inclusion, excluant le rejet aigu ou la présence d’une ductopénie significative. Cinquante et un patients étaient randomisés en 2 groupes : ✓ groupe MMF : introduction de MMF de 1 g/j jusqu’à 2-3 g/j et réduction de l’INC (> 50 % de la dose initiale) [n = 25] ; Dans le groupe contrôle, la créatininémie et la clairance de la créatinine étaient respectivement de 175,4 µmol/ l et 42,8 ml/mn à J0 et de 166 µmol/ l et 37,2 ml/mn à M24 (figure 5). La différence entre les deux groupes était significative entre M0 et M12 mais pas entre M12 et M24. Un épisode de rejet aigu était observé dans le groupe contrôle, aucun dans le groupe MMF. Une biopsie hépatique était réalisée à la fin de l’étude (à 2 ans) chez 13 des 25 patients du groupe MMF et chez 9 des 26 patients du groupe contrôle. Un patient a présenté des signes histologiques de rejet dans le groupe MMF. Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes en termes d’effets indésirables. p = 0,001 NS 150 100 50 0 Figure 5. Évolution de la fonction rénale (en intention de traiter). M0 Groupe MMF 44 M12 M24 Groupe contrôle Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion Récidive virale C post-TH : effet de l’immunosuppression sur la progression de la fibrose ? (D’après Klintmalm G et al., Dallas, États-Unis, abstract 7, actualisé) De nombreuses études ont rapporté une relation entre le type et la nature du traitement immunosuppresseur et la sévérité de la récidive virale C sur le greffon. L’étude HCV3 est une étude prospective randomisée (1.1.2) multicentrique avec trois bras : ✓ groupe 1 : tacrolimus + Cs (bithérapie) ; ✓ groupe 2 : MMF + tacrolimus + Cs (trithérapie) ; ✓ groupe 3 : MMF + tacrolimus + daclizumab (pas de Cs). L’objectif de l’étude était d’évaluer l’effi­ cacité et la tolérance du MMF et d’un régime sans Cs dans le but de réduire le risque de rejet, la récidive virale C et les effets indésirables après TH. La dose de tacrolimus était de 0,08-0,12 mg/kg/j, celle de MMF de 2-3 g/j, celle de daclizumab de 2 mg/kg à J0 et J3 et de 1 mg/­kg à J8 ; les Cs étaient inférieurs à 10 mg/j à J30 et inférieurs à 5 mg/j à J90. Les résultats intermédiaires à 2 ans montrent qu’il n’y avait pas de différence entre les 3 groupes en termes de survie du patient (82 %, 81 % et 87 % respectivement), ni en termes de survie du greffon (79 %, 78 % et 84 % respectivement). L’absence de rejet aigu histologiquement prouvé était de 86 %, 87 % et 86 % respectivement. La sévérité du rejet aigu, évaluée selon la classification de Banff par les anatomopathologistes des centres participants, était comparable. Les biopsies hépatiques étaient réalisées systématiquement à J90, J365 et J730. L’incidence de récidive histologique (stade Batts-Ludwig > 2 à un an ou > 3 à tout moment) n’était pas significativement différente entre les 3 groupes. Même si l’incidence de fibrose de stade 3 ou 4 était numériquement plus faible dans le groupe sans Cs, la différence entre les 3 groupes (33 %, 28 % et 19 %) n’était pas significative (p = 0,08). On notait une faible incidence significative de l’agressivité de la progression de la récidive (augmentation de plus d’un stade entre un an et 2 ans) dans les 2 groupes sous MMF. Chez les patients n’ayant pas présenté de récidive ­virale C au cours de la première année postgreffe, l’absence de récidive histologique sévère (fibrose de stade ≥ 3) à 2 ans était de 75 % dans le groupe 1, de 85 % dans le groupe 2 et de 93 % dans le groupe 3 (p < 0,01) [figure 6]. Cette différence significative persistait si l’on regroupait les ­groupes 1 et 2 (avec Cs) versus le groupe 3 (sans Cs) [75 % versus 93 % (p < 0,01)] et le groupe 1 (sans MMF) versus