La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 2 - vol. II - mars-avril 1999 111
sibilité semble en rapport avec une moindre résistance de la bac-
térie mutée vis-à-vis de l’acidité. Il a été montré que la bactérie
dont le gène UreI était inactivé était incapable de coloniser un
milieu de culture acide et que sa survie était fortement diminuée.
À l’avenir, une thérapeutique inactivant la protéine UreI d’H.
pylori permettrait la disparition de la bactérie.
Les mécanismes génomiques de résistance au métronidazole
Le gène rdxA code pour la nitroréductase, une enzyme qui réduit
le métronidazole sous une forme active. Les conséquences d’un
traitement par métronidazole seul ont été évaluées sur la sélec-
tion de souches résistantes, la mutation du gène rdxA et l’effi-
cacité d’une trithérapie incluant le métronidazole chez la souris
(Jenks P.J. et coll.). Après monothérapie par métronidazole, 70 %
des souris avaient dans leur estomac un mélange de souches
métronidazole-résistantes et sensibles dans la proportion de 1 %.
L’éradication n’était observée chez les souris ayant des souches
résistantes que dans 25 % des cas. Chez les souris non éradi-
quées, la proportion de souches résistantes au métronidazole par
rapport aux souches sensibles était de 4 pour 1. Une ou plusieurs
mutations du gène rdxA étaient notées dans toutes les souches
résistantes analysées. Ce résultat montre que le métronidazole
induit une forte résistance et que des souches sensibles peuvent
coexister avec des souches résistantes.
Chez l’Homme in vivo, le développement de mutations du gène
rdxA est impliqué dans la résistance au métronidazole. La double
population de la bactérie a été également mise en évidence à par-
tir de biopsies gastriques de patients ayant une souche dont l’an-
tibiogramme a montré une résistance au métronidazole. Une tech-
nique d’amplification génique a montré que les souches sensibles
et résistantes coexistant dans l’estomac de 8 patients étaient géné-
tiquement identiques, hormis la modification du gène rdxA pour
les bactéries résistantes (Tankovic et coll.). La mutation mise en
évidence sur le gène rdxA évoque une variabilité importante dans
la modification du gène, ce qui peut rendre très difficile le dépis-
tage par des techniques d’investigation du génome.
L’éradication familiale prévient la recontamination chez l’enfant
H. pylori est une infection qui se contracte dans l’enfance, et une
éradication qui échoue pourrait être secondaire à une reconta-
mination dans un contexte familial d’infection. Kalach et coll.
ont rapporté 4 cas d’échecs d’éradication contrôlés deux mois
après un traitement par trithérapie. Dans les 4 cas, tous les parents
sauf un et plus de la moitié des enfants de la fratrie étaient infec-
tés. Un traitement éradicateur donné aux proches des 4 enfants
a permis une éradication de 100 % chez les frères et sœurs et
chez 5 des 7 parents infectés. Ensuite, une deuxième cure repre-
nant les mêmes antibiotiques était administrée chez les 4 enfants
avec échec initial d’éradication. Dans 3 cas sur 4, l’éradication
était alors obtenue. L’enfant avec échec d’éradication présentait
une souche résistante à la clarithromycine. Le typage molécu-
laire des souches a montré chez 3 des 4 enfants avec échec ini-
tial d’éradication des caractéristiques génétiques très proches
des souches des parents. Ce résultat évoque une réinfection intra-
familiale et suggère que l’échec de l’éradication de H. pylori
chez l’enfant doit faire rechercher la bactérie dans la fratrie et
chez les parents. Le traitement d’éradication systématique de
tous les membres de la famille est seul en mesure d’assurer le
succès de l’éradication.
LA DÉTECTION D’H. PYLORI DANS LES SELLES :
UNE TECHNIQUE QUI PERMETTRAIT DE CONTRÔLER
FACILEMENT L’ÉRADICATION
Une nouvelle méthode de détection non invasive de H. pylori
permet la détection des antigènes de la bactérie dans les selles
(Premier Platinum HpSA, Méridian) (Monteiro et coll.). Ce test
a été comparé à la recherche de H. pylori par histologie, culture
et test uréase chez 97 patients dyspeptiques. Dans cet échantillon
de patients, 44 % étaient positifs par l’un des trois tests. La détec-
tion des antigènes dans les selles avait une sensibilité de 88,4 %
et une spécificité de 87 %. Par comparaison, dans le même
groupe, le test respiratoire pratiqué chez tous les patients avait
une sensibilité de 93 % et une spécificité de 98 %. Le test séro-
logique avait une sensibilité de 95 % et une spécificité de 93 %.
Ce test direct non invasif semble praticable dans tous les labo-
ratoires et pourrait permettre de contrôler l’efficacité du traite-
ment éradicateur à large échelle. La sensibilité et la spécificité
sont cependant moindres que celles du test respiratoire, mais les
conditions de réalisation de ce dernier sont trop strictes pour en
permettre une diffusion très large.
QUAND HELICOBACTER COLONISE LE FOIE...
Dans la même équipe, Avenaud et coll. ont recherché un lien
entre la survenue du carcinome hépatocellulaire chez les patients
non cirrhotiques et la présence d’une bactérie de genre H. pylori.
Cette association avait déjà été évoquée dans les hépatocarci-
nomes de souris. La recherche de la bactérie a été effectuée par
amplification génomique à partir de 16 fragments de foie de
8patients ayant un hépatocarcinome. Dans les 8 cas, la PCR
amplifiait l’ADN 16S de l’espèce Helicobacter. L’identification
trouvait dans un cas H. felis et dans deux autres H. pylori. À
noter que, chez un témoin, il existait une amplification de l’ADN
16S de Helicobacter. Ces résultats méritent d’être précisés dans
une série plus importante, où seraient déterminés le statut
H. pylori et l’éventuelle présence du génome de Helicobacter
dans le foie sain jouxtant la tumeur.
LA FORME COCCOÏDE DE H. PYLORI
N’EST QU’UN SARCOPHAGE
La transformation de H. pylori de sa forme bacillaire à sa forme
coccoïde est un processus d’interprétation controversée. Pour
certains, la forme coccoïde représenterait une forme viable mais
non cultivable, qui permettrait à la bactérie de survivre en milieu
hostile. D’après les travaux de Vanderbroucke-Grauls et coll., la