Plusieurs approches thérapeutiques sont jugées efficaces :
–La substitution nicotinique par des patchs, avec un risque infime
chez le coronarien comparativement à la poursuite du tabac (docu-
menté par de nombreuses études), ce qui devrait aboutir à une
actualisation des mentions légales d’utilisation de ces substitu-
tifs nicotiniques.
–Les thérapies comportementales et cognitives basées sur l’au-
tocontrôle et la gestion du stress, encore très mal connues.
–Les antidépresseurs, particulièrement les inhibiteurs de la recap-
ture de la sérotonine, dont le bupropion, qui sera prochainement
commercialisé en Europe.
Le tabagisme est donc à considérer comme une maladie et doit
être pris en charge comme telle.
ÉCHOCARDIOGRAPHIE
Une femme hypertendue de 79 ans est hospitalisée à H2 d’un
infarctus du myocarde antéro-septo-apical en voie de constitu-
tion.
Une angioplastie primaire avec mise en place d’un stent est effec-
tuée. La ventriculographie réalisée au décours de la désobstruc-
tion met en évidence une akinésie antéro-septo-apicale avec
hyperkinésie réactionnelle de la base. La FEVG est estimée à
50 %.
Un traitement associant aspirine, ticlopidine et IEC est institué.
La situation se dégrade dans les jours suivants avec l’apparition
d’un gros souffle systolique. Une échocardiographie est pratiquée
en urgence (voir figure 1, p. 9), mettant en évidence une akiné-
sie antéro-septo-apicale avec bourrelet sous-aortique obstructif
responsable d’un gradient intra-VG à 90 mmHg.
Un traitement par bêtabloquants a été institué en urgence per-
mettant une amélioration clinique rapide et une disparition du
gradient intra-VG.
Il s’agit donc d’une cardiomyopathie obstructive révélée par une
hyperkinésie compensatrice de la collerette basale en réponse à
une akinésie des autres parois secondaire à un IDM antéro-septo-
apical.
Le traitement de cette complication rare survenant après un IDM
antéro-septo-apical consiste en l’administration en urgence de
bêtabloquants à forte dose. Il est évidemment contre-indiqué
d’utiliser des inotropes positifs, des dérivés nitrés ou des IEC.
N. Ait Said
HÉPARINE DE BAS POIDS MOLÉCULAIRE EN UNE INJECTION
DANS LA MALADIE THROMBOEMBOLIQUE
(F. Parent)
Il est désormais bien démontré que l’administration des héparines
de bas poids moléculaire (HBPM) en deux injections par jour est
aussi efficace que l’administration d’héparines non fractionnées
(HNF) dans le traitement de la maladie thromboembolique
(MTE). Elles présentent en effet une meilleure pharmacociné-
tique, une meilleure biodisponibilité, une demi-vie plus longue
et une efficacité antithrombotique plus prévisible. Deux études
ont évalué l’efficacité des HBPM en une injection quotidienne.
L’étude THESEE (N Engl J Med 1997 ; 337 : 663) a comparé
la tinzaparine en une injection par jour à l’HNF dans le traite-
ment des embolies pulmonaires (EP) aiguës symptomatiques. Le
critère principal de jugement, qui combinait le nombre de réci-
dives thromboemboliques, le nombre d’hémorragies graves et de
décès, était comparable dans les deux groupes (3 %) à J8 et à J90.
Les HBPM n’ont cependant pas encore l’AMM dans cette indi-
cation. L’étude FRAXODI (Thromb Haemost 1998 ; 79 : 897)
a comparé l’efficacité de la nardroparine administrée en une ou
deux injections par jour dans le cadre du traitement d’une throm-
bose veineuse profonde (TVP) prouvée par phlébographie. Le
critère d’évaluation (récidives de TVP, EP non mortelle et décès)
était comparable dans les deux groupes, ainsi que la fréquence
des hémorragies mineures et majeures.
Ces deux études montrent donc l’intérêt de l’HBPM en une injec-
tion quotidienne dans le traitement de la MTE. Les indications
des HNF se réduisent actuellement au traitement des femmes
enceintes, des insuffisants rénaux sévères et des sujets obèses, en
post-thrombolyse, et aux situations où une demi-vie courte est
nécessaire.
HÉPARINE DE BAS POIDS MOLÉCULAIRE DANS LE TRAITE-
MENT DE L’ANGOR INSTABLE
(A. Vahanian)
Les syndromes coronariens aigus constituent un ensemble allant
de l’angor instable à l’infarctus, et ont pour mécanisme physio-
pathologique commun la rupture de la plaque athéromateuse
entraînant la formation d’un thrombus. Plusieurs essais rando-
misés permettent actuellement d’apprécier le bénéfice apporté
par les HBPM dans le traitement de l’angor instable ou de l’in-
farctus non Q.
L’étude FRISC (Lancet 1996 ; 347 : 561) comparait la daltépa-
rine au placebo chez des patients inclus dans les 72 heures après
un événement clinique et présentant des modifications ECG. Elle
comportait une phase de traitement hospitalier de six jours pen-
dant laquelle les patients recevaient deux injections quotidiennes
de daltéparine par voie sous-cutanée ou un placebo et une
deuxième phase dite chronique consistant en un traitement ambu-
latoire avec une seule injection quotidienne de daltéparine ou de
placebo. Le critère principal de jugement associait décès et réci-
dive d’infarctus dans les six premiers jours. Les critères secon-
daires comportaient les récidives d’infarctus et les décès évalués
à J40 et J150. Sous daltéparine, le critère principal à six jours est
réduit de 63 %, cette diminution n’étant plus significative à
six mois.
L’étude FRIC comparait la daltéparine à l’HNF dans une popu-
lation de patients hospitalisés pour un angor instable ou un infarc-
tus non Q. Les taux de décès, d’infarctus du myocarde ou de réci-
dive d’angor étaient proches dans les deux groupes à J6 et J45.
L’étude ESSENCE randomisait de manière plus précoce une
population de 3 171 patients hospitalisés dans les 24 heures d’un
angor instable ou d’un IDM non Q répartis en deux groupes, l’un
recevant de l’énoxaparine en deux injections sous-cutanées,
l’autre une HNF. Les décès, infarctus et récidives ischémiques
au cours des 14 premiers jours étaient moins fréquents sous
La Lettre du Cardiologue - n° 334/335 - septembre 2000
10
INFORMATIONS
.../...