les groupes 2 et 3 (avec MMF) [80 % versus 93 % (p < 0,01)]. La charge virale C était comparable dans les trois groupes à tout moment de l’étude. Il n’y avait pas de différence dans l’incidence de diabète, de cancer, d’infections, d’hypertension artérielle et d’hyperlipidémie entre les 3 groupes. Les auteurs concluent qu’il n’y avait pas de différence entre les 3 groupes concernant la récidive histologique de l’hépatite C et l’incidence de rejet, et donc que le régime sans Cs associant daclizumab, MMF et tacrolimus était aussi efficace et bien toléré. La progression vers la fibrose au cours de la deuxième année pourrait être influencée par l’immunosuppression (absence de corticoïdes et présence de MMF). Traitement de la récidive virale C après TH par PEG-IFNα-2a + RBV – étude TRANSPEG : rapport final (D’après Calmus Y et al., Paris, abstract 531 actualisé) L’étude TRANSPEG est un essai français randomisé, en double aveugle, multicentrique. Cent patients transplantés, entre 1 et 5 ans après la greffe, ayant une récidive histologique virale C avec un score Métavir F supérieur à 1 ont été inclus. Ils ont été traités par PEG-IFNα-2a et ribavirine pendant 12 mois. À 12 mois, les patients étaient randomisés pour poursuivre un traitement complémentaire pendant 12 mois par ribavirine ou placebo. L’objectif principal de l’étude était la réponse virologique à 12 mois (fin de la bithérapie) et à 30 mois (6 mois après la fin du traitement d’entretien) ; 73,4 % des 100 Survie sans récidive stade F3 à 2 ans (ITT) [%] En conclusion, l’introduction du MMF et la réduction de 50 % de l’INC ont permis une amélioration significative de la fonction rénale à M12 sans risque de rejet. Il n’y avait pas de bénéfice surajouté sur la fonction rénale à M24. 90 93 % 85 % 80 70 75 % 60 50 40 Groupe 1 : tacrolimus + corticoïdes [Cs] (bithérapie) [n = 44] Groupe 2 : mycophénolate mofétil [MMF] + tacrolimus + Cs (trithérapie) [n = 47] Groupe 3 : MMF + tacrolimus + daclizumab (pas de Cs) [n = 83] 30 20 10 0 0 5 10 15 20 Figure 6. Progression au stade de fibrose > 3 entre 1-2 ans chez les patients sans fibrose > 2 à 1 an. 25 Mois 45 Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion A 100 PCR négative (%) Intention de traiter modifiée (ITTm) B RVS à 18 mois selon le génotype (ITTm , résultats poolés) Score Métavir : fibrose Évolution entre l’inclusion et M30 p = 0,07 p = 0,002 + 0,26 (IC95 : – 0,02 ; + 0,54) 75,0 % 0,5 50 34,6 % 0 0 - 0,5 Génotype 1 ou 4 Génotype 2 ou 3 – 0,14 (IC95 : – 0,05 ; – 0,22) Ribavirine Placebo Figure 7. Résultats de l’étude Transpeg. patients étaient de génotype 1, 91,1 % avaient un score histologique de fibrose F1 ou F2, 5,9 % étaient F3 et 2 % F4. Soixante-quinze pour cent des patients avaient un traitement immunosuppresseur par tacrolimus et 25 % par ciclosporine. La réponse virologique soutenue (RVS) à 18 mois, soit après 6 mois de traitement d’entretien par ribavirine ou placebo, était de 40 % (40/100) en intention de traiter et de 51 % (39/77) en per protocole. La réponse virologique soutenue à 18 mois était de 34,6 % pour les génotypes 1 et 4 et de 75 % pour les génotypes 2 et 3 (figure 7). Chez les patients transplantés hépa­ tiques, après 12 mois de traitement par bithérapie, la poursuite d’un traitement d’entretien par ribavirine pendant 48 semaines ne semble pas apporter de bénéfice par rapport au placebo en termes de réponse virologique (47 % versus 55 % de RVS à 30 mois, soit 6 mois après la fin de la période de maintenance) [p = NS]. L’étude TRANSPEG est actuellement la plus grande étude randomisée évaluant la bithérapie dans le traitement de la récidive virale C sur le greffon. Sa publication est très attendue. Score d’évaluation du Donneur à Risque ou “donneur marginal” en transplantation hépatique (D’après Dawwas M et al., Birmingham, Royaume-Uni, abstract 5 actualisé) On connaît depuis longtemps l’impact que peut avoir la qualité du greffon sur les suites postgreffe chez le receveur. La pénurie d’organes et le nombre croissant de receveurs sur liste d’attente conduit de plus en plus fréquemment à l’utilisation de greffons à risque dits de “donneurs marginaux”. S. Feng et al.1 ont rapporté un score d’évaluation du risque du donneur qui semble adapté à la population américaine. La qualité dépend de très nombreux facteurs, qui sont essentiellement l’âge du donneur, la cause du décès, la taille, la race, la localisation (régionale ou nationale) et l’ischémie froide du greffon. Les équipes de Cambridge et de Birmingham ont mené une étude au Royaume-Uni visant à établir un score d’évaluation du risque du donneur plus adapté à la population européenne. Feng S, Goodrich NP, Bragg-Gresham JL et al. Characteristics associated with liver graft failure: the concept of a donor risk index. Am J Transplant 2006;6(4):783-90. 1 46 L’objectif était d’établir un indice de risque de perte du greffon ou de décès du patient après transplantation. Une cohorte de 5 941 patients adultes, transplantés au Royaume-Uni et en Irlande depuis mars 1994, a servi pour la modélisation du score, et une cohorte de 661 patients, transplantés depuis avril 2005, a été utilisée pour sa validation. Sept facteurs de risque étaient prédictifs de la perte du greffon (tableau). Le donneur idéal, défini par un aspect macroscopique normal du greffon, une absence de diabète, un IMC de 22, un âge de 30 ans, un greffon entier, un donneur et un receveur de même race (blanche/blanche) et une ischémie du greffon de 8 heures, avait un score de 1. Trois groupes ont été identifiés : score inférieur à 1,22, entre 1,22 et 1,68, et supérieur à 1,68. Les patients ayant un score inférieur à 1,22 avaient la meilleure survie du greffon. Il y avait une différence significative pour la perte du greffon à 1 an et à 5 ans entre le groupe avec un score inférieur à 1,22 et celui avec un score supérieur à 1,68 : respectivement, 16,8 % et 24 % à 1 an, Tableau. Facteurs de risque chez le donneur prédictif de la perte du greffon. Facteurs du donneur HR* (IC95) Aspect suboptimal greffon 1,33 (1,17-1,51) Temps d’ischémie froide (heures) 1,02 (1,00-1,03) Diabète 1,37 (1,05-1,77) Âge (par décennie) 1,04 (1,00-1,07) IMC (kg/m²) 1,02 (1,00-1,03) Type de greffon – total – split – réduit 1 1,67 (1,31-2,12) 1,88 (1,35-2,61) Race donneur/receveur – blanche/blanche – blanche/non blanche – non blanche/blanche – non blanche/non blanche 1 1,17 (0,99-1,38) 1,16 (0,81-1,66) 2,43 (1,29-4,56) * HR : hazard-ratio ajusté. Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion p < 0,001 (log-rank) 90 80 70 Figure 8. Survie du greffon en fonction du score d’évaluation du risque du greffon. Score < 1,22 1,22≤ score ≤ 1,68 Score > 1,68 60 50 0 1 2 Années 3 27,3 % et 36,1 % à 5 ans (figure 8). Le score évalué dans la cohorte de validation était aussi prédictif de façon significative (p < 0,0009) de la perte du greffon. On pourrait reprocher à cette étude l’existence d’un critère subjectif – l’aspect macroscopique du donneur – et l’absence d’un critère important – le degré de stéatose du greffon. Influence du tabac sur la survie du greffon et du patient après TH (D’après Leithead J et al., Édimbourg, Royaume-Uni, abstract 558 actualisé) Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique, menée sur 136 patients transplantés entre 1996 et 2000. La moyenne de suivi était de 8,8 ans (extrêmes : 6,4-11,3 ans). Vingt-trois pour cent des patients étaient des fumeurs actifs, 18 % des ex-fumeurs et 58 % des non-fumeurs. Les caractéristiques des patients étaient comparables entre les 3 groupes pour l’âge, le sexe, la race, la sévérité de la maladie hépatique et la présence de facteurs de comorbidité en prétransplantation. ✓ Il n’y avait pas de différence en termes de survie du greffon entre les fumeurs et les non-fumeurs. Plus particulièrement, il n’y avait pas de différence en ce qui concerne l’incidence de thrombose de l’artère hépatique (10 % versus 9 % respectivement), de rejet aigu du greffon 4 5 (42 % versus 42 %), de rejet chronique (7 % versus 5 %) et de récidive de la maladie initiale (21 % versus 27 %). En revanche, il y avait une différence significative pour la survie du patient, qui était de 77 % pour les non-fumeurs et de 54 % pour les fumeurs (p = 0,04) [figure 9]. Dans l’analyse multivariée, seuls le tabac (RR : 2,23 ; IC95 : 1,08-4,61 [p = 0,03]) et l’insuffisance rénale nécessitant une hémodialyse (RR : 2,78 ; IC95 : 1,35-5,74 [p < 0,01]) étaient des facteurs prédictifs indépendants du décès. Les causes de mortalité étaient essentiellement le sepsis (pneumopathies postopératoires) à court terme, de l’ordre de 26 % versus 4 % à 10 ans (p < 0,01) [RR : 4,4 ; IC95 : 1,06-18,73] et le risque cardiovasculaire à long terme, de l’ordre de 13 % versus 2 % à 10 ans (p = 0,01) [RR : 10,91 ; IC95 : 1,22-97,92]. Il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes en termes de risque de cancer de novo ou de récidive de cancer. En conclusion, les fumeurs présentent un risque de décès 2 fois plus élevé que les non-fumeurs durant les10 premières années postgreffe. Efficacité de l’adéfovir en substitution des IgHB en prophylaxie de la récidive virale B après TH (D’après Angus P et al., Melbourne, Australie, abstract 11 actualisé) La prophylaxie à long terme par les IgHB de la réinfection virale B du greffon après TH pour cirrhose virale B (HBV) reste le traitement de référence. L’asso­ciation avec la lamivudine potentialise l’efficacité particulièrement chez les patients ADN VHB+ en prégreffe. Cependant, la contrainte pour le patient de l’administration durable des IgHB i.v. ou i.m., ainsi que leur coût, conduisent à étudier d’autres stratégies. L’objectif de cette étude était d’établir l’efficacité et la tolérance d’une substitution des IgHB par de l’adéfovir, tout en continuant le traitement par lamivudine chez les patients transplantés pour HBV. Il s’agit d’une étude prospective, randomisée, 100 Non-fumeurs 80 Probabilité de survie (%) Survie du greffon (%) 100 Fumeurs 60 40 20 p = 0,04 0 0 1 Figure 9. Survie du patient à 10 ans. 2 3 4 5 6 7 Années après transplantation 47 8 9 10 Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008 C ongrès réunion multicentrique et ouverte. Elle incluait des patients transplantés au-delà de un an pour HBV, recevant une prophylaxie par lamivudine et IgHB en i.m. et ne présentant pas de signes de récidive HBV (ADN VHB– et AgHB–). Les patients étaient randomisés en 2 groupes : – groupe adéfovir : adéfovir 10 mg/j + lamivudine 100 mg/j (n = 16) ; – groupe IgHB : IgHB 400-800 UI/­mois + lamivudine 100 mg/j (n = 18). Les patients VIH+ et ceux ayant une insuffisance rénale définie par une créatini­némie supérieure à 180 µmol/l étaient exclus. Les patients étaient suivis tous les 3 mois. La médiane de suivi dans les 2 groupes était de 21 mois. Il n’y avait pas de différence significative entre les 2 groupes de patients pour l’âge, le sexe, la race, les comorbidités associées, la fonction rénale, la durée antérieure du traitement antiviral et la charge virale B avant la transplantation. Le délai transplantation-randomisation était de 4,4 ans (1,1-6,3) pour le groupe adéfovir et de 4,6 ans (1,3-7,2) pour le groupe IgHB. Les résultats montrent qu’un patient du groupe adéfovir (6 %) est devenu 100 Survie (%) Th chez le patient VIH+ : analyse du Registre américain (UNOS) (D’après Mindikoglu A et al., Baltimore, États-Unis, abstract 29 actualisé) La TH chez le patient VIH+ reste actuellement un sujet de controverse. Peu de centres de transplantation ont intégré la TH chez le patient VIH+. Le pronostic des patients transplantés pour VIH+ avec des critères de sélection spécifiques (taux de CD4 > 150/­mm3, ARN VIH-) reste relativement bon par rapport aux 82 % 80 78 % 60 51 % 40 20 0 AgHBs(+) à 5 mois, mais qu’il est resté ADN VHB (–) après 20 mois. Toujours dans le groupe adéfovir, la fonction rénale d’un patient s’est aggravée, avec une créatininémie passant de 136 µmol/­l à 198 µmol/l dans un contexte de néphropathie diabétique nécessitant une réduction puis un arrêt du traitement de l’étude à 15 mois (pic de créatininémie à 211 µmol/l) et une conversion aux IgHB. L’étude pharmaco-économique était en faveur de l’association adéfovir-lamivudine. Les auteurs concluent que cette stratégie est efficace et bien tolérée et permet de réduire le coût de la prophylaxie antivirale à long terme. 0 1 2 3 4 Années après transplantation VIH– AgHB– AcVHC– VIH– AgHB– AcVHC+ VIH+ AgHB– AcVHC+ 5 6 Figure 10. Survie des patients transplantés en fonction du statut virologique. 7 autres indications de transplantation. Le risque infectieux ne semble pas être trop différent de chez la population des transplantés non-VIH depuis l’ère de la trithérapie antirétrovirale. Cependant, la principale indication de la transplantation chez le patient VIH reste la cirrhose liée au VHC. Chez les patients co-infectés, le pronostic reste moins bon que chez les patients mono-infectés, et cela est en rapport avec la sévérité de la récidive virale C sur le greffon. L’objectif de l’étude du registre américain de transplantation (UNOS) était d’évaluer le pronostic des patients transplantés pour VIH. De 1997 à 2006, 138 patients VIH+ et 30 520 patients adultes VIH– ont été transplantés. Parmi les patients VIH+, 58 étaient co-infectés par le VHC, 21 par le VHB et 24 n’étaient atteints ni par le VHB ni par le VHC. La survie globale à 2 ans des patients VIH+ était inférieure à celle des patients VIH– (70 % versus 81 %). Aucun décès n’est survenu parmi les 24 patients non co-infectés. La survie des patients co-infectés par le VHC était significativement plus faible que celle des patients mono-infectés par le VHC (p = 0,006) et des patients VHC– (p = 0,003) [figure 10]. À 2 ans, elle était de 51,5 % pour les VIH+ VHC+, de 78,5 % pour les VHC+ et de 82,7 % quand les 3 virus étaient absents. En revanche, il n’y avait pas de différence de survie entre les groupes de patients co-infectés et mono-infectés par le VHB. Après ajustement selon l’âge, le sexe, le score de MELD, la race et le temps d’ischémie froide, les patients VIH+ ont un risque relatif prédictif de mortalité après transplantation de 1,41 (p = 0,14, IC95 : 0,90-2,22). Le risque relatif de décès était 1,6 fois plus élevé chez les patients avec une charge virale C (+) que chez ceux ayant une charge virale C (–). ■ Les articles publiés dans Le Courrier de la Transplantation le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © juin 2001 - DaTeBe SAS Imprimé en France - ÉDIPS, 21800 Quetigny - Dépôt légal à parution 48 Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n o 1 - janvier-février-mars 2008